Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Les Lumières dans les Caraïbes françaises et la circulation transatlantique des idées
- Pages : 393 à 397
- Collection : Rencontres, n° 608
- Série : Le dix-huitième siècle, n° 44
Résumés
Ralph Ludwig, Natascha Ueckmann et Gisela Febel, « Au préalable. Circulations – Lumières – Antilles »
Les Lumières, comprises comme vaste processus de circulation transatlantique, permettent de cerner comment les Amériques et les Antilles deviennent un moteur d’idées original et irremplaçable. Celles-ci ouvrent un champ dialectique qui élargit, transforme, concrétise et défie les conceptions universalistes de cette époque.
Ralph Ludwig, « Un acteur de la circulation transatlantique des idées. Jean-Baptiste Belley et sa représentation dans la peinture »
Jean-Baptiste Belley, homme de couleur libre et ancien capitaine d’infanterie du Cap-Français à Saint-Domingue, devenu député à la Convention et peint par Girodet en 1797, s’est avéré être un acteur central de la circulation des idées des Lumières. Le tableau de Girodet – comparé à d’autres représentations de l’être noir, et notamment au tableau La Blanche et la Noire de Vallotton – souligne ce rôle à différents niveaux.
Natascha Ueckmann, « Raynal transatlantique ? L’Histoire des deux Indes en contexte. Du Siècle des lumières aux interventions postcoloniales »
L ’ Histoire des deux Indes par Raynal est une véritable encyclopédie du monde de l’économie coloniale de l’époque et l’un des ouvrages les plus lus à la veille de la Révolution française. La présente contribution dévoile les contradictions d’une conception idéalisée des Lumières. Notamment les interventions post- et décoloniales montrent à quel point les Lumières sont en même temps « contaminées » par la pratique de la violence coloniale et par l’aspiration à une rationalisation globale.
394Fritz Calixte, « La querelle de l’universel entre les Lumièreset les Antilles »
Au début du xixe siècle, avec les différentes révoltes d’esclaves, un débat à distance s’est joué entre les Antilles et l’Europe sur les notions de liberté et d’égalité, certes inventées et proclamées comme étant universelles par l’Europe. Pourtant, elles ne le sont devenues définitivement que grâce à la révolution des esclaves de Saint-Domingue où pour la première fois, la liberté et l’égalité se sont transformées en affaire de l’humanité entière, sans aucune considération de couleur de peau ou autre.
Damien Tricoire, « Que furent les Lumières coloniales ? »
Que furent ces « Lumières coloniales » ? Malgré l’influence déterminante de la physiocratie, il est certain qu’on ne peut considérer les idées des auteurs coloniaux comme un tout cohérent. Le label « Lumières coloniales » présente toutefois un avantage : il incite à examiner l’impact du contexte colonial sur les Lumières. Les questions soulevées par l’expérience coloniale ont facilité l’émergence d’idées originales qui jouèrent un grand rôle dans la philosophie du xviiie siècle.
Marie-Therese Mäder, « La polyphonie des Lumières dans le Voyage à la Martinique (1763) de J.-B. Mathieu Thibault de Chanvalon »
Cet article propose de lire le Voyage à la Martinique (1763) à travers le prisme de la circulation des savoirs pour faire surgir la polyphonie des Lumières ainsi que leurs dimensions transatlantiques. Sont analysés ici le rôle de l’auteur en tant qu’acteur de l’échange entre la France et les Antilles, tout comme les différentes voix imprégnant le récit et faisant écho aux discours naturaliste, physiocratique et viatique.
Philippe Chanson, « En miroir des Lumières, par-delà religion, savoir et raison, de quelques lumières actuelles sur l’appréhension religieuse aux Antilles françaises »
Cette contribution expose d’abord comment s’est composée, étayée et balisée sur quatre siècles, aux Antilles françaises, toute une appréhension « magico-religieuse » caractéristique, entrant en résonance forcée avec l’Histoire servile et coloniale. Seront ensuite discutées, en miroir des Lumières, des lignes de 395comparaisons ou d’influences sur trois fronts : à propos de la religion, du savoir et de la raison, et de l’appréhension théiste versus déiste du référent topique « Dieu ».
