Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Le Temps des passions. xixe-xxie siècles
- Pages : 207 à 209
- Collection : Rencontres, n° 439
- Série : Littérature générale et comparée, n° 35
Résumés
Régine Borderie, « Introduction »
La vie affective est façonnée par le temps, elle en façonne aussi l’expérience. Il s’agit de prendre la mesure de ce constat du point de vue de la représentation littéraire (du xixe au xxie siècle), en distinguant des niveaux d’expérience (psychologique, historique, social), et des configurations de l’expérience ; il s’agit aussi d’aborder le temps des passions du point de vue de la lecture, et de s’interroger sur le cas limite de l’abolition du temps dans la passion représentée.
Frank Wagner, « Les cercles vicieux du récit de passion »
Selon la doxa, la passion paraît associée à l’intensité, la violence, le surgissement brutal. Pourtant, dès lors qu’une passion s’inscrit dans la durée, en raison même de l’emprise qu’elle exerce sur le sujet, elle tend à susciter des phénomènes de répétition. Cette dynamique du récit passionnel est examinée dans le récit singulatif (Manon Lescaut), itératif (Madame Bovary, La Prisonnière, Les Choses), répétitif (La Jalousie), à partir de la catégorie de la fréquence narrative.
Lola Kheyar Stibler, « Les passions du “moi” et ses champs d’images dans la prose romanesque du second xixe siècle »
Le discours psychologique et philosophique de la fin du xixe siècle se partage trois champs d’images principaux. Chacun constitue un modèle à partir duquel les passions du « moi » peuvent être définies : le moi-profond, le moi-fil, le moi-nébuleuse. Ces paradigmes sont issus de représentations dominantes et nourrissent l’imaginaire des romanciers (Dujardin, Maupassant, Bourget). Ces champs d’images impliquent des impressions de durée et des temps vécus stylistiquement distincts dans les textes.
208Karen Haddad, « Fantômes de passions. James »
La représentation de la passion, dans les romans de James, est toujours marquée par l’ellipse et le caractère indirect. Dans La Coupe d’or, en particulier, la passion apparaît comme un fantôme du passé, mais lorsqu’elle ressurgit dans le présent, elle fait l’objet d’un même blanc narratif. C’est peut-être la représentation romanesque traditionnelle de la passion qui semble obsolète à travers ce roman, même si la coupe d’or fêlée et dévaluée qui lui donne son titre en offre une image nostalgique.
Sylvie Thorel, « Le siècle des passions inactives »
L’auteur a voulu mettre en évidence l’enracinement idéologique, dans la seconde partie du xixe siècle, du refus du lyrisme personnel au profit de ce que Hugo Friedrich a appelé « lyrisme impersonnel », en évaluant le poids du rousseauisme dans la réflexion à la fois politique et formelle de Flaubert et de Baudelaire.
Philippe Dufour, « L’ambition, une passion démocratique »
L’ambition, vice des grands dénoncé sous l’Ancien Régime, devient dans la société issue de la Révolution une vertu sociale, mettant l’intérêt personnel au service du progrès collectif. C’est du moins le scénario optimiste du discours libéral. Le roman réaliste le déconstruit : la liberté et l’égalité permettent les ambitions, mais au détriment de la fraternité. La société démocratique bourgeoise, démoralisée, a opté pour ce darwinisme social. Un Herbert Spencer l’exalte, le réalisme le dénonce.
Marie Parmentier, « Le “vague des passions”, passion historique, passion sans histoire »
René a suscité une étrange réception contre-auctoriale : les lecteurs se sont reconnus dans le « vague des passions » de René, négligeant le personnage d’Amélie et sa passion incestueuse – « punition » du héros selon Chateaubriand. L’article envisage cette réception comme un symptôme du fonctionnement textuel de René et de sa façon d’agir sur les lecteurs. La forme itérative donnée au temps a sans doute aidé ceux-ci à s’approprier le récit et à s’y reconnaître comme dans un miroir.
209Béatrice Bloch « Quelles passions lues s’avivent jusqu’au lecteur ? L’exemple de la dépression chez Perec et Delaume mise en page »
Une passion mise en texte peut-elle diffuser jusqu’au lecteur et le placer à son tour dans un état passionnel ? Lesquelles des passions auraient cette vertu ? L’acédie chez Perec et la dépression chez Chloé Delaume servent d’exemples. La mise en texte de ces passions, avec leur propre chronologie et disposition temporelle, peut-elle expliquer leur aptitude à se propager au-delà du texte ? La réponse à ces questions s’appuie sur l’analyse des passions faite par le sémioticien Hermann Parret.
Colette Gryner, « Le temps et l’amour. Le livre II des Contemplations de Victor Hugo »
Le livre II des Contemplations réunit des poèmes d’amour ; la pièce et l’ensemble établissent des rapports différents au temps. Le livre II raconte, à sa manière, une passion clandestine qui atteint à l’atemporalité de « l’éternel petit roman », du désir et de la perte. Mais le poème amoureux, en évoquant un moment singulier, moment d’extase où se dit l’amour, crée une durée infinie. Les expériences du temps et de la passion amoureuse se confondent ainsi dans la certitude du fini et de l’Infini.
Maria de Jesus Cabral, « Silencieusement presque et abstraitement… La passion au cœur du langage dramatique, (d’) après Maeterlinck »
Sur fond de révolution symboliste, l’article met en perspective les aspects fondamentaux de l’abstraction opérée par Maeterlinck, qui vise à s’affranchir de la syntaxe dramatique traditionnelle. Son premier théâtre et sa théorie du « Tragique quotidien » permettent d’aborder la passion sous un angle nouveau : la passivité. Il s’agit ensuite de voir comment cette interversion opérée au seuil du drame moderne conduit au théâtre statique d’un Pessoa, jusqu’à la dépersonnalisation, l’hétéronymie.
- Thème CLIL : 4028 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes de littérature comparée
- ISBN : 978-2-406-09764-8
- EAN : 9782406097648
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09764-8.p.0207
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 02/11/2020
- Langue : Français