Bulletin bibliographique
- Type de publication : Article de revue
- Revue : La Lettre clandestine
2021, n° 29. L’Imposture et la littérature philosophique clandestine - Pages : 499 à 545
- Revue : La Lettre clandestine
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
Éditions de texte
Anonyme (xviie siècle), Abrégé de la physique de Mr Descartes. Édition et essai d’attribution de Sylvain Matton. Présentation de Maria Teresa Bruno. Avec une étude de Simone Mazauric. Préface de Vincent Carraud, Paris, SEHA, Milan Archè, 2020, 336 p.
Rédigé autour de 1671, dans les années d’« heurs et malheurs de la physique cartésienne », l’anonyme Abrégé de la physique de Mr Descartes, laissé inachevé par la mort de l’auteur, conservé par trois manuscrits et resté jusqu’ici totalement inconnu des historiens, constitue un important document pour la compréhension de la première réception du cartésianisme. Nourri des textes de Regius, Rohault, La Forge, Cordemoy, Poisson comme de laLogique de Port-Royal, il donne une traduction singulière de la physique de Descartes, ouverte à l’intégration d’éléments nouveaux, mais également susceptible – par-delà une séparation revendiquée et assumée entre philosophie et théologie – d’exercer une fonction apologétique en aidant à défendre contre les hérétiques et les libertins certains dogmes catholiques, ainsi que le montrent les longs développements sur la transsubstantiation eucharistique ou sur l’âme des bêtes. La présente édition critique de ce traité inédit est complétée par une annotation qui en restitue les sources, un essai d’attribution et des études particulières qui tentent, chacune à sa façon, de saisir le sens de l’ouvrage et de faire surgir les différentes questions qu’il soulève.
– Préface, par Vincent Carraud
– Présentation, par Maria Teresa Bruno. Simone Mazauric : « Un cartésianisme didactique militant ». Sylvain Matton : « Manuscrits, datation, essai d’attribution ».
Abregé des principes de la physique de M r Descartes.
– Des principes du corps naturel : De la matiere (Questions touchant le vuide : [Dieu peut-il en faire un ?]. [La nature ne craint point le vuide]. Objections [en faveur du vuide tirées de la congelation de l’eau]. Raisons [pour lesquelles l’eau glacée occupe plus d’espace]. [Objections en faveur du vuide tirées de 500l’aneantissement des corps par Dieu]). De la forme (Objections [tirées de l’Eucharistie]). De l’ame (De l’union de l’ame avec le corps. Objections [prises l’ame des bestes] avec les responses).
– Du mouvement. [Explication de] plusieurs sortes de mouvemens. De la nutrition. [De l’impulsion et de l’attraction]. De la production, continuation et cessation du mouvement. Conséquences. De la détermination du mouvement. De la composition du mouvement et de celle de sa détermination
– De la nature et du nombre des élemens. [Doctrine des aristoteliciens]. [Doctrine des chimistes]. [Doctrine de Descartes].
– De la chaleur. Objections. [Du froid].
– Du dur et du liquide. [Des corps liquides]. [Cause du mouvement continuel des liquides]. [Des especes de corps durs]. [Des corps plians et du ressort]. [Des larmes de verre]. [Du sang et du laict]. [Pourquoi des liqueurs mêlées ensemble font un corps dur]. [Du mêlange d’un liquide avec un corps dur].
– Du feu. [Plusieurs especes de feu] : Feu qui luit sans échauffer. Feu chaud et point lumineux. Feu chaud et lumineux. [Pourquoi des feux nous échauffent davantage les uns que les autres]. Actions de l’eau sur le feu. [Flamme et charbon]. [Pourquoi] la flamme du flambeau est en pointe. L’air s’approche de la flamme et semble l’agiter. [La poudre à canon]. [Les lampes perpétuellement ardentes des tombeaux]. La lueur de la flamme paroist davantage dans un lieu obscur qu’au soleil. De plusieurs autres proprietez du feu.
– Notes sur les sources de l’Abrégé.
– Index des noms et des ouvrages anonymes.
Crell (Johann,) De Deo et eius attributis, a cura e con un saggio di Roberto Torzini, Roma, Edizioni di Storia e Letteratura, 2019, lxxxvi-394 p.
« Le De Deo et eius attributis (1630) de Johann Crell est publié ici pour la première fois dans une version moderne, accompagné d’une introduction historico-critique et d’un appareil de notes. Il est le traité théologique le plus complet et le plus agressif jamais écrit par un socinien et fut rapidement reconnu comme tel par de nombreux adversaires. Alors qu’il s’inspire de Faust Socin au sujet de la définition de Dieu et de ses principaux attributs, Crell s’en détache par l’hypothèse que nous pouvons avoir une certaine connaissance de l’existence Dieu même par une voie purement naturelle, sans le support de la Révélation. Aux athées, il oppose une gamme d’arguments centrés sur un finalisme global, cible potentielle de la critique spinozienne. Par rapport à Aristote, il apporte quelques corrections décisives : la finalité de la nature, à ses différents niveaux, résulte de la délibération d’une entité suprême unique, qui détient un pouvoir absolu sur le monde auquel elle a donné forme. Avec les hommes, cependant, Dieu interagit continuellement de diverses manières, en toute justice et bonté. »
501Helvétius (Claude-Adrien), Œuvrescomplètes, tome III. Poésies, Recueil de notes, Correspondance. Textes édités, présentés et annotés par Gerhadt Stenger, David Smith et Jonas Steffen, avec l’assistance de Tomy Dupieux, Paris, Honoré Champion, coll. « L’Âge des Lumières », 2020, 728 p.
« Le dernier volume des Œuvres complètes d’Helvétius propose pour la première fois une édition sûre, enrichie d’inédits, des Épîtres et du Bonheur, du Recueil de notes appelé Notes de la main d’Helvétius par A. Keim et de la Correspondance. L’édition des Épîtres et des Fragments en propose les différentes versions, dont une inédite, avant leur intégration partielle dans le poème philosophique Le Bonheur, édité pour la première fois depuis 1772 sans les corrections de Lefebvre de La Roche. Le Recueil de notes, composé vers 1737-1738, révèle le jeune Helvétius se préparant assidûment à se lancer dans une carrière dans les lettres : à côté des préoccupations philosophiques qui agitent le futur auteur de L’Esprit et de L’Homme, les notes font état de ses préoccupations littéraires. Un examen attentif du manuscrit a montré qu’il ne fut pas rédigé au fil de la plume, une note après l’autre, mais qu’Helvétius les a rangées sous des mots-clés à la manière d’un dictionnaire. Des cinq volumes de la Correspondance générale (Toronto et Oxford, 1981-2004) nous n’avons retenu que les lettres écrites par Helvétius et une partie de l’annotation, complétée et corrigée le cas échéant ; nous y avons joint une vingtaine de lettres inédites ainsi que les versions complètes de quelques lettres qui n’y figurent que sous forme de fragments. Une chronologie détaillée de la vie d’Helvétius clôt le volume. »
– Avant-propos. Sigles et abréviations.
– Épîtres (Introduction. Épître sur l’amour de l’étude. Sur l’orgueil et la paresse de l’esprit. Épître sur les arts. Épître sur le plaisir. Fragment d’une Épître sur l’amour-propre. Fragment d’une Épître sur le luxe. Fragment d’une Épître sur la superstition. Annexe : Helvétius annotateur de Voltaire. Variantes et notes explicatives).
– Le Bonheur (Introduction. Texte des six chants. Variantes et notes explicatives).
– Recueil de notes (Introduction. Recueil de notes. Notes textuelles et explicatives).
– Correspondance (Introduction. Correspondance. Liste des lettres. Notes textuelles et explicatives).
– Bibliographie. Chronologie. Index nominum.
Spinoza, Éthique (Œuvres, IV). Établissement du texte par Piet Steenbakers et Fokke Akkerman. Traduction par Pierre-François Moreau. Notes et annexes par F. Audié, A. Charrak, P.-F. Moreau et P. Steenbakkers, Paris, PUF, Coll. « Épiméthée », 696 p.
« Ce volume contient l’édition critique et la traduction française de l’Ethica, munies d’une introduction, de notes et de deux annexes (sur les mathématiques 502et la physique). L’établissement du texte prend pour base l’édition latine des Opera posthuma de 1677, confrontée avec la version néerlandaise des Nagelate Schriften et avec le manuscrit récemment découvert dans les archives du Vatican – seul témoin connu de l’état du travail en 1675, transcrit par un ami de Spinoza (van Gent) à l’usage d’un autre (Tschirnhaus) et demeuré inconnu jusqu’en 2010. La traduction met en application les principes définis pour la série des œuvres de Spinoza, fondés sur la recherche de la cohérence lexicale et conceptuelle et sur l’analyse des écarts sémantiques. »
Voir https://www.puf.com/content/%C5%92uvres_IV_-_%C3%89thique_0
Spinoza, Ética demostrada según el orden geométrico (edición bilingüe). Edición de Pedro Lomba, Madrid, Trotta, 2020, 448 p. Voir https://www.trotta.es/
Trois récits utopiques classiques : Gabriel de Foigny, La Terre Australe connue, Denis Veiras, Histoire des Sévarambes, Bernard de Fontenelle, Histoire des Ajaoïens. Textes édités et présentés par Jean-Michel Racault, La Réunion, PressesUniversitaires Indianocéaniques, 2020, 540 p.
« Ce volume réunit trois œuvres majeures de la pensée politique de la fin du xviie siècle représentatives des “utopies louis-quatorziennes” : […]. Elles passent pour avoir préfiguré la pensée des Lumières par la remise en question des bases philosophiques et religieuses de l’absolutisme. Mais ce sont aussi des récits de voyages imaginaires dans les mystérieuses “Terres Australes inconnues” de l’extrême sud, des romans d’aventures initiatiques explorant des hypothèses sociales, des fictions expérimentales dans lesquelles l’utopie peut s’inverser en anti-utopie, des allégories ironiques d’une singulière complexité qui font surgir des significations ambiguës ou contradictoires. Les ouvrages, dont la graphie et la ponctuation ont été normalisées dans le strict respect du texte d’origine, sont accompagnés d’un appareil critique étendu où le lecteur trouvera tout ce qui est susceptible de les éclairer. L’accent y a été mis sur les multiples lectures possibles, pour certaines très éloignées de la vulgate utopique traditionnelle, de ces trois écrits dans lesquels l’utopie se prend elle-même pour objet et interroge sa propre légitimité. »
Études critiques
Alfano (Eleonora), Dieu est rien. La métaphysique matérialiste de Dom Deschamps. Préface d’Éric Puisais. Paris, L’Harmattan, coll. « Rationalismes », 2020, 264 p.
503« C’est au sein d’une ancienne tradition philosophique et théologique, se trouvant à la fois à l’origine de la pensée canonique chrétienne et de ses manifestations les plus hétérodoxes, que le moine Deschamps a puisé les principes de sa métaphysique matérialiste, dont l’esprit rationaliste et sensualiste des Lumières n’a pas saisi l’ascendance ou la portée novatrice. Le système deschampsien représente un cas rare en métaphysique où sont simultanément affirmées l’immanence et la finitude de l’univers (Le Tout) ainsi que l’existence négative du principe transcendant la réalité (Tout). La coïncidence entre les contradictoires Dieu et Rien, principe dialectique aussi bien “novateur” que plein de réminiscences, permet à cet athée éclairé de concilier les théories matérialistes et athées les plus radicales avec des thèmes de la mystique spéculative. »
Le livre est également disponible en version numérique
https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=67008
Ansaldi (Saverio) et Carbone (Raffaele), (dir.), Bruno et Montaigne – Chemins de la modernité, Paris, Classiques Garnier, coll. « Constitution de la modernité », 2020, 2020, 240 p.
Cet ouvrage explore pour la première fois les relations entre les philosophies de Montaigne et de Bruno dans la perspective d’une confrontation spéculative qui se focalise aussi bien sur la rhétorique et l’éthique que sur l’ontologie et l’anthropologie.
Saverio Ansaldi et Raffaele Carbone : Introduction. Jordi Bayod : « Sur Bruno, Montaigne et la “credula pazzia” » ; Maurizio Cambi : « Intrigues et réflexions. Montaigne, Bruno et la rhétorique » ; Olivier Guerrier : « Fantaisie et fortune chez Bruno et Montaigne » ; Raffaele Carbone : « Nature, parité, liens chez Montaigne et Bruno » ; Alberto Fabris : « Philosopher dans la mort. Les Essais comme exercice de congé du soi » ; Sophie Peytavin : « Les liaisons vertueuses. Pour un réexamen du relativisme montaignien » ; Massimiliano Traversino Di Cristo : « Le débat sur la condition des indigènes américains au xvie siecle. Quelques pistes de réflexion » ; Fabio Raimondi : « Le multiple infini est un. La modernité de Giordano Bruno ». Bibliographie. Index des noms. Résumés.
Baldin (Gregorio), La Croisée des savoirs : Hobbes, Mersenne, Descartes, Sesto San Giovanni, Éditions Mimésis, coll. « Philosophie », 2020, 354 p.
« Les spécialistes de la pensée de Hobbes ont souligné l’importance de son troisième Grand Tour à travers l’Europe (1634-1636) et de son séjour à Paris, pour le développement de son système philosophique. Cette étude analyse les débats philosophiques et scientifiques qui ont eu lieu dans la capitale française pendant ces années-là, et qui se révélèrent décisifs pour la naissance de la philosophie de Hobbes. Un travail qui compare pour la première fois et de façon détaillée les 504pensées de Mersenne et de Hobbes, dont on souligne les analogies et les différences au niveau méthodologique et épistémologique. On y aborde également la question du rapport des deux philosophes au mécanisme et à la révolution scientifique. Cette étude porte également sur la figure de Descartes, dont on évolue la contribution essentielle au développement de la pensée hobbesienne. »
Bardout (Jean-Christophe) et Carraud (Vincent) (dir.), Diderot et la philosophie, Paris, Société Diderot, coll. « L’atelier, autour de Diderot et de l’Encyclopédie », 2020, 320 p.
