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Classiques Garnier

Résumés

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Résumés

Matthieu Béra, « Introduction. Les Formes, un ouvrage à part ? »

Lintroduction aborde les raisons chronologiques, thématiques et méthodologiques qui font des Formes un ouvrage traité à part dans le corpus durkheimien. Pourtant, il faut le réintégrer au corpus du classique, puisquil y poursuit son entreprise scientifique de fondation de la sociologie et son anthropologie, en suivant la piste religieuse, et ceci depuis son cours de 1894 à Bordeaux, quil appela plus tard sa « révélation ».

Jean-Christophe Marcel, « La réception des Formes par Mauss (1912-1950) »

La réception des Formes par Marcel Mauss, dont le travail est étroitement associé à celui de Durkheim, se caractérise par un étrange silence, comparé à dautres durkheimiens. Bien plus, Mauss est le seul à critiquer ouvertement le travail de Durkheim, le présentant au gré de ses commentaires comme un livre dont certains résultats semblent dépassés. À cet égard, il semble que lEssai sur le don soit un moment charnière dans cette réception.

Rafael Faraco Benthien, « La réception immédiate des Formes chez les “antiquisants” »

Ce chapitre présente la réception immédiate des Formes par les latinistes et les hellénistes français. En partant de la position privilégiée de ces deux domaines dans le système denseignement, nous discutons ensuite les deux comptes-rendus des Formes qui ont été publiés par des revues spécialisées. Notre but est, non seulement, de confirmer lhétérogénéité de ces champs, mais aussi de souligner les possibles alliances et tensions entre un savoir nouveau et des savoirs traditionnels.

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François Pizzaro Noël, « Les Formes aux États-Unis entre 1912 et 1930. Une première réception prémonitoire ? »

Un corpus constitué autour de la première réception nord-américaine des Formes montre que le schéma classique unifié sur la théorie durkheimienne promu par Talcott Parsons ne tient pas. Cest là tout lintérêt de considérer la première réception des Formes entre 1912 et 1930, celle qui précède la réception canonique de Parsons : le positionnement implicite ou explicite de la sociologie américaine du côté du nominalisme et de lindividualisme se révèle dans son traitement des Formes.

Didier Lapeyronnie, « Durkheim micro sociologue. Lhéritage des Formes dans la microsociologie contemporaine »

Lhéritage des Formes est important dans la microsociologie contemporaine. Il a cheminé par la voie de lanthropologie britannique, létude des communautés et lœuvre dErving Goffman. Chaque étape a été loccasion dinterprétations plus ou moins abusives. De lœuvre initiale, il reste ces lectures qui ont donné aux raisonnements de Durkheim une force et une pertinence bien plus large, pour le lire aujourdhui comme le théoricien des interactions et linitiateur dune microsociologie radicale.

Frédéric Lebaron, « Croyance économique et croyance religieuse. Quelles relations ? Quelques réflexions durkheimiennes »

Les raisonnements de portée générale des Formes éclairent une approche sociologique de lordre économique contemporain. La genèse religieuse des concepts économiques, la continuité entre le religieux et léconomique (séparation du cosmos économique avec le reste du monde social, en relation avec la division sacré/profane qui fonde le religieux), sont indissociables de la relation dhomologie qui sétablit entre le monde des producteurs de discours économiques et lunivers religieux.

Charles-Henry Cuin, « Une théorie sociologique de lexistence de dieu ? Durkheim et le statut du divin »

Dans la sociologie religieuse dÉmile Durkheim, a-t-on seulement affaire à une théorie de lexistence sociologique de Dieu ou bien à une théorie sociologique441de lexistence de Dieu – cest-à-dire une théorie qui démontrerait que Dieu existe indépendamment des représentations sociales qui le concernent ? La réponse ne saurait évidemment quêtre des plus prudentes : rien ne permet sans doute de confirmer une telle hypothèse, mais plusieurs indices invitent aussi à ne pas lexclure totalement.

Paul Dirkx, « Le savant et le corps. Au seuil dune théorie de lincorporation »

Les Formes contiennent les prémisses dune théorie du corps. Si le corps ny est quun réceptacle de représentations collectives, il nen autorise pas moins l« incarnation » de la société durant le culte religieux. Les mouvements corporels de masse permettent à la société dexister et de se reproduire. Ce dernier point, fragile, conduit à un réexamen critique de cette « incarnation » dans le sens dune incorporation au sens de Pierre Bourdieu, lequel sappuie sur Émile Durkheim pour mieux le dépasser.

