Résultats
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : La Théorie épicurienne du vivant. L’âme avec le corps
- Pages : 193 à 194
- Collection : Les Anciens et les Modernes - Études de philosophie, n° 54
Résultats
Les résultats de l’analyse conduite jusqu’ici sur la psychologie de Démocrite décrivent une théorie matérialiste moniste de l’âme. La ψυχή est un composé igné mélangé au corps. Les atomes sphériques qui la forment, toujours en mouvement, sont impliqués dans un mouvement d’échange avec l’extérieur, la respiration, causé par la pression de l’atmosphère sur le corps. Le mélange des atomes de l’âme et du corps, présents dans le composé en égales quantités, est caractérisé par une configuration « en damier ». Cet équilibre quantitatif, toutefois, peut subir des variations (c’est le cas pendant le sommeil). Du point de vue fonctionnel, l’âme est douée de deux facultés : la pensée et la sensation. À cette distinction de deux facultés ne correspond pas une distinction de siège ou de substance.
Le compte rendu aristotélicien de la doctrine de l’âme de Démocrite porte sur trois informations principales : la ressemblance de l’âme avec le feu, le rôle du mouvement dans le processus de l’animation et l’identité entre l’intellect et l’âme. Les trois sujets ne semblent pas avoir eu pour Aristote la même importance.
Dans le traité Sur l’âme, le Stagirite associe l’âme et la chaleur sans pourtant les identifier. En revanche, dans le traité Sur la respiration, où Aristote est plutôt critique à l’égard des atomistes, âme et chaleur sont considérée comme un même composé. Cette différence peut s’expliquer par les différents contextes dans lesquels se trouvent ces affirmations. Bien qu’Aristote ne partage évidemment pas la position des atomistes, la question de la composition de l’âme ne constitue pas un sujet très problématique dans le traité Sur l’âme. La version de la doctrine exposée dans cet ouvrage semblerait donc plus fiable.
La question du mouvement et de l’animation chez Démocrite est très importante pour Aristote qui lui consacre une critique très articulée dans le traité Sur l’âme. Malgré le ton très polémique et certaines simplifications 194stratégiques (dans le contexte de la comparaison avec Xénocrate), Aristote attribue à Démocrite un modèle d’animation cohérent avec celui qui est transmis par d’autres témoins.
Sur la question de l’identité entre âme et intellect, en revanche, le filtre critique d’Aristote semble avoir joué un rôle-clé. Un tel filtre serait le résultat d’une double critique. L’une d’elles vise l’absence, chez Démocrite, d’une distinction substantielle ou locale entre l’âme et la pensée ou intellect. L’autre vise la théorie gnoséologique qui identifie la vérité aux réalités atomiques. Selon Aristote donc, puisque les atomes sont des réalités corporelles, Démocrite ne parvient pas à soustraire l’intellect du domaine du sensible. Aristote attribue donc à son prédécesseur l’identité de l’âme et de l’intellect.
D’une façon générale, on peut affirmer qu’Aristote identifie plusieurs points faibles dans la psychologie de Démocrite : 1) une théorie de l’âme dont les phénomènes vitaux ne sont pas expliqués correctement (en l’absence de finalisme) et ne sont pas en accord avec l’expérience ; 2) une doctrine de l’animation fondée sur le mouvement qui implique un redoublement des corps de l’être vivant ; 3) une conception de l’intellect qui n’en est pas un (à cause de son objet, à savoir les corps), et qui le rend impossible à distinguer des autres facultés, à cause de l’absence de différence substantielle et locale.
- Thème CLIL : 3916 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Histoire de la philosophie
- ISBN : 978-2-406-14139-6
- EAN : 9782406141396
- ISSN : 2260-8311
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14139-6.p.0193
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 04/01/2023
- Langue : Français