« La philosophie de Diderot penseur des Lumières, son matérialisme, ont fait l’objet d’études précises. Mais ici, sa pensée est envisagée dans son rapport à l’histoire de la philosophie. L’ouvrage explore le dialogue que Diderot entretient avec de grandes figures de la tradition philosophique comme avec ses contemporains, de Sénèque à Hume en passant par Bacon, Descartes, Leibniz, ou l’esthétique de son temps. Alors apparaît l’originalité paradoxale d’un matérialisme qui conserve à la métaphysique toute sa pertinence. Les meilleurs spécialistes s’attachent à décrire ce dialogue, nous éclairant ainsi sur la pensée de celui que l’on appelait “le philosophe”, mais aussi en retour sur notre propre lecture de l’histoire de la philosophie. »
Jean-Christophe Bardout, Vincent Carraud : Avant-propos : « L’histoire de la philosophie et Diderot » ; Jean-Christophe Bardout : « Diderot et la métaphysique » ; Alain Gigandet : « Diderot : “Sénèque et la vertu du philosophe” » ; François Pépin : « Diderot et Bacon » ; Denis Kambouchner : « Du spectateur au comédien : Diderot au miroir de Descartes » ; Marc Parmentier : « Sensibilité inerte et force morte : un exemple d’utilisation diderotienne d’un concept leibnizien » ; Carlo Borghero : « Diderot newtonien et chimiste » ; Gianni Paganini : « Hume et Diderot : le dialogue autour des Dialogues concerning natural religion » ; Francine Markovits : « Diderot et le thème de l’aveugle chez les sceptiques » ; Mariafranca Spallanzani : « Diderot et les ordres des connaissances humaines » ; Alberto Frigo : « “Je regarde, admire et me tais” : le technique, l’idéal et l’expérience de la peinture dans les Salons de Diderot » ; Laurent Jaffro : « Diderot et la peinture morale de Greuze » ; Michel Malherbe : « D’Alembert, Diderot et le progrès des Lumières ».
Bianchi (Lorenzo), « Enseigner la politique et l’histoire. La Bibliographia politica de Gabriel Naudé », Libertinage et philosophie à l’époque classique, no 17 (2020), p. 75-101.
« Dans la Bibliographia politica (1633), à la demande de Gaffarel, Naudé résume les livres et la méthode nécessaires pour étudier la politique. Traduit en français en 1642, ce texte richissime aborde la fonction politique de la religion, l’administration ordinaire et extraordinaire de l’État, ou encore la vie sociale 505et la police – soit le contrôle de soi-même et des autres. Il s’interroge aussi sur les relations entre prudence politique et histoire, et sur la séparation entre éthique et politique. »
Bisset (Sophie), Felton (Marie-Claude) et Wolfe (Charles) (dir.), Les Lumières de l’ombre : Libres penseurs, hérétiques, espions / Exploring the Early Modern Undergroung : Freethinkers, Herectics, Spies, Paris, Honoré Champion, 2020, 312 p.
Les articles réunis dans ce volume sont issus du séminaire international des jeunes dix-huitiémistes organisé par la Société internationale d’étude du dix-huitième siècle (SIEDS).
– Présentation par les éditeurs. Martin Mulsow : Introduction : « Exploring the Early Modern Underground ».
– I. Pratiques de l’ombre : secret, anonymat, pseudonymes, encryptage et allusion. Azzura Mauro : « La face cachée de l’abbé Galiani : prudence, divertissement ou stratégie ? » ; Iman Abou El Seoud : « Le Gazetier cuirassé[1771] : manipulation et subversion dans les écrits pamphlétaires prérévolutionnaires » ; Francis Kay : « L’ombre des cafés parisiens (1682-1852) » ; Declan Kavanagh : « Mollies, Sodomite and Libertine : Private Pleasures in Mid-Eighteenth-Century Britain ».
– II. La part de l’ombre : critique radicale de la religion, blasphème, subversion politique et spiritualité hétérodoxe. Gianni Paganini : « Moïse clandestin. La théorie libertine du Theophrasus redivivus et la sécularisation spinoziste de l’histoire juive » ; Charles T. Wolfe : « Le matérialisme doit-il être athée ? » ; Björn Spiekermann : « Beyond Bayle ? Religion and Morality in the Debate on practical Atheism (1640-1740) » ; Richard Spavin : « L’ésotérisme de L’Esprit des lois : de la théorie des climats à la clandestinité politique ».
– III. Persécutions et sociabilités : censure, police et sociétés secrètes. Lionel Laborie : « État des lieux du rayonnement camisard dans le Refuge » ; Giulia Delogu : « Poetry and the Circulation of Ideas : Freemasonry, Enlightenment, Revolution » ; Tatiana Dragaikina : « The Subculture of Russian Freemasons in the Eighteenth Century and its Place in Russian Culture » ; Dzianis Kandakou : « Surveiller et policer : le contrôle des Russes et des Polonais à Paris sous Louis xv et Louis xvi » ; Rim Yacoubi : « Les espaces clandestins de la déviance féminine à Aix-en-Provence au xviiie siècle ».
– Index.
Boussuge (Emmanuel) et Mothu (Alain), « Les “catalogues d’impiétés” de Marc Michel Rey », Hypothèses.org, carnet Marc Michel Rey, un libraire dans l’Europe des Lumières : voir https://mmrey.hypotheses.org/1154 (novembre 2020).
Au cours de sa longue carrière d’éditeur, Marc Michel Rey a diffusé nombre de catalogues généraux ou particuliers d’ouvrages qu’il mettait en vente, récents 506ou plus anciens, publiés ou non par lui-même. Vers la fin des années 1760, un catalogue d’un nouveau type apparaît, qu’il mettra régulièrement à jour et auquel l’écrivain allemand Friedrich Heinrich Jacobi donnera le nom de « catalogues d’impiétés ». Sont décrits ici trois exemplaires différents que nous avons pu identifier. Nous nous efforçons de les dater et de faire ressortir leur intérêt bibliographique et non moins historique, leur contemporanéité avec la radicalisation de la lutte « philosophique » contre la religion étant patente.
Boussuge (Emmanuel) et Mothu (Alain), « Retour sur les “catalogues d’impiétés” de Marc Michel Rey », Hypothèses.org, carnet Marc Michel Rey, un libraire dans l’Europe des Lumières : voir https://mmrey.hypotheses.org/ (février 2021)
Prolongement de l’étude précédente, exploitant plusieurs signalements faits naguère par J. Vercruysse. Un seul catalogue est identifiable comme tel, accompagnant les Méditations métaphysiquessur Dieu, le Monde & l’Homme de Theodor Ludwig Lau (1770). Or ce catalogue se révèle regrouper plutôt des ouvrages invendus que les dernières « impiétés ».
Boussuge (Emmanuel) et Mothu (Alain), « Barbier et les Naigeon. Note sur l’athéisme à l’aube du xixe siècle », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, no 55, 2020-4, p. 143-160.
L’article montre comment la divulgation d’une information de première main concernant les publications de l’atelier holbachique (1761-1774) devint l’enjeu de vives polémiques au début du xixe siècle. Les révélations que le bibliographe Antoine Alexandre Barbier fut en mesure de publier à partir de 1805, grâce au témoignage de Jacques André Naigeon, donnèrent lieu à une série d’échanges virulents, étalés sur plus de cinq ans, qui mirent Barbier et ses amis aux prises avec Picot et les abbés Feletz et Guairard, tous réactionnaires ardents. Dans un contexte politique hostile à la libre expression du matérialisme philosophique et athée, le nœud de la querelle se fixa sur la possibilité de transmission de l’information bibliographique. L’histoire qui se dessine à travers les multiples épisodes de ce conflit épouse les bouleversements historiques de l’époque et la constante évolution des rapports de forces idéologiques.
D ’ Antuono (Giuseppina), « Diderot et sa conception innovante de l’histoire utile, transfrontalière et “rétrospective” », Libertinage et philosophie à l’époque classique, no 17 (2020), p. 285-304.
« L’article analyse la recherche par Diderot d’une nouvelle l’histoire, ce qui n’a pas encore fait l’objet d’une étude historiographique. Sa conception de l’histoire est en relation avec la géographie et la philosophie. Diderot critique les historiens de l’Académie et met au point une méthode de formation, sans 507négliger les sources anciennes. Son histoire est transfrontalière, rétrospective et utile pour éclairer les origines des maux présents : privilèges féodaux et formes politiques autoritaires. »
Dornier (Carole), La Monarchie éclairée de l’abbé de Saint-Pierre. Une science politique des Modernes, Liverpool, Liverpool University Press, et Oxford, Voltaire Foundation, 2020, 461 p. [Oxford University Studies in the Enlightenment, 2020 :11].
« L’abbé de Saint-Pierre, connu pour son Projet de paix perpétuelle, a laissé un ensemble bien plus vaste et cohérent d’écrits politiques et moraux jusqu’alors dispersés et partiellement étudiés. Le présent ouvrage, exploitant systématiquement la totalité de l’œuvre, en propose la complète réévaluation. Dès les premières décennies du xviiie siècle, Saint-Pierre promeut une harmonisation artificielle des intérêts, assurée par l’intervention politique et s’affirme, avant Bentham, comme l’un des premiers utilitaristes. Il imagine de substituer à la patrimonialisation, aux recommandations et clientèles qui structuraient la société de son temps et déterminaient l’exercice du pouvoir, une organisation rationnelle, méritocratique et dynamique. ll remplace les valeurs charismatiques fondant la perfection chrétienne ou la grandeur aristocratique par les objectifs de l’utilité et du bien public. Pour ce déiste conciliant moralité et religion, la recherche du salut par une piété active doit favoriser la justice et la bienfaisance. Selon lui, seul le pouvoir indivisible d’un monarque informé par des élites compétentes peut réaliser des réformes nécessaires au bonheur du plus grand nombre. Promoteur d’un État de bien-être imposé autoritairement, il représente, avant le plein essor de l’économie politique, des sciences camérales et de la doctrine des physiocrates, une dimension méconnue des Lumières politiques que cette étude entend souligner. »
Duc (Alain) et Mothu (Alain), « Un canular érudit en 1637 : la lettre du docteur Delord », Archives ouvertes, 13 juillet 2020, 36 pages. URL : https://hal.sorbonne-universite.fr/hal-02878308.
Une brochure de 1637 attribuait au parlement de Grenoble une sentence admettant qu’une dame avait pu concevoir par la seule force de l’imagination quatre ans après le départ de son mari. Plusieurs parlements (dont celui de Paris) s’en émurent vivement et censurèrent la plaquette ; néanmoins son souvenir a traversé les siècles et de nos jours encore, l’idée qu’il s’agissait d’un canular n’effleure pas tous les esprits. Il faut dire qu’avant la fin de la même année 1637 avait paru en Hollande un écrit qui crédibilisait quelque peu le précédent : une lettre supposée du doyen de la faculté de médecine de Montpellier au premier président du parlement de Toulouse, commentant la curieuse sentence rendue à Grenoble. C’est ce sur-canular, traduit du néerlandais, dûment commenté et attribué, qui fait l’objet de la présente publication. 508Celle-ci s’inscrit dans le prolongement d’un article publié en 2009 dans La Lettre clandestine (vol. 17, p. 211-275). Rappelons incidemment que l’enfant supposé conçu en songe se prénommait Emmanuel…
Gengoux (Nicole), « Dans le Theophrastus redivivus, une histoire des religions. Entre cycles éternels, déclin et progrès des hommes », Libertinage et philosophie à l’époque classique, no 17 (2020), p. 35-55.
« Dans le Theophrastus redivivus (1659), traité athée, le temps est cyclique et le monde éternel et non providentiel. Mais se dessine aussi une histoire des religions qui correspond à une dégradation de la connaissance : plutôt que d’histoire factuelle, il s’agit d’une “généalogie” de l’erreur laquelle consiste dans un éloignement progressif de la nature originelle. Elle rend alors possible le mouvement inverse, celui d’un progrès de la “raison naturelle”, sensible, mais qui reste individuel. »
George (Louis), « La Mothe Le Vayer, précepteur royal. Relecture d’une trajectoire sociale », xviie siècle, LXXII-4, no 289, oct. 2020, p. 791-814.
« Parmi les libertins dits érudits, François de La Mothe Le Vayer a souvent passé pour le représentant typique de la duplicité sociale, à la fois libre penseur accusé d’incroyance et précepteur royal fidèlement attaché à la cour. Ce travail cherche à saisir le lien entre la marginalité intellectuelle et la centralité politique de La Mothe Le Vayer en étudiant sa trajectoire comme acteur social. Il approche le préceptorat royal par des sources notariées et monarchiques qui permettent de situer le phénomène libertin dans la société parisienne, de décrire la proactivité des savants dans le système des charges et de comprendre l’activation conjoncturelle d’une relation de patronage construite dans le temps long. »
Giavarini (Laurence), « Une écriture libertine de l’histoire ? L’exemple de César Vichard de Saint-Réal », Libertinage et philosophie à l’époque classique, no 17 (2020), p. 125-146.
« En marge des “libertins érudits”, les pratiques de littérarisation de l’histoire de César Vichard de Saint-Réal procèdent néanmoins d’une action libertine. Énoncés anti-dévots, lecture machiavélienne du pouvoir politique : trois écrits, De l’usage de l’histoire (1671), Dom Carlos (1672), La Conjuration des Espagnols contre la République de Venise (1674), dévoilent d’autant mieux les pouvoirs de l’écriture de l’histoire que leur auteur ne s’inscrit pas dans l’historiographie professionnelle. »
Girard (Pierre), « “Ho scelto la parte istorica”. Histoire et atomisme dans l’Istoria filosofica de Giuseppe Valletta », Libertinage et philosophie à l’époque classique, no 17 (2020), p. 147-171.
509« L’introduction de la modernité à Naples se caractérise par un rapport ambigu à l’érudition et aux filiations historiques. Alors que le mouvement des novatores se caractérise par un rejet de l’érudition au profit de l’expérimentation, le recours à des arguments historiques est souvent tactiquement utilisé dans la lutte contre les “anciens”. Ainsi, l’Istoria filosofica (1697-1704) de G. Valetta est une reconstruction historique entièrement novatrice qui légitime l’usage de l’atomisme par les modernes. »
Gladstone (Clovis), Rousseau et le matérialisme, Liverpool UP, coll. « Oxford University Studies in the Enlightenment » (2020 : 08), 2020, 264 p.
