Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Les Cahiers d’Henri de Régnier. Enjeux éditoriaux et perspectives critiques
- Pages : 333 à 337
- Collection : Rencontres, n° 598
- Série : Études dix-neuviémistes, n° 64
Résumés
Françoise Bérard, « Ouverture »
Allocution prononcée pour l’ouverture du colloque international « Autour d’une édition : les Cahiers d’Henri de Régnier » (10-12 juin 2021, Paris, Bibliothèque de l’Institut de France), dont les actes sont rassemblés dans le présent volume.
Bernard Roukhomovsky, « Autour d’une édition. (Re)lire les Cahiers »
L’édition numérique des Cahiers d’Henri de Régnier (projet ENCHRE) vise à offrir aux lecteurs un texte corrigé et complété, tel qu’il se donne à lire (et à voir) sur les manuscrits : en quoi elle est susceptible d’en renouveler sensiblement l’approche. Les travaux ici réunis s’inscrivent dans le cadre de ce chantier : au point de contact entre problématiques éditoriales et perspectives critiques, ils s’efforcent de cerner quelques-uns des principaux enjeux d’une (re)lecture des Cahiers.
Bernard Roukhomovsky, « À la lumière des manuscrits. Les Cahiers tels qu’en eux-mêmes »
À partir d’une description matérielle des manuscrits des Cahiers, on propose d’en retracer l’histoire : celle, d’abord, des différents supports tour à tour utilisés par Régnier, en reflet des évolutions de sa pratique diaristique, celle aussi des modes d’agencement et systèmes de divisions et de subdivisions successivement adoptés par le diariste, celle enfin des interventions rétrospectives de diverse nature (relectures, mutilations, recyclages…) dont les manuscrits portent la trace.
334Pierre Lachasse, « Un objet littéraire à identifier »
Dans quelle catégorie formelle situer les Cahiers ? L’examen du métadiscours montre qu’il s’agit bien d’un journal qui consiste pour Régnier à exister comme écrivain dans l’intimité journalière de l’acte d’écrire, alors que les dispersions de la vie en contestent sans cesse la réalité et la valeur.
Liana Nissim, « “La prose existe mais il faudrait en trouver le véritable emploi”. Quelques notes sur l’écriture symboliste des paysages dans les premiers Cahiers (1887-1893) »
Si La Canne de jaspe, recueil publié en 1897, est bien sa première œuvre de prose narrative, Régnier pense à la prose depuis toujours. Les premiers Cahiers en fournissent la preuve à plus d’un titre, comme en témoignent non seulement les réflexions qu’il y esquisse au sujet de la prose et les projets d’œuvres en prose qu’il y consigne, mais aussi l’écriture des paysages, écriture à travers laquelle il semble s’exercer à l’élaboration d’une prose dans la plus pure veine symboliste.
Élodie Dufour, « L’inscription du temps dans les Cahiers. Enjeux littéraires et éditoriaux »
Comment Régnier, dans son journal, appréhende-t-il le temps – donnée évanescente s’il en est – dans ses dimensions les plus concrètes ? À partir d’observations matérielles et stylistiques fondées pour l’essentiel sur l’examen du Cahier IV, il s’agit de poser quelques jalons pour une étude de la manière dont les Cahiers rendent compte de l’expérience du temps – mais aussi de la manière dont ils en portent la trace – afin de mettre au jour les représentations qui la sous-tendent.
Élodie Dufour, « La ponctuation peu académique d’un académicien »
La fréquentation des manuscrits des Cahiers révèle chez Régnier un rapport pour le moins désinvolte à la ponctuation, souvent défaillante et peu conforme à la norme académique : les flottements syntaxiques que ces négligences induisent frappent le lecteur habitué à la tenue impeccable de l’œuvre publiée. Mais, à l’analyse, des régularités apparaissent, révélant un usage plus permissif que fautif : il est possible d’en inférer un « système » de la ponctuation propre à Régnier.
335Michel Viegnes, « Noter l’évanescent, saisir l’imperceptible. L’écriture des atmosphères dans les Cahiers »
Il n’est guère de notion plus difficile à définir que celle d’atmosphère, entre-deux insaisissable entre l’intérieur et l’extérieur, le ressenti et le perçu, l’imaginaire et le « réel ». Régnier, dans ses Cahiers,ajoute à cette ambiguïté constitutive une autre facette, celle d’une écriture qui se donne à lire parfois comme avant-texte, chantier en attente d’un traitement définitif, parfois comme une ébauche destinée à le rester, une esquisse singulièrement aboutie.
Adeline Leguy, « Venise dans les Cahiers. Une poétique de l’esquisse »
Tantôt parsemées au fil des souvenirs, des lectures ou des rencontres, tantôt regroupées en bouquet à l’occasion d’un retour de voyage en Italie, d’une croisière en Méditerranée ou d’un séjour dans la cité des Doges, les notations de Régnier sur Venise sont très présentes dans les Cahiers. Ce sont autant d’esquisses qui, dans leur inachèvement même, rendent compte, en leur mouvement à peine figé, du travail d’écriture de l’auteur des Esquissesvénitiennes et de L’Altana.
