Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: La Muse de l’éphémère. Formes de la poésie de circonstance de l’Antiquité à la Renaissance
- Pages: 461 to 468
- Collection: Encounters, n° 266
- Series: Readings from the Latin Renaissance, n° 5
Résumés
Étienne Wolff, « Martial : une poésie de circonstance ? »
On examine ici dans quelle mesure les épigrammes de Martial peuvent être qualifiées de poésie de circonstance. Elles ont souvent été écrites pour des occasions précises ou à la suite d’événements précis qui nous sont attestés par ailleurs, et puisent leur inspiration dans la réalité. Mais la généralisation à laquelle se livre Martial dans ses épigrammes satiriques, et sa reprise de thèmes épigrammatiques traditionnels, invitent à voir plutôt dans certaines épigrammes des constructions, plus ou moins basées sur une situation authentique, faites pour donner l’impression de pièces de circonstance, sans l’être véritablement. Si sa poésie dans son ensemble est bien une poésie de circonstance, son élaboration la détache donc souvent de la circonstance initiale réelle qui l’a suscitée.
Ilaria Pierini, « L’occasionalità nella poesia di Carlo Marsuppini. Il caso dei carmi indirizzati a Tommaso Pontano »
La tradizione manoscritta tramanda sotto il nome dell’umanista orentino Carlo Marsuppini (1398-1453) una raccolta poetica assai esigua, che raccoglie carmi, di genere e metro diversi, per lo più legati ad avvenimenti contingenti. I componimenti scritti per soddisfare le sollecitazioni e le insistenti richieste degli amici costituiscono un interessante esempio di poesia di circostanza.
Emmanuel Buron, « “En son jour le plus beau”. Du Bellay et l’interprétation “de circonstance” des Antiquités de Rome »
Les Antiquités de Rome s’ouvrent sur un sonnet de dédicace au roi qui conditionne la réussite du recueil à sa publication sous le nom du roi, pourvu que celui-ci accepte de le lire « sous son jour le plus beau ». Une analyse de ce texte, rarement pris en compte, ouvre des pistes pour une interprétation de circonstance des Antiquités. Du Bellay esquisse en outre une relecture de
l’ut pictura poesis horacien, qui invite à percevoir le caractère circonstanciel du recueil comme un effet de lecture, un effet de point de vue.
Jean-Charles Monferran, « Pierre, barbier de Rome ? Ou comment lire les papiers-journaux des Regrets de Du Bellay ? »
Pour une grande part, Les Regrets se donnent à lire comme une poésie du quotidien s’écrivant au gré des circonstances de la vie romaine. Soucieuse de détails et d’ancrages référentiels, la critique récente a cherché à identifier ces circonstances et leurs agents : elle a ainsi parfois contribué à masquer le dispositif programmé par Du Bellay dès la mise en recueil des sonnets, celui d’une poésie jouant du particulier et du général, du référentiel et du non-référentiel.
Jean Vignes : « Huit mariages et quarante-quatre enterrements : Jean Antoine de Baïf, poète de circonstance »
S’appuyant sur l’ensemble de l’œuvre de Jean-Antoine de Baïf, notamment ses Poemes et ses Passetemps, issus de ses Euvres en rime, mais aussi nombre de pièces plus tardives, la communication soulignera la diversité des circonstances qui ont inspiré le poète et l’extrême variété des formes poétiques sollicitées ; on réfléchira aussi aux stratégies de diffusion et à la mise en recueil de la poésie de circonstance.
Adeline Lionetto, « La poésie de circonstance dans la seconde moitié du xvie siècle : un contrechant nécessaire ? »
L’idée d’une poésie de circonstance comme « contrechant », chant contraire, nous a été suggérée par Nicolas Denisot qui, dans un sonnet qu’il adresse à Jacques Grévin en 1559 après la signature de la paix du Cateau-Cambrésis, somme le poète clermontois de se détourner de l’écriture de son canzoniere amoureux (son Olympe qui paraîtra l’année suivante) pour célébrer à l’instar des autres poètes l’événement historique qui marque son pays. Prêter sa voix aux circonstances semble ainsi relever d’une sorte d’impératif, d’une nécessité impérieuse quasi indépendante de la volonté du poète. Ainsi dans la deuxième moitié du xvie siècle, la plupart des poètes vont perpétuer le motif traditionnel de la recusatio de l’œuvre de circonstance tout en mettant en avant son caractère incontournable ainsi que sa capacité à fixer le fugitif et l’éphémère. Dans la lignée d’Érasme, les poètes ne cessent de mettre en avant la futilité de
telles productions tout en leur reconnaissant malgré tout un certain nombre d’avantages et même une certaine dignité. Ces œuvres ne sont ainsi plus seulement destinées à divertir et réjouir au présent, elles aident certes à « passer » le temps mais le dépassent et font office de véritables témoignages pour les générations futures. Du « passetemps » comme divertissement, simple réjouissance ou encore bagatelle, l’œuvre de circonstance devient « passe-temps » au sens où elle le dépasse, lui résiste et réussit à passer à la postérité. Son pouvoir mémoriel s’exerce alors non seulement du point de vue de l’Histoire du pays mais aussi comme un excellent témoignage du talent de l’auteur.
