Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: La Critique au présent. Émergence du commentaire sur les arts (xvie-xviiie siècles)
- Pages: 361 to 366
- Collection: Encounters, n° 373
- Series: The classical century, n° 10
Résumés
Sara Harvey, « Présents de la critique d’actualité, xvie-xxie siècles »
Les nombreuses interrogations que l’activité critique soulève aujourd’hui, les impensés qu’elle dessine tout autant que le foisonnement qui la caractérise nous convient à reprendre le fil de l’histoire de la critique au moment où elle apparaît comme l’un des importants symptômes de la première modernité culturelle.
Marie-Madeleine Fragonard, « Glissements de lexique, changements de pratiques »
L’utilisation, puis l’évolution même du terme « critique » montre un déplacement des significations des textes latins vers les usages français comme exercice d’une opinion. Cet exercice met en jeu le goût, appliqué aux productions modernes vivantes et concurrentielles : l’art de juger se déplace ainsi vers les non-professionnels de la philologie savante. Mais comment une opinion devient-elle plus crédible qu’une autre, constituant quelqu’un en critique et pratiquant un nouvel « art », la critique, dont l’autorité s’impose entre créateurs et public ?
Delphine Denis, « Manières de critiquer, les fictions allégoriques »
Cet article met en relation les objets du débat critique avec les formes discursives liées à l’allégorie. La concomitance ou l’écart entre l’actualité éditoriale et le choix de tel ou tel mode d’exposition allégorique, ainsi que les effets produits par ces dispositifs de publication se trouveront ainsi au centre de la réflexion. Si ces « manières de critiquer » dépendent de la nature du discours qu’elles soutiennent, elles en infléchissent tout autant le contenu.
362Martial Poirson, « L’allégorie théâtrale, critique en action à l’âge classique »
La comédie agonistique de l’âge classique repose sur une dramaturgie de la comparution. Un tel dispositif fait entrer en scène la Critique, théâtralise la controverse, à travers l’exhibition du jugement critique du public souverain juge, met en abyme le dispositif délibératif propre à la séance théâtrale, en insistant sur ses conditions de production et de réception. La performance emblématique de l’allégorie dramatique met ainsi en crise la représentation théâtrale et constitue la scène en espace public oppositionnel.
Claude La Charité, « La critique d’actualité chez La Croix du Maine et Du Verdier »
La Bibliothèque de La Croix du Maine (1584) et celle de Du Verdier (1585) sont deux répertoires portant sur les auteurs français de toutes les époques, y compris sur des écrivains encore vivants. En retenant l’ancienne distinction entre histoire littéraire, portant sur les écrivains décédés, et critique littéraire, portant sur des contemporains, il s’agit d’étudier le traitement réservé aux uns et aux autres pour voir à quoi pouvait ressembler la critique littéraire d’actualité à la Renaissance.
Nicholas Dion, « De l’actualité littéraire aux traités théoriques, l’élégie française au miroir de La critique de Bérénice »
Le jugement de Villars selon lequel Bérénice, qui paraît quelques semaines après la création de la tragédie de Racine, « n’est qu’un tissu galant de madrigaux et d’élégies » a connu une postérité non négligeable : la recherche s’est encore récemment penchée sur les implications d’un tel brouillage générique. Or, si l’on a pu mesurer la portée de La Critique de Bérénice sur le genre tragique, il convient également de souligner son influence sur le genre élégiaque lui-même, c’est ce que nous proposons dans cet article.
Anna Arzoumanov, « La critique d’actualité a-t-elle tous les droits ? Regards croisés sur la satire et l’autofiction, xviie/xxie siècles »
Cet article fait un parallèle entre deux genres débattus à leur époque parce qu’ils se situent à la frontière entre fait et fiction, la satire ad hominem au xviie siècle et l’autofiction au xxie siècle. L’exemple de ces deux genres 363empruntés à des époques éloignées, montre que face à des textes qui revendiquent un périlleux équilibre entre fait et fiction, c’est finalement souvent en faveur du premier que le lecteur a le désir de pencher.
