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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Le Temps des passions. xixe-xxie siècles
  • Pages : 207 à 209
  • Collection : Rencontres, n° 439
  • Série : Littérature générale et comparée, n° 35
  • Thème CLIL : 4028 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes de littérature comparée
  • EAN : 9782406097648
  • ISBN : 978-2-406-09764-8
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09764-8.p.0207
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 02/11/2020
  • Langue : Français
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Résumés

Régine Borderie, « Introduction »

La vie affective est façonnée par le temps, elle en façonne aussi lexpérience. Il sagit de prendre la mesure de ce constat du point de vue de la représentation littéraire (du xixe au xxie siècle), en distinguant des niveaux dexpérience (psychologique, historique, social), et des configurations de lexpérience ; il sagit aussi daborder le temps des passions du point de vue de la lecture, et de sinterroger sur le cas limite de labolition du temps dans la passion représentée.

Frank Wagner, « Les cercles vicieux du récit de passion »

Selon la doxa, la passion paraît associée à lintensité, la violence, le surgissement brutal. Pourtant, dès lors quune passion sinscrit dans la durée, en raison même de lemprise quelle exerce sur le sujet, elle tend à susciter des phénomènes de répétition. Cette dynamique du récit passionnel est examinée dans le récit singulatif (Manon Lescaut), itératif (Madame Bovary, La Prisonnière, Les Choses), répétitif (La Jalousie), à partir de la catégorie de la fréquence narrative.

Lola Kheyar Stibler, « Les passions du “moi” et ses champs dimages dans la prose romanesque du second xixe siècle »

Le discours psychologique et philosophique de la fin du xixe siècle se partage trois champs dimages principaux. Chacun constitue un modèle à partir duquel les passions du « moi » peuvent être définies : le moi-profond, le moi-fil, le moi-nébuleuse. Ces paradigmes sont issus de représentations dominantes et nourrissent limaginaire des romanciers (Dujardin, Maupassant, Bourget). Ces champs dimages impliquent des impressions de durée et des temps vécus stylistiquement distincts dans les textes.

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Karen Haddad, « Fantômes de passions. James »

La représentation de la passion, dans les romans de James, est toujours marquée par lellipse et le caractère indirect. Dans La Coupe dor, en particulier, la passion apparaît comme un fantôme du passé, mais lorsquelle ressurgit dans le présent, elle fait lobjet dun même blanc narratif. Cest peut-être la représentation romanesque traditionnelle de la passion qui semble obsolète à travers ce roman, même si la coupe dor fêlée et dévaluée qui lui donne son titre en offre une image nostalgique.

Sylvie Thorel, « Le siècle des passions inactives »

Lauteur a voulu mettre en évidence lenracinement idéologique, dans la seconde partie du xixe siècle, du refus du lyrisme personnel au profit de ce que Hugo Friedrich a appelé « lyrisme impersonnel », en évaluant le poids du rousseauisme dans la réflexion à la fois politique et formelle de Flaubert et de Baudelaire.

Philippe Dufour, « Lambition, une passion démocratique »

Lambition, vice des grands dénoncé sous lAncien Régime, devient dans la société issue de la Révolution une vertu sociale, mettant lintérêt personnel au service du progrès collectif. Cest du moins le scénario optimiste du discours libéral. Le roman réaliste le déconstruit : la liberté et légalité permettent les ambitions, mais au détriment de la fraternité. La société démocratique bourgeoise, démoralisée, a opté pour ce darwinisme social. Un Herbert Spencer lexalte, le réalisme le dénonce.

Marie Parmentier, « Le “vague des passions”, passion historique, passion sans histoire »

René a suscité une étrange réception contre-auctoriale : les lecteurs se sont reconnus dans le « vague des passions » de René, négligeant le personnage dAmélie et sa passion incestueuse – « punition » du héros selon Chateaubriand. Larticle envisage cette réception comme un symptôme du fonctionnement textuel de René et de sa façon dagir sur les lecteurs. La forme itérative donnée au temps a sans doute aidé ceux-ci à sapproprier le récit et à sy reconnaître comme dans un miroir.

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Béatrice Bloch « Quelles passions lues savivent jusquau lecteur ? Lexemple de la dépression chez Perec et Delaume mise en page »

Une passion mise en texte peut-elle diffuser jusquau lecteur et le placer à son tour dans un état passionnel ? Lesquelles des passions auraient cette vertu ? Lacédie chez Perec et la dépression chez Chloé Delaume servent dexemples. La mise en texte de ces passions, avec leur propre chronologie et disposition temporelle, peut-elle expliquer leur aptitude à se propager au-delà du texte ? La réponse à ces questions sappuie sur lanalyse des passions faite par le sémioticien Hermann Parret.

Colette Gryner, « Le temps et lamour. Le livre II des Contemplations de Victor Hugo »

Le livre II des Contemplations réunit des poèmes damour ; la pièce et lensemble établissent des rapports différents au temps. Le livre II raconte, à sa manière, une passion clandestine qui atteint à latemporalité de « léternel petit roman », du désir et de la perte. Mais le poème amoureux, en évoquant un moment singulier, moment dextase où se dit lamour, crée une durée infinie. Les expériences du temps et de la passion amoureuse se confondent ainsi dans la certitude du fini et de lInfini.

Maria de Jesus Cabral, « Silencieusement presque et abstraitement… La passion au cœur du langage dramatique, (d) après Maeterlinck »

Sur fond de révolution symboliste, larticle met en perspective les aspects fondamentaux de labstraction opérée par Maeterlinck, qui vise à saffranchir de la syntaxe dramatique traditionnelle. Son premier théâtre et sa théorie du « Tragique quotidien » permettent daborder la passion sous un angle nouveau : la passivité. Il sagit ensuite de voir comment cette interversion opérée au seuil du drame moderne conduit au théâtre statique dun Pessoa, jusquà la dépersonnalisation, lhétéronymie.