« Cette étude entend montrer la place centrale jouée par le matérialisme dans la pensée de J-J Rousseau. Loin de rejeter en bloc ce courant philosophique, Rousseau se l’approprie pour mieux rendre compte de la réalité sociale de l’homme, et en faire la pierre angulaire de son projet autobiographique, anthropologique, et politique. »
– Introduction. Quelques mots sur la méthodologie.
– I. Un « bisarre et singulier assemblage ». 1. Contexte philosophique de l’écriture autobiographique. 2. Influences et autodétermination dans le premier livre des Confessions
– II. « Libre et maître de moi-même ». 1. Jean-Jacques est son maître. 2. Morale sensitive et bonheur personnel. 3. Les Confessions et la reconquête de soi.
– III. La morale sensitive en matière politique. 1. Du contrat social, ou la morale sensitive à l’échelle de l’État. 2. Un pragmatisme politique au service de la préservation de l’État.
– IV. De la temporalité de l’homme. 1. Le rêve de l’immobilisme. 2. De la mobilité humaine dans l’œuvre de Rousseau
– Conclusion.
– Postface méthodologique : de l’emploi des humanités numériques dans ce travail et les études dix-huitièmistes. Concordances, collocations : une exploitation transparente des textes. Approches plus distantes : classification automatique, similitudes, études sémantiques
– Appendice : description de La Morale sensitive, ou le Matérialisme du sage dans les Confessions.
– Figures. Bibliographie. Index.
Gros (Jean-Michel), « “À chacun son histoire”. La Mothe le Vayer et Naudé entre Épicure et Machiavel », Libertinage et philosophie à l’époque classique, no 17 (2020), p. 103-123.
« Entre Naudé et La Mothe Le Vayer, deux conceptions de l’histoire, l’une rationaliste et l’autre sceptique, semblent s’opposer. Ce sont en fait deux notions de “l’historicité” qui sont en jeu. Naudé, fidèle à Machiavel, tient 510à une histoire répétitive et donc prédictible alors que La Mothe Le Vayer, épicurien, laisse une grande part au hasard dans l’apparition des événements. Pour autant, une réconciliation des deux auteurs n’est-elle pas envisageable ? »
Israël, (Jonathan Irvin), Les Lumières radicales. La philosophie, Spinoza et la naissance de la modernité (1650-1750), nouvelle édition, préf. Maxime Rovere, trad. Pauline Hugues, Charlotte Nordman et Jérôme Rosanvallon, Paris, Éditions Amsterdam, 2020, 1008 p.
Jacques-Lefèvre (Nicole), Histoire de la sorcellerie démoniaque. Les grands textes de référence, Paris, Honoré Champion, coll. « Dictionnaires et références », 2020, 432 p.
« De la fin du xve au début du xviie siècle, les textes démonologiques, écrits par des hommes de loi, juges, médecins, théologiens…, élaborent la définition de la sorcellerie démoniaque, objet imaginaire, émergeant du discours lui-même. Hérésie “aggravée”, crime de lèse-majesté divine et humaine, elle trouve son symbole suprême dans le sabbat, rituel où se pratique la transgression de toutes les valeurs. Dans un mortel va-et-vient, ces textes fournissent le mode d’emploi pour de très nombreux procès en même temps qu’ils s’en font l’écho.
Dans ces textes de référence, dont les auteurs tentent le déchiffrement des signes d’un monde qui leur est devenu obscur, se croisent et se confrontent divers éléments culturels, les discours des savoirs, philosophiques, théologiques, juridiques, médicaux… des différentes époques qui virent leur apparition. S’y constituent peu à peu une modalité d’écriture spécifique, un véritable “genre” discursif, voire une “poétique”, avec ses structures (compilations, redistributions, analyses critiques) et ses stratégies. On y relève une évolution des postures d’énonciation – d’une parole presque anonyme à l’affirmation d’un moi envahissant – et une redéfinition des destinataires, des stricts spécialistes (prêtres, juges) au grand public, qu’il s’agira à la fois de persuader et de séduire, en lui offrant le spectacle de l’effraction d’un secret supposé, voire une émotion proprement esthétique. »
Tablé abrégée (complète sur https://www.honorechampion.com/) :
– Préface. [Introduction :]La sorcellerie, cet obscur objet…
– La mise en place de la sorcellerie démoniaque. Structure et imaginaire. Quelques textes préliminaires (I. Les textes et le dogme. II. De la magie à la sorcellerie. Le Manuel des inquisiteurs de Bernard Gui. III. Prélude à la répression. IV. Du déchiffrement des signes).
– Les grands textes démonologiques. [1] Un texte matriciel pour les écrits démonologiques et les procès futurs : Jacques Sprenger et Henry Institoris, Le Malleus Maleficarum ou Marteau des sorcières, 1486. [2] Le texte et l’image : Ulrich Molitor, Dialogus de Lamiis et Phytonicis Mulieribus ou Des sorcières et devineresses, 1489. [3] Au tournant de la répression. La querelle Jean Wier /Jean Bodin. [4] Contestation et déplacement du discours démonologique : 511JeanWier, De Praestigiis daemonum et incantationibus veneficiis […] ou Histoires, disputes et discours des illusions et impostures des diables […], 1563. [5] Une lecture philosophique et politique de la sorcellerie : Jean Bodin, La Démonomanie des sorciers, 1580. [6] La prise de parole d’un juge : Henri Boguet, Discours exécrable des sorciers, 1602. [7] La sorcellerie et la relation au savoir : Martin Del Rio, Disquisitionum Magicarum libri sex […] ou Les Controverses et recherches magiques […], 1599-1601. [8] L’écriture littéraire de la sorcellerie : Pierre de Lancre, Tableau de l’inconstance des mauvais anges et démons, 1612.
– Conclusion : La démonologie, une « branche de la littérature fantastique » ?
– Index des noms propres.
Ledoux (Isabelle), « Spinoza, Bayle et l’histoire. Portée et limites de l’interprétation », Libertinage et philosophie à l’époque classique, no 17 (2020), p. 211-228.
« Bayle et Spinoza ont en commun un regard sur l’histoire, dont la causalité est comprise comme passionnelle, et sur les écrits historiques, davantage façonnés par les affects de leurs auteurs que par le souci des faits. Aussi utilisent-ils l’interprétation comme une méthode permettant de corriger les distorsions introduites dans leur reconstitution. Cependant, les principes de Bayle appliqués à ses propres textes révèlent les limites de sa méthode ainsi que les différences qui existent entre Spinoza et lui. »
Libertinage et philosophie à l ’ époque classique ( xvi e - xviii e siècle), no 17, 2020 : Les libertins et l’histoire.
– Introduction par Nicole Gengoux, Pierre Girard, Mogens Lærke.
– Gianni Paganini : « Proportion ou “disproportion” de l’homme ? Pascal, Gassendi et les libertins face à l’infinitisation du temps » ; Nicole Gengoux : « Dans le Theophrastus redivivus, une histoire des religions. Entre cycles éternels, déclin et progrès des hommes » ;
Anna Lisa Schino : « “Histoire” opposée à “métaphysique” dans l’œuvre de Gabriel Naudé » ; Lorenzo Bianchi : « Enseigner la politique et l’histoire. La Bibliographia politica de Gabriel Naudé » ; Jean-Michel Gros : « “À chacun son histoire”. La Mothe Le Vayer et Naudé entre Épicure et Machiavel » ; Laurence Giavarini : « Une écriture libertine de l’histoire ?
L’exemple de César Vichard de Saint-Réal » ; Pierre Girard : « “Ho scelto la parte istorica”. Histoire et atomisme dans l’Istoriafilosofica (1697-1704) de Giuseppe Valletta » ; Nicolas Piqué : « Les controverses, l’origine et l’histoire » ; Masako Tanigawa : « Bayle et l’histoire dans les années 1680 » ; Isabelle Ledoux : « Spinoza, Bayle et l’histoire. Portée et limites de l’interprétation » ; Catherine Volpilhac-Auger : « L’origine ou la fondation au crible de la raison. Naissances de Rome au xviiie siècle » ; Maria Susana Seguin : « Fontenelle, histoire des savoirs et épistémologie historique » ; Myrtille Méricam-Bourdet : « L’histoire 512voltairienne entre hasard et nécessité » ; Giuseppina D’Antuono : « Diderot et sa conception
innovante de l’histoire utile, transfrontalière et “rétrospective” ».
– Varia. Anna M. Vileno, Robert J. Wilkinson : « Le commentaire sur le Pentateuque d’Isaac
de Lapeyrère (1671) ».
– Résumés. Les résumés sont reproduits dans le présent Bulletin.
Méricam-Bourdet (Myrtille), « L’histoire voltairienne entre hasard et nécessité », Libertinage et philosophie à l’époque classique, no 17 (2020), p. 267-284.
« L’étude s’interroge sur le système de causalité présent dans les œuvres historiques de Voltaire, et met à l’épreuve le discours théorique tenu par Voltaire sur le déterminisme. Tout en rejetant une logique providentialiste, l’historien adopte un point de vue humain qui voit parfois à l’œuvre des contingences, bien loin du point de vue abstrait mis en valeur dans d’autres textes philosophiques traitant du problème de manière générale. »
Mori (Gianluca), Bayle philosophe. Nouvelle édition, Paris, Champion, 2020, 468 p.
Seconde édition de ce livre classique, initialement paru en 1999.
« Les travaux réunis dans le présent volume visent à remettre en question – par le biais d’une méthode de lecture tendant à retrouver le noyau conceptuel de la position de Bayle derrière son enveloppe rhétorique – un certain nombre de lieux communs très répandus : Bayle adepte du dualisme cartésien et de l’occasionalisme malebranchiste ; Bayle héritier de la doctrine protestante des droits de la conscience ; Bayle sceptique et tenant d’un fidéisme calviniste irréprochable…
Bayle fut sans doute “influencé” par le cartésianisme, par Malebranche et par les théologiens protestants. Il reste à savoir si cette influence donne lieu, en dernière analyse, à une pensée qui peut encore être définie comme cartésienne, malebranchiste ou protestante. Car Bayle renverse de manière irréversible les doctrines qu’il adopte : le malebranchisme se transmue sous sa main en une nouvelle forme d’athéisme rationaliste, alors qu’en développant la thèse des droits de la conscience errante, il aboutit à une vision intégralement laïque de la tolérance. Même son fidéisme, tout en exploitant des formules théologiques traditionnelles, s’écarte par son radicalisme de toutes les doctrines précédentes, jusqu’à se retourner paradoxalement contre la religion chrétienne. Cette nouvelle édition comporte également une bibliographie mise à jour des œuvres de Bayle et des travaux sur Bayle de 1900 à 2020, classés par ordre chronologique. »
513Mothu (Alain), « Délices de l’équivoque. Le titre du Cymbalum mundi », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, LXXXII-1, 2020, p. 65-81.
Le titre latin du Cymbalum mundi représente sûrement son élément le plus mystérieux. La Lettre qui ouvre l’ouvrage nous permet de comprendre qu’il représente une invitation à traduire, c’est-à-dire à interpréter le texte, à en restituer le sens profond. Mais comment traduire le titre lui-même ? De nombreuses hypothèses ont été formulées et leur examen conduit à en privilégier une, plus crédible que les autres car plus cohérente avec le texte-source de Pline sur la « cymbale du monde » nommée Apion. La cymbale de Des Périers, ce charlatan qui prétend rendre les hommes immortels et dont le nom résonne dans le monde entier, ne serait autre que Jésus.
Mothu (Alain), « “Que sais-je ?” du Cymbalum mundi. V.-L. Saulnier et sa Littérature française de la Renaissance (1942-1973) », HAL-Archives Ouvertes, février 2020, 17 p. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02483048
Enquête sur l’évolution du texte et de la pensée de Verdun-Léon Saulnier concernant le Cymbalum mundi (1537-1538), à travers les dix éditions de son volume de la collection « Que sais-je ? » [Presses Universitaires de France] sur La Littérature française de la Renaissance, de 1942 à 1973, et ses articles scientifiques contemporains sur le sujet. Et interrogation, notamment, sur la formation de son concept d’« hésuchisme », créé pour définir certaine philosophie que Bonaventure des Périers aurait partagée avec Rabelais et Marguerite de Navarre.
Mothu (Alain), « Le vol de l’image d’argent. Enquête sur un délit commis dans le Cymbalum mundi », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, LXXXII-3, 2020, p. 535-540.
Au premier dialogue du Cymbalum mundi, Mercure pénètre dans une auberge, mais il quitte bientôt sa table pour aller dérober un « petit ymage d’argent » qu’il souhaite offrir à son « cousin Ganymède ». Le mobile invraisemblable, l’objet mystérieux, le lieu énigmatique et les circonstances obscures de ce larcin, nous portent à ouvrir l’enquête à son sujet.
Paganini (Gianni), « “Proportion ou “disproportion” de l’homme ? Pascal, Gassendi et les libertins face à l’infinitisation du temps », Libertinage et philosophie à l’époque classique, no 17 (2020), p. 19-33.
« L’argumentation de Pascal concernant la “disproportion de l’homme” avec l’infini concerne aussi bien le temps que l’espace. Il faut aussi tenir compte du fait que dans la science et la métaphysique nouvelles (surtout Gassendi) 514la notion traditionnelle d’éternité avait été résorbée par celle du temps infini, comme flux continu et homogène. Sur ces questions, l’article analyse les positions des libertins, comme Naudé, La Mothe le Vayer et l’auteur clandestin du Theophrastus redivivus (1659). »
Paganini (Gianni), Kaigishugi to shinko. bodan kara hyumu made[Scepticisme et croyances de Bodin à Hume] Tokyo, Chisenshokan, 2020, 280 p
Traduction japonaise des conférences prononcées à l’invitation de la Japan Society for the Promotion of Science à Tokyo, Osaka, Tsukuba.
Pellegrin (Marie-Frédérique), Pensées du corps et différences des sexes à l’époque moderne. Descartes, Cureau de la Chambre, Poulain de la Barre et Malebranche, Lyon, ENS Éditions, coll. « La Croisée des chemins », 2020, 450 p.