Hans-Jürgen Lüsebrink, « Dialectiques transatlantiques des Lumières. La figure de Toussaint Louverture, héritier paradoxal des Lumières, dans les littératures antillaises, africaines et européennes »
Cette contribution place en son centre les représentations littéraires et biographiques de Toussaint Louverture, figure centrale de la Révolution haïtienne, analysées sous un angle triple : celui des rapports entre Lumières et Révolution thématisés à travers Louverture ; puis celui des différentes interprétations de l’impact des Lumières sur sa personnalité ; et enfin celui de la dimension foncièrement transculturelle et transatlantique des représentations biographiques de Louverture.
Gesine Müller, « La Révolution haïtienne et les Lumières. Réceptions littéraires dans les Caraïbes coloniales »
Le silence sur Haïti et la Révolution haïtiennesont devenus un paradigme théorique culturel. Cet article s’appuie sur des textes littéraires pour examiner à la fois la césure temporelle de 1800 et les diverses manières consécutives d’aborder la Révolution haïtienne. Il problématise donc aussi les facteurs émancipateurs des Lumières. La question qui sous-tend les réflexions est celle de la façon dont se déploie une tension littéraire entre catastrophe et utopie.
Anja Bandau, « La Révolution de Saint-Domingue dans le théâtre populaire français des années 1790 »
Cet article expose comment, par le biais des esthétiques changeantes passant du drame bourgeois au mélodrame, le théâtre populaire met en scène la révolution de Saint-Domingue pour le public métropolitain au cours de la Révolution française. Les deux pièces Le Blanc et le Noir (Pigault-Lebrun) et Adonis, ou le bon Nègre (Béraud de la Rochelle & Rosny) abordent la légitimité morale de la révolution des esclaves et la possibilité de les reconnaître en tant que citoyens.
396Corinne Mencé-Caster, « Frères volcans de Vincent Placoly ou les Lumières au prisme d’un colon de Saint-Pierre en Martinique »
Il s’agit d’examiner les différentes stratégies déployées par l’auteur pour réussir à proposer dans son roman une version cohérente des visions de la Révolution de 1848, selon que l’on est « métropolitain », colon vivant aux Antilles ou esclave. L’étude montrera comment, entremêlant approche livresque des Lumières, témoignages écrits ou oraux des colons et confidences des esclaves, l’auteur parvient à mettre en évidence la complexité inhérente aux idées des Lumières.
Gisela Febel, « L’imaginaire de la nature antillaise dans l’écriture poétique. Nicolas Germain Léonard (1744-1793) et ses échos contemporains »
L’œuvre du « poète créole » Nicolas Germain Léonard repose sur sa double identité : française et guadeloupéenne. Participant à certains courants de la pensée, il pratique « l’écriture des Lumières » par ses récits de voyage et discours scientifiques, y associant exotisme préromantique et esthétique du sublime. L’imaginaire léonardien fait écho dans la poésie guadeloupéenne contemporaine.
Florian Alix, « Les Lumières “fantômes” dans les littératures antillaises francophones contemporaines »
De nombreuses œuvres littéraires antillaises reviennent sur le xviiie siècle, mais le courant des Lumières s’y fait très discret. Cette mise en sourdine correspond à une contestation plus ou moins explicite, plus ou moins prononcée de l’universalisme induit par ce mouvement, du moins dans ses relectures actuelles. Elle s’accompagne d’une reconfiguration des Lumières, d’une diffraction par des procédés fictionnels, visant in fine à battre en brèche l’opposition entre universalité et diversité.
Mathilde Chollet, « Une correspondance de colons sous les feux des Lumières. La famille Edme-Girard (1768-1789) »
Les colons dominicains Alexandre Edme et Catherine Girard assurent l’éducation de leur unique héritière en métropole ; s’engage alors une correspondance avec elle et sa tante. Les lettres parentales transmettent des valeurs 397essentielles, puisées dans les idées nouvelles, ainsi que des conseils sur des pratiques nouvelles, en lien avec la science moderne. Ces lettres d’éducation mettent en évidence le rôle des individus et des familles créoles comme participants à la circulation des idées des Lumières.
Gisela Febel et Ralph Ludwig, « Les Lumières aux Antilles. Voies et formes de la circulation des idées »
La transmission – principalement à partir de la France en direction des Antilles – du message philosophico-littéraire émanant des Lumières se fait sous forme d’une circulation transatlantique des idées, avec pour conséquence leur transformation au cours d’un constant va-et-vient. Concrétisation et radicalisation politiques de ces idées se cristallisent autour du débat abolitionniste, lequel englobe la population analphabète et essentiellement créolophone, par une circulation multiple.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-15838-7
- EAN : 9782406158387
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-15838-7.p.0393
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 14/02/2024
- Langue : Français