Résumé des contributions
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : La Philosophie non-standard de François Laruelle
- Pages : 443 à 449
- Collection : Colloques de Cerisy - Philosophie, n° 2
Résumé des contributions
John O’Maiolearca et Anne-Françoise Schmid, « Introduction. François Laruelle et le colloque de Cerisy (3-10 septembre 2014) »
Présentation de l’œuvre de François Laruelle et du colloque international de Cerisy. L’organisation de l’ouvrage est présentée sous forme de tryptique : 1. les trajectoires de François Laruelle dans les théories et philosophies classiques, 2. ses méthodes de transformation de la philosophie, principe de non-suffisance, dualyse, détermination en dernière instance, 3. les inventions conceptuelles et disciplinaires.
François Laruelle, « La proposition de François Laruelle. Messianité, une conjecture »
Théorie du messianisme comme objet X, est reconstruit selon trois perspectives, judaïsme, christianisme, modèle théorique tiré de la quantique Le modèle quantique additionne puis conjugue en produits inversés ces deux données historiques comme des variables sans donner lieu à une simple ré-interprétation philosophique du messianisme mais à un saut dans la « messianité ». Ce saut quantique dans la théorie fait changer de terrain le traitement de ces data, une physique du messianisme plutôt qu’une religion.
Philippe Petit, « Nous, les simples d’esprit »
Comment devient-on un non-philosophe ? C’est en se rapportant à la trajectoire de pensée de Laruelle que nous tentons de répondre à cette question. C’est au début des années 1980 que cette aventure se précise. Témoin de ce tournant, nous en retraçons ici les grandes lignes : la mise à l’écart du Principe de Raison Suffisante, essentiellement. Avec comme corollaire, l’assomption de l’individu ordinaire, qui n’est pas en rapport réciproque ou réversible avec le Monde.
444Florian Forestier, « Penser la singularité par-delà la nostalgie philosophique »
Nous analysons dans ce texte la spécificité de la philosophie non standard par rapport aux dépassements et déconstructions de tradition hégélienne et heideggérienne. En cherchant à modifier la posture du philosophe et son attitude par rapport à la philosophie, aux concepts philosophiques et à leur autorité, la philosophie non-standard ouvre la possibilité d’une réappropriation de la philosophie sevrée de toute nostalgie de ses principes et commencements.
Chantal Anne, « Indivi-dualité et Individidu. Søren Kierkegaard et François Laruelle en miroir »
Le rapprochement ou la superposition de ces deux penseurs d’exception que sont S. Kierkegaard et F. Laruelle permet d’envisager sous une sorte d’effet de dualité unilatérale les dimensions aussi bien critiques qu’inventives de la Non-philosophie et de la Philosophie en question. Nous nous apercevons que c’est à une convocation de l’humain générique « ordinaire » et toujours « unique » que les voies frayées par ces auteurs nous amènent.
Alessandro Trevini Bellini, « Notes sur le non-marxisme de François Laruelle. L’hypothèse non-marxiste »
Le non-marxisme fait l’hypothèse de l’équivalence du marxisme et de son échec, tout en mobilisant un certain nombre des concepts propres à Marx. Il s’agit, par exemple, de penser la « détermination en dernière instance » comme « immanence radicale », où le « réel » n’est plus un concept philosophique matérialiste, mais le terrain d’une lutte entre la totalité des conditions philosophiques du capital et une instance pratique d’un style nouveau.
Katerina Kolozova, « Sur la possibilité d’une révolte immanente comme théorie et comme pratique. Lire Laruelle avec Marx »
La révolte ou la rébellion immanente est sans but, parce que sa seule source et sa seule tendance est de se protéger contre la violence de l’aliénation, afin de défendre l’homme-en-homme qui est déterminé par sa vulnérabilité radicale. Toute lutte politique émane du diktat de la rébellion immanente, celle du vécu radicalement solitaire. La lutte est une singularité radicale ce qui ne veut pas dire qu’elle ne puisse pas établir solidarité ou qu’elle soit individualiste.
445Tatiana Karachentseva, « Le changement de direction. La radicalisation laruellienne de l’esthétique kantienne »
Qu’est-ce qui se radicalise dans la transformation radicale de quatre « sans » kantiens proposée par Laruelle ? La dualité de la tradition esthétique, sa division en deux esthétiques – celle de type hégélien (Philosophie de l’Art) et l’autre de type kantien (Critique du goût), est prise comme base pour répondre à cette question.
