Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : L’Évêque contesté. Les résistances à l’autorité épiscopale des Pays-Bas à l’Italie du Nord
- Pages : 243 à 246
- Collection : Rencontres, n° 557
- Série : Histoire religieuse, n° 5
Résumés
Anne Wagner, Hérold Pettiau et Frédéric Meyer, « Introduction »
L’étude d’une telle problématique sur une période aussi longue, du xe au xviie siècle adoptée par le projet Lodocat nécessite d’être balisée même sommairement. Les contributions, réunies en quatre parties thématiques et chronologiques, s’interrogent sur la représentation de l’autorité épiscopale au niveau local et la compétition entre différents modèles d’action épiscopale.
John S. Ott, « Erasing Bad Memories. Fashioning the Reputation of Manasses I, Archbishop of Reims (c. 1069-1080) »
La mauvaise réputation de Manassès Ier, archevêque de Reims (c. 1069-1080), déposé par Grégoire VII, est connue. Sa mémoire posthume, orchestrée par Guibert de Nogent et Hugues de Flavigny, est à l’origine de l’image du mauvais évêque à laquelle les historiens ont généralement souscrit. Plusieurs publics sont possibles et sensibles au scandale, ce qui ne doit impliquer que cette mauvaise réputation existait du vivant de l’archevêque, qui avait des partisans et chercha à se défendre.
Nicolas Ruffini-Ronzani, « Les Gesta Galcheri episcopi Cameracensis. Écrire l’histoire des évêques de Cambrai en temps de crise grégorienne (début xiie siècle) »
Dans le diocèse de Cambrai-Arras, le moment grégorien constitue un temps de crise, les débats autour de l’autonomie du diocèse d’Arras débouchant sur une guerre civile. L’écriture du passé devient alors un enjeu majeur. La présente contribution est consacrée aux Gesta Galcheri, une œuvre polémique composée dans le premier quart du xiie siècle dans les milieux impériaux cambrésiens. On analyse les stratégies littéraires à l’œuvre dans ce récit et la manière dont il réécrit les évènements.
244Anne Wagner, « L’évêque de Toul face aux critiques (ixe-xiiie siècles) »
Le cas toulois est analysé à travers des textes d’origine épiscopale ou monastique pour définir ce qui fait la mauvaise réputation d’un prélat auprès des moines et tenter de distinguer un changement entre le xie siècle, quand les reproches concernaient les interventions intempestives des évêques et le xiie siècle par le développement d’un idéal du prélat partagé par des moines hostiles à l’interventionnisme épiscopal et aux engagements séculiers voire pro impériaux des évêques d’empire.
Esther Dehoux, « “Cils bastons que tu tiens en ta main senestre senefie II choses : vengance et misericorde”. La crosse, attribut du pasteur et support de la critique (xiie-milieu xvie siècle) »
Chansons de geste, romans, chroniques, dits, farces, fabliaux, récits allégoriques, passions ou encore vies de saints évoquent discrètement l’attribut de l’évêque par excellence qu’est la crosse. Cependant les mentions de la crosse permettent d’y voir l’attribut du pasteur, puis l’objet que l’on analyse et commente pour définir le ministère du prélat, enfin celui auquel on fait référence pour critiquer l’institution et dénoncer le mauvais exercice de la fonction épiscopale.
Michel Margue, « La formation de l’image de l’évêque indigne entre dominations locale et globale. Renaud de Bar, évêque de Metz (1302-1316), Clément V, Henri VII, Metz et les comtes de Bar »
Vers 1300, Renaud de Bar, évêque de Metz, apparaît dans les sources messines comme seigneur avide de pouvoir et évêque indigne. La formation de son image négative est bien documentée à travers les plaintes soumises à la papauté. Elles proviennent du clergé séculier et régulier qui ont réuni en plusieurs étapes un dossier de « diffamation » pour convaincre Clément V d’ouvrir une enquête. La réaction modérée du pape s’explique par le contexte « international », entre papauté, France et Empire.
