Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Les Formes élémentaires de la vie religieuse, cent ans après. Émile Durkheim et la religion
- Pages : 439 à 443
- Collection : Bibliothèque des sciences sociales, n° 8
Résumés
Matthieu Béra, « Introduction. Les Formes, un ouvrage à part ? »
L’introduction aborde les raisons chronologiques, thématiques et méthodologiques qui font des Formes un ouvrage traité à part dans le corpus durkheimien. Pourtant, il faut le réintégrer au corpus du classique, puisqu’il y poursuit son entreprise scientifique de fondation de la sociologie et son anthropologie, en suivant la piste religieuse, et ceci depuis son cours de 1894 à Bordeaux, qu’il appela plus tard sa « révélation ».
Jean-Christophe Marcel, « La réception des Formes par Mauss (1912-1950) »
La réception des Formes par Marcel Mauss, dont le travail est étroitement associé à celui de Durkheim, se caractérise par un étrange silence, comparé à d’autres durkheimiens. Bien plus, Mauss est le seul à critiquer ouvertement le travail de Durkheim, le présentant au gré de ses commentaires comme un livre dont certains résultats semblent dépassés. À cet égard, il semble que l’Essai sur le don soit un moment charnière dans cette réception.
Rafael Faraco Benthien, « La réception immédiate des Formes chez les “antiquisants” »
Ce chapitre présente la réception immédiate des Formes par les latinistes et les hellénistes français. En partant de la position privilégiée de ces deux domaines dans le système d’enseignement, nous discutons ensuite les deux comptes-rendus des Formes qui ont été publiés par des revues spécialisées. Notre but est, non seulement, de confirmer l’hétérogénéité de ces champs, mais aussi de souligner les possibles alliances et tensions entre un savoir nouveau et des savoirs traditionnels.
440François Pizzaro Noël, « Les Formes aux États-Unis entre 1912 et 1930. Une première réception prémonitoire ? »
Un corpus constitué autour de la première réception nord-américaine des Formes montre que le schéma classique unifié sur la théorie durkheimienne promu par Talcott Parsons ne tient pas. C’est là tout l’intérêt de considérer la première réception des Formes entre 1912 et 1930, celle qui précède la réception canonique de Parsons : le positionnement implicite ou explicite de la sociologie américaine du côté du nominalisme et de l’individualisme se révèle dans son traitement des Formes.
Didier Lapeyronnie, « Durkheim micro sociologue. L’héritage des Formes dans la microsociologie contemporaine »
L’héritage des Formes est important dans la microsociologie contemporaine. Il a cheminé par la voie de l’anthropologie britannique, l’étude des communautés et l’œuvre d’Erving Goffman. Chaque étape a été l’occasion d’interprétations plus ou moins abusives. De l’œuvre initiale, il reste ces lectures qui ont donné aux raisonnements de Durkheim une force et une pertinence bien plus large, pour le lire aujourd’hui comme le théoricien des interactions et l’initiateur d’une microsociologie radicale.
Frédéric Lebaron, « Croyance économique et croyance religieuse. Quelles relations ? Quelques réflexions durkheimiennes »
Les raisonnements de portée générale des Formes éclairent une approche sociologique de l’ordre économique contemporain. La genèse religieuse des concepts économiques, la continuité entre le religieux et l’économique (séparation du cosmos économique avec le reste du monde social, en relation avec la division sacré/profane qui fonde le religieux), sont indissociables de la relation d’homologie qui s’établit entre le monde des producteurs de discours économiques et l’univers religieux.
Charles-Henry Cuin, « Une théorie sociologique de l’existence de dieu ? Durkheim et le statut du divin »
Dans la sociologie religieuse d’Émile Durkheim, a-t-on seulement affaire à une théorie de l’existence sociologique de Dieu ou bien à une théorie sociologique441de l’existence de Dieu – c’est-à-dire une théorie qui démontrerait que Dieu existe indépendamment des représentations sociales qui le concernent ? La réponse ne saurait évidemment qu’être des plus prudentes : rien ne permet sans doute de confirmer une telle hypothèse, mais plusieurs indices invitent aussi à ne pas l’exclure totalement.
Paul Dirkx, « Le savant et le corps. Au seuil d’une théorie de l’incorporation »
Les Formes contiennent les prémisses d’une théorie du corps. Si le corps n’y est qu’un réceptacle de représentations collectives, il n’en autorise pas moins l’« incarnation » de la société durant le culte religieux. Les mouvements corporels de masse permettent à la société d’exister et de se reproduire. Ce dernier point, fragile, conduit à un réexamen critique de cette « incarnation » dans le sens d’une incorporation au sens de Pierre Bourdieu, lequel s’appuie sur Émile Durkheim pour mieux le dépasser.