Jean-Michel Salanskis, « Non-philosophie et visage de la philosophie »
L’article fait d’abord l’historique des rencontres de François Laruelle et Jean-Michel Salanskis. Ensuite il commente et décrit la carte de la philosophie contemporaine proposée par François Laruelle. Enfin il expose les fondamentaux de l’ethanalyse, philosophie personnelle de Jean-Michel Salanskis : l’idée est de présenter une seconde manière de dériver une posture de la carte contemporaine, dans un esprit de célébration de la transcendance plutôt qu’en vue de la bonne immanence.
Sergueï S. Khoruzhiy, « La non-philosophie de François Laruelle entre le Charybde de la transraison et le Scylla du scientisme »
La non-philosophie de François Laruelle est considérée comme un phénomène appartenant à la tendance moderne de la déterritorialisation de la philosophie. Deux stratégies opposées de la déterritorialisation utilisée par Laruelle, la déterritorialisation en science et en non-sémantique (le discours avec des significations déconnectées de ses éléments) sont reconstruites et analysées.
Léo Coutellec, « La science impliquée. Épistémologie non-standard et éthique générique »
Le concept de science-impliquée, comme possibilité d’une science radicalement démocratique, est proposé ici non pas pour décrire une nouvelle région des sciences mais pour expliciter une nouvelle façon d’appréhender celles-ci dans leur rapport d’implication au Réel. Nous le caractérisons comme la conjugaison de deux transformations, celle de l’épistémologie par le non-standard et celle de l’éthique par le générique.
446Muriel Mambrini-Doudet et Anne-Françoise Schmid, « L’alliance non-standard de l’épistémologie et de l’esthétique à l’occasion des sciences »
L’un des acquis de la philosophie non-standard est de mettre en évidence dans l’organisation de la recherche le rôle de disciplines qui ont un rôle de sous-détermination. Il y a des disciplines qui n’ajoutent rien positivement, mais sont nécessaires pour l’organisation de la recherche et la conception de ses objets. L’objectif de cette contribution est de montrer la nécessité de l’usage sous-déterminant de disciplines et de manifester ainsi de nouvelles alliances non-positivistes entre elles.
Rocco Gangle, « La généralisation et la formalisation en non-philosophie »
Au moyen d’une dualyse non-philosophique de l’un des opérateurs de la logique formelle moderne, le quantificateur, il est possible à clarifier les différences entre les modes de généralisation et de formalisation utilisés par la philosophie d’une part et ceux effectués par la non-philosophie d’autre part. De ceci, il est possible d’induire une théorie unifiée de l’individuation et de la quantification : le diagramme générique.
Liudmila Gogotishvili, « Les corrélations linguistiques de la dualité unilatérale (DU) »
François Laruelle et Aekseï Losev ont été tous les deux intéressés par l’idée d’un dépassement non-absolu du dualisme : chez Losev, il s’agit d’un monisme tronqué, chez Laruelle, d’une dualité unilatérale, les deux se distinguant par leur base conceptuelle (celle de Réalité immanente chez Laruelle, et celle de transcendance chez Losev). Parmi leurs points de ressemblance, nous insisterons sur leurs stratagèmes discursifs, aptes à déboucher sur une forme d’adéquation entre la langue et la réalité.
Joshua Ramey, « Divination et dualyse »
L’ordre néo-libéral peut être compris comme fondé sur la conflation de deux concepts de chance. D’une part, le hasard est représenté comme un hasard insignifiant. D’un autre côté, le hasard est une singularité significative. Le succès du marché peut être attribué à ce qui n’a pas de sens, tandis que l’échec peut être interprété comme significatif pour punir les perdants et justifier la 447hiérarchie. En utilisant la technique de la dualyse de François Laruelle, nous pouvons faire exploser cette ambiguïté.
Ian James, « Expérience et expérimentation dans la philosophie non-standard »
À partir d’une réflexion sur l’ouvrage du philosophe de la science David Wallace, The Emergent Multiverse, ce chapitre met en question les rapports entre philosophie et science et leur mutation dans la pensée récente de Laruelle. Par rapport à cet exemple tiré des débats théoriques en physique quantique, la discussion essaie de comprendre l’usage singulier que fait Laruelle de la conceptualité et terminologie quantique.
Maryse Dennes, « La non-philosophie comme fondement d’historicité »
Tout en occupant une place déterminée dans l’histoire de la philosophie occidentale, la non-philosophie de François Laruelle se situe aussi en dehors de cette histoire, pouvant même aller jusqu’à la nier. C’est à ce deuxième aspect que nous nous intéressons. En renvoyant à l’ouvrage récemment paru sur la Christo-fiction, nous nous demanderons comment la non-philosophie, tout en étant « anhistorique », peut nous aider à penser un mode d’historicité, spécifique non plus de l’Occident mais de la Russie.
