Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : L’Histoire en questions. Mélanges en l’honneur de Mario Turchetti
- Pages : 275 à 279
- Collection : Rencontres, n° 338
Résumés
Lucien Bély, « La diplomatie comme facteur de reconstruction politique après la guerre civile en France. Le temps d’Henri IV »
Cette étude présente la reconstruction diplomatique au temps d’Henri IV. D’un côté, les épreuves des guerres de religion ont affecté l’appareil diplomatique du royaume de France : quels sont les changements en matière de recrutement, de pratiques, de méthodes, d’idées et de principes au temps d’Henri IV ? D’un autre côté, les guerres civiles ont conduit à un effacement de la France comme acteur sur le théâtre européen : le premier roi Bourbon a-t-il dessiné une politique de grande puissance en Europe ?
Bernard Bourdin, « Histoire des idées et philosophie politique. Enjeu méthodologique pour une interprétation de la genèse de la modernité politique »
Aussi différentes soient-elles dans leur méthode, l’histoire des idées politiques et la philosophie politique sont nécessaire l’une à l’autre pour l’analyse de la genèse de la modernité politique. Cette synergie sera vérifiée dans les pensées de Marcel Gauchet et de Hans Blumenberg à un moment clé de l’histoire des idées, celui de l’avènement paradoxal de l’autonomie du pouvoir politique avec la doctrine du droit divin des rois de Jacques Ier d’Angleterre au tournant des xvie et xviie siècles.
Gilbert Casasus, « L’Italie et la construction européenne. Analyses et réflexions »
La dernière ligne de l’article consacré à l’Italie et la construction européenne résume parfaitement l’esprit dans lequel il fut rédigé. Avec pour phrase de conclusion « que l’on cesse alors de maltraiter une Italie qui a, ne faut-il pas l’oublier, donné le nom de sa capitale aux traités qui ont fait l’Europe », l’auteur souligne l’importance de la contribution italienne à l’histoire d’une intégration européenne à laquelle ce pays demeure, malgré quelques vicissitudes, profondément attaché.
276Olivier Christin, « Avoir les Indes à la maison. Les voyages de la Vierge d’Arauco »
La petite chapelle de Posat (Fribourg, Suisse), a accumulé plusieurs représentations de la Vierge pour faire de ce modeste pèlerinage, une collection de tous les grands pèlerinages du monde. Parmi ces représentations : une Vierge à la fois typique des projets de la Compagnie de Jésus et atypique par son origine et son histoire : la Vierge de Arauco. Les fidèles fribourgeois pouvaient accomplir des pèlerinages spirituels spectaculaires sans sortir de leur canton.
Girolamo Cotroneo, « Tra etica e politica. Un primato in discussione »
Cette contribution traite un des points les plus délicats de la philosophie politique en Europe : le rapport entre éthique et politique. L’auteur aborde ce thème à son origine chez Nicolas Machiavel, dont les idées sont encore l’objet de discussions. Dans la première partie l’étude reprend certains thèmes qui ont été au centre de débats au niveau européen, de Friedrich Meinecke à Francesco de Sanctis, à Pasquale Villari, pour aboutir à une ample analyse de l’interprétation de Benedetto Croce qui a déterminé, par la médiation de ces deux termes, l’instrument logique utile à la résolution du problème.
Denis Crouzet, « La rupture de l’unité de foi dans le royaume de France du xvie siècle. Modélisation d’un contre-paradigme ? »
Le royaume France, dans le paradigme historiographique de la confessionnalisation, est un cas à part par rapport à ce qui a été systématisé pour le Saint-Empire : le pouvoir perçoit son impuissance à réguler la mécanique mise en marche. Il se fait alors l’acteur d’un dispositif de déconfessionnalisation. Il cherche à défaire le processus de construction confessionnelle dont il porte la responsabilité de la genèse, à travers différentes interventions iréniques dont les édits de pacification.
Alain Dufour, « On ne prête qu’aux riches. Sur quelques textes attribués à Théodore de Bèze »
L’article examine sept brochures du temps des Guerres de religion, que tel ou tel répertoire ou catalogue a attribuées à Théodore de Bèze. Il donne les raisons pour lesquelles ces attributions lui semblent hasardeuses ou peu 277convaincantes. « On ne prête qu’aux riches », dit le proverbe. Aussi Bèze, théologien, poète, polémiste et historien, auteur du Droit des Magistrats, a pu passer pour l’auteur de ces pamphlets, alors que ce ne peut guère être le cas.
