Avant-propos
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : La Vie immobile. Patries, Les Sonnets, Le Retour
- Pages : 9 à 11
- Collection : Littératures du monde, n° 51
Avant-Propos
Ce livre est né d’une expérience personnelle.
Recruté en septembre 2011 comme professeur agrégé (PRAG) au département d’études néo-helléniques de l’Université Paul-Valéry Montpellier III, je me vis confier, au mois de novembre 2011, les clefs du « fonds Louis Roussel » : Louis Roussel (1881-1971) avait été professeur de grec ancien et de grec moderne à la Faculté des Lettres de Montpellier dans l’entre-deux-guerres et une partie de sa bibliothèque – le fonds Louis Roussel – était conservée au département d’études néohelléniques de cette même université.
Après avoir étudié ce fonds de manière systématique, je jugeai nécessaire de pousser plus loin mes investigations et pris contact avec la fille du professeur montpelliérain, madame Madeleine Roussel, qui me donna généreusement accès, chez elle, aux archives personnelles de son père. C’est chez elle, justement, que je découvris, dans les manuscrits de son père, un document intéressant. Il s’agit d’une liste de poèmes réunis par Costis Palamas autour de « l’idée de la mort » avec des titres et des références précises – on reconnaît parfaitement l’écriture du poète athénien – et de traductions, en français, par Louis Roussel, de ces mêmes poèmes. L’ensemble représente une trentaine de pages, écrites à la machine à écrire (tapuscrits) ou au stylo-plume (manuscrits), avec parfois des ratures, des blancs (passages non traduits) et des corrections au crayon à papier. Le manuscrit n’est pas daté mais on peut raisonnablement penser, d’après le registre de ses œuvres que tenait méticuleusement Louis Roussel1, qu’il date des années 1924-1925. Les poèmes sont empruntés à sept recueils : Les Yeux de mon âme (1892), La Vie immobile (1904), La Flûte du roi (1910), Les Plaintes de la lagune2 (1912), La Cité et la solitude (1912), Autels (1915) et Contretemps (1919).
10L’intérêt et la beauté de ces textes, ainsi que la qualité des traductions de Louis Roussel, me conduisirent, après lecture ou relecture de l’œuvre de Palamas, à poursuivre ou à prolonger l’entreprise de l’helléniste montpelliérain.
J’entrepris donc, à partir des quatre poèmes de La Vie immobile figurant dans le manuscrit, « Ô patries ! Air, terre, onde, feu », « Quand mourut Polylas », « La mort de Macaria » et « Le mort », de traduire le reste du recueil, ou plus exactement, étant donné l’ampleur de la tâche, ses trois premières parties : Patries, Les Sonnets et Le Retour.
Ces poèmes constituent, du point de vue formel, deux ensembles bien distincts :
–un premier ensemble de vingt-huit sonnets, précédés d’un prologue : Patries (12 sonnets), Les Sonnets (16 sonnets)
–un second ensemble de vingt poèmes, très divers du point de vue de la versification : Le Retour.
Du point de vue du contenu, en revanche, les mêmes thèmes s’entremêlent, donnant son unité au corpus.
L’ensemble, 49 poèmes en tout, constitue donc un tout cohérent, justifiant, a posteriori, le choix initial de ne pas donner l’œuvre tout entière.
Je complétai par la suite ce travail en y ajoutant :
–les textes originaux, en grec, d’après l’édition de référence, celle de la Fondation Costis Palamas à Athènes (2019)3,
–des notes et des commentaires pour chaque poème, considérant que toute traduction doit s’appuyer sur un commentaire du texte original et que la possibilité d’une bonne traduction dépend de la compréhension, aussi exacte que possible, de ce dernier4,
–une chronologie commentée de la vie et de l’œuvre de Palamas,
11–une notice sur Louis Roussel,
–une analyse traductologique de mes propres traductions,
–et, en annexe, en toute fin de volume, regroupées autour de trois thèmes – Missolonghi, le premier amour, la mort –, de nouvelles traductions de Palamas empruntées à cinq recueils, Trilogie héroïque (1910), LesPlaintes de la lagune (1912), La Cité et la Solitude (1912), Autels (1915) et Contretemps (1919).
La connaissance du grec moderne étant fort peu répandue en France, c’est par l’intermédiaire de ses traductions que les Français ont accès à l’œuvre de Palamas. Et comme ces dernières sont peu accessibles et datent presque exclusivement de l’entre-deux-guerres, il m’a semblé utile de renouveler le corpus et de faire connaître, grâce à ce recueil un auteur qui n’est pas inconnu, en France, du grand public cultivé. Ces éléments, ainsi qu’un intérêt évident pour tout ce qui touche, de près ou de loin, à la Grèce ancienne et moderne, pourraient inciter certains lecteurs français, par simple curiosité intellectuelle, à pousser un peu plus loin leurs investigations et à tenter de découvrir ce qui se cache derrière ce nom, celui d’un des plus grands poètes de la Grèce moderne.
1 Ce registre se trouve dans ses archives.
2 Louis Roussel traduit le titre de ce recueil par Tristesses du lac.
3 Palamas, Costis, Œuvres complètes[Άπαντα], Athènes, Fondation Costis Palamas [ΊδρυμαΚωστήΠαλαμά], tome 2, 2019. Je remercie ici Théodosis Pylarinos, professeur émérite à l’Université ionienne de Corfou, et Konstantinos Kasinis, professeur émérite à l’Université Ioannis Capodistrias d’Athènes, tous deux membres de la Fondation Costis Palamas, d’avoir bien voulu me faire parvenir les dix premiers volumes des Œuvres complètes de Palamas.
4 Nous reprenons à notre compte la formule de Robert Ellrodt dans « Comment traduire la poésie ? » (Palimpsestes hors série, 2006, p. 67) : « Traduire, c’est d’abord comprendre, donc interpréter. »
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-15908-7
- EAN : 9782406159087
- ISSN : 2261-5911
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-15908-7.p.0009
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 10/01/2024
- Langue : Français