William Watts Miller, « Art in Les Formes »
L’approche artistique d’Émile Durkheim dans les Formes combine le pouvoir des rassemblements, des symboles et de l’art dans une fusion collective effervescente, et manifeste un intérêt pour l’art dans sa principale source d’information sur l’Australie, les études pionnières de Baldwin Spencer et Francis Gillen de 1899 et 1904. Notre résultat conteste les tentatives « officielles » de marginaliser l’art dans les Formes : l’ouvrage développe plutôt un argument « caché » où l’art est au centre de la problématique.
Nicolas Sembel, « Religion, éducation, connaissance. La méthode de Durkheim vers la sociologie générale (1882-1914) »
En recoupant certains des thèmes privilégiés d’Émile Durkheim (religion, connaissance, éducation, sociologie générale), et en examinant à titre d’exemple ses quatre définitions successives de la religion (1899-1913), son travail de construction d’objet sociologique apparaît. Nous en décrivons les quatre étapes (tri-hiérarchisation-dynamisation-décalage structural), qui organisent la méthode de Durkheim pour fonder la sociologie générale.
442Marcel Fournier, « Durkheim, Mauss et Cie »
Selon Émile Durkheim, une science, parce que complexe, ne peut avancer que « lentement par un travail collectif ». Le premier cercle est familial (son neveu Marcel Mauss), et amical (dont Henri Hubert). La contribution des proches collaborateurs de L’Année est importante pour LesFormes, véritable synthèse collective des travaux menés depuis plusieurs années. Mais le rôle de Durkheim reste central, et son dernier ouvrage demeure son œuvre, avec ses forces et ses quelques faiblesses.
Myron Achimastos, « Une stratégie durkheimienne de dé-légitimation. Carl Strehlow contre James Frazer, Baldwin Spencer et Francis Gillen »
Comment Émile Durkheim a exploré les travaux de Carl Strehlow dans LesFormes ?Ainsi se formule la question à laquelle nous tentons de répondre parl’usage de données quantitatives et qualitatives. Notre thèse est que Durkheim mobilise de données ethnographiques qu’il emprunte au missionnaire allemand afin de réagir à la contestation par le front des anthropologues – James Frazer, Baldwin Spencer, Francis Gillen – du caractère religieux du totémisme.
Frederico Delgado Rosa, « William Robertson Smith sacrifié. Promiscuité intellectuelle et métamorphose chez Durkheim »
Si l’influence de William Robertson Smith sur Émile Durkheim reste une énigme, une position répandue consiste à exagérer la portée sociologique de sa pensée au détriment des composantes intellectualistes. Au tournant du siècle, Durkheim décèle lui aussi les conséquences logiques du contenu manifeste des représentations ; et ce n’est que dans Les Formes, qu’il se libère de sa dette envers l’anthropologie évolutionniste britannique. Sa dette envers Smith s’avère féconde, mais plus complexe qu’on le croit.
Matthieu Béra, « Traces de L’Année dans les Formes. Des sources recensées aux sources référencées »
Entre 1898 et 1913, Émile Durkheim a recensé 400 auteurs (faisant l’objet de 500 comptes rendus) dans L’Année sociologique ; seulement 28 sont cités dans les Formes. Certains furent même souvent recensés et jamais utilisés (Sebald Rudolf Steinmetz, Josef Kolher, etc.). Les comptes rendus de Durkheim 443portaient sur la famille, le droit, rarement sur la religion en tant que telle, déléguée à Marcel Mauss dans L’Année. L’article analyse les 15 ouvrages à la fois recensés dans la revue et référencés dans l’ouvrage.
Nicolas Sembel, « Conclusion générale. Clore aussi l’ère des spécialités »
Cette conclusion finale propose une synthèse de « l’aboutissement » de l’analyse sociologique de l’élémentaire que constituent les Formes. Les modalités de l’articulation des rites, pratiques, croyances, symboles, constituent autant de possibilités de forces circularisées productrices d’idéal, expressions infinies du « protoplasma » social. Cette théorie sociologique du symbolisme est au fondement de la sociologie générale qu’Émile Durkheim a constituée (avec Marcel Mauss) tout au long de sa vie scientifique.
- Thème CLIL : 3081 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Sociologie, sciences sociales
- ISBN : 978-2-406-08609-3
- EAN : 9782406086093
- ISSN : 2261-1002
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08609-3.p.0439
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 22/10/2019
- Langue : Français