Aller au contenu

Classiques Garnier

Résumés

243

Résumés

Anne Wagner, Hérold Pettiau et Frédéric Meyer, « Introduction »

Létude dune telle problématique sur une période aussi longue, du xe au xviie siècle adoptée par le projet Lodocat nécessite dêtre balisée même sommairement. Les contributions, réunies en quatre parties thématiques et chronologiques, sinterrogent sur la représentation de lautorité épiscopale au niveau local et la compétition entre différents modèles daction épiscopale.

John S. Ott, « Erasing Bad Memories. Fashioning the Reputation of Manasses I, Archbishop of Reims (c. 1069-1080) »

La mauvaise réputation de Manassès Ier, archevêque de Reims (c. 1069-1080), déposé par Grégoire VII, est connue. Sa mémoire posthume, orchestrée par Guibert de Nogent et Hugues de Flavigny, est à lorigine de limage du mauvais évêque à laquelle les historiens ont généralement souscrit. Plusieurs publics sont possibles et sensibles au scandale, ce qui ne doit impliquer que cette mauvaise réputation existait du vivant de larchevêque, qui avait des partisans et chercha à se défendre.

Nicolas Ruffini-Ronzani, « Les Gesta Galcheri episcopi Cameracensis. Écrire lhistoire des évêques de Cambrai en temps de crise grégorienne (début xiie siècle) »

Dans le diocèse de Cambrai-Arras, le moment grégorien constitue un temps de crise, les débats autour de lautonomie du diocèse dArras débouchant sur une guerre civile. Lécriture du passé devient alors un enjeu majeur. La présente contribution est consacrée aux Gesta Galcheri, une œuvre polémique composée dans le premier quart du xiie siècle dans les milieux impériaux cambrésiens. On analyse les stratégies littéraires à lœuvre dans ce récit et la manière dont il réécrit les évènements.

244

Anne Wagner, « Lévêque de Toul face aux critiques (ixe-xiiie siècles) »

Le cas toulois est analysé à travers des textes dorigine épiscopale ou monastique pour définir ce qui fait la mauvaise réputation dun prélat auprès des moines et tenter de distinguer un changement entre le xie siècle, quand les reproches concernaient les interventions intempestives des évêques et le xiie siècle par le développement dun idéal du prélat partagé par des moines hostiles à linterventionnisme épiscopal et aux engagements séculiers voire pro impériaux des évêques dempire.

Esther Dehoux, « “Cils bastons que tu tiens en ta main senestre senefie II choses : vengance et misericorde”. La crosse, attribut du pasteur et support de la critique (xiie-milieu xvie siècle) »

Chansons de geste, romans, chroniques, dits, farces, fabliaux, récits allégoriques, passions ou encore vies de saints évoquent discrètement lattribut de lévêque par excellence quest la crosse. Cependant les mentions de la crosse permettent dy voir lattribut du pasteur, puis lobjet que lon analyse et commente pour définir le ministère du prélat, enfin celui auquel on fait référence pour critiquer linstitution et dénoncer le mauvais exercice de la fonction épiscopale.

Michel Margue, « La formation de limage de lévêque indigne entre dominations locale et globale. Renaud de Bar, évêque de Metz (1302-1316), Clément V, Henri VII, Metz et les comtes de Bar »

Vers 1300, Renaud de Bar, évêque de Metz, apparaît dans les sources messines comme seigneur avide de pouvoir et évêque indigne. La formation de son image négative est bien documentée à travers les plaintes soumises à la papauté. Elles proviennent du clergé séculier et régulier qui ont réuni en plusieurs étapes un dossier de « diffamation » pour convaincre Clément V douvrir une enquête. La réaction modérée du pape sexplique par le contexte « international », entre papauté, France et Empire.

245

Émilie Rosenblieh, « La figure de lévêque indigne dans le procès épiscopal dUtrecht (1423-1448) »

La construction judiciaire de lindignité épiscopale est abordée par le biais du conflit suscité à Utrecht de 1423 à la fin des années 1440 par la tension entre deux modes de désignation de lévêque : lélection par les chanoines et la provision par le pape. Elle sexprima fortement dans cette zone de contact politique marquée par les divisions de lÉglise latine lors du Grand Schisme dOccident puis de la contestation conciliaire de la monarchie pontificale qui promut lélection des évêques.

Christine Barralis, « Le modèle du prince-évêque est-il soluble dans la réforme de lÉglise au xve siècle ? Lexemple des archevêques de Trèves »

Quelle image des archevêques de Trèves du xve siècle est-elle construite dans les Gesta Treverorum, compilation officielle des vitae des prélats ? Il est surtout reproché aux archevêques dêtre parfois de mauvais princes, cest-à-dire de mauvais gestionnaires, voire des tyrans restreignant les « libertés » de leur clergé. Limplication spirituelle et pastorale nest quun critère secondaire de jugement, qui peut valoriser les prélats ou être passé sous silence pour conforter une image négative.

Frédéric Meyer, « Limpopularité de lévêque réformateur du xviie siècle était-elle inévitable ? »

Limpopularité des évêques de la Réforme catholique auprès des populations est un phénomène qui peut mener à des affrontements violents aux raisons multiples : de conflits dautorité liés au pouvoir temporel des évêques à la déstabilisation de fidèles par une action pastorale novatrice. En résultent des désacralisations dévêques pour lesquels la souffrance et ladversité devenaient une marque de leur mission divine. Limpopularité devint partie intégrante dun nouveau modèle de sainteté.

Julien Léonard, « Samuel Des Marets, un pasteur de Maastricht contre le prince-évêque de Liège. La Chandelle mise sous le boisseau par le clergé romain (1634) »

La guerre de Trente Ans (1618-1648) et ses répercussions dans les Pays-Bas espagnols et les Provinces-Unies, font de la ville de Maastricht, en marge de la 246Dorsale catholique, un observatoire privilégié de phénomènes dont le rôle de lévêque dans la controverse entre catholiques et réformés néerlandophones et francophones. On analysera les écrits polémiques du pasteur Samuel Des Marets (1599-1673) dont La Chandelle mise sous le boisseau par le clergé romain (1634).

Paolo Cozzo, « Les énigmes dun évêque contesté. Lépiscopat controversé de Pietro Secondo Radicati (1701-1728), entre diocèse de Casale, curie romaine et cour de Savoie »

Ancien militaire, doté dune clientèle et dune implantation familiale importante dans son diocèse, Pietro Secondo Radicati, évêque de Casale Monferrato entre 1701 et 1728 apparaît comme représentant dun type épiscopal pré-tridentin. Son action a été interprétée en termes de résistance dun parti curial à la « politique de la religion » savoisienne. Lapplication de cette dernière, facilitée par la signature dun concordat avec le Pape, le poussera à quitter le diocèse, intégré à la Savoie.

Steffen Patzold, « Lévêque contesté. Conclusions »

La problématique abordée par ce volume revêt une actualité particulière du point de vue allemand : récemment, plusieurs prélats ont été lobjet de critiques, que ce soit en raison dun train de vie jugé excessif ou de fautes graves dans le contexte des abus sexuels perpétués par des prêtres au sein de lÉglise. Les critiques se font jour à des moments de changements dans lÉglise et la société, voire de conflits, à tous niveaux, du plus local du diocèse à celui, universel, de lÉglise.