Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : L’Homme entier. Conceptions anthropologiques classiques et contemporaines
- Pages : 337 à 340
- Collection : Constitution de la modernité, n° 7
Résumés
Romana Bassi, « La nature humaine, objet d’une science autonome dans l’Advancement of learning »
Francis Bacon est partisan d’une émancipation et d’une autonomisation du domaine qui étudie la nature humaine, tant dans l’Advancement of Learning (1605) que dans le De Augmentis Scientiarum (1623). Il détecte l’aspect particulier de la nature humaine en tant que lien commun entre corps et esprit, et recherche comment l’un influe sur l’autre. Cette enquête soulève le problème de la continuité entre natures humaine et physique, tout en exposant la différence radicale de la latitude de la nature humaine.
Sandra Manzi-Manzi, « Enfance et nature humaine chez Spinoza »
Le projet spinoziste de réforme théologique implique une réforme radicale sur le plan anthropologique. Baruch Spinoza a rejeté la croyance en un individu se maîtrisant lui-même, capable d’agir rationnellement et librement. Sa notion d’enfance et sa reformulation du mythe adamique ne sont qu’une manière d’interpréter la nature et les limites de l’action humaine. Ce faisant, il a établi que les hommes sont une partie de la nature et que, comme tels, ils ne peuvent être conçus sans les autres individus.
Pierre Girard, « “Un monde des hommes qui serait composé de lignes, de nombres et de signes algébriques”. Science et nature humaine chez Vico »
La pensée de Giambattista Vico tente de prolonger l’effort cartésien au-delà des limites indiquées par René Descartes lui-même. Vico dénonce constamment les fictions cartésiennes, qui ne sont rendues possibles qu’au prix d’une réduction arbitraire de l’épaisseur de la nature humaine. Toute son entreprise consiste à suivre ce double réquisit : affronter la nature humaine dans toute sa complexité historique mais aussi doter sa 338science nouvelle de nouveaux moyens épistémologiques à même de la saisir pleinement.
Matteo Favaretti Camposampiero, « De l’automate à l’homme entier. Anthropologie et médecine chez Wolff et Hanov »
L’article explore les connexions entre le système de Christian Wolff et la naissance de l’anthropologie philosophique. Le début montre comment Wolff conçoit le statut disciplinaire de l’anthropologie et l’influence de ce dernier sur l’école de Halle en médecine philosophique. La fin de l’article se concentre sur le traité d’anthropologie générale signé par Michael Christoph Hanov (1768) et sur la tension entre l’inspiration wolffienne qu’il professe et sa position holiste quant à l’union de l’âme et du corps.
Beatrice Centi, « Raison et sentiment, impulsions et forces dans la conception de l’homme chez Kant »
Via les leçons de psychologie et la Métaphysique des mœurs, l’article retrace la conception unitaire de l’homme chez Emmanuel Kant. Déterminé par les lois de la nature, l’homme est capable de choisir entre des comportements divers. Il est capable également d’accomplir des actions requérant réflexion et évaluation non déterminées par la nature. Kant développe ainsi une ample analytique morale où se découvre une capacité supplémentaire, la déterminabilité à travers la raison, qui fait de l’homme une personne.
Olivier Agard, « L’anthropologie philosophique de Schiller dans les Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme (1795) et sa reprise par Helmuth Plessner dans Grenzen der Gemeinschaft (1924) »
Après avoir montré que les Lettres sur l’éducation esthétique de l’Homme (1794) de Friedrich von Schiller élaborent une anthropologie du Ganzer Mensch autour de la notion de jeu (Spiel), qui se veut une alternative à une certaine forme de rationalisme et à sa conception de la liberté, l’article montre qu’on peut comprendre la démarche de Helmuth Plessner dans Grenzen der Gemeinschaft (1924) comme une actualisation critique de cet héritage schillérien, dans le contexte de la République de Weimar.
339David Wittmann, « “L’homme entier” chez Hegel ou la dialectique de la provenance et de la destination »
Georg Wilhelm Friedrich Hegel développe de manière propre la tension de tout projet qui considère l’homme en son entier : l’opposition entre la nature et la norme. Contre une interprétation spiritualiste, l’article resitue la dialectique entre provenance naturelle (naturalisme) et destination spirituelle (normativisme). Celle-ci éclaire le sens de la construction de l’Idée de l’esprit, ou de l’homme en son entier : c’est un parcours génétique par lequel l’esprit acquiert tout à la fois sa tenue et son contenu.
