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Classiques Garnier

Repères biographiques

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Jean-Claude Pirotte
  • Pages : 197 à 202
  • Collection : Écrivains francophones d’aujourd’hui, n° 4
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782812434693
  • ISBN : 978-2-8124-3469-3
  • ISSN : 2430-8080
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3469-3.p.0197
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 06/12/2015
  • Langue : Français
197

Repères biographiques

La vie, voilà la fiction.

Une adolescence en Gueldre.

1939

Naissance à Namur, la ville où naquit Michaux et où Baudelaire fut frappé daphasie, un 20 octobre. Cest aussi un 20 octobre que naquit Rimbaud : « je naquis au bord de Meuse / et très vite je devins / un commerçant abyssin » (La vallée de Misère). Enfance à Gembloux, dans la Belgique occupée.

1945

« Jai consumé mon enfance au fond dune province du Nord, en lisant Dickens et Sans famille. » Enfance passée dans les livres : « Cest par les livres, et dans les livres, que jaurai vécu. On me la bien reproché. À commencer par ma mère, quen conséquence jai de bonne heure renoncé à fréquenter. » (Rue des Remberges). Premiers poèmes. Premiers dessins. Premières aquarelles. Séjour sur les rives de la mer du Nord, dans lEifel, dans lOberland bernois.

1951

Relations difficiles avec ses parents, particulièrement avec son père : « Jai détesté mon père, je lai fui, et sa disparition ne ma pas rapproché de lui » (La légende des petits matins). Fugues au Danemark et en Hollande où il rencontre la famille Prins, à Ede, qui le recueille (Une adolescence en Gueldre) : « Je me souviens de la bibliothèque de Monsieur Prins. Cétait la maison tout entière tapissée de livres (…). Ma bibliothèque est toujours là-bas, enfouie dans le sable et la bruyère mauve dun automne interminable. » (Cavale). Vie partagée entre la Belgique et la Hollande. Il fréquente à Deventer le gymnasium et découvre Mondrian, Nicolas de Staël. De nombreuses lectures toujours. Découverte de lœuvre de Dhôtel.

198

1956

Découverte de la Bourgogne, autre « lieu » essentiel de lœuvre de Pirotte (Mont Afrique). Etudes de Lettres, rapidement abandonnées puis de droit. Lecture de Trakl. Voyages nombreux, à Tanger, à Lisbonne. De longs séjours dans le Tyrol autrichien, en Bourgogne et à Florence sur les pas de Barnabooth.

1960

De retour en Belgique, Pirotte, président du mouvement révolutionnaire Jeune Wallonie, participe à des grèves et à des émeutes insurrectionnelles en Wallonie. Président du mouvement révolutionnaire Jeune Wallonie. Un temps surveillé par la police, il se réfugie en France.

1962

Premier mariage, qui ne dure pas. Naissance de Geneviève.

1963

Publie un premier livre de poèmes, Goût de cendre, chez G. Thone à Liège. Prix Franz de Wever.

1964

Docteur en droit, Pirotte sinscrit au Barreau et ouvre un cabinet davocat à Namur : « Avocat, javais cessé de peindre et presque décrire. Je gagnais ma vie, comme on dit. Je la perdais, en dépit dune vocation de plaideur qui satisfait ma sympathie pour les déclassés, mon sens de la procédure et de la chicane, ma vanité sans doute aussi. » (Cavale).

1965

Publie son second livre de poèmes, Contrée, toujours chez G. Thone à Liège.

1968

Second mariage. Naissance dEmmanuelle.

1969

Publie chez G. Thone à Liège Dun mourant paysage.

1975

Pirotte est inculpé pour « avoir favorisé la tentative dévasion dun détenu » : « Il sagissait dune fine lame de scie, de scie à découper, que jaurais fait passer à ce détenu. Jaurais avoué, si cela avait été le cas. Cette lame, je ne lavais jamais vue, évidemment. Cétait facile, peu de temps après, dix-sept détenus se sont évadés de la même prison. Mais un détenu, je ne le fais pas évader, je le tire daffaire. Cest une histoire folle, dérisoire. »

(« La cavale du dipsomane »). Pirotte est condamné à dix-huit

199

mois de prison ferme. Il sera radié du Barreau en 1976. Pirotte, qui a toujours nié les faits, décide de se soustraire à lexécution de la peine. Commence alors cette vie de « cavale » si souvent évoquée dans ses récits et dans ses poèmes. Il mène une existence clandestine et aventureuse, souvent précaire et désargentée, qui le conduit à sillonner ces « lieux » où senracine profondément son imaginaire (Val dAoste, Catalogne, Bourgogne, Périgord, Suisse, Rethel, la Haute-Marne et tous les vignobles aimés) : « Ma condamnation fut une chance miraculeuse. (…) De nouveau, je me trouvais dans lobligation de conquérir et de protéger ma liberté (…) Dans la misère et linsécurité de la cavale, la littérature, la peinture, la musique, et la vigilante tendresse de Claire, qui de si loin mapportait, où que je sois, sa présence furtive mais éblouissante, mont rendu à la vérité. À la paresse. Au vagabondage. Active, la paresse (jai cité tant de fois Perros : “Je ne travaille pas, je suis travaillé”). Productif, le vagabondage. La vie en somme, sans quoi lart serait lettre morte. » (Cavale)

1976

Exposition daquarelles à la Maison de la Culture de Namur. Les œuvres seront saisies par la Justice.