« Souvent éludée par l’histoire de la philosophie, la question philosophique et médicale de la différence des sexes est fondamentale à l’époque moderne. Les modèles pour penser cette différence proviennent essentiellement de deux anthropologies opposées : celle de Descartes et celle de Cureau de la Chambre. Leurs sciences de l’être humain examinent tout d’abord les interactions entre corps et esprit, mais elles mettent surtout en valeur les pensées propres du corps par le biais de l’imagination. C’est à même le corps que se décide si femmes et hommes sont égaux. Les lectures critiques de ces deux modèles proposées d’un côté par Malebranche et de l’autre par Poulain de la Barre confirment que le xviie siècle constitue un tournant dans l’analyse psycho-physiologique et morale. La confrontation de ces quatre philosophes permet de comprendre comment se sont constituées des lignées théoriques sur sexe et genre qui sont toujours actuelles : celle de l’égalitarisme et celle d’un différencialisme qui peut être inégalitaire ou égalitaire. »
– Introduction générale.
– I. Descartes : pensées corporelles et sexe. Introduction : Descartes, celui qui a « tout gâté, tant en philosophie qu’en bonne médecine ». 1. Le « vrai homme ». 2. Pensées corporelles et naissance des passions. Conclusion.
– II. Cureau de la Chambre : caractère et sexe. Introduction : Cureau sémiologue des passions. 3. Imaginer la beauté. 4. Perfection et excès des caractères. Conclusion.
– III. Malebranche : sexe et hérédité. Introduction : Malebranche, « homme, chrétien, français ». 5. L’homme pécheur. 6. La femme chrétienne. Conclusion
– IV. Poulain de la Barre : sexe et égalité. Introduction : Poulain de la Barre observateur du beau sexe. 7. La fin des caractères des passions. 8. La vraie femme. Conclusion.
– Conclusion générale. Bibliographie générale.
515Piqué (Nicolas), « Les controverses, l’origine et l’histoire », Libertinage et philosophie à l’époque classique, no 17 (2020), p. 173-188.
« Cet article analyse l’avènement paradoxal d’un nouveau régime de temporalité. Nouveau régime parce qu’articulant de manière inédite passé et présent, modalité paradoxale parce que résultant d’une volonté initiale de défense de la tradition. Sera donc ici privilégié l’ordre des effets sur celui des intentions. Le statut de l’origine sera particulièrement examiné, fondement du régime traditionnel de temporalité, objet de critiques créant les conditions d’une nouvelle représentation de l’histoire. »
Roche (Bruno), Lumières épicuriennes au xviie siècle : La Mothe Le Vayer, Molière et La Fontaine, lecteurs et continuateurs de Lucrèce, Paris, Honoré Champion, coll. « Libre pensée et littérature clandestine », 2020. 446 p.
« De La Mothe Le Vayer à Molière et à La Fontaine, un épicurisme diffus se propage dans l’espace de la République des Lettres et constitue l’arrière-fond du paysage littéraire duxviie siècle. Quelle est la fonction des philosophèmes épicuriens dans les œuvres de ces trois auteurs ? Ne s’agit-il que de simples éléments décoratifs ? La doctrine épicurienne affiche, sur la définition du plaisir, sur la mortalité de l’âme et sur la négation de la Providence, des idées qui heurtent de front les dogmes chrétiens. Comment les auteurs reprennent-ils à Épicure et à Lucrèce leur thérapeutique des craintes et leur morale du plaisir ? Comment accueillent-ils des idées et des valeurs hétérodoxes dans le monde chrétien qui est le leur ? La cohérence libertine de leur propos semble se construire, discrètement mais sûrement, sous le patronage de Lucrèce. »
– Introduction : Lucrèce au xviie siècle : une présence paradoxale et problématique (Une œuvre connue, une influence méconnue. La réception d’un texte « impie » au « Siècle des Saints ». Une réception créative, entre libertinage érudit et esthétique galante).
– I. La recherche du bonheur : source de polémique au « siècle des Saints » (1. Variations sur le suave mari magno : du retrait philosophique à la philosophie de l’honnêteté mondaine : la lecture partisane du suave mari magno par Sénèque ; les figures du retrait philosophique chez La Mothe Le Vayer ; Molière et la tentation de la retraite ; La Fontaine ou la nostalgie de la solitude. 2. L’invention d’une littérature fondée sur le principe de plaisir : Le Vayer et l’éthique du plaisir ; mémoire et plaisir chez La Fontaine ; l’Éros libertin ou la métaphore du principe du plaisir ; Molière et la morale du plaisir, de L’École des femmes à La Princesse d’Élide ; la gaieté de La Fontaine ; des œuvres qui contribuent au débat sur le plaisir et le bonheur).
– II. Pour une pensée du corps (1. La phénoménologie épicurienne de la perception : variations sur le chant IV de Lucrèce : d’Épicure à Lucrèce ; les idées sont-elles adventices ? Descartes contre le sensualisme épicurien ; le « prosdoxazomenon de l’Eros » ; dépit amoureux et phénoménologie épicurienne de la perception. 5162. Molière et La Fontaine contre Descartes : Les Précieuses ridicules et Les Femmes savantes contre Platon et Descartes ; La Fontaine contre la théorie cartésienne des animaux-machines).
– III. Les remèdes aux maux de l’esprit (1. Malheurs et illusions de la passion amoureuse : Almaviva, Lucrèce, Montaigne ; Les remèdes à l’amour de La Mothe Le Vayer ; La Fontaine et Molière, des affres de la jalousie aux joies du cocuage ; Molière et le cocuage. 2. Vaincre la crainte de la mort : les objections de Bayle à Lucrèce et à Épicure ; pour Montaigne, « nous troublons la vie par le soin de la mort et la mort par le soin de la vie » ; La Mothe Le Vayer, La Fontaine, Molière et la mort).
– IV Variations sur le sacrifice d’Iphigénie (1. L’art de lever les scrupules : La sacrifice d’Iphigénie, étude du texte ; construire la preuve éthique et ne pas afficher un ethos impie. 2. Tantum religio potuit saudera malorum : dissimulation libertine et érotique de la lecture ; La Fontaine dévoile l’imposture politique des religions ; Molière dénonce l’instrumentalisation du langage de la dévotion).
– V. L’expression d’une pensée antifinaliste (1. Épicurisme et finalité providentielle. 2. Les métamorphoses de Jupiter : Jupiter figure de la Providence dans les œuvres de La Mothe Le Vayer ; chez Molière, « le seigneur Jupiter sait dorer la pilule » ; La Fontaine et la Providence).
– Conclusion. Bibliographie. Index nominum. Table alphabétique des œuvres citées.
Schino (Anna Lisa), Batailles libertines.La vie et l’œuvre de Gabriel Naudé, Paris, Honoré Champion, 2020, 342 p.
« Membre du cercle des libertins érudits du xviie siècle, Gabriel Naudé, bibliothécaire et grand savant, était aussi médecin. Son regard “médical” se traduit par une perspective naturaliste et matérialiste qui cherche dans la nature et uniquement en elle la cause de tous les phénomènes, y compris des prétendus miracles, selon un modèle d’explication où la vie et l’âme sont ramenées au jeu de la chaleur innée et de l’“humidité radicale”. Ce schéma est repris par plusieurs libres penseurs, parmi lesquels Cyrano de Bergerac.
Par sa méthode historico-critique, qui fait de lui une source importante de Pierre Bayle, et par une écriture oblique, Naudé formule une critique radicale des religions grâce à un usage savant des citations qui incite le lecteur à décrypter ses textes. Naudé écrit avec une grande liberté intellectuelle et est profondément hostile au fanatisme des théologiens et à la superstition du peuple. Ses idées, cependant, ne sauraient être communiquées à tous : son monde reste partagé entre les esprits forts, qui ont la possibilité de s’émanciper, et les esprits faibles, condamnés à perpétuer l’erreur. »
– Introduction.
– Chapitre i. Un libertin italianisant. 1. La formation en bibliothèque. 2. Les premières rencontres italiennes : Naudé à Padoue. 3. En Italie à la suite du cardinal di Bagno. 4. L’affaire Campanella. 5. Au service de Mazarin. 6. En Suède chez la reine Christine
517– Chapitre ii. Le programme : « Esquarrer toute chose au niveau de la raison ». 1. Le projet de « censure et critique des autheurs ». 2. Les règles de la recherche. 3. Comme acquérir l’émancipation intellectuelle. 4. Le lieu de la recherche : la bibliothèque. 5. Les dispositifs rhétoriques.
– Chapitre iii. Condamnations et réhabilitations. 1. La première application de la méthode : l’enquête sur les Rose-Croix. 2. Les adversaires à combattre. 3. Les arguments de défense. 4. Le défilé des magiciens.
– Chapitre iv. Démons, sorcières et statues qui parlent. 1. Les intelligences désincarnées existent-elles ? 2. Démons familiers, tempéraments mélancoliques et têtes parlantes. 3. Possessions et sorcellerie.
– Chapitre v. Érudition et médecine. 1. Les intérêts naturalistes. 2. La production médicale.3. La iatrophilologie. 4. Déterminisme et médecine.
– Chapitre vi. L’héritage de l’aristotélisme. 1. Le legs de Pomponazzi. 2. Le procès de Cardan. 3. La fascination pour Nifo.
– Chapitre vii. L’ordre imposé par le pouvoir. 1. La négation du droit divin des rois. 2. Une politique “chirurgicale”. 3. Mazarin et les mazarinades.
– Chapitre viii. Une nouvelle carte des savoirs. 1. La valeur de l’érudition. 2. Certitude et savoirs de l’homme : l’éloge de l’histoire. 3. Force et limites du rationalisme naudéen.
– Conclusions.
– Sources. Bibliographiegénérale. Index des noms propres de personnes.
Schino (Anna Lisa), « “Histoire” opposée à “métaphysique” dans l’œuvre de Gabriel Naudé », Libertinage et philosophie à l’époque classique, no 17 (2020), p. 57-74.
« Tous les écrits de Gabriel Naudé représentent une bataille contre l’erreur et l’irrationalité non pas au nom de valeurs absolues, mais en utilisant l’histoire. Naudé propose une méthode de vérification qu’il nomme la “censure” et qui, seule, peut offrir une connaissance vraie, celle de faits avérés. L’histoire remplace la métaphysique à la base des connaissances. Elle exerce aussi une fonction éducative puisqu’elle sert à “guérir du sot” en entraînant l’homme à ne pas croire avec légèreté. »
Seguin (Maria Susana), « Fontenelle, histoire des savoirs, et épistémologie historique », Libertinage et philosophie à l’époque classique, no 17 (2020), p. 247-265.
« À sa mort, Fontenelle laisse inachevé un fragment intitulé Sur l’histoire. Ce texte prolonge d’une part la réflexion gnoséologique à l’œuvre dans des écrits bien connus comme la Digression sur les Anciens et les Modernes, l’Histoire des Oracles et De l’origine des fables. Mais il propose aussi une réflexion sur une méthode d’écriture historiographique que l’auteur mettra en œuvre en tant que secrétaire de l’Académie royale des Sciences chargé de la composition annuelle de son Histoire. »
518Seidengart (Jean), L’Univers infini dans le Monde des Lumières, Paris, Les Belles Lettres, coll. « L’Âne d’or », 2020, 532 p.
« L’Univers infini dans le Monde des Lumières s’inscrit dans le prolongement de […]Dieu, l’Univers et la Sphère infinie (2006). Dans ce dernier, il s’agissait d’élucider pourquoi et comment l’idée d’univers infini avait réussi à s’imposer largement en quelques décennies à l’aube de la science classique, alors qu’elle avait été rejetée durant plus de deux millénaires. Aussi était-il devenu absolument nécessaire d’innover et de former très précisément une nouvelle acception du concept d’infini afin de ne pas appliquer l’attribut “infini” de manière univoque à Dieu et à l’univers.
Le présent ouvrage poursuit le cours de cette investigation à partir du moment où Newton parvint à établir les fondements mathématiques de la physique classique et à proposer une nouvelle image du monde […]. Malgré les aspects très novateurs de la mécanique classique, les différentes cosmologies d’inspiration newtonienne pouvaient encore s’accorder assez globalement avec les enseignements de la métaphysique classique. Pourtant, on assiste à un net affaiblissement progressif des arguments traditionnels en faveur d’un univers infini existant en acte. […]. »
Introduction : Les controverses autour de l’idée d’infini au siècle des Lumières. I. Infinitisme et téléologie dans les cosmologies newtoniennes. II. Remise en cause de l’infinitisme dans les théories de la connaissance. III. L’univers infini des écrits précritiques de Kant. IV. L’univers infini en question dans l’œuvre critique de Kant. V. En guise de conclusion. Bibliographie. Index des noms.
– Table complète sur https://www.lesbelleslettres.com/livre/4178-l-
univers-infini-dans-le-monde-des-lumieres.
Tanigawa (Masako), « Bayle et l’histoire dans les années 1680 », Libertinage et philosophie à l’époque classique, no 17 (2020), p. 189-209.
« Au xviie siècle, l’histoire proche est au cœur de la controverse religieuse entre catholiques et protestants. Nous présentons les grands axes de la pensée de Bayle en les organisant autour des textes de Jurieu et d’Arnauld, qui discutent des événements historiques des années 1680, tels que le Complot papiste, l’affaire régale et le Projet de Toulouse. Nous verrons que la réalité de l’époque conduit Bayle à élaborer sa pensée sur le plan historique aussi bien que moral et politique. »
Taranto (Pascal), Joseph Priestley, matière et esprit au siècle des Lumières, Paris, Honoré Champion, coll. « Libre pensée et littérature clandestine », déc. 2020, 402 p.
Voir sur le site des éditions Champion (https://www.honorechampion.com/). Cette publication importante fera l’objet d’un compte rendu par Alain Sandrier dans le prochain volume de La Lettre clandestine.
519Vileno (Anna M.) et Wilkinson (Robert J.), « Le commentaire sur le Pentateuque d’Isaac de Lapeyrère (1671) », Libertinage et philosophie à l’époque classique, no 17 (2020), p. 305-375.