Germana Ernst, « “Sapiens dignificabit suam speciem”. Natura e politica in Tommaso Campanella »
Dès le commencement de son itinéraire philosophique, Campanella place au centre de son investigation une recherche innovante de la nature et une nouvelle doctrine politique, deux authentiques lignes de force de sa pensée. En utilisant diverses formes stylistiques, des aphorismes au dialogue, la réflexion politique de Campanella s’articule tout au long de son expérience intellectuelle et, en général, de sa vie, ayant comme objectif celui de reconstruire une monarchie universelle chrétienne visant à réunifier l’ensemble des chrétiens.
Franco Giacone, « La source du passage “au Gibelin j’estois Guelphe, au Guelphe Gibelin : Quelqu’un de mes Poetes dict bien cela, mais je ne sçay où c’est” »
Montaigne, dans son Livre III des Essais, chapitre xii (1585-1588), livre cette célèbre formule : « au Gibelin j’estois Guelphe, au Guelphe Gibelin : Quelqu’un de mes Poetes dict bien cela, mais je ne sçay où c’est ». Que signifie cette allusion aux Guelphes et aux Gibelins ? Quel est ensuite ce poète favori dont le nom échappe à Montaigne ? L’article mène à la découverte de la source de ce passage où Montaigne, face à la gravité des guerres de religion, cherche à emprunter une voie nouvelle.
Jean-Daniel Morerod, « Faveur et défaveur d’une source. Le destin historiographique de “pour punir les Uranais de la discorde qu’ils avaient suscitée” (1293) »
Le destin des documents connaît toutes sortes de figures, dont l’amenuisement, ici celui d’un texte de 1293, remontant à la période ancienne de l’histoire suisse, celle du pacte de 1291. Un officier Habsbourg a bloqué le Gothard « du fait de la discorde suscitée par les hommes de la vallée d’Uri », puis cède aux pressions de Milan. Au gré de l’évolution historiographique, ce texte a signifié l’entrée en guerre des Suisses contre les Autrichiens vers 1900, l’entente de Milan et des Habsbourg vers 2000…
278Riccardo Rosolino, « Riequilibrare lo scambio, salvare la comunità. Monopolio e resistenza fra teologia e diritto (secc. XVI-XVII) »
En Europe, entre les xvie et xviie siècles, certains théologiens ont avancé l’hypothèse qu’il était juste de s’opposer à un monopole par un autre monopole. Cette infraction criminelle impliquait toute forme de corruption sur le marché. C’était un péché et un crime. Pourtant, l’idée de la légitimité d’une défense et d’une mesure de protection contre ces pratiques immorales et illégales comme les monopoles fit son chemin. Seulement de cette façon, il était possible d’éviter une si grave menace pour le commerce, et lui redonner l’élan souhaité. L’application du droit de résistance au monde du droit commercial, en passant par les élaborations théologiques, trace un parcours sinueux et surprenant.
Luisa Simonutti, « Paradigme de la modernité. De la tolérance à l’empathie »
L’histoire du concept de tolérance a été comparée à des projets iréniques et utopiques et ne s’est pas limitée à la liberté intérieure des consciences. Les moyens d’assimilation et de conformité, dans l’expérience historique des xviie et xviiie siècles et ainsi que dans l’expérience politique internationale contemporaine, ont montré leur inefficacité et requièrent l’expérimentation d’un concept plus complexe de tolérance des nouveaux modèles sociaux fondés sur l’empathie comme un processus cognitif ou d’altérité.
Michaela Valente, « …per la conservatione della commune & christiana pace… Per una storia di obbedienza, alto tradimento ed eresia nell’Inghilterra elisabettiana »
Cette étude analyse la récupération de la notion de trahison dans l’Angleterre des Tudor dans le but de poursuivre les catholiques anglais considérés coupables non d’hérésie, mais de trahison au souverain par le respect observé envers une dignité étrangère : le Pape. Un débat s’ouvrit auquel participèrent le puissant Lord Cecil pour réfuter les idées du Cardinal William Allen.
Yves Charles Zarka, « L’ennemi selon Hobbes »
Cette étude met en évidence les déterminations par lesquelles Hobbes définit l’ennemi. L’État a pour fonction de créer un contexte de sécurité et de 279certitude qui empêche les individus de retomber dans la guerre civile, mais cette rechute est toujours possible. L’ennemi réel ou potentiel reste donc une figure qui hante la politique. Mais celle-ci définit l’art de surmonter l’hostilité, sinon de l’éradiquer. Si la politique a un sens pour Hobbes, c’est dans la mesure où elle peut mettre un terme à la guerre.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-07247-8
- EAN : 9782406072478
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07247-8.p.0275
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 22/05/2018
- Langue : Français