William Watts Miller, « Art in Les Formes »

Lapproche artistique dÉmile Durkheim dans les Formes combine le pouvoir des rassemblements, des symboles et de lart dans une fusion collective effervescente, et manifeste un intérêt pour lart dans sa principale source dinformation sur lAustralie, les études pionnières de Baldwin Spencer et Francis Gillen de 1899 et 1904. Notre résultat conteste les tentatives « officielles » de marginaliser lart dans les Formes : louvrage développe plutôt un argument « caché » où lart est au centre de la problématique.

Nicolas Sembel, « Religion, éducation, connaissance. La méthode de Durkheim vers la sociologie générale (1882-1914) »

En recoupant certains des thèmes privilégiés dÉmile Durkheim (religion, connaissance, éducation, sociologie générale), et en examinant à titre dexemple ses quatre définitions successives de la religion (1899-1913), son travail de construction dobjet sociologique apparaît. Nous en décrivons les quatre étapes (tri-hiérarchisation-dynamisation-décalage structural), qui organisent la méthode de Durkheim pour fonder la sociologie générale.

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Marcel Fournier, « Durkheim, Mauss et Cie »

Selon Émile Durkheim, une science, parce que complexe, ne peut avancer que « lentement par un travail collectif ». Le premier cercle est familial (son neveu Marcel Mauss), et amical (dont Henri Hubert). La contribution des proches collaborateurs de LAnnée est importante pour LesFormes, véritable synthèse collective des travaux menés depuis plusieurs années. Mais le rôle de Durkheim reste central, et son dernier ouvrage demeure son œuvre, avec ses forces et ses quelques faiblesses.

Myron Achimastos, « Une stratégie durkheimienne de dé-légitimation. Carl Strehlow contre James Frazer, Baldwin Spencer et Francis Gillen »

Comment Émile Durkheim a exploré les travaux de Carl Strehlow dans LesFormes ?Ainsi se formule la question à laquelle nous tentons de répondre parlusage de données quantitatives et qualitatives. Notre thèse est que Durkheim mobilise de données ethnographiques quil emprunte au missionnaire allemand afin de réagir à la contestation par le front des anthropologues – James Frazer, Baldwin Spencer, Francis Gillen – du caractère religieux du totémisme.

Frederico Delgado Rosa, « William Robertson Smith sacrifié. Promiscuité intellectuelle et métamorphose chez Durkheim »

Si linfluence de William Robertson Smith sur Émile Durkheim reste une énigme, une position répandue consiste à exagérer la portée sociologique de sa pensée au détriment des composantes intellectualistes. Au tournant du siècle, Durkheim décèle lui aussi les conséquences logiques du contenu manifeste des représentations ; et ce nest que dans Les Formes, quil se libère de sa dette envers lanthropologie évolutionniste britannique. Sa dette envers Smith savère féconde, mais plus complexe quon le croit.

Matthieu Béra, « Traces de LAnnée dans les Formes. Des sources recensées aux sources référencées »

Entre 1898 et 1913, Émile Durkheim a recensé 400 auteurs (faisant lobjet de 500 comptes rendus) dans LAnnée sociologique ; seulement 28 sont cités dans les Formes. Certains furent même souvent recensés et jamais utilisés (Sebald Rudolf Steinmetz, Josef Kolher, etc.). Les comptes rendus de Durkheim 443portaient sur la famille, le droit, rarement sur la religion en tant que telle, déléguée à Marcel Mauss dans LAnnée. Larticle analyse les 15 ouvrages à la fois recensés dans la revue et référencés dans louvrage.

Nicolas Sembel, « Conclusion générale. Clore aussi lère des spécialités »

Cette conclusion finale propose une synthèse de « laboutissement » de lanalyse sociologique de lélémentaire que constituent les Formes. Les modalités de larticulation des rites, pratiques, croyances, symboles, constituent autant de possibilités de forces circularisées productrices didéal, expressions infinies du « protoplasma » social. Cette théorie sociologique du symbolisme est au fondement de la sociologie générale quÉmile Durkheim a constituée (avec Marcel Mauss) tout au long de sa vie scientifique.