1981

Péremption de sa peine. Pirotte se réinstalle à Namur pour quelques temps. Dabord brocanteur, puis juriste à Infor-Jeunes. Début de son amitié avec André Dhôtel et Jacques Borel. Publie Journal moche (chronique) chez Luneau-Ascot à Paris, livre pour lequel lhebdomadaire français Arts lui décerne le Prix anticonformiste.

1982

Publie La pluie à Rethel (roman), toujours chez Luneau-Ascot à Paris.

1984

Publie Fond de cale (roman) à Paris, aux éditions Le Sycomore. Participe aux « Rencontres » des écrivains belges organisées par la Maison de la Culture de Charleroi.

200

1985

« Chroniqueur-échanson » à la RTBF. Ses chroniques, dédiées « vineusement » à son ami et médecin namurois Jean-Pierre Sondag, seront rassemblées dans Les contes bleus du vin.

1986

Pirotte séjourne à Strasbourg et Lorient, puis sinstalle à Angoulême (Rue des Remberges). Des voyages (Cincinnati, Istanbul). Il participe au Québec au « Congrès littéraire international » consacré à la « tentation de lautobiographie ». Un été dans la combe obtient le Prix Roussel.

1987

Collaborations épisodiques à France Culture.

1992

Suicide, à lété 1992, de sa fille Geneviève : « Jignore pourquoi, cher Antonio, jai pensé que la femme qui écoute le long monologue frémissant et désabusé du narrateur du Cul de Judas aurait pu être ma file aînée. Non, tu ne sais pas, je ne tai pas dit quelle sétait suicidée voici des semaines, mais elle ne se serait pas suicidée (comment ne pas la sentir vivre encore en moi, muette et obscure ?), elle aurait vieilli, pas trop, elle avait déjà vingt-huit ans quand elle est morte, elle aurait comme lécouteuse du récit gardé le silence dans ce bar, et les légères pattes-doie qui prolongent ses paupières et les fines rides à la commissure des lèvres auraient animé son visage un peu chiffonné, un peu rêveur, bizarrement attentif et indifférent à la fois. » (« Une lettre à Antonio Lobo Antunes », Plis perdus).

1993

Grand Pris de poésie du Mont-Saint-Michel (ancien nom du Grand Prix international de poésie Guillevic) remis lors des Rencontres poétiques internationales de Bretagne.

1994

Exposition à la galerie Intérieur (Angoulême). Prix du livre en Poitou-Charentes pour Plis perdus.

1995

Séjour au Portugal, dabord à Lisbonne (sur les traces de Jacques Chardonne), puis à Saõ-Martinho do Porto.

201

1996

Pirotte revient en France et sinstalle dans le Quercy. Premières atteintes de la maladie : ablation dun rein touché par une tumeur maligne. Prix littéraire de la ville de Tournai pour Plis perdus. Prix Alexandre-Vialatte pour Un voyage en automne.

1997

Voyages et reportages en compagnie de Claude Andrzejewski (Lisbonne, Bordelais, Barcelone, Bratislava).

1998

Installation dans lAude, à Montolieu puis à Aragon. Création de lassociation Lire en Cabardès avec les vignerons de lAOC Cabardès. Exposition à la galerie Imbert (Paris).

1999

Prix de lAssociation des écrivains de langue française (ADELF) pour lensemble de son œuvre.

2001

Prix Marguerite Duras pour Autres arpents. Exposition à la Médiathèque de La Riche (Charleville-Mézières).

2002

Prix Valéry Larbaud pour Ange Vincent. « Nocturnes et petites pièces », exposition à lUniversité dAmiens dans le cadre du colloque « André Dhôtel : une aventure du roman ».

2003

Vie entre la Montagne noire audoise et le vignoble jurassien (Arbois). Création de la collection Lettres du Cabardès aux éditions Le Temps quil fait.

2004

Médaille dargent du Prix François Coppée décerné par lAcadémie française pour La boîte à musique.

2006

Prix des Deux Magots et Prix Marcel Aymé pour Une adolescence en Gueldre. « Le noir et le rouge » : expositions à Paris, Tours, Grenoble, Ferney-Voltaire, Charleville-Mézières, Saint-Malo. Illustration de nombreux ouvrages, de couvertures, de livres dartistes. Création aux éditions de la Table Ronde de la collection Lusage des jours.

2007

Vie partagée entre le Revermont et les polders du Nord. Poursuit son travail déditeur, édite et réédite les œuvres majeures de Raymond Dumay et dAndré Dhôtel.

202

2008

Prix Kowalski pour Passage des ombres. Début de ses chroniques de poésie (« Journal dun poète ») dans le magazine Lire.

2009

Prix Maurice Carême pour Revermont. Prix de poésie Louis Montalte. Prix de la SGDL pour lensemble de son œuvre à loccasion de la parution de Le promenoir magique et autres poèmes (1953-2003. Graves problèmes de santé. Obligé de subir une opération chirurgicale très handicapante. Déménage dArbois pour Bonfol, dans le Jura suisse.

2011

Prix Apollinaire pour Cette âme perdue et Autres séjours. Prix Marcel-Thiry et Prix Pierre Mac Orlan (décembre 2011).

2012

Jean-Claude Pirotte reçoit en juin le Grand Prix de poésie de lAcadémie française et en décembre le Prix Goncourt de la poésie pour lensemble de son œuvre.

2013

Se retire à Namur.

2014

Mort de Jean-Claude Pirotte le 24 mai.