Établissement du texte français
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : L’Élève de rhétorique
- Pages : 41 à 45
- Collection : L'Univers rhétorique, n° 10
Établissement
du texte français
Principes d’édition
Nous nous appuyons sur la traduction qu’Henri Ferté1 a procurée en 18922. Cette traduction est partielle : Ferté a omis toute la partie VI du Candidatus, et de façon générale il se dispense des séries d’exemples que donne Jouvancy. Là où le texte latin du Candidatus compte environ 370 000 signes (espaces comprises), la traduction Ferté en a 242 000, et notre traduction intégrale, 472 000 (soit 242 000 de Ferté et 230 000 de notre fait). Ferté a donc donné une version du Candidatus raccourcie de la moitié, laquelle correspond plutôt, sur le fond, à un retour au Candidatus de Pomey, puisqu’il supprime à peu près tous les ajouts de Jouvancy à Pomey.
Dans les passages omis par Ferté et que nous traduisons, nous suivons en général sa règle pour les majuscules, en régularisant son hésitation entre sénat et Sénat. Nous conservons les majuscules de Jouvancy pour les termes rhétoriques, ainsi qu’une poignée d’autres : « le Sénat » ; « le Juge suprême » pour Dieu ; Clodius « avait consacré l’emplacement à la Liberté ». Mais nous n’écrivons pas par exemple « les Discours » (de Cicéron) ou « la Théologie », là où Jouvancy a écrit Orationes ou Theologia.
42Nous précisons souvent la traduction Ferté par le simple ajout, entre crochets droits, du ou des mots latins d’origine. Par exemple :
–« Les Opposés[adversa] » (p. 77) : la précision s’impose, car opposés pourrait rendre opposita ;
–« les conseils [consilia] de la vieillesse » (p. 117) : c’est-à-dire conseils dans son sens en français classique, « décisions » (nous donnons cette précision en note).
À côté de ces rectifications mineures, nous intervenons plus lourdement dans les cas où le faux sens produit une erreur par trop gênante. Nous donnons alors la traduction Ferté en note et la remplaçons, au texte, par la nôtre. Nous procédons de même lorsque Ferté tombe dans le contresens, ou en vient à être très loin du texte latin, ou encore le modifie à son idée : sa traduction est alors donnée en note.
Modifier Ferté s’impose tout particulièrement dans le cas spécifique des « auto-plagiats » de Jouvancy : en ce cas, ce n’est même plus du contresens, mais un autre sens, correspondant à un autre texte. En effet, dans le chapitre II, 5 de son Candidatus rhetoricae, Jouvancy recopie d’affilée plusieurs pages d’un de ses ouvrages antérieurs, le De ratione discendi et docendi. Ferté a bien repéré ce réemploi, d’autant que lui-même a traduit le De ratione avant de traduire le Candidatus rhetoricae.Du coup, il a repris en bloc sa propre traduction des pages du De ratione. Mais il n’a pas remarqué, ou voulu remarquer, que Jouvancy dans le détail avait remanié son texte d’origine.
De même, toujours dans ce chapitre (II, 5), Ferté conserve la répartition du texte selon les subdivisions du chapitre dans le De ratione. Or, Jouvancy a modifié également cette répartition : tel paragraphe qu’il avait mis au début de l’article 2 du De ratione se retrouve désormais à la fin de l’article 1 du Candidatus.Nous rétablissons, dans la traduction française, la place des paragraphes du texte latin du Candidatus, changement qui n’est pas toujours signalé dans nos notes. De façon plus générale, nous ne signalons pas d’autres modifications mineures de la traduction Ferté (ajouts de guillemets, changement de ponctuation, regroupement ou à l’inverse dégroupement de paragraphes, etc.).
Pour revenir à l’« auto-plagiat » de Jouvancy, on remarquera que celui-ci applique alors la même procédure qu’à tous les textes qu’il réutilise. Qu’il reprenne Pomey, Pelletier ou lui-même, il suit globalement 43le texte d’origine mais ne se prive pas, dans le détail, de modifier tel ou tel point. En d’autres termes, en recopiant il relit d’un œil critique. Nous signalons toutes ces modifications.
Signes employés
Nous introduisons trois sortes de signes.
Les deux premiers sont les mêmes que pour le texte latin : les crochets droits [ ] ; les signes ouvrants et fermants et . Nous utilisons aussi des chevrons < >.
Les crochets droits encadrent tantôt des mots latins en italiques, tantôt des termes français. Dans le premier cas, ils signalent que nous introduisons les termes latins qu’emploie Jouvancy, soit pour préciser une notion, soit pour signaler que la traduction de Ferté est plus ou moins loin du texte original. Quand ils entourent des mots français, sans italiques, il s’agit d’un cas spécifique aux chapitres sur la chrie et la sentence. Nous introduisons alors, sous forme d’intertitres, les huit parties que comprend chacun de ces exercices préparatoires : [1. Éloge], [2. Paraphrase], etc. jusqu’à [8. Épilogue]. Le détail de ces parties était signalé dans le Candidatus de Pomey, que suit ici Jouvancy mais sans reprendre ces indications.
Les signes et permettent de repérer le cas très spécifique des « auto-plagiats » de Jouvancy, aux chapitres I, 5 et II, 5.
Enfin, les chevrons < > signalent l’insertion par nous-mêmes des nombreux passages omis par Ferté. À l’intérieur de ces chevrons, la traduction est donc de nous.
Abréviations utilisées dans les notes
Notre annotation est inédite. Nous reprenons aussi les rares notes de Ferté, en les identifiant chaque fois comme telles. Pour les citations en français d’ouvrages anciens, nous modernisons les graphies mais conservons 44majuscules et ponctuation. Pour les citations en latin, nous respectons le parti-pris de chaque édition citée en ce qui concerne l’usage des i ou j, u ou v.