« L’article démontre qu’Isaac de Lapeyrère est l’auteur de la traduction du Pentateuque parue en 1671 et attribuée à Michel de Marolles. Le commentaire accompagnant la traduction indique leur volonté de contourner la censure et de développer l’hypothèse pré-adamite dans une version autorisée de la Bible en langue vernaculaire. Enfin, l’approche comparatiste au sujet des lois et des rites décrits dans l’Exode et le Lévitique est resituée dans le cadre du comparatisme naissant et de son usage à des fins de controverse religieuse. »
Volpilhac-Auger (Catherine), « L’origine ou la fondation au crible de la raison. Naissances de Rome au xviiie siècle », Libertinage et philosophie à l’époque classique, no 17 (2020), p. 229-245.
« La naissance de Rome constitue un objet historiographique remarquable au xviiie siècle : à partir des mêmes sources antiques, des récits radicalement différents la représentent. La comparaison des textes des historiens les plus traditionnels (Catrou, Vertot, Rollin) comme de philosophes-historiens (Montesquieu, Mably) révèle des biais interprétatifs importants, mais montre aussi comment une histoire politique peut s’appuyer sur une histoire des mœurs. »
Wolfe (Charles T.), Lire le matérialisme. Préface de Pierre-François Moreau, Lyon, ENS Éditions, coll. « La Croisée des chemins », 2020, 292 p.
« Ce livre étudie, à travers une série d’épisodes allant de la philosophie des Lumières à notre époque, le problème du matérialisme dans l’histoire de la philosophie et l’histoire des sciences. Comment comprendre les spécificités de l’histoire du matérialisme, des Lumières à nos jours, au sein de la grande histoire de la philosophie et de l’histoire des sciences ? Quelle est l’actualité de l’opposition classique entre le corps et l’esprit ? Qu’est-ce que le rire ou le rêve peuvent nous apprendre du matérialisme ? En traversant l’histoire du matérialisme jusqu’à l’émergence d’un “nouveau matérialisme” contemporain, l’ouvrage vise à revitaliser le matérialisme et sa lecture. »
Pierre-François Moreau : Préface. Introduction. 1. Sommes-nous les héritiers des Lumières matérialistes ? 2. Le matérialisme doit-il être athée ? 3. Le rêve matérialiste, ou « faire par la pensée ce que la matière fait parfois ». 4. Le rire matérialiste. 5. Éléments pour une théorie matérialiste du soi. 6. Le cerveau est un « livre qui se lit lui-même ». Diderot, la plasticité et le matérialisme. 7. Un matérialisme désincarné : la théorie de l’identité cerveau-esprit. 8. Matérialisme ancien, matérialisme nouveau : réflexions sur un néo-matérialisme contemporain. 9. En guise de conclusion : matérialisme et embodiment. Bibliographie.
520Nouveaux manuscrits
Cette rubrique était friche depuis plusieurs années, mais la moisson est cette fois presque surabondante ; il faut croire qu ’ à l ’ heure des confinements, les animaux sauvages ne soient pas seuls à sortir des forêts ombragées. La découverte la plus sensationnelle est peut-être celle de deux copies manuscrites inconnues de Cyrano de Bergerac, dont une version parfaitement inconnue et tout à fait originale de La Mort d’Agrippine ; si maigres que soient nos informations actuelles à son sujet, ce lot nous a paru mériter quelques remarques (voir, à la fin du Bulletin, la note : « Deux nouveaux manuscrits de Cyrano »). Parmi les autres découvertes marquantes, signalons celle faite par Antony McKenna, dans un même recueil lyonnais, de manuscrits fort proches de l’archétype du Traité de l’infini créé (dans deux versions distinctes) et de l’Explication sur le mystère de l’Eucharistie, désormais positivement attribuables l’un et l’autre à Jean Terrasson (voir infra, no 180 et 239, avec les articles de McKenna-Mori et d’A. Del Prete dans le présent volume). Remarquons aussi la réapparition de plusieurs manuscrits de Boulainvilliers provenant de la bibliothèque d’un très proche : Samuel Bernard (infra no 1 et 122), celle d’une nouvelle copie de la rare Lettre sur l’âme de Voltaire (infra no 112 et l’article de M. Benítez dans ce volume), ou encore d’une version intégrale du Mémoire de Meslier (infra no 121), La plupart des autres manuscrits signalés l’ont été, comme le dernier cité, par Maria Teresa Bruno, qu’il nous faut ici remercier : nous lui devons la mention d’une belle poignée de textes récemment acquis par la Bibliothèque Sainte-Geneviève (dont un petit recueil décrit infra sous le no 93), et de nombreuses copies passées en vente : Beatitude des chrestiens de Vallée (no 15, 2e ms.), Ciel ouvert à tous les hommesde Cuppé (no 25), etc.
Les manuscrits cités ci-après le sont suivant l ’ ordre de l ’ inventaire de Miguel Benítez (1996).
[1] Henri de Boulainvilliers, Abrégé d’histoire universelle. [avec :]Histoire de l’ancienne Grèce. Manuscrit « vers 1700-1707 » mis en vente (8000 €) par le libraire Hugues de Latude (Villefranche de Lauragais) : « 2 volumes grand in-4o[280 x 214 mm] de 792 et 610 p. Reliure : Veau marbré, dos à nerfs orné, pièce de titre en basane rouge, armes de Samuel Bernard frappées sur les plats, tranches rouges. (Reliure de l’époque) ». Voir la description complète du recueil sur : https://www.latude.net/
521La Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne ayant très récemment acheté ces manuscrits, ils seront prochainement numérisés et mis à la disposition des lecteurs à travers la collection Nubis : http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=Calames-20212131625041
Rappelons que Samuel Bernard et le comte de Boulainvilliers furent liés : le fils de Samuel, Gabriel Bernard de Rieux, avait épousé en secondes noces la seconde fille de Boulainvilliers. En outre, le richissime Samuel achètera après la mort du comte en 1722 une partie importante de sa bibliothèque. Il y a donc de fortes chances pour que le présent manuscrit provienne par voie directe de Boulainvilliers, soit que la copie en fût prise avant 1722, soit qu’elle appartînt à la bibliothèque même du comte. Rappelons en second lieu que nous nous étions appuyé naguère sur la proximité de Gabriel Bernard de Rieux avec le clan Boulainvilliers pour suggérer qu’un certain « Derieu », « gentilhomme de Normandie bien riche » qui s’était présenté en 1734 à Benoît de Maillet comme l’auteur de plusieurs manuscrits clandestins, pouvait être Gabriel Bernard de Rieux (voir « Benoît de Maillet et le gendre de Boulainviller », La Lettre clandestine, 2, 1993, réédité en 1999, p. 193-198). (A.M.)
Fig. 1 a et b – Henri de Boulainvilliers, Abrégé d’Histoire universelle,
xviiie siècle, © Hugues de Latude.
[14] Cyrano de Bergerac, L’Autre monde ou les Estats et Empires de la lune (248 p. in-4), avec à la suite : « Agrippine. Tragédie ». Description dans la note en fin de Bulletin : « Deux nouveaux manuscrits de Cyrano ».
522[15]Geoffroy Vallée.La beatitude des Chrestiens, ou le fléo de la foy, par Geoffroy Vallée, natif d’Orléans, filz de feu Geoffroy Vallée, & de Girarde le Berruyer ; ausquelz noms des pere et mere assemblez il s’y treuve. Lerre geru vrey fleo D. La foy bigarrée. Et au nom du filz. Va fleo regle foy. Aultrement. Guere la folle foy. Bibl. Sainte-Geneviève, Ms. 6436.Signalé par Maria Teresa Bruno.
xviii e siècle. Parchemin. [14] f. 147 x 10 mm. Reliure maroquin olive, dos long, triple filet doré en encadrement des plats, roulette dorée sur coupes, dentelle intérieure, contregardes et gardes de papier dominoté à motif étoilé doré, tranches dorées, xviiie siècle. / Copie calligraphiée à l’encre noire et rouge, titre en lettres rouges et dorées, double encadrement au texte (un filet doré et un filet rouge). / Texte suivi d’une courte notice sur Geoffroy Vallée. / Ex-libris imprimé collé au contreplat supérieur : « Bibliothèque Raymond Linard Paris No. ». Provenance : achat en vente publique (Binoche et Giquello), 2016. Renvois bibliographiques à l’exposition Enrichir le patrimoine (Bibliothèque Sainte-Geneviève, 2017), à l’éd. de [1573] ; à l’éd. Mothu-Graille de 2005 ; à La Lettre clandestine, 2004, no 13, p. 473 (notice du catalogue Bergé & associés de mai 2004 ; à l’inventaire de M. Benítez.
Voir http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=Calames-2017128121214681
[15] Geoffroy Vallée, La Béatitude des chrétiens ou le Fléo de la Foy. Manuscrit passé en vente le mercredi 8 juillet 2020 par la Maison Binoche et Giquello (vente hôtel Drouot), no 183 du Catalogue Livres de la bibliothèque du docteur Henri Polaillon (https://www.bibliorare.com/lot/355811/), p. 122-123 (estimation : 3 000/5 000 €). Signalé à nous par Maria Teresa Bruno.
La notice du catalogue précise que Henri Polaillon (1875-1941), médecin et collectionneur, fut un « esthète aux curiosités multiples : littérature, botanique, sciences naturelles, médecine, numismatique et enfin armes et souvenirs du Premier Empire. »
– L’écrit de Vallée est vanté comme « un moment dans l’histoire de l’incroyance », et la copie de Polaillon présentée comme la « redécouverte d’une copie figurée d’un grand “manuscrit philosophique clandestin” écrit par Geoffroy Vallée (1550-1574) que Frédéric Lachèvre appelait “l’ancêtre des libertins du xviie siècle” », et qui devint d’ailleurs « aux xviie et xviiie siècles un martyr de l’incroyance ».
– « Manuscrit sur peau de vélin. Copie figurée réalisée pour Paul Girardot de Préfond vers 1770, sur l’unique exemplaire connu de l’édition de 1573 qui passa dans la vente du duc de La Vallière [après être passé “dans les plus grandes collections” depuis Bernard de La Monnoye] et se trouve aujourd’hui conservé à la bibliothèque municipale d’Aix-en-Provence dans la collection du marquis de Méjanes » ; « Quelques amateurs, dont Paul Girardot de Préfond, firent réaliser une poignée de copies figurées d’un grand luxe ».
523– « Collation et contenu : Grand in-8 (190 x 127mm) [contenant] : 16 pages en 8 f. calligraphiées à l’encre brune ; f. 1r : titre, f. 2r : le Vray Catholique, f. 3r : le Papiste, f. 3v : le Huguenot, f. 5r : l’Anabaptiste, f. 5v : le Libertin, f. 6r : l’Athéiste, f. 7v : Qui est en craincte… ne peut estre heureux ».
– « Reliure vers 1770. Maroquin rouge, décor doré, triple filet d’encadrement avec rosette aux angles, dos long orné avec titraison longitudinale, tranches dorées ». « Petite tache noire sur le plat supérieur ».
– « Provenance : manuscrit conçu et relié pour Paul Girardot de Préfond (1722-1785), avec son ex-libris et le numéro 157, cote de sa seconde collection, bien supérieure en qualité bibliophilique à la première, vendue aux enchères en 1767. Elle fut acquise en bloc en 1769 par […] le comte Justin Mac-Carthy Reagh (1744-1811 ; Cat., 1815-1817, no 1041), [puis par le] baron Willem van Westreenen de Tiellandt (1783-1848), neveu du comte Jean Meerman (1753-1815), pour leur bibliothèque commune (Bibliotheca Meermanniana sive Catalogus…, 1824, t. III, no 532), [ensuite par] Sir Thomas Phillipps, qui acquit en bloc une grande partie des manuscrits de Meerman, puis vente : Catalogue of the Phillipps Manuscripts, Cheltenham, 1886, no 1937 ; [enfin le ms. fut] acquis par Henri Polaillon chez le libraire-expert Cornuau le 4 mars 1918 ».
– Références : M. Benítez, La Face cachée des Lumières, Recherches sur les manuscrits philosophiques clandestins de l’âge classique, 1996, no 15, p. 24 – I.O. Wade, The Clandestine Organization and Diffusion of philosophic Ideas in France from 1700 to 1750, no 47 (p. 14), et p. 297 – G. Peignot, Dictionnaire des livres condamnés au feu, 1806, p. 169 – F. Lachèvre, « L’ancêtre des libertins du xviie siècle. Geoffroy Vallée et La Béatitude des chrestiens », Le Libertinage au xviie siècle, Paris, 1920, p. 5-59 – H. Busson, Le Rationalisme dans la littérature française de la Renaissance (1533-1601), Paris, 1971, p. 523-534 – A. Mothu, « La Beatitude des chrestiens et son double clandestin », La Philosophie clandestine à l’Âge classique, éd. A. McKenna et A. Mothu, Paris, Oxford, Voltaire Foundation, 1997, p. 79-128 – L’Art de ne croire en rien, Raoul Vaneigem éd., Paris, 2002, p. 34-46 – P. Graille et A. Mothu, « Quelques mots sur Geoffroy Vallée et ses proches », La Lettre clandestine 14, 2005-2006, p. 159-199 – Geoffroy Vallée, La Béatitude des Chrétiens ou le fléau de la foi, 1573, P. Graille et A. Mothu éd., Orléans, 2005.
