Annexe n° 10 Programme du Congrès d’Amsterdam, Monde, 20 août 1932

Annexe no 10

Programme du Congrès d’Amsterdam,
Monde, 20 août 1932

Le Congrès contre la guerre

Le Congrès mondial contre la guerre aura lieu à Amsterdam les 27, 28 et 29 août.

La journée qui suivra immédiatement le Congrès, celle du 30 août, sera consacrée à une série de conférences particulières destinées à permettre aux délégués internationaux de se mettre en contact par affinités de tâche ou d’activité professionnelle (Conférences des Femmes, des Médecins, des Paysans, des Ouvriers d’industrie, des Écrivains, des Anciens Combattants, etc.)

La séance d’ouverture du Congrès aura lieu le samedi 27, à 10 heures du matin.

Un grand nombre de personnalités du Comité International y assisteront. Plusieurs d’entre elles, notamment Maxime Gorki, Mme Sun-Yat-Sen, y prendront la parole.

Il n’est pas possible de fixer en détail, dès maintenant, l’ordre du jour, car il est nécessaire de centraliser pour cela les propositions des 24 Comités Nationaux, les rapports concernant toutes les grandes questions se rattachant aux dangers actuels de guerre : situation politique, armements, etc. devant être faits par des personnalités appartenant à des nationalités diverses. Mme Sun-Yat-Sen notamment rapportera sur la situation en Extrême-Orient.

Dans ses grandes lignes, l’ordre de travail du Congrès sera le suivant :

27 août – Matin :

–Discours d’ouverture (Henri Barbusse)

–Réunion des Commissions (Commission des mandats, Commission financière, Commission des résolutions) ;

–Allocutions ;

–Adresses ;

27 août – Après-midi :

–Présentation des rapports

28 août – Matin et après-midi :

–Discussion des rapports.

28 août – Matin :

–Organisation d’un Comité International d’Action contre la Guerre et de Comités Permanents Nationaux annexes.

29 août – Après-midi :

–Résolutions ;

–Clôture.

Le Comité National français est ainsi constitué :

Henri Barbusse, Gaston Bergery, Félicien Challaye, Armand Charpentier, Eugène Dabit, Mme Dispan de Floran (Section de la Ligue des Droits de l’Homme), Mme Duchêne (Section Française de la Ligue des femmes pour la Paix et la Liberté), Roger Fracq (Cercle de la Russie Neuve), Augustin Hamon, Guy Jerram (A.R.A.C.), Francis Jourdain, Bernard Lecache (Ligue contre l’Antisémitisme), Paul-Louis, Victor Margueritte, Léon Moussinac (Association des Ecrivains et Artistes Révolutionnaires), Onat (S.O.I.), Renaud Jean (Confédération Générale des Paysans Travailleurs), Jacques Robertfrance (Europe), Romain Rolland, Mme de Saint-Prix, Serret (Section Française de l’Internationale des Travailleurs de l’Enseignement), Paul Vaillant-Couturier, Léon Werth (Monde), un représentant du Syndicat Autonome des Fonctionnaires, un représentant des Groupes Plans, un représentant des Anciens Combattants Pacifistes, un représentant de la Fédération Nationale des A.C.

Il y aura, au Congrès, plusieurs catégories de délégués, qui se répartiront de la façon suivante :

1o Les délégués des assemblées d’usines, assemblées publiques d’habitants, conférences locales, etc.

2o Les délégués des organisations de toutes catégories désignés en principe par les assemblées de ces organisations (y compris les organisations syndicales et politiques locales) ;

3o Personnalités personnifiant par leur œuvre publique la lutte active contre la guerre impérialiste.

En outre, sont admis au titre de délégués consultatifs toutes les personnes dont les adhésions ont été reçues par le Comité d’Initiative et validées par le Congrès.

Le droit de participation au Congrès est fixé à 20 francs français par délégué.

UN DERNIER APPEL

Voici le dernier appel que lance le Comité International d’Initiative :

La date du Congrès contre la guerre Impérialiste approche. Quelques semaines à peine nous en séparent.

Cette manifestation sera beaucoup plus grandiose encore que ses initiateurs ne l’avaient pensé.

Sa préparation a créé dans le monde entier une agitation profonde, puis un mouvement énorme et irrésistible qui, depuis le premier jour, a été s’élargissant et fait maintenant comme une grande marée.

Cette ample et puissante mobilisation de volontés a dominé les divergences de partis et a emporté dans son élan créateur toutes les tentatives de désintégration et les intrigues des sectaires et des politiciens pour qui la cause de la paix passe au second plan.

Notre Congrès sera le plus grand de tous les Congrès tenus jusqu’ici, pour le nombre des personnes qui y ont adhéré individuellement et collectivement.

Ce sera aussi l’un des plus grands, pour sa signification et sa portée sociale.

L’agitation qu’il a suscitée est d’ordre historique. On a vu, pour la première fois, des foules appartenant à toutes affiliations politiques se lever 438pour agir ensemble, pour manifester leur volonté unie de combattre les menaces internationales de guerre par les seuls moyens susceptibles de les refouler, pour défendre non les intérêts d’une cause politique ou les intérêts d’une catégorie sociale particulière, mais les intérêts de tous les hommes, pour entrer, de toutes parts et de front, dans la tragédie même des temps contemporains, pour marcher ensemble vers le redressement des destinées de la société humaine.

On a vu qu’il était possible de réaliser l’unité des travailleurs sur certains points vitaux.

On a commencé à réaliser cette unité.

Puisqu’on est allé jusque-là, on peut aller plus loin encore et attirer dans ce mouvement social des éléments encore flottants et inconscients, en les conjurant de venir vers ceux qui, écartant tous les charlatans de la paix, prétendent montrer les vraies causes de la guerre, et les seuls remèdes dont on puisse parler loyalement : les remèdes pratiques, effectifs.

Les générations actuelles doivent savoir, d’un bout à l’autre, que cette maladie mortelle de la guerre impérialiste dont elles sont contaminées, elles peuvent s’en débarrasser si elles le veulent ensemble.

C’est pourquoi nous adressons un nouvel et suprême appel à tous, pour élargir et renforcer encore, au-dessus des partis, le front unique des travailleurs manuels et intellectuels contre le plus immédiat et le plus tragique des fléaux.

Le Comité International d’Initiative, face à l’envergure émouvante du mouvement et de l’unité qu’il a créés, affirme une fois de plus sa décision d’unifier la lutte de toutes les forces désormais dressées contre un second carnage mondial susceptible d’entraîner la ruine des civilisations présentes.

Que ceux qui ne sont pas venus encore viennent ! Qu’aucune organisation, qu’aucune association défendant dans son programme la cause des masses ou la cause de la paix, ne demeure en arrière ! Qu’aucun homme ou femme de bonne volonté ne se dérobe ! Que tous, s’élevant au-dessus de toute considération secondaire, s’unissent à ceux qui se sont déjà unis en nombre formidable, organisent à la hâte des Comités de propagande, adhèrent à ceux qui existent déjà, provoquent des réunions et des assemblées pour nommer des délégués au vaste Congrès qui se prépare !

HENRI BARBUSSE