Nicolle Lopomo, « “Accipe nugarum munus”, percorsi occasionali e intenti autopropositivi in Maffeo Vegio »
La relazione illustrerà, attraverso l’esempio della poesia di Maffeo Vegio, le modalità di interazione tra il letterato della prima metà del Quattrocento e l’ambiente del potere, in questo caso la corte di Filippo Maria Visconti, duca di Milano. Si evidenzierà il proposito concreto, da parte del poeta, di presentarsi al potente in modo da ottenerne la protezione tramite l’adulazione e la celebrazione poetica, sottolineando l’aspetto occasionale della sua produzione in versi del periodo pavese (Elegiarum libri).
Sylvie Laigneau-fontaine, « Une forme particulière de la littérature de circonstance chez Nicolas Bourbon (Nugae, 1533) : le dialogue à une voix »
Mû par un calor dicté par les circonstances, Nicolas Bourbon écrit nombre de ses pièces en réponse à une situation qui l’a particulièrement ému, agacé ou irrité. Non content alors de s’en prendre au responsable de cette situation, il engage avec lui, à travers une série de pièces consacrées au même thème, un « dialogue » dans lequel il fait entendre sa propre voix, mais aussi celle de l’autre à travers le prisme de la sienne.
Anne Debrosse, « Poésie encomiastique en l’honneur de femmes de lettres autour de 1550 : l’emploi des figures de Corinne et Sappho au miroir de l’Arioste chez Laura Terracina et Joachim Du Bellay »
La thématique de la jalousie des Anciens et de la survivance, grâce à leur talent, des femmes poètes, précédées sur ce chemin par Sappho et Corinne, est régulièrement utilisée, sans « sincérité », mais avec à-propos : devenue jeu
d’érudition, de références et d’échos, il est de convention de la reprendre à la suite de l’Arioste, car ce dernier constitue un classique pour ceux qui écrivent dans les années 1550 et suivantes. La beauté de l’œuvre n’est pas dans son originalité, mais dans la reprise ingénieuse du motif sans cesse retissé de façons différentes.
Chiara O. Tommasi-Moreschini, « L’utilisation du passé pour célébrer le présent : esquisses d’histoire romaine chez Sidoine Apollinaire »
Cet article se propose d’examiner la manière dont Sidoine Apollinaire emploie, dans ses Panégyriques, des thèmes tirés de l’histoire de Rome pour célébrer l’aristocratie militaire gallo-romaine et donner de la légitimité à ses prétentions de souveraineté. Certes, le choix de ces thèmes découle de la lecture de textes classiques et étudiés dans le cursus scolaire, mais il n’en revêt pas moins une fonction poétique précise et s’intègre à la « stratégie » rhétorique de l’auteur.
Aurélie Delattre, « Le panégyrique vandalisé : le poème In laudem regis de Florentinus (Anthologie Latine, 376R) »
Le poème In laudem regis de Florentinus n’a encore fait l’objet, à notre connaissance, d’aucune étude spécifique. Il constitue cependant un témoignage unique, au sein de l’Anthologie Latine, de poésie d’éloge directement adressée au roi vandale. Les autres poèmes à tonalité politique font plutôt allusion aux réalisations des rois – c’est le cas des poèmes de Felix sur les thermes d’Alianae –, et sont moins directement liés à des circonstances précises. Sans prétendre à l’exhaustivité, nous nous efforcerons donc de mettre en évidence les principales caractéristiques de ce poème. Un examen de sa structure nous conduira à nous interroger sur le genre dont il relève. Nous étudierons également les procédés d’amplification mis en œuvre par Florentinus, et nous verrons ainsi se dessiner une double polarité autour de Thrasamond et de Carthage, qui permet la mise en place du consensus indispensable à tout poème de circonstance à vocation politique.
Christiane Veyrard-Cosme : « La poésie de circonstance à l’époque carolingienne : Ermold le Noir et le poème sur Louis le Pieux »
Cet article entend s’interroger sur les procédés et les enjeux de la poésie de circonstance sous les Carolingiens, en étudiant notamment le jeu entre
composants référentiels et mise en œuvre de figures archétypales et les métamorphoses des données politiques contemporaines en composants philosophiques.
