A lo illustrissimo et eccellentissimo signore il signore Cosimo de Medici / Au très illustre et très excellent seigneur Côme de Médicis Duca di Firenze / Duc de Florence
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : La Circé
- Pages : 62 à 65
- Collection : Textes de la Renaissance, n° 198
- Série : Perspectives européennes, n° 1
a lo illustrissimo
et eccellentissimo signore
IL SIGNORE COSIMO DE’ MEDICI
Duca di Firenze
Infra tutte le cose che si ritruovano in questo universo, virtuosissimo e benignissimo Principe, solamente l’uomo par che possa eleggersi per se stesso uno stato e uno fine a modo suo, e, camminando per quel sentiero che maggiormente gli aggrada, guidare più tosto secondo lo arbitrio della propria volontà, che secondo la inclinazion della natura, come più gli piace, liberamente la vita sua. Con ciò sia cosa che, se si considera diligentemente la natura delle cose, a tutte le specie di quelle sono stati constituiti e assegnati con inviolabil legge da chi è cagion del tutto alcuni termini, fuor de’ quali non è lor lecito il trapassare in modo alcuno, mutando in megliore o peggior sorte quello essere che fu da principio concesso loro. Dove in potestà de l’uomo è stato liberamente posto il potersi eleggere quel modo nel quale più gli piace vivere, e, quasi come un nuovo Prometeo, trasformarsi in tutto quello che egli vuole, prendendo, a guisa di Cameleonte, il color di tutte quelle cose a le quali egli più si avvicina con l’affetto; e finalmente, farsi o terreno o divino; e a quello stato trapassare che alla elezione de il libero voler suo piacerà più. Laonde chiaramente si vede che, mentre che gli uomini, o per lor rea sorte o per lor mala elezione, vivon tutti intenti e occupati nelle cose del mondo, tenendo sempre fissi gli occhi in questi obbietti sensibili, senza mai punto levargli al Cielo, la sorte loro è poco migliore di quella delle fiere, anzi diventono quasi simili a gli altri animali che mancano al tutto della ragione; e che quando, espeditisi il più che posson da quelle, ritornano a le lor vere e proprie operazioni, inalzandosi da le cose basse e terrene a le alte e divine, che diventano, condotti a la vera perfezione loro, simili a que’ bene avventurati spiriti,
au très illustre
et très excellent
seigneur CÔME DE MÉDICIS
Duc de Florence
Parmi toutes les créatures de cet univers, Prince très vertueux et bienveillant, il semble que seul l’homme ait la possibilité de choisir lui-même son état et sa fin comme il l’entend, et, cheminant sur le sentier qui lui agrée le plus, de mener librement sa vie comme il lui plaît, préférant la guider lui-même selon ses propres choix que laisser la nature le diriger. En effet, si l’on considère avec attention la nature des choses, on remarque qu’à toutes les espèces ont été assignées et fixées selon une loi inviolable par celui qui est à l’origine de tout des limites qu’il ne leur est absolument pas permis de franchir pour changer en mieux ou en pire l’être qui leur a été accordé au départ, alors qu’a été accordé à l’homme le pouvoir de librement choisir le mode de vie qui lui plaît le plus, de se transformer, tel un nouveau Prométhée1, en tout ce qu’il veut, prenant, comme le Caméléon, la couleur de ce qu’il affectionne le plus, et enfin de devenir terrestre ou divin et d’achever sa vie dans la condition sur laquelle se portera le choix de sa libre volonté. C’est pourquoi on voit clairement que si les hommes, victimes d’un sort funeste ou guidés par un mauvais choix, vivent entièrement pris par les choses du monde, tenant toujours les yeux fixés sur ces objets sensibles sans jamais les lever vers le Ciel, leur condition n’est guère meilleure que celle des bêtes sauvages ; mieux, ils deviennent quasiment semblables aux animaux qui sont totalement privés de raison. Mais quand, s’étant libérés autant qu’ils le peuvent des choses du monde, ils reviennent aux opérations qui sont vraiment dignes d’eux et se détachent des choses basses et terrestres pour s’élever vers celles qui sont hautes et divines, ils sont portés à leur vraie perfection et deviennent semblables aux esprits bienheureux2
che, fuor di questo mondo corruttibile, vivon nella contemplazion delle cose divine felicissima e beatissima la vita loro.