Bertrand Vibert, « Sur une phrase célèbre des Cahiers. “Je ne jouis pas d’une chose présente, je ne jouis jamais qu’en souvenir” »
Les Cahiers contredisent cette déclaration de Régnier. Sa propension à se souvenir sur le mode de la délectation morose fait oublier le contexte de dépression dans lequel elle s’inscrit, et occulte une réelle aptitude à jouir des choses présentes, quitte à ce qu’elles deviennent objet de remémoration. S’il peut affirmer qu’il ne « jouit qu’en souvenir », c’est qu’il jouit avant tout d’une faculté poétique dont le singulier pouvoir est de convertir la délectation morose en jouissance mélancolique.
Silvia Rovera, « Ut pictura scriptum ? Régnier chez quelques portraitistes de son temps »
Les notes intimes de Régnier mettent en lumière ses relations avec deux portraitistes contemporains, Jacques-Émile Blanche et Antonio de La Gandara. Non seulement leur atelier devient pour lui un espace de contemplation esthétique, mais les portraits qu’il y voit lui donnent matière à opérer, en 336peintre de l’âme, une transfiguration poétique de la personne représentée. Il en vient ainsi à élaborer cette « théorie du portrait », envisagée dès 1888, qui sera dans les Cahiers un motif récurrent.
Franck Javourez, « La musique dans les Cahiers d’Henri de Régnier »
Régnier parle souvent de musique dans ses Cahiers. Pour lui, la musique déclenche un processus imaginaire qui aboutit au poème. Si Mallarmé entend la musique comme une poésie pure, Régnier au contraire la perçoit comme un poème inachevé.
Christophe Imperiali, « Critiques à soi-même ? Régnier critique dans les Cahiers »
Est-il possible de trouver dans les Cahiers de Régnier des reflets de l’activité critique qu’il déploie dans les journaux et les revues ? À défaut de véritables doublons qui offriraient une version non filtrée de ce que le compte rendu publié donne à lire dans des termes plus couverts, un certain nombre de passages permettent du moins d’affiner notre regard sur les écrits critiques de Régnier.
Bernard Roukhomovsky, « Les voix mêlées du moraliste et du diariste dans les Cahiers »
Dans le sillage ouvert par les Carnets de Joubert, le journal intime fait bon accueil à l’écriture moraliste et au registre aphoristique avec lequel elle a partie liée. Les Cahiers de Régnier – lecteur assidu de La Rochefoucauld, de La Bruyère et, plus encore, de Chamfort – illustrent exemplairement cette porosité, mais l’illustrent à leur manière, forcément singulière : il s’agit de cerner le rapport spécifique qui s’y noue, à divers titres, entre l’écriture diaristique et l’ethos moraliste.
André Guyaux, « Le “journal intime” entre économie et censure »
En partant des difficultés rencontrées par David Niederauer pour éditer les Cahiers d’Henri de Régnier, on revient ici sur les obstacles – impératifs commerciaux, bon vouloir des familles, considérations morales… – que l’édition des journaux intimes affrontait avant la révolution numérique.
337Jessica Desclaux, « D’un cahier l’autre. Regards croisés sur les Cahiers de Barrès et de Régnier »
L’étude comparée des Cahiers de Barrès et de Régnier montrera non seulement la dissymétrie de la relation de deux écrivains que leur trajectoire mène des salons parnassiens-symbolistes à l’Académie française, mais aussi la tension entre une lecture générique, qui cherche à dégager des effets poétiques par la mise en valeur de modèles, de schémas et de thèmes récurrents, et une approche matérielle, plus attentive au support, à l’art de tenir son cahier et à sa place dans l’atelier d’écriture.
Rémi Furlanetto, « La poétique du fragment chez Régnier et Valéry. Les Cahiers et le modèle du journal »
Comme Régnier, Valéry a tenu durant un demi-siècle ses Cahiers. Mais alors que Régnier revendique le modèle du journal, Valéry a souligné avec force son dédain pour ce type d’écriture, au profit d’une entreprise qui se veut surtout de nature intellectuelle. Pourtant, ce modèle s’avère problématique tant chez Régnier, dont les notes débordent ce seul genre, que chez Valéry, qui tend à l’inverse à s’en rapprocher par bien des aspects : ambiguïté inhérente aux enjeux de ces écritures fragmentaires.
Franz Johansson, « Phénomènes d’intertextualité dans les Cahiers de Régnier et de Valéry »
Les Cahiers de Valéry comme ceux de Régnier recèlent une substance très riche sur le plan génétique : de nombreux projets littéraires – parfois promis à un aboutissement, mais souvent voués à ne pas dépasser un stade embryonnaire – y sont consignés. Malgré leurs différences, ces deux corpus présentent certains mécanismes similaires en matière de gestation, processus inhérents à l’écriture discontinue et hétéroclite qui est la leur et qui favorise une porosité entre les éléments qui la composent.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-15101-2
- EAN : 9782406151012
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-15101-2.p.0333
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 13/09/2023
- Langue : Français