[25]Le ciel ouvert a tous les hommes : ou traité théologique par lequel sans rien déranger des pratiques de la religion on prouve solidement par l’Ecriture-Sainte & par la raison que tous hommes sont sauvés / Par Mre… N. Mellier [sic] Prêtre bachelier en théologie, Chanoine régulier de Saint Augustin, Prieur Curé de Trépigny. Manuscrit « sans lieu ni date (circa 1750), In-4o, plein veau marbré de l’époque, (2o-235 (i.e. 239)-(3) pages », aperçu en vente (750 €) sur Abebooks le 15 novembre 2020, signalé par Maria Teresa Bruno. Lien : https://www.abebooks.fr/servlet/BookDetailsPL ?bi=30642076553&cm_sp=det-_-bsk-_-bdp
524« Manuscrit philosophique clandestin. À la fin de l’ouvrage, une autre main à copié un “extrait des Mémoires secrets [sic] pour servir à l’histoire de la République des lettres en France par M. de Bachaumont. Tome 2. Page 109 du 30 octobre 1764” qui offre quelques indices sur l’auteur supposé de ce manuscrit : “On vient d’imprimer en Hollande un manuscrit que les curieux étoient procuré a grand frais ; C’est la Confession du Curé d’Etrepigny [.] Jean Meslier, Curé d’Etrepigny et de But en Champagne mort en 1723, âgé de 55 ans, laisse trois copies de sa main d’un ouvrage contenant ses sentiments sur la religion”. L’ouvrage en question est le testament de J. Meslier, publié par Voltaire en 1762, dans lequel un curé professe avec détermination son athéisme”. Cependant, l’attribution de notre manuscrit au curé Jean Meslier est incorrecte. En effet, il s’agit d’une copie de l’ouvrage écrit par Pierre Cuppé (1664-1748), prêtre-bachelier en théologie, chanoine régulier de Saint Augustin, prieur curé de Bois, diocèse de Xaintes : Le Ciel ouvert à tous les hommes. Cet ouvrage, un temps attribué à Voltaire, fut rédigé avant 1716 et distribué largement en France sous forme de manuscrit, avant d’être imprimé pour la première fois dans une traduction anglaise en 1743 puis en France. “Dangereux et rempli de maximes impies” selon De Bure, il fut proscrit au même titre que les textes matérialistes ou athées. Toutefois les opinions qu’il renferme, certes peu orthodoxes, s’éloignent de l’athéisme du Curé Meslier ».
Renvoi est fait à l’édition de « London, 1750 ».
Fig. 2 a et b – Pierre Cuppé, Le Ciel ouvert à tous les hommes, xviiie siècle.
[53]Difficultés sur la R. proposées au Père Malebranche[dans la marge] par un ancien officier. Ce manuscrit de 110 p. semble être une copie de l’édition du Militaire philosophe (Londres [Paris], 1768). Il constitue la première partie 525d’un recueil simplement cousu (non couvert) et sans titre, de format 229x189 mm, assemblant deux parties de 1-169-[I]-1-66 p. Coll. particulière Muriel Adrien (Université de Toulouse 2) ; signalé à la revue par sa propriétaire. Le recueil comprend :
1) Difficultés sur la R. proposées au Père Malebranche par un ancien officier (p. 1-110).
2) Examen de la religion (p. 111-159).
3) Sermon du Rabin Akib (p. 1-8).
3) Sermon des cinqua[n]tes (p. 9-26).
4) Extraits des sentiments de Jean Meslier adressés à ses paroissiens, sur une partie des abus et des erreurs en général et en particulier (p. 27-66).
Ce recueil manuscrit, ainsi qu’un second commençant par les Lettres philosophiques à Eugénie (décrit infra sous le no 113), ont été achetés dans une brocante dans le Puy-du Dôme. L’ensemble était accompagné de plusieurs imprimés (Lettres patentes du Roi, proclamations, proclamation de lois, etc.) datées des années 1790-1791. Ils proviendraient de la bibliothèque de M. Jacques Reynoard, maire de Besse-et-Saint-Anastaise (63) au début du xxe siècle, avoué et lié à la gauche républicaine, et descendant d’une lignée de notables locaux. Des recherches sur cette famille sont en cours.
Filigranes visibles : fleur et inscription « WR ». L’ensemble est en assez bon état de conservation (sauf la première page, plus abîmée). Écriture xviiie siècle, très lisible ; marge tracée au crayon, à gauche. Aucune datation ni marque de possession.
Fig . 3 – Robert Challe, Difficultés sur la religion adressées au Père Malebranche, xviiie siècle, © Muriel Adrien.
526[76] Traité de Métaphysique, s.l., s.n., s.d. (xviiie), In-8 (22,5 cm x 17 cm) de 89 p. Il s’agit de l’Essay de métaphysique de Boulainvillier, non identifié par le vendeur. Manuscrit mis en vente sur ebay en janvier 2021 (vendu 1309 €), signalé à nous par Sylvain Matton.
« Pleine basane, dos à nerfs orné de fers dorés, pièce de titre de cuir marron, double filet doré parcourant les coupes, tranches rouges (reliure d’époque) » ; « bel exemplaire, reliure de bonne tenue, légèrement frottée sur les coupes, coiffe supérieure découverte, intérieur en très bon état, rares brunissures sans gravité » ; « rédigé à l’encre noire, d’une écriture soignée, lisible et uniforme ». Pièce décrite comme un « intéressant et curieux manuscrit écrit par un érudit de l’époque sur la connaissance de l’être, avec de nombreuses annotations et corrections en marge ».
Fig . 4 a, b et c – Henri de Boulanvilliers, Essay de métaphysique, xviiie siècle.
[85]Examen de la religion. Ms.de 48 p. 2e pièce du recueil [1re partie] décrit supra sous le no 53. Coll. particulière Muriel Adrien ; signalé par la propriétaire.
527Fig . 5 – César Dumarsais, Examen de la religion,xviiie siècle, © Muriel Adrien.
[93]Testament de Jean Meslier. Bibl. Sainte-Geneviève, Ms. 6359 (1), 65 f. Signalé à nous par Maria Teresa Bruno.
Premier élément d’un petit « Recueil de littérature philosophique clandestine » (sans titre), comportant en outre un Traité des trois imposteurs (2) et des Versde Mr Voltaire à l’auteur des trois imposteurs (3). Ce recueil Ms. 6359 est ainsi décrit dans Calames : « Papier. 196 x 136 mm. Reliure veau marbré, dos lisse orné, pièce de titre en maroquin rouge, roulette dorée sur coupes, tranches rouges, xviiie s. ». Il porte un ex-libris manuscrit : « A Dezil (?) » et a été acheté en 2013 à la Librairie Bonnefoi. Voir http://www.calames.abes.fr/pub/ms/Calames-2014823148394841
Le présent Testament bien sûr de la version “courte”, probablement voltairienne, « contenant un abrégé de la vie de l’auteur, un avant-propos et cinq chapitres ». Renvoi bibliographique du catalogue : Testament de Jean Meslier. Nouvelle édition[éd. Voltaire], [Genève, Cramer], [1762].
Voir http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=Calames-2014823148391092
[93]Extraits des sentiments de Jean Meslier / adressés à ses paroissiens, sur une partie des abus / et des erreurs en général et en particulier. Ms.de 39 p. 5e pièce du recueil [2e partie] décrit supra sous le no 53. Coll. particulière Muriel Adrien ; signalé par sa propriétaire.
528Fig . 6 – Jean Meslier, Extraits des sentiments de Jean Meslier,
xviiie siècle, © Muriel Adrien.
[107]Lettre d’Hipocratte à Damagette. Bibl. Sainte-Geneviève, Ms. 6435.
« xviiie siècle. Papier. 192 p., 160 x 105 mm. Reliure veau, dos à 5 nerfs à décor doré et pièce de titre en maroquin rouge, filet estampé à froid en encadrement des plats, roulette dorée sur coupes, dentelle, tranches rouges, xviiie siècle ». Provenance : achat à la Librairie Hugues de Latude, 2015.
Voir http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=Calames-2017128111299841
[112]Lettre Philosophique par Mr. de V*** / Lettre sur Lame, 8 p. Collection particulière de Foni Le Brun-Ricalens. Manuscrit signalé à nous par Miguel Benítez.
« Deux feuillets pliés, huit pages non numérotées, dont la dernière en blanc. Provenance : Archives familiales de l’artiste-peintre luxembourgeois Foni Tissen. La découverte a été faite par Foni Le Brun-Ricalens, petit-fils du peintre. » (M. Benítez).
Manuscrit publié par M. Benítez et Foni Le Brun-Ricalens dans le présent volume de La Lettre clandestine.
Ci-dessous les photos des première et dernière pages, ainsi que de la p. 3, qui permet d’établir la filiation du manuscrit.
529 530Fig . 7 a, b et c – Voltaire, Lettre sur l’âme, xviiie siècle.
[113]Lettres philosophiques à Eugénie. Ce ms. de 163 p. forme la première partie d’un recueil simplement cousu (non couvert) et sans titre, de 1-174 [II] p. (pagination continue), format 238 x 197 mm. Coll. particulière Muriel Adrien (Toulouse) ; signalé à la revue par sa propriétaire.
À la suite des Lettres à Eugénie (p. 1-163), figurent : [2]Épître aux calomniateurs de la philosophie (p. 164-172), pièce communément attribuée à Jean-François de La Harpe, qui commence à circuler au milieu des années 1770 (elle est publiée en 1775 dans les Nouvelles de la république des lettres, t. 2/4, p. 93-97, critiquée le 13 mai 1776 dans L’Espion anglois, etc.). [3]L’âme de Voltaire. Rêve (p. 173-174), poème satyrique attribué au marquis de Pezay par Suard en juillet 1773 ; on le trouve publié déjà dans la Gazette intéressante de Dusseldorf, au 30 avril 1773. Nous ne tiendrons pas ces deux pièces comme des « manuscrits philosophiques clandestins ».
Filigranes visibles : rose et inscription « J Kool ». L’ensemble est en assez bon état de conservation (sauf la première page, plus abîmée). Écriture xviiie siècle, serrée mais lisible ; marge au crayon, à gauche ; nombreuses inscriptions marginales. Aucune datation ni marque de possession.
531Ce petit recueil fut acquis en même temps qu’un autre, dont on consultera la notice supra no 53.
[114] John Toland. Lettres à Serena. Bibl. Sainte-Geneviève, Ms. 6434. Signalé à nous par Maria Teresa Bruno.
« xviiie siècle. Papier. 179 f., 250 x 195 mm. Reliure parchemin vert, tranches rouges, xviiie siècle. ». Description : « Cette traduction française des Letters to Serena de John Toland (parues à Londres en 1704) diffère de celle du seul manuscrit complet recensé par Benítez » (manuscrit Helsinki Cö I, 20) et de celle du baron d’Holbach éditée par Jacques André Naigeon en 1768 sous le titre Lettres philosophiques sur l’origine des préjugés, du dogme de l’immortalité de l’âme, de l’idolâtrie et de la superstition ; sur le système de Spinosa et sur l’origine du mouvement dans la matière. 6 parties : [1] « Préface ou lettre a un seigneur de Londres en luy envoyant les dissertations suivantes, dans laquelle on déduit les différentes raisons qui ont donné occasion de les écrire ». [2] « Lettre 1re. L’origine et la force des préjugez ». [3] « Lettre 2e. L’histoire de l’immortalité de l’ame parmy les payens ». [4] « Lettre 3e. L’origine de l’idolatrie et les raisons du paganisme ». [5] « Lettre 4e a un seigneur en Hollande pour prouver que le systeme de philosophie de Spinosa est sans aucun principe ou fondement ». [6] « Lettre 5e. Le mouvement essentiel a la matiere, en réponse a quelques remarques faites par un amy de distinction sur la réfutation de Spinosa ». Provenance : achat à la Librairie Hugues de Latude, 2015. Renvois bibliographiques à l’éd. d’Holbach et Naigeon de « Londres, 1768 » ; à l’éd. T. Dagron de 2004 ; à l’inventaire de M. Benítez.
http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=Calames-2017124161563751
[121] Meslier, Mémoire des pensées et des sentimens de J… M… Pr… C… De T… et B…, 2 vol. de 446 et 830 p. mis en vente par la Librairie Giraud-Badin (Paris) et par l’entremise de la maison de vente aux enchères Alde (estimation : 8 000 / 10 000 €). Voir le catalogue Alde, « Lettres et manuscrits autographes », daté du 12 novembre 2020, no 26 (p. 13-14). Signalé à nous par Maria Teresa Bruno.
« 2 volumes in-4, 446-(2 blanches) + 830 [chiffrées 453 à 1282, sans manque apparent] pp., avec un feuillet blanc intercalé entre les p. 746 et 747, veau brun marbré de l’époque, dos à nerfs cloisonnés et fleuronnés, pièces de titre et de tomaison grenat et brunes, tranches rouges ; mors refaits, restaurations aux coiffes et coins. ». La notice précise, à la fin, que ce manuscrit provient « de l’écrivain, librairie et bibliographe Lucien Scheler (mention autographe signée au recto de la seconde garde supérieure) » [Scheler, (1902-1999, fait l’objet d’une notice sur Wikipedia]. Conformément à nos usages, nous reproduisons la notice du libraire :
532« Le curé Meslier, communiste et athée. Fils d’un marchand des Ardennes champenoises, Jean Meslier fit des études au séminaire de Reims puis occupa la cure d’Étrépigny et de Balaives, près de Charleville et Sedan. Hormis un conflit avec le seigneur local qu’il accusait d’opprimer les villageois, il mena une existence modeste et paisible. Cependant, “entré dans l’Église sans avoir la foi, Meslier, dans les conditions de l’Ancien Régime, a pu concilier, non sans déchirement intérieur, un rôle social, humanitaire et culturel, de clerc au service de la communauté rurale […], et des convictions personnelles radicalement antireligieuses et antimonarchiques” (Roland Desné). Il laissa à sa mort (apparemment volontaire) des textes extrêmement provocateurs pour l’époque : le présent Mémoire, des Lettres aux curés du voisinage, et ce qui fut ensuite appelé L’Anti-Fénelon, en fait des notes de lecture critiques trouvées dans les marges de son exemplaire de l’ouvrage de Fénelon Démonstration de l’existence de Dieu.