Jean-François Goubet, « “Car l’homme entier n’est pas qu’une simple âme !” Anthropologie et pédagogie chez Johann Friedrich Herbart »
L’homme entier est l’objet d’étude de disciplines diverses, la physiologie et la psychologie (individuelle, mais aussi collective). L’anthropologie ne va pas de soi chez Johann Friedrich Herbart, elle apparaît plutôt comme une psychologie compliquée de physiologie. Ce statut retentit également sur la pédagogie générale, qui intègre surtout les phénomènes corporels au titre d’obstacles, et qui laisse largement subsister en dehors de soi une Sonderpädagogik – ce qui interroge sur la généralité qu’elle proclame.
Charlotte Morel, « Nature et sens. L’“homme entier” du Mikrokosmos de Lotze »
Avant Mikrokosmos (1856-1864), Rudolf Hermann Lotze aborde de façon récurrente l’articulation psychophysique comme problème scientifique et philosophique. Mikrokosmos ne se réduit plus à cette approche : l’homme n’est entier que lorsque sa nature double s’adjoint un horizon de significations. En ce sens l’anthropologie psychophysique n’est plus séparable d’une anthropologie culturelle, ce qui est aussi une façon de donner une nouvelle expression au principe métaphysique d’un idéal-réalisme.
Faustino Fabbianelli, « Philosophie de la praxis et conception de l’homme chez Antonio Labriola »
La philosophie de l’histoire d’Antonio Labriola esquisse une image non fragmentée de l’homme, image qu’il entend opposer à des conceptions de nature idéologique et abstraite attribuées à la philosophie classique allemande. 340Il s’agit de voir dans quelle mesure le matérialisme historique qu’il ébauche, matérialisme articulé autour de la notion de praxis, permet de dépasser une approche partielle de l’homme et autorise le développement d’une conception organique, c’est-à-dire holistique, de l’humanité.
Anna Donise, « L’“homme entier” et l’“homme scindé”. Un parcours phénoménologique »
Cet article examine d’abord la psychopathologie de Karl Jaspers. Certaines formes de maladie mentale expliquent qu’il soit possible de parler d’un homme entier et d’un homme scindé. La séparation des fonctions psychophysiques est la condition pathologique d’une possible crise de l’identité psychophysique. Toutefois, si l’on utilise des outils venus de l’analyse schélérienne de la dimension émotionnelle, la simple opposition entre entier et scindé n’est pas seulement simpliste mais absolument fausse.
Simona Bertolini, « Anthropologies phénoménologiques. Réflexions sur le développement de la perspective husserlienne »
Même si Edmund Husserl reconnaît que la composante naturelle de l’homme joue un rôle essentiel dans la constitution de l’expérience, il soutient aussi qu’une tendance latente à raisonner oriente cette composante, dans la mesure où la libre réalisation de la raison représente un telos authentique de l’humanité. Contrairement à lui, d’autres phénoménologues (Fink, Patočka et Merleau-Ponty) refusent la suprématie de la rationalité, soulignant ainsi la valeur intrinsèque du fondement naturel humain.
Wolf Feuerhahn, « “Der ganze Mensch” (l’homme entier). Enjeux politiques et académiques d’un mot d’ordre anthropologique »
Der ganze Mensch est une expression ancienne qui connaît un usage croissant depuis le début du xxe siècle. L’objectif de cet article est double : d’un point de vue thématique, tenter de reconstituer la variation du sens qu’on lui attribue depuis les années 1920 ; d’un point de vue méthodique, faire quelques propositions en vue d’une sémantique historique. Ce mot d’ordre académique, chargé de connotations politiques, trouve sa justification dans ce qu’il dénonce : le dualisme âme/corps notamment.
- Thème CLIL : 4127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie éthique et politique
- ISBN : 978-2-406-07067-2
- EAN : 9782406070672
- ISSN : 2494-7407
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07067-2.p.0337
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 06/10/2017
- Langue : Français