John Nassichuk, « Le panégyrique d’Henri III par Jean Bonnefons (1575) et la poésie de circonstance à l’époque du dernier Valois »
Cette communication présentera le long poème de Jean Bonnefons, intitulé Ad Erricum Galliae et Poloniae regem, in eius foelicem reditum, in augurationem, et nuptias, panegyricus. Il s’agira de situer ce texte peu connu dans le corpus de poésie circonstancielle qui commémora la traversée des Alpes et les premiers moments du règne.
Lavinia Galli Milić, « Le poète s’invite à la noce : l’écriture du moi dans deux épithalames latins tardifs (Dracontius, Romulea 6-7) »
Le propos de la première partie de notre article est de montrer que le poète d’épithalames, s’il peut avoir recours à un moi auto-référentiel, évite, d’habitude, la mise en scène de sa persona autobiographique dans ses poèmes. Nous passons, ensuite, à l’analyse de deux épithalames, composés à la fin du ve siècle ap. J.-C. par Blossius Aemilius Dracontius (Romulea 6-7) et singuliers dans leur dépassement des conventions du genre. En effet, ces pièces sont le résultat de l’intrication entre une circonstance extérieure, la cérémonie nuptiale, et une circonstance intérieure relative au vécu du poète, c’est-à-dire son emprisonnement ordonné par le roi vandale Gonthamond et la libération qui suivit. Si l’écriture du moi sert, dans les deux poèmes, la circonstance intérieure, elle poursuit un but qui n’est pas le même pour Romul. 6 et Romul. 7. Dans Romul. 6, écrit après la sortie de prison, l’élément autobiographique fonctionne comme un amplificateur épidictique. Quant à Romul. 7, la causticité de l’écriture du moi qui s’y déploie doit être appréhendée, d’une part, comme le signal d’un remaniement du poème réellement lu à la cérémonie et, d’autre part, comme la composante essentielle d’un projet poétique de renversement du genre de l’épithalame qui, de laudatio, se transformerait en son opposé, la uituperatio.
Marion Arnaud, « La voix d’Astrée dans l’élégie Ad Petrum de Roccaforti de Jacopo Sannazaro »
Pour prier le Chancelier du roi de France de mettre un terme aux exactions commises en Italie par les Français, Sannazar revêt le masque d’Astrée. On étudiera
la part respective de l’héritage antique et de l’originalité dans la construction de cette persona ainsi que sa mise en œuvre dans un poème à visée persuasive.
Claire Sicard, « Saint-Gelais prête-voix »
À la fin du règne de François Ier et au début de celui d’Henri II, Mellin de Saint-Gelais est par excellence le poète des fêtes de la cour. En tant que tel, il compose de nombreuses pièces de circonstances, que ce soit à l’occasion d’événements que l’on peut juger mineurs mais qui ont leur importance dans la sociabilité aulique, comme les tournois, ou d’autres à la portée politique plus forte – entrées royales, mariages ou naissances des Grands notamment. L’examen de ces pièces variées – cartels, mascarades, ou épithalames par exemple – met en évidence une caractéristique esthétique mais aussi éthique majeure dans la définition du rôle du poète de cour tel que Saint-Gelais le conçoit : loin de construire et d’imposer sa persona, le poète doit tout au contraire s’effacer et prêter sa voix aux membres de la cour qu’il célèbre ou au nom de qui il entonne son chant encomiastique. Se définissant lui-même comme un « truchement », Saint-Gelais se fait ainsi fréquemment le médiateur d’un groupe ou d’une personne particulière. Mais il pousse plus loin encore l’effacement de la voix du poète : traducteur de théâtre, auteur de saynettes jouées et chantées à la cour, il n’hésite pas, dans le cadre-même de ses poèmes, à supprimer sa propre instance énonciative, que ce soit par la disparition du « je » ou plus significativement encore par l’attribution de ce « je » à autrui. On s’interrogera donc sur les modalités de cette poétique de la poésie de circonstance, mais aussi sur ses implications quant au rôle attribué aux poètes de cour dans la célébration des événements auliques, en mettant en relation cette esthétique de l’effacement avec les pratiques de diffusion – orales, chantées, manuscrites – adoptées par Saint-Gelais en cette période charnière où l’édition imprimée et la revendication de l’auctorialité deviennent pourtant la norme.
