Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : La Représentation de la sorcière et de la magicienne. Du xvie siècle à nos jours en Europe occidentale
- Pages : 235 à 238
- Collection : Rencontres, n° 528
Résumés
Émilie Hamon-Lehours, « Introduction »
Cet ouvrage vient enrichir la thématique déjà fortement exploitée de la sorcière et par extension de la sorcellerie. Toutefois, on doit veiller à distinguer magiciennes et sorcières. Les premières sont nommées tandis que les femmes accusées de sorcellerie restent anonymes jusqu’à ce qu’elles soient dénoncées et que leur identité soit déclinée dans les procès. La conception du corps est alors fondamentale.
Ana Condé, « Le corps de la Sorcière dans les manuels de démonologie et les procès de sorcellerie aux xvi-xviie siècles. Une cristallisation du Mal »
Les traités de démonologie parus en Europe occidentale au cours des xve et xviie siècles mettent la femme à l’index en répandant le stéréotype de la sorcière moderne. Comme le Diable, la femme-sorcière est une manifestation condensée du Mal. Ainsi, les femmes sont-elles plus enclines, de par leur nature, à commettre d’atroces crimes. L’envergure du stéréotype de la sorcière repose en effet sur un corps voué à la concupiscence de la chair et qui porte les stigmates du Malin.
Tatiana Clavier, « Les devisantes des Évangiles des quenouilles. “Sorcières-maquerelles” burlesques ou résistantes à l’ordre du genre mis en place à la Renaissance ? »
Vaste succès d’imprimerie avec onze éditions recensées entre 1479 et 1530, les Évangiles des Quenouilles marquent le coup d’envoi d’une tradition de colloques féminins et de ventriloquie des discours de femmes. Ils mettent en scène une assemblée de fileuses qui s’échangent croyances, conseils et remèdes au cours de six veillées. Ce texte, longtemps considéré comme facétieux, mérite qu’on revienne sur la part de satire et d’humour qu’il contient, notamment dans la présentation des fileuses.
236Émilie Hamon-Lehours, « “Circé transtextuelle”. Représentations de la magicienne Circé dans la littérature et la peinture italiennes »
Le personnage de Circé apparaît à la fois de manière linéaire – dans l’espace et dans le temps – dans le contexte littéraire italien et de manière binaire si l’on prend en compte les mutations du personnage originel vers un personnage véhiculant seulement sa symbolique. Circé évolue au fil des siècles et dépasse le cadre odysséen. Iconographiquement, Circé s’étend moins géographiquement et chronologiquement, car seuls les peintres bolonais des xvie et xviie siècles semblent s’être intéressés à l’enchanteresse.
Florent Libral, « La sorcière, rivale du Roi d’après Pierre de Lancre (1612) et Pierre Corneille (1635) »
Comment la sorcière devient-elle la rivale du Roi au Grand Siècle ? Notre étude tente de répondre à cette question à partir de la lecture d’un démonologue (Pierre de Lancre, Tableau de l’inconstance des mauvais anges, 1617) et de la Médée de Pierre Corneille (1635). Il apparaît que, même si le discours démonologique et la représentation tragique confirment la relégation sociale et idéologique de la sorcière, en revanche le personnage connaît une profonde mutation.
Isabelle Malmon, « De la goyave au bâton. Maléfices et bénéfices de la femme indigène dans deux écrits de Paul Gauguin »
Deux écrits du peintre Paul Gauguin, rédigés tous deux dans une île d’outremer, aux extrémités chronologiques de sa carrière d’artiste, offrent un thème similaire : celui de la rencontre avec une indigène qui a tout d’une ensorceleuse. À travers l’examen des caractéristiques physiques et comportementales de ces deux protagonistes, cette contribution soulignera que ces images de la femme indigène proposent effectivement des actualisations exotiques des figures de la magicienne et de la sorcière.