245Émilie Rosenblieh, « La figure de l’évêque indigne dans le procès épiscopal d’Utrecht (1423-1448) »
La construction judiciaire de l’indignité épiscopale est abordée par le biais du conflit suscité à Utrecht de 1423 à la fin des années 1440 par la tension entre deux modes de désignation de l’évêque : l’élection par les chanoines et la provision par le pape. Elle s’exprima fortement dans cette zone de contact politique marquée par les divisions de l’Église latine lors du Grand Schisme d’Occident puis de la contestation conciliaire de la monarchie pontificale qui promut l’élection des évêques.
Christine Barralis, « Le modèle du prince-évêque est-il soluble dans la réforme de l’Église au xve siècle ? L’exemple des archevêques de Trèves »
Quelle image des archevêques de Trèves du xve siècle est-elle construite dans les Gesta Treverorum, compilation officielle des vitae des prélats ? Il est surtout reproché aux archevêques d’être parfois de mauvais princes, c’est-à-dire de mauvais gestionnaires, voire des tyrans restreignant les « libertés » de leur clergé. L’implication spirituelle et pastorale n’est qu’un critère secondaire de jugement, qui peut valoriser les prélats ou être passé sous silence pour conforter une image négative.
Frédéric Meyer, « L’impopularité de l’évêque réformateur du xviie siècle était-elle inévitable ? »
L’impopularité des évêques de la Réforme catholique auprès des populations est un phénomène qui peut mener à des affrontements violents aux raisons multiples : de conflits d’autorité liés au pouvoir temporel des évêques à la déstabilisation de fidèles par une action pastorale novatrice. En résultent des désacralisations d’évêques pour lesquels la souffrance et l’adversité devenaient une marque de leur mission divine. L’impopularité devint partie intégrante d’un nouveau modèle de sainteté.
Julien Léonard, « Samuel Des Marets, un pasteur de Maastricht contre le prince-évêque de Liège. La Chandelle mise sous le boisseau par le clergé romain (1634) »
La guerre de Trente Ans (1618-1648) et ses répercussions dans les Pays-Bas espagnols et les Provinces-Unies, font de la ville de Maastricht, en marge de la 246Dorsale catholique, un observatoire privilégié de phénomènes dont le rôle de l’évêque dans la controverse entre catholiques et réformés néerlandophones et francophones. On analysera les écrits polémiques du pasteur Samuel Des Marets (1599-1673) dont La Chandelle mise sous le boisseau par le clergé romain (1634).
Paolo Cozzo, « Les énigmes d’un évêque contesté. L’épiscopat controversé de Pietro Secondo Radicati (1701-1728), entre diocèse de Casale, curie romaine et cour de Savoie »
Ancien militaire, doté d’une clientèle et d’une implantation familiale importante dans son diocèse, Pietro Secondo Radicati, évêque de Casale Monferrato entre 1701 et 1728 apparaît comme représentant d’un type épiscopal pré-tridentin. Son action a été interprétée en termes de résistance d’un parti curial à la « politique de la religion » savoisienne. L’application de cette dernière, facilitée par la signature d’un concordat avec le Pape, le poussera à quitter le diocèse, intégré à la Savoie.
Steffen Patzold, « L’évêque contesté. Conclusions »
La problématique abordée par ce volume revêt une actualité particulière du point de vue allemand : récemment, plusieurs prélats ont été l’objet de critiques, que ce soit en raison d’un train de vie jugé excessif ou de fautes graves dans le contexte des abus sexuels perpétués par des prêtres au sein de l’Église. Les critiques se font jour à des moments de changements dans l’Église et la société, voire de conflits, à tous niveaux, du plus local du diocèse à celui, universel, de l’Église.
- Thème CLIL : 4046 -- RELIGION -- Christianisme -- Théologie
- ISBN : 978-2-406-13358-2
- EAN : 9782406133582
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-13358-2.p.0243
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 18/01/2023
- Langue : Français