Questo è quello che io cerco, Illustrissimo e Eccellentissimo Principe, per giovare il più che io posso a gli altri, come è proprio e vero officio de l’uomo, seguendo l’orme del dotissimo Plutarco, di dimostrare il meglio che io ho saputo in questi miei presenti Dialogi. E perché, così come gli uomini sono naturalmente obligati di rendere onore a Iddio non solamente con l’animo e con le parole, ma con qualche segno esteriore, offerendogli delle più care e più preziose cose che egli hanno, così ancora debbono, in quel modo che e’ sanno e posson migliore, onorare sempre i loro Principi, per esser quegli, come disse il medesimo Plutarco, i veri simulacri e le vere immagini d’Iddio, con ciò sia cosa che e’ tenghino quel grado ne gli stati loro, che tiene Iddio ottimo e grandissimo nello universo: io, e per natura e per elezione servidor di vostra Eccellenza Illustrissima, conoscendo quanto, e naturalmente e per i benefizii ricevuti da Quella, son tenuto di onorarla sempre, e desiderando, non potendo farlo in quel modo che io vorrei, dimostrarle almanco la prontezza dell’animo mio, ho preso ardire di presentarle queste, tali quali elle si sieno, piccole fatiche mie, pregando umilmente Quella che, così come ancora esso Iddio, per grandissimo che egli sia, non ispreza mai dono alcuno, benché minimo e di poco valore, pur che da puro e sincero animo offerto gli sia, la Eccellenza vostra non disprezi similmente adesso questo mio piccolissimo dono, avvenga che, se bene è delle migliori e più care cose ch’io abbia, apparisca senza dubbio troppo debole e povero rispetto a la grandezza e a i meriti di Quella.
Prego adunque finalmente Quella che, ricompensando ogni mancamento con la bontà della mia voglia, benignamente lo riceva: certa che io non desidero cosa alcuna più che, come è mio debito (essendo io suo fidelissimo e devotissimo servidore), di servirla e di onorarla sempre.
Di Fiorenza.
Addì primo di marzo. 1548.
Giovanbatista Gelli
qui, hors de ce monde corruptible, vivent dans la contemplation des choses divines et connaissent une vie pleinement heureuse.
C’est ce que je cherche à démontrer du mieux que je le peux, Excellent et très Illustre Prince, par les présents Dialogues, dans le sillage du très savant Plutarque, afin d’être aussi utile que possible aux autres, car tel est le véritable office de l’homme. De même que les hommes sont naturellement obligés d’honorer Dieu non seulement en pensée et en paroles mais aussi par quelque signe extérieur, en lui offrant leurs biens les plus chers et les plus précieux, de même ils doivent, du mieux qu’ils le peuvent, toujours honorer leurs Princes car ceux-ci sont, comme le dit Plutarque lui-même, de véritables simulacres, de vraies images de Dieu puisqu’ils occupent dans leurs États le même rang que Dieu très bon et très grand dans l’univers. C’est pourquoi, serviteur par nature et par élection de votre Excellence Illustrissime, sachant combien, et naturellement et pour les bienfaits dont Vous m’avez gratifié, je suis tenu de Vous honorer toujours, et désirant, faute de pouvoir le faire comme je le voudrais, Vous montrer au moins la sollicitude de mon cœur, j’ose Vous présenter tels quels ces humbles fruits de mon labeur. De même que Dieu, pour grand qu’il soit, ne méprise jamais aucun don, si petit et modeste soit-il, quand on le lui offre avec un cœur pur et sincère, je prie humblement Votre Excellence de ne pas mépriser ce si petit présent : il est ce que j’ai de meilleur et de plus cher, même s’il apparaîtra sans doute bien faible et pauvre, eu égard à Votre grandeur et à Vos mérites.
Je Vous prie de bien vouloir l’accepter avec bienveillance, dans l’espoir que ma bonne volonté puisse compenser ses faiblesses. Soyez assuré que, comme me le dicte mon devoir, étant Votre très fidèle et très dévoué serviteur, je ne désire rien d’autre que toujours Vous servir et Vous honorer.
Florence, le premier mars 15483.
Giovan Battista Gelli
- Thème CLIL : 3439 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moderne (<1799)
- ISBN : 978-2-8124-3871-4
- EAN : 9782812438714
- ISSN : 2105-2360
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3871-4.p.0062
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 18/09/2015
- Langues : Italien, Français