Maëlle Rousselot, « Les Willis dans Giselle, de l’idéalisation à la peur »
Les willis dans Giselle (1841) sont des créatures ambivalentes. Jeunes femmes décédées avant leur mariage, elles sortent de leur tombe à minuit afin d’assouvir leur passion pour la danse. De prime abord, elles représentent l’idéal 237de la danseuse blanche : pureté, chasteté, évanescence. Bien à l’inverse des sorcières qui sont montrées dans les ballets comme des créatures grotesques, lourdes et jouées par des hommes. Pourtant, les willis n’en demeurent pas moins des créatures vengeresses, effrayantes et damnées.
Bérangère Chaumont, « Fille du feu, la belle dame des romantiques »
Repoussant, attirant, mouvant, changeant : le corps féminin de la sorcière est définitivement au cœur de l’attention des romantiques français. Cet article montre comment, dans cet imaginaire, ce corps incarne, d’une part, celui de la Femme, mystérieuse, magnétique et menaçante pour la virilité, et souligne, d’autre part, que sa beauté est représentée comme un pouvoir paradoxal qui la désigne aussi et surtout comme une victime.
Agathe Giraud, « Guanhumara au xxe siècle (Les Burgraves, Victor Hugo). Sorcière grotesque ou “reine tragique” ? »
En 1843, Victor Hugo fait jouer Les Burgraves à la Comédie-Française. La pièce est reçue de manière houleuse ; une des raisons en serait le personnage complexe de Guanhumara, une sorcière, une esclave et une vieille femme de quatre-vingt-dix ans venue venger son amour de jeunesse assassiné : il serait indigne pour une actrice de la Comédie-Française. Au début du xxe siècle, l’acceptation de ce personnage ne se fait donc qu’au prix de l’effacement du type de la sorcière mélodramatique, et de sa vieillesse.
Ghislain Tranié, « Le diable au corps ou le christ au cœur ? Les symptômes corporels de la possession chez la sorcière et la religieuse en Lorraine (xvie-xviie siècles) »
La seconde moitié du xvie siècle et le premier tiers du xviie siècle sont marqués par une double focalisation sur la sorcière et sur la religieuse en Lorraine. Si la première est poursuivie par la justice ducale et son procureur, Nicolas Rémy, la seconde est valorisée par le mouvement de Réforme catholique. Pourtant, la sorcière comme la religieuse présentent des marques corporelles de l’altérité : celles du diable pour l’une, celles du Christ pour l’autre.
238Leslie de Bont, « “Si ce n’est pas vrai de la dynamite, c’est vrai des femmes”. Le corps révélateur dans Laura Willowes de Sylvia Townsend Warner »
S’appuyant sur les travaux de Jennifer Nesbitt, sur les études des Bildungsromane féminins ainsi que sur les body studies anglophones, cet article propose une lecture dialogique du corps de la sorcière et de son environnement, dans le roman de Sylvia Townsend Warner, Laura Willowes. Il s’agira ici d’étudier comment le texte lie l’entrée en sorcellerie à l’exploration des possibilités du corporel et du sensoriel, ou comment la métamorphose spirituelle repose sur une réappropriation complexe du corps féminin.
Marta Sábado Novau, « Conclusion. Pouvoirs du corps et corps de pouvoir dans Les sorcières de la République de Chloé Delaume et The Power de Naomi Alderman »
À partir des romans Les Sorcières de la République de Chloé Delaume et The Power de Naomi Alderman, cet article étudie les enjeux dont est porteur le personnage de la sorcière. Plusieurs axes sont explorés : la violence envers le corps des femmes, l’appropriation de l’audibilité de leur voix qui passe par une réécriture de l’Histoire, la proposition de nouveaux imaginaires qui puissent correspondre au vécu des femmes, et, enfin, les idées de pouvoir et de puissance en lien avec la notion de sororité.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-12286-9
- EAN : 9782406122869
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12286-9.p.0235
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 01/12/2021
- Langue : Français