Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Le Pouvoir en procès. Opinion publique et légitimité politique des Lumières au Premier Empire
- Pages: 205 to 208
- Collection: Encounters, n° 619
Résumés
Maximilien Novak et Ryan Brown, « Avant-propos. L’opinion publique, juge et témoin »
En conférant à l’opinion à la fois une force interne et une légitimité, la sphère publique permet aux gens de lettres d’intervenir au cœur des débats publics et de porter un jugement sur des affaires politiques. Elle repose sur la diffusion d’idées politiques par une société littéraire éclairée qui lui attribue une certaine légitimité et la reconnaît comme une force préexistante. Cette société forme, selon Malesherbes, un tribunal constitué dans le but de juger du mérite du citoyen par le biais de l’impression.
Colin Jones, « Préface. Qui dit opinion publique dit Habermas »
Nous présentons ici les contributions réunies dans ces actes de colloque, en dégageant les points communs entre elles ainsi que les principaux thèmes du volume. L’ouvrage fondateur d’Habermas, The Structural Transformation of the Public Sphere, constitue le cadre historiographique et conceptuel de cette étude mais les auteurs s’appuient également librement sur les critiques d’Habermas ayant émergé dans les années 1990. Notre préface couvre la réception française du texte au xviiie siècle.
Ryan Brown, « The Autobiographer as Jurist. Rousseau’s Confessions, the Practice of Judicial Proof, and the Court of Public Opinion »
Cet article examine les Confessions sous un angle judiciaire : alors que Rousseau cherche à se défendre devant le tribunal de l’opinion, il utilise différentes formes de preuve pour prouver la vérité de sa vie et de son être. Rousseau conceptualise ce tribunal de l’opinion comme une force judiciaire potentielle. Mais sa conception de l’opinion publique est-elle conforme à la réalité et son action judiciaire incarne-t-elle une conviction profonde sur la façon dont la loi devrait fonctionner ?
206Robert Morrissey, « Lumières et Discours victimaire. Penser le pire »
C’est à l’âge des Lumières, où s’affirme l’autonomie de l’homme, que se met en place une réflexion moderne sur la victime. Cette enquête « archéologique » passe par un grand écart heuristique qui met face à face le terrible récit de Robert Antelme dans L’Espèce humaine et La Religieuse, texte où, à partir d’un jeu de mystification, Diderot effectue un examen approfondi des effrayantes limites de cette autonomie : l’impuissance de l’homme face au mal dont il est lui-même l’auteur.
Susan Maslan, « Transformations of the Social Bond on the Revolutionary Stage »
Cet article traite du projet révolutionnaire d’universalisation du tutoiement et se concentre sur trois pièces mettant en scène le « tu ». Nous examinons les campagnes journalistiques dirigées vers le public et les politiques sur la question. L’enseignement révolutionnaire a mis en relation sujet grammatical et subjectivité politique. Les arguments invoqués offrent un aperçu des tentatives révolutionnaires pour aborder les tensions et contradictions entre égalité politique et inégalité sociale.
Raphaël Cahen, « Les juristes internationalistes, les affaires étrangères et l’opinion publique (1789-1830) »
Cet article étudie le rapport entre l’opinion publique et les jurisconsultes employés dans les ministères des affaires étrangères dans une perspective comparée. Il analyse le cas particulier de la France dans les années 1789-1830 et la manière dont les jurisconsultes du ministère des Affaires étrangères (Pfeffel, Rosenstiel, Rayneval, Guerard, Hauterive, Haller) ont été des acteurs, juges et censeurs de l’opinion publique.
Doina Pasca Harsanyi, « Wrongful Praising. Flattery and strategies of survival in Napoleonic Italy »
Définie comme « wrongful praising » par Chaucer, vouée à l’infamie par Dante, la flatterie a peu de défenseurs. Le déséquilibre des pouvoirs est un terrain fertile, offrant aux faibles un outil pour apaiser les forts. Cet article examine l’utilisation par les Italiens de la flatterie sous l’occupation napoléonienne 207(1800-1814) pour créer l’illusion d’une volonté coopérative avec l’occupant, anticiper d’éventuels abus de pouvoir et tracer un cordon sanitaire autour des espaces privés locaux.
Christy Pichichero, « Public Opinion and Empire. A Black Epistemological Approach »
Cet essai plaide, à travers deux études de cas, en faveur d’une réorientation épistémique dans les études sur l’opinion publique autour de l’esclavage et de la question de la race, éléments fondateurs des diaspora africaine et française au xviiie siècle, écartés par les études habermasiennes. La première est une campagne publicitaire menée par Jean-Paul Marat contre le chevalier de Saint-George. La seconde examine la cérémonie du Bois Caïman dans l’Haïti coloniale et la résistance des esclaves.
Maximilien Novak, « Thermomètre et variation de l’opinion publique. Généalogie d’une métaphore politique »
Cet article propose de retracer la généalogie du thermomètre devenu métaphore politique de la mesure des variations de l’opinion et du corps social pendant la Révolution. Le thermomètre trouve comme moyen d’expression deux genres de prédilection, outre l’article de presse : le bulletin météorologico-politique – pamphlet assimilant la température à la révolte du peuple – et le rapport administratif d’esprit public des préfets sous le Premier Empire, hérité du Bureau de l’esprit public de 1792.
Andrei Pop, « The King’s Two Heads and the Body of Public Opinion »
La décapitation de cinq agents royaux en juillet 1789 contraste avec les décapitations ultérieures par guillotine. La foule qui a démembré le marquis de Launay avait défilé plus tôt aux Tuileries portant les bustes de Necker et Lafayette. La relation sémiotique entre buste et tête ensanglantée évolue jusqu’aux Lumières : siège de l’esprit et de l’affect. Impliquant raison et individualité, la tête véhiculait une connotation négative lorsque dépourvue de vie – comme dans la sculpture.
208Thomas Ramonda, « Prendre les vétérans pour témoins. L’opinion publique et les vétérans de la guerre d’Espagne »
Cet article propose d’examiner la relation entre le régime napoléonien et ses vétérans. Ils sont à la fois mobilisés par le régime comme élément de propagande militariste et présentés par les forces antinapoléoniennes comme incarnations des souffrances engendrées par les guerres causées par Napoléon. La guerre d’Espagne, guérilla qui a été perçue comme une « sale guerre » par les troupes napoléoniennes, joue un rôle clé dans la manière dont l’empire présente les vétérans à l’opinion publique.
Antoine de Baecque, « Postface. La Terreur, scène du commun »
Pour clore ce volume, la question est prise par son point d’aboutissement, envisagée par son revers : celui d’une médaille qui, longtemps, fut considérée comme celle du dévoiement des Lumières. La Terreur, celle qui « achève » le siècle des Lumières, alors qu’elle fut tout au contraire conçue, par ceux qui l’ont promue, argumentée et « mise à l’ordre du jour », comme, précisément, l’expérience ultime des Lumières en temps de « mal commun ».
- CLIL theme: 3286 -- SCIENCES POLITIQUES -- Histoire des idées politiques -- Histoire des idées politiques depuis le XVIIIe siècle
- ISBN: 978-2-406-16550-7
- EAN: 9782406165507
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-16550-7.p.0205
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 04-30-2024
- Language: French