« Un des rarissimes manuscrits clandestins complets de ce brûlot, de ceux qui comprennent bien les 8 “preuves” de la démonstration. Elles sont ici réparties en 3 parties, chacune avec table : l’avant-propos et les preuves 1 à 4, puis les preuves 5 et 6, enfin les preuves 7 et 8 suivies de la conclusion. Le Mémoire, trouvé à la mort du curé Meslier en trois copies complètes de sa main, actuellement conservées à la BnF, a d’abord circulé sous le manteau de manière manuscrite : Voltaire évoquait l’existence d’une centaine d’exemplaires à Paris au début des années 1760. Il en subsiste aujourd’hui moins d’une vingtaine de connues, et encore faut-il observer que la moitié seulement en est complète des 8 preuves – les autres n’en ont que les 5 premières. Or c’est dans les trois dernières preuves que s’exprime sans doute le plus clairement le radicalisme du curé Meslier : dans la sixième, il aborde directement la question sociale et politique, critiquant un clergé riche et fainéant, proposant un système de propriété communiste, et dénonçant la tyrannie de la monarchie française ; dans la septième, il réfute l’existence même d’un Dieu, s’attaque au créationnisme et expose des thèses matérialistes ; dans la huitième, il réfute la croyance dans l’immortalité de l’âme.
« Un texte longtemps ignoré ou méconnu. Mis à part une circulation manuscrite confidentielle, le Mémoire n’atteignit une certaine notoriété qu’en 1762, avec la publication d’extraits sous le titre Testament de Jean Meslier, par les soins de Voltaire. Celui-ci avait eu connaissance du texte dès 1735, mais il l’utilisa dans sa croisade contre l’Infâme au moment de l’affaire Calas. Cependant, non seulement il tronqua le texte, n’en conservant que la partie antichrétienne, mais il le réécrit en partie et lui adjoignit une conclusion à connotation nettement déiste. En outre, certaines copies se mitigèrent de passages extraits des œuvres du baron d’Holbach, sans avertissement, et, pis encore, des textes de Sylvain Maréchal et du baron d’Holbach furent frauduleusement publiés pendant la Révolution sous le nom de Jean Meslier. Enfin, la première édition complète du Mémoire, publiée confidentiellement 533en 1864, s’avéra largement fautive – il fallut attendre 1970 pour voir paraître la première édition critique digne de ce nom, établie par les soins de Jean Deprun, Roland Desné et Albert Soboul.
« La religion, imposture au service des puissants et des tyrans. Le curé Meslier, d’une culture enrichie de lectures étrangères au domaine théologique – Montaigne, Naudé, Malebranche, etc. –, déroule de manière approfondie un argumentaire visant à retirer tout caractère divin aux Écritures Saintes, et à restituer à l’homme la paternité des rites et croyances. Il met ensuite les conclusions de ces démonstrations au service d’un discours politique et social selon lequel la religion sert à justifier les inégalités sociales et les abus de pouvoir. Jean Meslier fut un des premiers à articuler des thèses anticléricales et antireligieuses avec l’apologie de la Jacquerie et même du régicide. Il s’exprime avec une radicalité violente et lyrique : “[…] C’est avec grande raison que j’ay dit que tout ce fatras de religions et de loix politiques n’étoient que des mistères d’iniquité. Non, mes chers amis, ce ne sont que des vrays mistères d’iniquités, vous devez les regarder comme tels puisque c’est par ces raisons-là que vos prêtres vous rendent et vous tiennent misérablement toujours captifs sous le joug odieux et insuportable de leurs vaines et sottes superstitions sous prétexte de vouloir vous conduire heureusement à Dieu ; et que c’est par ce moyen-là que les princes et les Grands de la terrevous pillent, vous foulent, vous oppriment, vous ruinent et vous tyrannisent au lieu de vous gouverner et de maintenir le bien public. Je voudrois pouvoir faire entendre ma voix d’un bout du royaume à l’autre, ou plutôt d’une extrémité de la terre à l’autre ; je cri[e]rois de toutes mes forces : vous êtes fols, ô hommes, vous êtes fols de vous laisser conduire de la sorte et de croire aveuglément tant de sottises…” (conclusion, p. 1246-1247).
« Un texte précurseur du matérialisme, le curé Meslier professait des idées nettement mécanistes : “il a eu le mérite […] de tracer quelques-uns des cadres intellectuels que Diderot, dans Le Rêve d’Alembert, réutilisera et remplira d’une science neuve” (Jean Deprun).
« Le curé Meslier, “un des témoins les plus originaux de la ‘crise de conscience’ qui a marqué les débuts du siècle des Lumières” (Jean-Robert Armogathe). Son Mémoire est à considérer comme l’aboutissement de deux siècles de critique du christianisme, comme relevant du “libertinage” intellectuel par son recours à la science et à l’épistémologie cartésienne, mais il marque également une rupture dans l’histoire de l’athéisme : contrairement aux “libertins” du xviie siècle, il n’use plus comme eux des équivoques et allusions voilées, mais formule ses idées de manière explicite, directe, et ne s’adresse plus à un cénacle prudent de gens avertis mais, comme il l’écrit dès le sous-titre, “à ses paroissiens… et à tous leurs semblables” ».
534Fig . 8 – Jean Meslier, Mémoire des pensées et des sentimens de Jean Meslier,xviiie siècle, © ALDE, maison de ventes aux enchères.
[122][Boulainvillers], Mémoires abrégez des généralités du Royaume de France, première partie, contenant l’Histoire du Gouvernement de la France, depuis l’établissement de la monarchie. In-4. [280 x 214 mm] de 941 p. Reliure : Veau blond, dos à nerfs orné, pièce de titre rouge, armes de Samuel Bernard frappées sur les plats, tranches rouges (Reliure de l’époque). Mis en vente fin 2020 par la librairie Hugues de Latude, et signalé à nous par le libraire.
La Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne ayant très récemment acheté ce manuscrit, il sera prochainement numérisé et mis à la disposition des lecteurs à travers la collection Nubis : http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=Calames-202121314241581
Voir la notice du libraire sur son site (https://www.latude.net/loc/en_US/). Si le caractère « philosophique » du texte est contestable, on sait qu’il circula abondamment en manuscrit. Soulignons avec le libraire son « auguste provenance » : Samuel Bernard, célèbre financier dont le fils, Gabriel Bernard de Rieux, avait épousé la propre fille de Boulainvilliers. Ce gendre de Boulainvilliers avait 535été l’objet d’une petite polémique dans La Lettre clandestine no 2 (p. 193-198) no 3 (p. 295-299) et encore no 6 (p. 71-72), la question étant alors de savoir s’il était ce « Derieu » que Benoît de Maillet évoque dans une lettre de mars 1734 pour s’être présenté à lui comme l’auteur de plusieurs manuscrits irréligieux, comme les Opinions des Anciens sur le Monde et de celle sur la nature de l’âme, de la Lettre sur l’origine des juifs et des Doutes sur la religion.
Fig . 9 – Henri de Boulainvilliers, Mémoires abrégés des généralités
du Royaume de France, xviiie siècle.
[168]Sermon des cinqua[n]tes. Ms.de 17 p. 4e pièce du recueil [2e partie] décrit supra sous le no 53. Coll. particulière Muriel Adrien ; signalé par sa propriétaire.
[169]Sermon du Rabin Akib. Ms.de 8 p. 3e pièce du recueil [2e partie] décrit supra sous le no 53. Coll. particulière Muriel Adrien ; signalé par sa propriétaire.
[180] Traité de l’infini créé. Deux exemplaires particulièrement importants, car produits dans un milieu lyonnais proche de l’auteur (Jean Terrasson) et correspondant à deux versions successives du texte, ont été découverts à Lyon par Antony McKenna dans les Miscellanea de François Bottu de La Barmondière, seigneur de Saint-Fonds (1675-1739) : Lyon, bibliothèque de la Part-Dieu, ms. 6224, art. XXVI, vol. I, p. 166-212, et art. LXXX, vol. I, p. 700-739.
536Voir l’article d’A. McKenna dans le present volume de La Lettre clandestine, ainsi que celui d’Antonella Del Prete. Voir aussi infra sous le numéro 239
[185]Traité des trois imposteurs traduit en français par monsieur le comte de Boulainvilliers. Bibl. Sainte-Geneviève, Ms. 6359 (2), 62 f.
Ce traité, 2e élément du recueil décrit plus haut sous le no 93, est précédé d’un Testament de Meslier et suivi de Vers de Mr Voltaire à l’auteur des trois imposteurs (signalé plus bas parmi les manuscrits non répertoriés). Renvoi bibliographique du catalogue : Traité des trois imposteurs, Yverdon, de l’impr. du professeur de Felice, 1768.
Voir http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=Calames-2014823158418433
[191]Le Catéchumène, traduit du Chinois. A Amsterdam. 1769. Paris, BnF, N.a.fr. 22087 (Papiers de Baudry des Lozières, t. IV : Mélanges historiques et littéraires, fol. 140 sq.).
Copie vraisemblablement faite sur l’imprimé d’« Amsterdam, 1769 » (voir l’exemplaire BnF D2-6131 : Genève, Cramer ou Pellet, suivant le catalogue ; absent chez Bengesco), réédition de l’ouvrage également genevois paru sous le même titre l’année précédente (Bengesco no 2409, 2). C’est sous ce dernier titre que se présente le manuscrit Praguois Praha-N.M. XVII F 6 que répertorie M. Benítez (no 191), seul manuscrit répertorié à ce jour.
Le Cathecumène [ sic ] parut initialement sans aucune indication de lieu ni de date, mais selon toute vraisemblance chez M.M. Rey, fin 1767, puisque Grimm le signale le 1er janvier 1768 (édition de 34 p. décrite par Bengesco, no 2409 ; BnF, Catalogue général 214-2, = Œuvres de Voltaire, no 2871 et 2872 ; cf. aussi Ars. 8-T-10466). Nous supposons que Rey lui-même le réimprima ensuite sous le titre : Le Voyageur cathécumène, « Londres, 1768 ». On trouve cette rééd. À la fin du t. VI de la Bibliothèque du bon sens portatif, « A Londres, 1773 » (en fait Amsterdam, Rey).
L’ouvrage, souvent suspecté d’être voltairien au xviiie siècle (voir ce qu’en dit Péter Balázs dans La Lettre clandestine, 16, 2008, p. 145), était en réalité de l’académicien lyonnais Charles Bordes (1711-1781).
Une autre copie du Catachumène, ré-intitulé en l’occurrence L’Américain sensé par hasard en Europe, et fait Chrétien par complaisance, ou le Secret de l’Eglise trahi – titre correspondant à une édition suisse de 1769 (BnF, Catalogue 214-2, no 2876) – se trouvait dans un recueil manuscrit d’Œuvres diverses, 1767-1768 (incluant des écrits de Voltaire et divers manuscrits clandestins) mis en vente à Drouot, par la maison Piasa, les 23 et 24 mars 2009 (voir le catalogue sur https://www.bibliorare.com/cat-vent_piasa24-03-09-cat.pdf – no 316, p. 60). (A.M.)
537[191]Le Catéchumène, traduit du Chinois… Brest, 19 août 1786 : Paris, BnF, N.a.fr. 10578, 37 p.
Treizième volume des Mémoires et documents, principalement sur la Marine, recueillis et offerts par le Dr. Corre, de Brest, N.a.fr. 10566-10585, compilés au xixe siècle : « Papier. 20 volumes, in-4o. Demi-reliure et cartonnés ».
[239 – 257 dans l’éd. espagnole de 2003, La Cara oculta…] Explication de l’Eucharistie par rapport au système de l’infinité de la matière : Lyon, bibliothèque de la Part-Dieu, ms. 6224 [François Bottu de La Barmondière, seigneur de Saint-Fonds, Miscellanea], t. I, art. LXXXII, p. 744-755. Pièce retrouvée et signalée par Antony McKenna.
Le même recueil inclut deux versions du Traité de l’infini créé de Jean Terrasson (voir supra, no 180) et la présente découverte permet d’attribuer au même auteur la présente Explication sur l’eucharistie, comme le suggère Antony McKenna et comme le démontre Antonella Del Prete dans le présent volume de La Lettre clandestine.
On trouve reliée à la suite de cette Explication, dans le recueil lyonnais, p. 755 sq., la Démonstration de la possibilité de la présence réelle du corps de JC dans l’eucharistie conformément au sentiment des catholiques de Jean Varignon.
[Non répertorié]Vers de Mr Voltaire à l’auteur des trois imposteurs. Bibl. Sainte-Geneviève, Ms. 6359 (3), 3 f.
Troisième élément du recueil décrit plus haut sous le no 93. Il est précédé d’un Testament de Meslier et d’un Traité des trois imposteurs, auquel il se rattache évidemment. Renvoi bibliographique du catalogue : Voltaire. Épître à l’auteur du livre des Trois imposteurs, [s.l.s.n.], [1769].
Voir http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=Calames-2014823158136714
[Non répertorié] Claude Pithois. « L’Apocalypse de Meliton ou révelation des misteres cenobitiques. Par Meliton. ». Bibl. Sainte-Geneviève, Ms. 6450. Signalé à nous par Maria Teresa Bruno.
« Vers 1760. Papier. 86 f. 180 x 232 mm. Reliure en basane brune, dos à 5 nerfs orné, pièces de titre en maroquin citron, gardes marbrées (tourniquet). » Description : « Claude Pithois [1587 ?-1676], minime converti au protestantisme, fut avocat et professeur à Sedan, puis bibliothécaire du duc de Bouillon. Ce libelle connut quatre éditions (1662, 1665, 1668 et 1677) avant d’être mis à l’index en 1680 et de circuler dès lors sous la forme de manuscrit clandestin. Voltaire dans son Dictionnaire philosophique (1764) l’attribue à l’évêque de Belley Jean-Pierre Camus. C’est en fait une adaptation par Claude Pithois 538d’extraits des Eclaircissemens de Meliton sur les Entretiens curieux d’Hermodore… de Camus [s.l., 1635], ouvrage lui-même publié en réponse aux Entretiens curieux d’Hermodore et du voyageur incognu… du P. Jacques de Chevanes [1608-1678], qui répondait au Directeur spirituel désintéressé selon l’esprit du B. François de Sales de Jean-Pierre Camus [1584-1652]. Il s’agit d’une satire contre les mœurs, usages, doctrines et quêtes des ordres monastiques, bénédictins et dominicains. » Provenance : Ex-libris manuscrit « Marquis » (xviiie siècle) et étiquette imprimée collée au contreplat supérieur : « Bibliothèque du Grand séminaire de Versailles ». Acheté à la Librairie Bonnefoi en 2018.
http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=Calames-201944174234601
[Non répertorié] Cyrano de Bergarac, « Agrippine. Tragédie ». Manuscrit différent de l’imprimé relié à la suite d’un manuscrit de L’Autre monde. Description dans la note publiée ci-après dans le Bulletin : « Deux nouveaux manuscrits de Cyrano ».