Marc-André Bernier, « Lire la littérature du temps présent à la lumière des Anciens »
Au xviiie siècle, la critique littéraire recourt en permanence au parallèle historique. À l’occasion de ces parallèles, l’exemple antique confère un sens aux évolutions de la littérature du temps présent en fonction d’un imaginaire critique qui conçoit le passé à l’image des conflits actuels. Au surplus, les différents discours que suscite la littérature du temps présent se forgent au sein d’un imaginaire historique qui invite jusqu’au critique littéraire lui-même à se concevoir à partir de réminiscences antiques.
Claude Bourqui, « La critique d’actualité et le tournant moliéresque »
Le succès fulgurant des comédies de Molière n’est pas seulement dû aux qualités d’humoriste dont il fait preuve. Ce succès trouve son origine également dans un effort inédit d’orienter et de contrôler la réception de l’œuvre théâtrale. En créant buzz et fausses querelles, en exploitant les ressources du scandale, en jouant des effets de surprise que provoque la reconnaissance des réalités familières du public, Molière met au point un nouveau mode de création, qui fait de l’événement de l’œuvre une œuvre elle-même.
Judith Sribnai, « Regarder les étoiles et les livres. Actualités savantes dans la correspondance de Gassendi »
Dans sa correspondance, Gassendi évoque un grand nombre d’ouvrages liés à ses intérêts pour la science. Il y inclut ses propres recherches, dont il fait ainsi la publicité témoignant du fait que l’actualité savante participe de la promotion d’une science expérimentale. La correspondance souligne simultanément les tensions qui traversent une réflexion sur l’actualité. Institutionnelles, épistémologiques et méthodologiques, elles font de l’observateur céleste un homme à la fois inactuel et tout à fait contemporain.
364Sébastien Drouin, « Critique du commentaire et charlatanisme savant au début du xviiie siècle »
La publication du Chef d’œuvre d’un inconnu en 1714 est un phénomène médiatique de dimension européenne et dont l’influence est notable tout au long du xviiie siècle. Cet article envisage la réception de ce texte tant dans la presse imprimée que dans les correspondances de l’époque. La naissance du personnage du « Mathanasius », ce nouvel Aristarque, sera examiné également, alors que sera envisagée la critique du charlatanisme savant dans les deux premières décennies du xviiie siècle.
Marianne Cojannot-Le Blanc, « La presse et le public, Le Brun et le Mercure galant à l’heure de l’achèvement de la Grande Galerie de Versailles »
Les écrits reflétant l’actualité des arts visuels pérennes en France sont peu nombreux au xviie siècle. Il faut attendre la décennie 1680 pour qu’une « critique d’actualité » puisse être évoquée, au sens d’une volonté de diffusion ample ou rapide d’un positionnement critique sur une œuvre récemment achevée, envisageant le lectorat comme un acteur susceptible de modifier la vie artistique. Cet article interroge la position de deux peintres célèbres : Charles Le Brun et Pierre Mignard.
Kim Gladu, « De Boucher à Fontenelle, l’émergence d’un rococo littéraire à la lumière de la critique artistique »
Alors qu’émergent les Salons du Louvre, c’est surtout ce que les historiens de l’art ont identifié comme un courant rococo qui marque le domaine des beaux-arts en France. Toutefois, cette esthétique féminisée fait l’objet de plusieurs critiques qui jugent sévèrement les toiles d’un Boucher, considérées comme symptomatiques d’une ère de décadence mis en parallèle avec le style pastoral de Fontenelle. Ce parallèle permet en effet de mieux cerner ce style poétique qualifié de mondain et de fugitif.
Christian Biet, « Commentaires hétérogènes et co-performances au théâtre. La séance des spectateurs »
La séance de théâtre des xviie et xviiie siècles est un lieu où se rencontre une esthétique dramatique qui concourt à une concentration attentive du 365« spectateur supposé » sur le spectacle, à sa focalisation sur le texte d’un auteur « représenté » par les comédiens ou aux coperformances sociales de la salle et la scène. Celles-ci sont marquées par l’hétérogénéité, par une hiérarchie reconnue et par une certaine liberté, mais aussi par une sorte de désordre esthétique et politique tout à fait créatif.
