Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : La Fronde des Mémoires (1648-1750)
- Pages : 331 à 335
- Collection : Rencontres, n° 395
- Série : Le Siècle classique, n° 11
Résumés
Frédéric Briot, « Les Mémoires du cardinal de Retz. Penser ou hanter la Fronde ? »
Cet article montre que les Mémoires du cardinal de Retz ne peuvent que décevoir si l’on y cherche un regard historique ou une vision politique du moment de la Fronde : ce moment n’est qu’un symptôme d’un dérèglement plus global des essences et des êtres. L’écriture des Mémoires s’apparente ainsi plutôt à une uchronie : bâtir un monde que l’on pourra hanter, hanter un monde que l’on pourra bâtir.
Christiane Pilaud, « L’Apologie du Prince de Marcillac ou la fabrique du frondeur »
L’Apologie du Prince de Marcillac peut être lue comme un document sur la « fabrique » d’un frondeur. Par sa tonalité polémique, elle s’apparente aux mazarinades. Cependant, son écriture virtuose offre un discours complexe qui semble signer l’acte de naissance de l’écrivain.
Philippe Hourcade, « La Fronde dans les Mémoires de la duchesse de Nemours »
Loyaliste, la duchesse de Nemours, dans ses Mémoires, règle ses comptes avec les frondeurs, et en tire même des tableaux burlesques. Le récit prend ici sa place, dominé par une analyse psychologique et morale pénétrante. C’est un morceau d’histoire plutôt qu’une autobiographie.
Jean Garapon, « La Fronde dans les Mémoires de Nicolas Goulas »
Familier de Gaston d’Orléans, historien et mémorialiste, Nicolas Goulas laisse sur la Fronde un témoignage original qui est à la fois un tombeau littéraire de Gaston d’Orléans, et un effort d’élucidation impartiale de cette période troublée.
332Damien Crelier, « Rémanence de la Fronde dans les Mémoires de Saint-Simon »
Quoiqu’il n’en soit pas le contemporain, Saint-Simon (1675-1755) évoque dans ses Mémoires la Fronde de façon précise, récurrente et surtout étonnamment vivante. Le souvenir de cet épisode lui fournit en effet une grammaire interprétative permettant de comprendre certains enjeux décisifs du système de cour louis-quatorzien, aussi bien que les risques consubstantiels à toute période de Régence.
Emmanuèle Lesne-Jaffro, « La prison des princes (1650). Variantes et convergences des récits mémorialistes »
L’épisode de la prison des princes désigne la période qui court de l’arrestation de Condé, de Conti et de M. de Longueville au Palais Royal le 18 janvier 1650 à leur libération le 13 février 1651 au Havre. Il s’agit de décrire les convergences et divergences des relations des mémorialistes contemporains : l’abbé de Choisy, Mme de Motteville, Pierre Lenet, La Rochefoucauld, Retz, le père Rapin, Bussy-Rabutin, Turenne, Jean Vallier, Gourville. Comment restituent-ils la complexité de l’événement, comment élaborent-ils l’historicité de l’épisode ?
Myriam Tsimbidy, « Bléneau dans les Mémoires ou comment saisir une bataille »
Quels sont les enjeux du récit de bataille dans les mémoires de la Fronde ? En examinant les diverses relations du combat de Bléneau (avril 1652), cet article montre dans quelle mesure les récits de La Rochefoucauld, de Retz, de Turenne, de Bussy, de Navailles, de Montglas et de Mlle de Montpensier relèvent d’une représentation de la guerre et d’un « usage de soi ».
Christian Jouhaud, « Écritures de la Fronde. Le collectif et le singulier »
Cette communication porte sur l’articulation du singulier et du collectif dans quatre récits des journées dites des barricades d’août 1648. L’écriture à la première personne engendre-t-elle un type spécifique d’interprétation politique ? Les rapports du je mémorialiste aux différents collectifs évoqués dessinent-ils les contours historiques d’une présence à soi dans l’action ?
333Dinal Ribard, « La Fronde et ses traces, l’histoire dans l’événement »
Les Mémoires de Bussy-Rabutin semblent se prêter au questionnement sur le regard rétrospectif jeté sur l’événement par des acteurs de la Fronde devenus par la suite auteurs de mémoires. Mais ils se prêtent mieux encore à l’analyse de l’action prolongée des écritures de la Fronde dans un écrit bien postérieur.