Deux nouveaux manuscrits de Cyrano
Une vente, par la maison Alde, de « lettres et manuscrits », qui s’est tenue le jeudi 17 octobre 2019 (Hôtel Ambassador) comportait, sous le numéro 29, un recueil de deux rarissimes copies manuscrites des États et empires de la Lune et de La Mort d’Agrippine de Cyrano de Bergerac. Le lot, qui provient de la bibliothèque Paul Burgaud (vignette ex-libris), a été adjugé pour 12.000 euros.
Fig . 10 a et b – Savinien Cyrano de Bergerac, États et Empires de la Lune, 1657,
La mort d’Agrippine, 1654, © ALDE, maison de ventes aux enchères.
C’est Lucien Grisoni qui nous a signalé cette vente, dont on trouvera le catalogue sur http://www.alde.fr/admin/docs/alde-17oct-bd_v2.pdf
On y verra, p. 18, la photographie de deux pages du 1er manuscrit en vis-à-vis (et une photo partielle du dos du volume sur le site : http://www.alde.fr/lot/5428492)
Fig . 11 – Savinien Cyrano de Bergerac, États et Empires de la Lune, 1657,
© ALDE, maison de ventes aux enchères.
Ce recueil a fait l’objet d’une longue notice, accessible sur le site, dont nous extrayons les détails suivants :
« Recueil de 2 manuscrits, xviie siècle. Soit : “L’autre monde ou les Estats et Empires de la lune”, 248 p. in-4, dont les 3 dernières blanches, et “Agrippine. Tragédie”, 152 p. in-4 chiffrées 249 à 400, dont les 4 dernières blanches. Le tout relié en un volume de veau brun, dos à nerfs cloisonné et fleuronné avec les deux titres dorés, double filet doré encadrant les plats, coupes ornées, tranches mouchetées uniformément ; reliure usagée avec mors fendus ; quelques taches sur les premiers feuillets du volume (reliure de l’époque). »
– « L’Autre monde ou les États et Empires de la lune. Une des 4 copies d’époque connues de son roman l’autre monde ou les états et empires de la lune. Le présent 540manuscrit, sans mention de nom d’auteur, a été établi sur deux papiers différents alternés, l’un filigrané aux armes du cardinal Mazarin, produit au moins entre 1644 et 1650 (Gaudriault, no 161), l’autre filigrané aux faisceaux de licteurs croisés (proche du no 163 dans l’ouvrage de Gaudriault), produit vers 1654 – ces deux papiers ayant été employés au moins jusqu’en 1662 (ils ne sont d’ailleurs peut-être qu’un avec marque et contremarque). Il s’agit d’une copie destinée à la diffusion, établie non par un lettré mais plutôt par un scribe professionnel ayant appris son métier chez un maître-écrivain : son écriture est calligraphiée, mais son orthographe est fluctuante (“dedem” pour “dedans”, etc.), sa grammaire parfois aberrante (“qu’en” pour “quand”, etc.), et la ponctuation quasiment absente1. La seule en mains privées : les trois autres manuscrits du xviie siècle recensés sont conservés en dépôts publics, à la Bibliothèque nationale de France à Paris, à la bibliothèque Fisher de l’Université de Sidney, et à la Bayerische Staatsbibliothek à Munich. »
« […] Les trois autres manuscrits connus présentent chacun des variantes, et l’édition de 1657, posthume, correspond à une version composite censurée. Le manuscrit de la BnF conserve la version la plus radicale, non censurée et donc la plus proche des intentions de l’auteur – c’est à partir de celle-ci que Madeleine Alcover a établi l’édition critique de référence (Paris, Honoré Champion, 2004), en proposant un stemma (arbre généalogique des versions du texte) qui fait l’hypothèse de versions intermédiaires perdues. Le présent manuscrit est fort éloigné des imprimés du xviie siècle : il comporte bien les 8 principaux passages caviardés, ne porte pas dans le titre l’expression “Histoire comique”, ne présente pas les pièces liminaires ni surtout la conclusion ajoutée. Si la formulation de son titre est celle du seul manuscrit de Paris, quelques sondages révèlent en fait de nombreuses variantes qui ne le rattachent pas exclusivement à telle ou telle des trois autres versions, mais suggèrent une plus grande proximité avec les versions des manuscrits de Sydney et de Munich. »
– « La Mort d’Agrippine ». […] Sans nom d’auteur, cette copie est d’une autre main que le manuscrit de L’Autre monde ci-dessus, et a été établie sur un papier différent mais manifestement du xviie siècle, portant un filigrane aux 541armoiries non identifiées absent du recensement de Raymond Gaudriault (1995 et 2017).
* Une version primitive presque entièrement différente de celle imprimée, parue en 1654 chez le libraire parisien Charles de Sercy, sous le titre La Mort d ’ Agrippine. Le présent manuscrit présente quelques similitudes, notamment au début et à la fin de la pièce, mais se distingue très nettement par la structure, la présence de trois autres personnages (Macron, Apicata et Regulus), et bien sûr par le texte. Quand de rares ressemblances se font jour, les variantes s’avèrent tout de même importantes. On lit ainsi, dans la scène 3 de l’acte II du manuscrit, Séjanus dire à Térentius :
Je marche sur les pas d’Alexandre et d’Alcide
Crois-tu que ces grands mots d’assassin, de voleur,
Aux heros de jadis ayent abbatu le cœur
Sache Terrentius qu’un habile monarque
Pour conserver d’un roy la puissance et la marque
Doit eriger en crime un généreux dessein
Qui luy pouvoit oster le sceptre de la main.
La version imprimée en 1654 devient, très abrégée :
Je marche sur les pas d’Alexandre & d’Alcide.
Penses-tu qu’un vain nom de traistre, de voleur,
Aux hommes demy-dieux doive abatre le cœur ?
* Également un rarissime témoignage de diffusion manuscrite clandestine. Le présent manuscrit est daté « 1650 » au titre, date à laquelle il a été établi ou à laquelle un modèle antérieur aurait été établi. Cela vient corroborer une information livrée par Le Parasite Mormon, recueil collectif qui, publié précisément en cette année, présentait La Mort d’Agrippine comme sur le point d’être achevée.
[…]
Deux remarques
1) Il a semblé à l’auteur de la notice que nous venons de citer que le nouveau manuscrit de la Lune présentait « une plus grande proximité avec les versions des manuscrits de Sydney et de Munich ». Le sondage que j’ai effectué sur les deux seules pages photographiées ne va pas dans ce sens. (j’emploie ci-après, comme Alcover, les abréviations P = Paris ; S = Sidney ; M = Munich ; je néglige les leçons de l’imprimé de 1655).
–À la p. 192, l. 2 du manuscrit, on trouve bien « un un », propre à S-M (quand P donne simplement « un », leçon curieusement retenue par M. Alcover) ; l. 17, un « mais » est omis, comme dans S-M (à 542–la différence de P) ; p. 193, l. 1, on lit « un comête » (comme S) et non « une comète » (P, mais aussi M) ; puis ligne 5 : « une infinie de matiere », qui est un peu plus proche de S-M (« une infinité de matière ») que de P (« une infinie quantité de matière »). Par contre :
– p. 192, l. 3-4, on lit « mesme point », comme P (S-M : « le même point ») ; l. 5-6 : « en trois dez », comme P (omis dans S-M) ; l. 8 : « tres », comme P (omis dans SM) ; l. 9-10 : « ferez point », comme P (S-M : « ferez jamais ») ; l. 18 : « vous ne scavez pas que cent millions », comme P (S-M : « vous ne savez donc pas qu’un million ») ; p. 193, l. 10 : « un rafle », comme P (S-M : « une rafle ») ; l. 14 : « peu s’en est fallu », comme P (S-M : « peu il s’en est fallu ») ; l. 18 : « se desborder », comme P (S-M : « se dérober », leçon curieusement acceptée par M. Alcover) ; l. 20 : « parce que vous scavez », comme P (S-M : « pour ce que vous savez »).
–l’auteur de la notice cite également un extrait de la p. 221 du manuscrit ; nous l’avons reproduit supra en note. Le passage se retrouve aux p. 144-145 de l’édition Alcover. Une seule leçon nous paraît digne d’intérêt et elle va dans le même sens d’une plus grande proximité avec P., puisque le manuscrit donne, comme lui, « en s’esclatant de rire », quand S-M donnent « en éclatant de rire » (nous supposons que la forme pronominale était peut-être moins commune vers le milieu du xviie s, et réservée plutôt à s’esclaffer de rire ; un copiste aura alors machinalement corrigé).
2) Davantage que le manuscrit de la Lune, qu’il n’y a sans doute pas lieu de regarder comme plus proche de l’archétype que P ou S, c’est celui de La Mort d’Agrippine – seul manuscrit connu de ce texte, de surcroît fort différent de la version imprimée – qui nous paraît représenter la plus formidable découverte – « découverte », si du moins son nouveau propriétaire accepte de l’exposer au grand jour.
Alain Mothu
543Un nouvel exemplaire
de La Vie et l’Esprit de Spinosa (1719)
Nous avons eu la bonne fortune de découvrir à la Bibliothèque Patrimoniale Hendrik Conscience d’Anvers un nouvel exemplaire de l’édition de 1719 de La Vie et l’Esprit de Spinosa2. Après les exemplaires de Bruxelles et Florence, il s’agit donc du troisième exemplaire imprimé connu de ce texte à avoir échappé à la destruction de l’édition opérée par Prosper Marchand peu de temps après sa publication. Deux manuscrit en sont également connus, conservés à Francfort et à Los Angeles3.
Il se présente sous la forme d’un « convoluut », autrement dit un recueil factice, comportant, avant notre texte, la Réponse sur la dissertation de Mr. de La Monnoye attribuée à Jean Rousset de Missy (1716). Sa nature composite ayant échappé jusque-là échappé aux bibliothécaires, l’ouvrage était enregistré sous le seul titre de la Réponse, ce qui explique pourquoi La Vie et l’Esprit de Spinosa n’avait pas été remarquée.
L’imprimé d’Anvers semble tout à fait identique aux autres exemplaires connus jusqu’ici, à la seule différence que le portrait de Baruch de Spinoza n’y apparaît pas en frontispice. On peut supposer que celui-ci a disparu au bénéfice de la Réponse à la dissertation de Mr. de La Monnoye, qui ouvre le recueil.
Les recherches réalisées jusque-là sur l’histoire de l’exemplaire nouveau, ses marques de possession et la reliure commencent à peine à livrer quelques informations. La reliure date très probablement du début du xviiie siècle4. Elle proviendrait des Pays-Bas du Nord mais l’influence française y est décelable, ce qui semble correspondre au contexte de naissance de l’édition de La Vie et l’Esprit de Spinosa. Selon toute probabilité, cet exemplaire se trouvait en possession d’une personne qui, au 544moment de faire relier les deux textes, connaissait l’histoire de l’ouvrage et les polémiques auxquelles il avait donné lieu. Il aurait ainsi considéré que le texte de la Réponse signalait la parution prochaine de La Vie et l’Esprit de Spinosa, et non pas d’un autre Traité des trois imposteurs, comme l’affirme Françoise Charles-Daubert5.
La Bibliothèque Patrimoniale d’Anvers a acheté ce volume en 1914 lors de la vente des biens d’Alphonse Willems (1839-1912), spécialiste d’Elsevier et érudit bibliophile qui a donc conservé l’ouvrage dans sa bibliothèque à partir de la seconde moitié du xixe siècle. D’autres recherches sont en cours pour essayer de trouver la trace des propriétaires antérieurs et nous ne manquerons pas de publier ici toute nouvelle information qui serait utile à une meilleure description de l’ouvrage6.
Ivan Eysackers
545
Fig. 12 a, b et c – La Vie et l’Esprit de M. de Spinosa,[1719], |
1 L’auteur de la notice cite plus loin un échantillon : « … Quoy, me replique il en s’esclatant de rire vous estimez vostre ame immortelle – privativement a celle des bestes. Sans mantir mon grand amy vostre orgueil est bien insole[n]t et d’ou argumentez vous je vous prie cette immortalité au prejudice de celle des bestes. Seroit ce a cause que nous sommes douez de raisonement et non pas elle[s]. En premier lieu je vous le nie et je vous prouveray quand il vous plaira qu[‘]elles raisonnent comme nous. Mais encor qu[‘]il fut vray que la raison nous eut esté distribué en apanage et qu[‘]elle fut un privilege reservé seulement a nostre espece est-ce a dire pour cela qu[‘]il faille que Dieu enrichisse l[‘]homme de l’immortalité par ce qu[‘]il luy a deja prodigué la raison… » (p. 221 du présent manuscrit ; correspondant aux pages 144-145 dans l’éd. Alcover, Paris, Champion, 2000, rééd. 2004).
2 Bibliothèque Patrimoniale Hendrik Conscience, Hendrik Conscienceplein 4, 2000, Antwerpen (Anvers) : consciencebibliotheek@antwerpen.be.
3 Voir ici Françoise Charles-Daubert, Le Traité des trois imposteurs et l’Esprit de Spinosa. Philosophie clandestine entre 1678 et 1768, Oxford, Voltaire Foundation, 1999, p. 46-48. Les deux manuscrits cités ont été inventés respectivement par F. Charles-Daubert et par M. Jacob.
4 Ces informations m’ont été fournies par M. Van Impe, qui avait au préalable contacté le Professeur Pickwoad à propos de cette reliure.
5 Op. cit., p. 66.
6 Je tiens à remercier M. Van Impe (dép.Ouvrages Anciens et Manuscrits de la Bibliothèque Patrimoniale d’Anvers) et le Prof. Nicholas Pickwoad (UAL) de leur expertise scientifique et leurs conseils.
- Thème CLIL : 3129 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie moderne
- ISBN : 978-2-406-11884-8
- EAN : 9782406118848
- ISSN : 2271-720X
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11884-8.p.0499
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 09/06/2021
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français