Catherine Dobias, « Des pierres qui parlent en vers. À propos des épigrammes grecques de Cyrénaïque »
Une partie des inscriptions antiques parvenues jusqu’à nous est de nature métrique. La quarantaine de poèmes grecs sur pierre, souvent fragmentaires, retrouvés en Cyrénaïque constitue un corpus intéressant pour soulever certaines des questions proposées par les organisatrices du colloque. La mission informative de ces textes (épitaphes, dédicaces, hymnes, commémorations, malédiction) est assurément circonstancielle. Par ses caractéristiques formelles
(mesures, rythmes, coloration linguistique) leur facture est poétique. Les points de vue adoptés sont variables. Le « moi », quand on le rencontre, procède-t-il de l’introspection lyrique ? La double formulation prose/poésie que l’on trouve dans un certain nombre de cas peut-elle nous aider à comprendre le choix d’une forme poétique ? En quoi celle-ci participe-t-elle à la dimension artistique de l’événement fixé dans le monument ? Tels sont quelques uns des aspects qui seront examinés à propos de cette documentation.
Gaëlle Herbert de la Portbarré-Viard, « L’insertion du discours sur les monuments chrétiens dans la poésie de circonstance (ive-vie siècles) »
Cette communication a pour objectif de mettre en évidence les variations des modalités de l’inscription du discours sur les monuments chrétiens dans la poésie de circonstance, leurs rapports avec les genres littéraires et leurs implications métapoétiques, chez Paulin de Nole, Sidoine Apollinaire, Ennode de Pavie et Venance Fortunat. Dans ce parcours qui nous conduira de la fin du ive à la fin du vie siècle, l’essor du culte des saints, le rôle grandissant de l’évêque dans la cité, la matérialité des édifices et la spiritualisation du discours sur l’édification jouent un rôle important.
Guillaume Berthon, « L’année politique et poétique 1538. De l’événement (la paix de Nice) aux recueils »
La paix de Nice, signée en juin 1538 par François Ier et Charles Quint grâce à l’entremise du pape Paul III, est l’événement politique majeur de l’année, et constitue pour les trois chefs d’État l’occasion d’une démonstration du faste de leur cour. Les poètes, étroitement associés, exaltent l’épisode dans toutes les langues et dans toutes les formes. L’examen d’un nombre important de ces pièces, qui vont de l’enthousiasme le plus servile à la distance la plus ironique, et de leur mode de diffusion (à la suite du texte des traités ou au sein de recueils poétiques variés) permet de poser la question de la variété extrême de la catégorie de la poésie de circonstance et aussi celle de ses limites.
Nicoletta Lepri, « Poesia di circostanza e apparati festivi nelle nozze fiorentine di Francesco de’ Medici e Giovanna d’Austria (1565) »
La comunicazione verterà sui modelli di poesia usati negli allestimenti nuziali, dagli epitalami ai versi latini introdotti negli archi di trionfo e
nelle decorazioni cittadine per l’ingresso della sposa in Firenze, in relazione sia ai propositi culturali e politici che ispirarono l’allestimento delle feste
stesse, sia alle forme di arte figurativa scelte per tali apparati celebrativi. Sia, infine, al gusto maturato dagli eruditi fiorentini del tempo sulla base di recenti, grandi occasioni celebrative italiane e straniere.
Alexandre Tarrête, « Les vingt-neuf sonnets de La Boétie dans les Essais de Montaigne : un texte hors de “saison” ? »
Les Vingt-neuf sonnets d’amour de La Boétie, retrouvés après sa mort puis insérés par Montaigne au centre du tome I des Essais, en 1580, retrouvent dans ce nouveau contexte une belle actualité. Accompagnés d’une dédicace à la comtesse de Guiche, future favorite d’Henri de Navarre, ils sont donnés à lire comme un échantillon du talent littéraire du jeune La Boétie, et ils sont destinés à être mis en musique dans le salon littéraire de la comtesse. Pourtant, quelques années plus tard, entre 1588 et 1592, Montaigne décide de les supprimer de la réédition des Essais qu’il prépare, léguant aux critiques une énigme tenace. Pourquoi ces poèmes, jugés d’actualité en 1580, se trouvent-ils rejetés quelques années plus tard ? Cet exemple nous amène ici à réfléchir sur les « saisons » traversées par ces poèmes : de leur composition, qui s’enracine dans une jeunesse ardente, à leur republication, où ils trouvent une seconde vie, et enfin à leur retrait, lorsque le temps a rendu leur diffusion inopportune. La poésie amoureuse de la Renaissance tire une grande partie de son sens du lien tissé avec les circonstances qui ont entouré sa composition et sa diffusion.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-8124-2123-5
- EAN: 9782812421235
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-8124-2123-5.p.0461
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 01-21-2015
- Language: French