Notice
- Publication type: Book chapter
- Book: Le Cachet d’Onyx, Léa, L’Amour impossible, La Bague d’Annibal
- Pages: 53 to 55
- Collection: Nineteenth-Century Library, n° 103
NOTICE
Éditions de référence :
Le Cachet d ’ onyx, Léa, Paris, La Connaissance, 1919, 81 p., tirage à 1050 exemplaires1.
Le Cachet d ’ onyx, Léa, avec une introduction de René-Louis Doyon (« Du marquis de Sade à Barbey d’Aurevilly »), Paris, La Connaissance, 1932, 105 p., tirage à 1100 exemplaires.
Le Cachet d ’ onyx, aux dépens de la Société Barbey d’Aurevilly, imprimerie Alençonnaise, 1992, 61 p., 300 exemplaires numérotés.
Louise Read, légataire universelle de Barbey d’Aurevilly, procure la première édition du Cachet d’onyx en 1919. Elle apporte quelques modifications au texte original dont elle corrige aussi la ponctuation. Cette édition servira de modèle aux éditions qui suivront jusqu’à celle réalisée d’après le manuscrit, enfin redécouvert, par la Société Barbey d’Aurevilly en 1992 : petit livre charmant et précieux.
Le manuscrit, document de vingt pages in-folio, relié en demi-maroquin brun à coins, appartient au musée Barbey d’Aurevilly de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Il est daté du 10 décembre 1831 et comporte ratures et ajouts. Nous avons fait le pari, dans la présente édition, d’en respecter au mieux la ponctuation, ne serait-ce que pour suivre au plus près le rythme d’écriture de l’auteur, ses fougues, ses emportements, ses ralentissements, ses pauses. Barbey se sert très rarement du point-virgule, aime le point d’exclamation, use de la virgule, non pour respecter des normes grammaticales, mais pour marquer une respiration. Cette ponctuation, plus rare que celle que nos normes actuelles exigeraient, donne à la phrase rapidité et efficacité.
54On a supposé plusieurs sources à la nouvelle de Barbey : Apulée, Métamorphoses (X, 24) ; Sade, La Philosophie dans le boudoir (Joséphine, aidée de Dalmancé, coud le sexe de sa mère).
La seule source reconnue par Barbey est celle qu’il livre dans une note des Disjecta membra : « L’aventure terrible de mon Cachet d’onyx (la première nouvelle que j’ai écrite) n’est pas une imagination diabolique de M. Prémont le B. Un monstre, le comte de Charolais, avait eu la même idée. Voir l’aventure de Mme de Saint-Sulpice, racontée par la princesse Palatine, dans ses Mémoires2. »
Cette note laisse sous-entendre que la source de la nouvelle ne vient pas d’une lecture, mais d’une histoire qu’il a entendu raconter par M. Prémont le B. Barbey ajoute : « penser à cela pour mes Diaboliques3. »
L’histoire narrée par la princesse Palatine et à laquelle Barbey fait allusion se passe en 1721. Mme de Saint-Sulpice est invitée à dîner chez le comte de Charolais : « il l’enivra complètement, la déshabilla, lui appliqua un pétard tout enflammé sur un endroit qu’il ne faut pas nommer, en disant : “Il faut bien que petit bichon mange aussi.”4 »
L’intrigue du Cachet d’onyx sera reprise dans « À un dîner d’athées », une nouvelle des Diaboliques.
Jacques Petit a trouvé dans des notes de Barbey l’ébauche de deux passages :
« Othello vous paraît donc bien horrible, M. ? Hier, votre front si pur, si limpide, se crispait rien qu’à le voir, ce Diable noir, comme dit Emilia. Votre haleine traînait sur vos lèvres entr’ouvertes. De gestes, de poses, de regard, vous étiez presque aussi touchante que la Desdemona étendue sur le lit, et comme elle vous disiez /pardon (raturé)/ grâce avec des larmes comme si /une prière d’ange (raturé)/ Othello avait5… »
Deuxième fragment :
« Avez-vous senti ce bien-être qui arrive par tous les organes à ce qu’il y a de plus spirituel en nous, charme puissant et inexplicable ! C’est une agrafe qui serrait trop la taille, et que l’on détache, un peigne dont le poids 55faisait froncer les sourcils et que l’on enlève. C’est la [illisible] chaussure de satin blanc, mon caprice à moi. Souvent le pli de rose blessant au pied la jeune Sybarite, donné par le libre et mol abattement du tapis, puis le voluptueux réchauffement de la robe ouatée sur ces épaules que le froid de la nuit a saisies au sortir de la chaleur du bal, orage sous un plafond et aussi et plus doux que le reste, l’inclinaison de la tête sous une idée souriante et vaporeuse comme un Séraphin, et les bruits harmonieux de la fête expirant aux bords de l’ouïe et de la pensée qu’ils caressent encore, mais comme l’on caresse quand on va mourir. On dit que c’est chose délicieuse de laisser-aller et de vague tristesse6 ! »
Les pages du manuscrit ne sont pas numérotées. Nous indiquons cependant le passage d’une page à l’autre par un chiffre entre crochets. Les ratures les plus intéressantes sont mentionnées dans les notes.
1 Un fragment de la nouvelle a été publié dans La Vie le 28 décembre 1912 sous le titre La Julie de Rousseau.
2 DM I, op. cit., p. 129.
3 Voir l’analyse des sources d’« Un dîner d’athées » dans le dossier établi par Pierre Glaudes dans son édition des Diaboliques (Paris, Le Livre de poche classique, 1999, p. 395-396).
4 Nouvelles lettres de Mme la duchesse d ’ Orléans, princesse Palatine, Paris, 1853, p. 308.
5 ŒC I, p. 1229.
6 Ibid., p. 1230.
- CLIL theme: 3440 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- XIXe siècle
- ISBN: 978-2-406-13774-0
- EAN: 9782406137740
- ISSN: 2258-8825
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-13774-0.p.0053
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 04-19-2023
- Language: French