Repères biographiques
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Jean-Claude Pirotte
- Pages : 197 à 202
- Collection : Écrivains francophones d’aujourd’hui, n° 4
Repères biographiques
La vie, voilà la fiction.
Une adolescence en Gueldre.
1939 |
Naissance à Namur, la ville où naquit Michaux et où Baudelaire fut frappé d’aphasie, un 20 octobre. C’est aussi un 20 octobre que naquit Rimbaud : « je naquis au bord de Meuse / et très vite je devins / un commerçant abyssin » (La vallée de Misère). Enfance à Gembloux, dans la Belgique occupée. |
1945 |
« J’ai consumé mon enfance au fond d’une province du Nord, en lisant Dickens et Sans famille. » Enfance passée dans les livres : « C’est par les livres, et dans les livres, que j’aurai vécu. On me l’a bien reproché. À commencer par ma mère, qu’en conséquence j’ai de bonne heure renoncé à fréquenter. » (Rue des Remberges). Premiers poèmes. Premiers dessins. Premières aquarelles. Séjour sur les rives de la mer du Nord, dans l’Eifel, dans l’Oberland bernois. |
1951 |
Relations difficiles avec ses parents, particulièrement avec son père : « J’ai détesté mon père, je l’ai fui, et sa disparition ne m’a pas rapproché de lui » (La légende des petits matins). Fugues au Danemark et en Hollande où il rencontre la famille Prins, à Ede, qui le recueille (Une adolescence en Gueldre) : « Je me souviens de la bibliothèque de Monsieur Prins. C’était la maison tout entière tapissée de livres (…). Ma bibliothèque est toujours là-bas, enfouie dans le sable et la bruyère mauve d’un automne interminable. » (Cavale). Vie partagée entre la Belgique et la Hollande. Il fréquente à Deventer le gymnasium et découvre Mondrian, Nicolas de Staël. De nombreuses lectures toujours. Découverte de l’œuvre de Dhôtel. |
1956 |
Découverte de la Bourgogne, autre « lieu » essentiel de l’œuvre de Pirotte (Mont Afrique). Etudes de Lettres, rapidement abandonnées puis de droit. Lecture de Trakl. Voyages nombreux, à Tanger, à Lisbonne. De longs séjours dans le Tyrol autrichien, en Bourgogne et à Florence sur les pas de Barnabooth. |
1960 |
De retour en Belgique, Pirotte, président du mouvement révolutionnaire Jeune Wallonie, participe à des grèves et à des émeutes insurrectionnelles en Wallonie. Président du mouvement révolutionnaire Jeune Wallonie. Un temps surveillé par la police, il se réfugie en France. |
1962 |
Premier mariage, qui ne dure pas. Naissance de Geneviève. |
1963 |
Publie un premier livre de poèmes, Goût de cendre, chez G. Thone à Liège. Prix Franz de Wever. |
1964 |
Docteur en droit, Pirotte s’inscrit au Barreau et ouvre un cabinet d’avocat à Namur : « Avocat, j’avais cessé de peindre et presque d’écrire. Je gagnais ma vie, comme on dit. Je la perdais, en dépit d’une vocation de plaideur qui satisfait ma sympathie pour les déclassés, mon sens de la procédure et de la chicane, ma vanité sans doute aussi. » (Cavale). |
1965 |
Publie son second livre de poèmes, Contrée, toujours chez G. Thone à Liège. |
1968 |
Second mariage. Naissance d’Emmanuelle. |
1969 |
Publie chez G. Thone à Liège D’un mourant paysage. |
1975 |
Pirotte est inculpé pour « avoir favorisé la tentative d’évasion d’un détenu » : « Il s’agissait d’une fine lame de scie, de scie à découper, que j’aurais fait passer à ce détenu. J’aurais avoué, si cela avait été le cas. Cette lame, je ne l’avais jamais vue, évidemment. C’était facile, peu de temps après, dix-sept détenus se sont évadés de la même prison. Mais un détenu, je ne le fais pas évader, je le tire d’affaire. C’est une histoire folle, dérisoire. » (« La cavale du dipsomane »). Pirotte est condamné à dix-huit |
mois de prison ferme. Il sera radié du Barreau en 1976. Pirotte, qui a toujours nié les faits, décide de se soustraire à l’exécution de la peine. Commence alors cette vie de « cavale » si souvent évoquée dans ses récits et dans ses poèmes. Il mène une existence clandestine et aventureuse, souvent précaire et désargentée, qui le conduit à sillonner ces « lieux » où s’enracine profondément son imaginaire (Val d’Aoste, Catalogne, Bourgogne, Périgord, Suisse, Rethel, la Haute-Marne et tous les vignobles aimés) : « Ma condamnation fut une chance miraculeuse. (…) De nouveau, je me trouvais dans l’obligation de conquérir et de protéger ma liberté (…) Dans la misère et l’insécurité de la cavale, la littérature, la peinture, la musique, et la vigilante tendresse de Claire, qui de si loin m’apportait, où que je sois, sa présence furtive mais éblouissante, m’ont rendu à la vérité. À la paresse. Au vagabondage. Active, la paresse (j’ai cité tant de fois Perros : “Je ne travaille pas, je suis travaillé”). Productif, le vagabondage. La vie en somme, sans quoi l’art serait lettre morte. » (Cavale) |
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1976 |
Exposition d’aquarelles à la Maison de la Culture de Namur. Les œuvres seront saisies par la Justice. |
1981 |