Lise Michel, « Sur le rapport d’autrui. La critique théâtrale de seconde main vers 1660 (Jean Loret, Marie-Catherine Desjardins) »
La pratique singulière de la relation de spectacle rédigée de seconde main n’est pas rare au xviie siècle, mais elle a été passée sous silence. Le présent article vise à réinscrire ce geste dans le contexte de la critique théâtrale d’actualité telle qu’elle renaît à cette date, pour en comprendre les enjeux et les motivations. Plus qu’une interrogation sur la manière dont les rédacteurs parviendraient à relever ce défi, on posera ici la question des fondements et de la légitimité d’une telle démarche.
Marie-Ange Croft, « Les acteurs de la Comédie-Française, première instance de critique théâtrale (1680-1710) »
Les registres de la Comédie-Française offrent un aperçu de la réception des œuvres dramatiques. Une partie de ces manuscrits, les feuilles d’assemblées, positionnent les comédiens comme la première véritable instance de réception théâtrale. L’auteur, en leur faisant la lecture de sa pièce, se soumet à leur jugement et à leur décision de représenter ou non son œuvre. Prenant comme focale les années 1680 et 1710, l’étude porte sur le rôle joué par les Comédiens-Français dans la genèse des textes dramaturgiques.
Tiphaine Karsenti, « Entre commentaire, pamphlet et critique d’art, le discours sur le théâtre dans les paratextes dramatiques en France au xvie siècle »
Les paratextes dramatiques qui accompagnent la publication des comédies et tragédies françaises développent un discours spécifique sur le théâtre. Ce discours déploie trois types de critique : laudative, visant l’autolégitimation ; normative, vérifiant la conformité des formes avec les lois du genre ; de goût et inductive, partant des effets de la pièce sur le public pour en déduire des principes de construction. L’importance accordée à la réception du spectateur amène à formuler l’exigence d’une formation du goût et du public.
366Christophe Cave, « La critique d’actualité dans la presse du xviiie siècle »
Cet article explore les fonctionnements critiques de la presse à partir de périodiques tels que le Mercure de France, L’Année littéraire et les Mémoires secrets, contemporains du Journal de Paris. Les processus de sélection, d’évaluation, de scénographie de l’information culturelle ainsi que la capacité structurelle du périodique à relier l’événement et l’archive sont envisagés. L’autonomie du champ de la critique littéraire dans son rapport à l’idéologie et au politique est une question également abordée.
Florence Filippi, « L’actrice, personnage public ou masque de l’actualité ? L’exemple des Mémoires d’Hyppolite Clairon (1798) et Louise Fusil (1841) »
La vogue littéraire des traités du jeu à la fin du xviiie siècle contribue à instituer le modèle d’un discours critique sur l’acteur. En marge de cette littérature savante, les secrets de la performance théâtrale circulent aussi au travers d’une littérature de l’intime. Les mémoires d’actrices représentent un fonds à explorer au sein de cette littérature du for privé : ils révèlent les masques que l’autrice doit adopter pour autoriser son discours, et donner son point de vue sur l’actualité et le monde contemporain.
Mathilde Barraband, Bertrand Gervais et Hervé Guay, « Les “présents” de la critique d’actualité xviie-xxie siècles. Table ronde du 17 juin 2015 »
Il s’agit de la retranscription de la table ronde du 17 juin 2015 conviant trois spécialistes – Mathilde Barraband, Bertrand Gervais et Hervé Guay – pour discuter de la critique d’actualité. Cette table ronde a pour objectif de répondre à ce qui semble être un impératif d’actualité : entamer un dialogue sur les sens et les potentialités de la critique au présent dans les domaines des lettres, des arts du spectacle et, plus largement, des sciences humaines et sociales.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-07986-6
- EAN: 9782406079866
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-07986-6.p.0361
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 12-27-2018
- Language: French