Si de grands textes tels que l’acte de fixation de la majorité des rois de France à quatorze ans n’ont pas été étudiés jusqu’à présent dans leur dimension rhétorique, ou, pour le dire plus rondement, dans toutes leurs dimensions textuelles, c’est essentiellement parce que l’espace même de ces recherches est encore mal défini. On perçoit évidemment la présence de différentes cultures textuelles dans la France du xive siècle, et certains mouvements ont été mis en exergue depuis longtemps, même s’ils demandent encore à être explorés dans toute leur ampleur. Ainsi, l’existence d’un premier humanisme français, centré autour du cercle formé par Jean de Montreuil, Nicolas de Clamanges, Laurent de Premierfait et Jean Muret, est bien connue pour le règne de Charles VI1. La production des grands penseurs scolastiques gravitant autour de l’université de Paris n’a pas non plus été négligée, illustrée qu’elle fut par de grandes figures telles que Jean de Jandun ou Buridan dans la première moitié du siècle, Nicole Oresme ou Pierre d’Ailly par la suite2.
1Cf. sur le milieu des humanistes parisiens et avignonnais à l’époque de Charles VI entre de nombreux travaux Ornato, Jean Muret, op. cit., Id., « La redécouverte », art. cité ; Ouy, « Les recherches », art. cité ; Un traducteur et un humaniste, op. cit.
2 Parmi les publications les plus récentes, cf. Biard, Joël, Science et nature : la théorie buridanienne du savoir, Paris, Vrin, 2012 ; Brenet, Jean-Baptiste, Transfert du sujet. La noétique d’Averroès selon Jean de Jandun, Paris, Vrin, 2003 ; Nicole Oresme, Questiones super Physicam (Books I-VII), Stefano Caroti, Jean Celeyrette, Stefan Kirschner, Edmont Mazet (éd.), Leiden-Boston, Brill, 2013 (Studien und Texte zur Geistesgeschichte des Mittelalters, 112) ; Lamy, Alice, La pensée de Pierre d’Ailly, un philosophe engagé au Moyen Âge, Paris, Champion, 2013.