Sophie Vergnes, « Les Frondeuses et leurs images dans les Mémoires du temps »
Les mémoires donnent deux images de la frondeuse. Celle de l’Amazone est parfois le soubassement d’un discours progressiste sur la capacité des femmes à agir dans la sphère publique, mais elle est contraignante car très codifiée. Celle de l’intrigante permet de valoriser le travail des médiatrices mais elle est aussi lourde de sous-entendus misogynes.
Nadine Kuperty-Tsur, « L’engagement féminin au miroir des mémorialistes et des historiens (xvie-début xviie siècle) »
À la Renaissance, les Amazones envahissent la scène culturelle mais, en dépit de leur présence attestée dans les genres les plus variés, elles n’interviennent pas dans la modélisation des nombreux cas d’engagement féminin relatés dans les mémoires de la première Renaissance et des guerres de religion. Il faut attendre la Fronde (1648-1653) pour voir l’Amazone servir de modèle pour décrire la femme combattante dans les mémoires et histoires de cette époque.
Claire Quaglia, « La figure du jeune Louis XIV dans quelques mémoires de la Fronde »
Figure politique a priori inexistante, vivant dans l’ombre de sa mère et du cardinal Mazarin, le petit Louis XIV est cependant, selon les mémoires, l’objet d’un investissement symbolique considérable : sorte de case vide sur l’échiquier politique, il est le réceptacle de tous les espoirs, mais aussi le lieu de tous les malentendus idéologiques.
334Guillaume Bazière, « Dubuisson-Aubenay ou la rumeur du monde »
Érudit à l’origine du Journal des guerres civiles, Dubuisson-Aubenay développe une écriture prise elle-même dans les tourments de la Fronde. La lecture dévoile un acteur du temps qui se débat avec les bruits et les rumeurs et crée finalement une formidable polyphonie montrant combien la Fronde est un chaos, certes d’armes, mais surtout de discours.
Alain Brunn, « Mémoires et (dés)ordre des discours chez La Rochefoucauld »
Faire mémoire du bruit même de l’histoire : pour La Rochefoucauld, qui retrace la Fronde dans ses premiers livres de mémoires, tel pourrait être l’enjeu de l’écriture. Y apparaît une crise du langage et de l’engagement langagier, à examiner quelques histoires de discours qui y sont rapportés.
Olivier Leplatre, « Le travail de l’image dans les Mémoires de Retz »
La Fronde écrite par Retz est un texte d’images qui se cherchent. Dans un premier élan, il s’agit de réveiller les images passées par le prisme d’une vision de l’Histoire variant sans cesse son point d’accommodation. Mais les acteurs des événements peinent à se stabiliser dans des portraits qui impriment la mémoire, tant leur médiocrité brouille, voire rend impossible la figuration.
Éric Tourrette, « La part du roman dans les Mémoires de La Rochefoucauld »
Le discours critique assimile volontiers les Mémoires de La Rochefoucauld à un roman. De fait, les rebelles aspirent ouvertement au romanesque, dans leurs idéaux comme dans leurs actes. Mais la réalité dure et triviale de la guerre civile a tôt fait de balayer ces illusions et d’imposer, dans la douleur, une lucidité. Ce que disent les Mémoires, c’est bien plutôt l’impossibilité de vivre un roman.
Marc Hersant, « Voltaire, la Fronde, les mémoires. Un double procès »
Voltaire traite avec un égal mépris la Fronde et les mémorialistes, les mémoires étant le lieu d’une pratique myope de l’historiographie, engluée 335dans les intérêts partisans et incapable de prendre de cette hauteur qui, pour le chantre du règne de Louis XIV, caractérise le grand roi, en même temps qu’elle caractérise l’historien qui lui offre à titre posthume le monument du Siècle.
Delphine Mouquin de Garidel, « Écrire pour effacer. Mme de Nemours ou la Fronde désenchantée »
Dans ses Mémoires, la sobre et mordante Mme de Nemours invite le lecteur à mesurer l’inanité de la Fronde. Le récit minimise sans relâche la révolte, ses acteurs et leurs motifs. Non content de les ridiculiser il dévoile, derrière le prétendu héroïsme, les prestiges d’une imagination déréglée.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-08618-5
- EAN : 9782406086185
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08618-5.p.0331
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 18/07/2019
- Langue : Français