John O’Maiolearca, « Contourner le problème de l’initiation. À propos des Introductions à la Non-Philosophie »
Dans l’approche de Laruelle, les idées de la philosophie ne sont plus des positions à critiquer par l’autorité philosophique. Comment introduire la non-philosophie de Laruelle sans déférence aux explications philosophiques standard ? Si nous voulons être fidèles, nous aurons besoin de ressources extra-philosophiques : je développe donc une méthode non-philosophique à partir de l’art. Ce sera une tentative de cinématiser la philosophie en utilisant la structure du film The Five Obstructions de Lars von Trier.
Gilbert Kieffer, « Sémiotique non-philosophique. Quand la création artistique utilise la démarche non-philosophique »
On peut envisager une nouvelle sémiotique des signes des civilisations passées, en utilisant les reconstructions 3D et la technique non-philosophique 448généralisée à la création numérique. Il y une vibration des signes Nazca, Taino, Cuna, Inca, Maya, Lakota… du socle spirituel des Amériques. Il faut redécouvrir sa fréquence et la mettre en accord avec notre sensibilité actuelle.
Drew S. Burk, « La possibilité d’une poématique, ou l’archéologie imaginaire de l’esthétique non-standard »
Cet essai considère la philosophie non-standard de François Laruelle à travers son côté philo-fictionnelle, à travers l’esthétique non-standard et en rapport avec les autres modes de pensée poétique qui peuvent nous servir comme exemples, ou bien dans ce cas, comme généalogie imaginaire.
Hugues Choplin, « De l’uni-latéralité à l’enfance. Trois lectures de l’invention non-philosophique »
Établir – à partir de l’invention non-philosophique – un rapport d’enfance : voilà l’enjeu de ce texte.
Dans cette perspective, nous confrontons l’unilatéralité non-philosophique à la pensée contemporaine, en particulier française. En découlent trois lectures de l’invention laruellienne – la troisième nous conduisant à établir une recherche en silence, délivrée des ressorts (l’événement, le couple question/réponse) de la pensée contemporaine.
Anthony Paul Smith, « Une non-théologie est-elle possible ? »
Cet essai explore la possibilité d’une non-théologie construite à partir de la non-philosophie de François Laruelle. Il expose une critique de la laïcité ou sécularisme particulière des intellectuels français tout en se plaçant d’un point de vue générique pour une pratique de la non-théologie. Afin d’évaluer la possibilité d’une non-théologie nous devons considérer le jeu de la religiosité et du sécularisme, ce qui est déclaré comme soit particulier, soit universel par la philosophie.
Patrick Fontaine, « Le malheur est absolu, mais l’homme est radicalement bon »
La philosophie militante, dont je me réclame, radicalise la dimension théorico-pratique de la pensée de Laruelle. La philosophie militante laisse 449enfin l’homme à la rue, perdu, sans un sou vaillant, sans qu’une philosophie vienne miser sur lui. Par économie non-philosophique, à l’endroit indicible et indécidable de l’homme tel quel, l’homme de la rue, tel qu’en lui-même enfin la philosophie non-standard l’y laisse, la philosophie militante pose cet axiome : l’homme est radicalement bon.
Christelle Fourlon, Alessandro Bertocchi, Erik del Bufalo, Sven Läwen, Jean-Baptiste Dussert, « Table ronde d‘anciens doctorants »
L’ensemble de ce chapitre témoigne des suites de l’enseignement de François Laruelle autant sur le vécu du non-philosophe, que sur le langage et la lamentation à partir de la sociologie, la non-politique comme permettant de défaire l’amphibologie entre État constitué et État constituant, les « mathématiques tribales » pour approcher quasi-philosophiquement la philosophie non-standard par le moyen de l’idempotence, ainsi qu’un développement sur la fiction en philosophie et en esthétique.
Liudmila Gogotishvili et Maryse Dennes, « Conclusion »
Description de l’influence grandissante en Russie de la non-philosophie puis de la philosophie non-standard aussi bien à la période communiste que dans la post-communiste, avec des thèmes communs, mais des différences axiologiques. La redécouverte des philosophes des années 1930, Chpet, Florenski, Losev a été importante pour comprendre l’influence de plus en plus importante de Laruelle en Russie.
- Thème CLIL : 3133 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie contemporaine
- ISBN : 978-2-406-08077-0
- EAN : 9782406080770
- ISSN : 2606-5983
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08077-0.p.0443
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 07/10/2019
- Langue : Français