Les renvois aux livre et chapitre d’un ouvrage cité se font toujours sous la forme « III, 8 » : livre III, chapitre 8 (même si, dans l’édition citée, ce chapitre est numéroté en romain, « caput VIII »). Nous nous autorisons aussi des formules synthétiques comme « le chapitre II, 5 » ou « l’épigramme I, 36 », pour dire : le chapitre 5 du livre II ; la trente-sixième épigramme du livre I. Pour les grands classiques grecs ou latins, Plutarque, Sophocle, Cicéron, Martial, Horace, etc., nous y renvoyons par un simple « C. U. F. » ou « dans l’éd. C. U. F. » (Collection des Universités de France), sans indiquer ni l’année d’édition ni le traducteur.
Renvois abrégés
aux discours de Cicéron
Comme les Jésuites de son époque, et comme d’ailleurs l’usage actuel, Jouvancy n’indique que le numéro des « paragraphes » (en chiffres arabes), et jamais le numéro des « chapitres » (en chiffres romains dans les éditions actuelles de Cicéron). La forme régulière de ses références est « pro Mil. num. 78. » ou « pro Plancio, num. 14. », où num. signifie « numéro3 ». Dans la traduction française, nous rendons par « Pour Milon, § 78 » ou « Pour Plancius, § 14 ». Dans nos notes, nous écrivons en abrégé « Mil. 78 » ou « Planc. 14 ».
Les titres abrégés que nous proposons sont adaptés autant que possible aux titres mêmes que donne Jouvancy. Un cas particulier est celui d’un même titre pour plusieurs discours : il y a quatre Catilinaires (Cat. I, Cat. II, etc.), quatorze Philippiques (Phil. I, Phil. II, etc.), mais aussi trois discours Sur la loi agraire (Agr. I, Agr. II, Agr. III). Jouvancy écrit tantôt Phil. II et tantôt II. Phil., ou encore « 2. Philippica ». Dans la traduction française, nous rendons par « deuxième Philippique », et dans nos notes par « Phil. II ». Un renvoi complet en note sera donc sous la forme « Phil. II, 64 », avec le chiffre romain en italiques : deuxième Philippique, paragraphe 64.
45Un cas encore plus spécifique est celui des discours contre Verrès, ou « Verrines ». Jouvancy en compte sept, comme il le résume lui-même (p. 409) ; Du Cygne fait de même dans son Analysis en 1661. L’autre logique est celle des abréviations actuelles, mais aussi de Mérouville en 1684 (voir dans la Bibliographie, p. 674-675, à ces noms). La logique actuelle dégage trois sous-ensembles distincts : un procès préliminaire ; le premier procès (plus exactement, la première « action » en justice) ; le second procès. Soit :
Selon Jouvancy |
Ordre actuel |
|
Procès préliminaire |
Verr. 1 (ou Divinatio) |
Caecil. (Contre Caecilius) |
Premier procès |
Verr. 2 |
Verr. prim. (Premier procès contre Verrès) |
Second procès |
Verr. 3 |
Verr. I |
Verr. 4 |
Verr. II |
|
Verr. 5 |
Verr. III |
|
Verr. 6 |
Verr. IV |
|
Verr. 7 |
Verr. V |
Comme Jouvancy renvoie très peu au discours du premier procès, nous réservons le titre de Contre Verrès pour les seuls discours du second procès. Pour éviter toute confusion, dans la traduction française, nous mettons en italiques le chiffre romain. « Contre Verrès, V, § 106 » et, dans nos notes, « Verr. V, 106 » : renvoi au cinquième et dernier discours du second procès. En fait de confusion, il faut surtout bien distinguer le « Contre Verrès, I » (Verr. I) du Premier procès contre Verrès (Verr. prim.).
Enfin, on notera que le paragraphage, c’est-à-dire le découpage des œuvres de Cicéron en paragraphes, est précisément issu du monde jésuite, pour les besoins de sa classe de rhétorique : le collège de Tournon, en 1588. Le chapitrage ou capitulation, c’est-à-dire le découpage en chapitres, date quant à lui de 1618 et est le fait de Janus Grüter (Jan de Gruytere, 1560-1627), donc à l’intérieur du Saint Empire romain germanique. En général, un « chapitre » a pour longueur trois ou quatre « paragraphes ». Mais pareil vocabulaire prête à confusion : ces deux découpages continus sont tout à fait indépendants. Cela nous justifie de n’indiquer que les numéros de paragraphes.
1 1821-1903. En 1892, outre Jouvancy (L’Élève de rhétorique et De la Manière d’apprendre et d’enseigner), Ferté publie chez Hachette sa traduction de la Ratio studiorum des Jésuites : Programme et règlement des études de la Société de Jésus, comprenant les modifications apportées en 1832 par la Congrégation générale. Traduction littérale du Ratio atque institutio studiorum Societatis Jesu. – Les Jésuites disaient « le » Ratio et non pas « la » Ratio, considérant que c’est « le livre / le manuel nommé Ratio ».
2 Jouvancy, L’Élève de rhétorique, traduction française Henri Ferté, Paris, Hachette, 1892, dans l’exemplaire de la Bibliothèque Universitaire de Grenoble, que nous remercions vivement pour la numérisation : http://bibnum-stendhal.upmf-grenoble.fr/items/show/116.
3 Cf. (p. 360) : « num. seu. §. 7. », littéralement « numéro ou si l’on préfère § 7 ».
- Thème CLIL : 3154 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage -- Stylistique et analyse du discours, esthétique
- ISBN : 978-2-406-09132-5
- EAN : 9782406091325
- ISSN : 2271-703X
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09132-5.p.0041
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 20/01/2020
- Langue : Français