Péremption de sa peine. Pirotte se réinstalle à Namur pour quelques temps. D’abord brocanteur, puis juriste à Infor-Jeunes. Début de son amitié avec André Dhôtel et Jacques Borel. Publie Journal moche (chronique) chez Luneau-Ascot à Paris, livre pour lequel l’hebdomadaire français Arts lui décerne le Prix anticonformiste. |
1982 |
Publie La pluie à Rethel (roman), toujours chez Luneau-Ascot à Paris. |
1984 |
Publie Fond de cale (roman) à Paris, aux éditions Le Sycomore. Participe aux « Rencontres » des écrivains belges organisées par la Maison de la Culture de Charleroi. |
1985 |
« Chroniqueur-échanson » à la RTBF. Ses chroniques, dédiées « vineusement » à son ami et médecin namurois Jean-Pierre Sondag, seront rassemblées dans Les contes bleus du vin. |
1986 |
Pirotte séjourne à Strasbourg et Lorient, puis s’installe à Angoulême (Rue des Remberges). Des voyages (Cincinnati, Istanbul). Il participe au Québec au « Congrès littéraire international » consacré à la « tentation de l’autobiographie ». Un été dans la combe obtient le Prix Roussel. |
1987 |
Collaborations épisodiques à France Culture. |
1992 |
Suicide, à l’été 1992, de sa fille Geneviève : « J’ignore pourquoi, cher Antonio, j’ai pensé que la femme qui écoute le long monologue frémissant et désabusé du narrateur du Cul de Judas aurait pu être ma file aînée. Non, tu ne sais pas, je ne t’ai pas dit qu’elle s’était suicidée voici des semaines, mais elle ne se serait pas suicidée (comment ne pas la sentir vivre encore en moi, muette et obscure ?), elle aurait vieilli, pas trop, elle avait déjà vingt-huit ans quand elle est morte, elle aurait comme l’écouteuse du récit gardé le silence dans ce bar, et les légères pattes-d’oie qui prolongent ses paupières et les fines rides à la commissure des lèvres auraient animé son visage un peu chiffonné, un peu rêveur, bizarrement attentif et indifférent à la fois. » (« Une lettre à Antonio Lobo Antunes », Plis perdus). |
1993 |
Grand Pris de poésie du Mont-Saint-Michel (ancien nom du Grand Prix international de poésie Guillevic) remis lors des Rencontres poétiques internationales de Bretagne. |
1994 |
Exposition à la galerie Intérieur (Angoulême). Prix du livre en Poitou-Charentes pour Plis perdus. |
1995 |
Séjour au Portugal, d’abord à Lisbonne (sur les traces de Jacques Chardonne), puis à Saõ-Martinho do Porto. |
1996 |
Pirotte revient en France et s’installe dans le Quercy. Premières atteintes de la maladie : ablation d’un rein touché par une tumeur maligne. Prix littéraire de la ville de Tournai pour Plis perdus. Prix Alexandre-Vialatte pour Un voyage en automne. |
1997 |
Voyages et reportages en compagnie de Claude Andrzejewski (Lisbonne, Bordelais, Barcelone, Bratislava). |
1998 |
Installation dans l’Aude, à Montolieu puis à Aragon. Création de l’association Lire en Cabardès avec les vignerons de l’AOC Cabardès. Exposition à la galerie Imbert (Paris). |
1999 |
Prix de l’Association des écrivains de langue française (ADELF) pour l’ensemble de son œuvre. |
2001 |
Prix Marguerite Duras pour Autres arpents. Exposition à la Médiathèque de La Riche (Charleville-Mézières). |
2002 |
Prix Valéry Larbaud pour Ange Vincent. « Nocturnes et petites pièces », exposition à l’Université d’Amiens dans le cadre du colloque « André Dhôtel : une aventure du roman ». |
2003 |
Vie entre la Montagne noire audoise et le vignoble jurassien (Arbois). Création de la collection Lettres du Cabardès aux éditions Le Temps qu’il fait. |
2004 |
Médaille d’argent du Prix François Coppée décerné par l’Académie française pour La boîte à musique. |
2006 |
Prix des Deux Magots et Prix Marcel Aymé pour Une adolescence en Gueldre. « Le noir et le rouge » : expositions à Paris, Tours, Grenoble, Ferney-Voltaire, Charleville-Mézières, Saint-Malo. Illustration de nombreux ouvrages, de couvertures, de livres d’artistes. Création aux éditions de la Table Ronde de la collection L’usage des jours. |
2007 |
Vie partagée entre le Revermont et les polders du Nord. Poursuit son travail d’éditeur, édite et réédite les œuvres majeures de Raymond Dumay et d’André Dhôtel. |
2008 |
Prix Kowalski pour Passage des ombres. Début de ses chroniques de poésie (« Journal d’un poète ») dans le magazine Lire. |
2009 |
Prix Maurice Carême pour Revermont. Prix de poésie Louis Montalte. Prix de la SGDL pour l’ensemble de son œuvre à l’occasion de la parution de Le promenoir magique et autres poèmes (1953-2003. Graves problèmes de santé. Obligé de subir une opération chirurgicale très handicapante. Déménage d’Arbois pour Bonfol, dans le Jura suisse. |
2011 |
Prix Apollinaire pour Cette âme perdue et Autres séjours. Prix Marcel-Thiry et Prix Pierre Mac Orlan (décembre 2011). |
2012 |
Jean-Claude Pirotte reçoit en juin le Grand Prix de poésie de l’Académie française et en décembre le Prix Goncourt de la poésie pour l’ensemble de son œuvre. |
2013 |
Se retire à Namur. |
2014 |
Mort de Jean-Claude Pirotte le 24 mai. |
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-8124-3469-3
- EAN : 9782812434693
- ISSN : 2430-8080
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3469-3.p.0197
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 06/12/2015
- Langue : Français