Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Incarnation, question ancienne, enjeux actuels. Approches philosophiques et théologiques
- Pages : 241 à 244
- Collection : Rencontres, n° 520
Résumés
Clarisse Picard, « Introduction. L’incarnation : question ancienne, enjeux actuels »
L’introduction rappelle l’intuition initiale qui a présidé à l’organisation du colloque « Incarnation », ainsi qu’à ce présent volume qui en reprend l’esprit dans une optique interdisciplinaire. L’incarnation, une question ancienne reprise à la lumière des enjeux actuels : chaque texte est ici présenté dans cette dynamique d’ensemble, suivant quatre axes, successivement, phénoménologique et sémiotique, éthique, anthropologie, enfin, théologique.
Emmanuel Falque, « Le tournant de la chair »
La chair est à un « tournant ». Cette formule ne vaut pas uniquement en raison du primat phénoménologique de la « chair » (Leib) sur le « corps » (Körper), mais surtout en cela que la traduction de Leib par « chair » ne va pas de soi. Il faut remonter à Paul Ricœur et Maurice Merleau-Ponty, à l’inverse d’Emmanuel Lévinas, pour trouver l’origine de cette décision linguistique de la traduction de Leib par « chair ». Une décision impensée dont nous mesurons aujourd’hui les effets dans l’« embardée de la chair » au mépris du « corps ».
Paula Lorelle, « Incarnation et désincarnation chez Michel Henry »
« L’incarnation ne peut se comprendre qu’à partir de l’idée qu’on se fait du corps et de la chair (Michel Henry) ». Le concept henryen d’« incarnation » suppose bien une idée du corps. Mais cette idée ne résulte-t-elle pas déjà d’une forme plus originaire d’« incarnation » ? Non au sens d’une expérience, d’un phénomène, ou d’un événement, mais d’un procédé philosophique qui consiste à prêter au corps des déterminations de l’âme cartésienne ? À les incarner ? D’une incarnation qui implique déjà donc, en un sens, une désincarnation ?
242Laura Rizzerio, « Donner corps à la grâce ou quand la beauté s’incarne. Réflexions sur l’art contemporain à partir de l’idée d’incarnation »
Cet article examine le lien entre difficulté à comprendre l’art, d’une part, et difficulté à s’enraciner dans la réalité de corps imparfaits et vulnérables, d’autre part, dans le but de mieux saisir la manière dont on se rapporte aujourd’hui à l’art et au beau. En passant par l’analyse de quelques œuvres, l’article cherche donc à montrer comment la représentation du corps peut redonner du sens à l’art en le rendant capable de susciter l’empathie, et comment elle peut manifester la beauté.
Éric Charmetant, « Cognition incarnée, transhumanismes et IA »
L’imaginaire contemporain nourri par les transhumanismes ou l’intelligence artificielle envisage sans détour un futur de l’être humain sans corps. Cette étude analyse les chemins de décorporéisation dans les transhumanismes et l’intelligence artificielle à travers notamment la notion de « liberté morphologique », puis indique comment le corps-sujet garde une valeur heuristique centrale dans la neurophénoménologie et la cognition incarnée.
Agata Zielinski, « “Celui qui n’a plus figure humaine”. Phénoménologie du corps en qui l’humain s’absente »
Que devient la relation avec celui « qui n’a plus figure humaine », c’est-à-dire celui – ou celle – que l’on peut ne plus reconnaître comme un humain, lorsque fait défaut le logos ou la conscience ? Nous sommes face à « l’ultime du visage », condition de l’autre et inquiétante étrangeté dont on voudrait se détourner, et qui pourtant révèlent une présence réelle, et un fonds commun d’humanité : détresse et proximité qui réouvrent un monde commun.
Guilhem Causse, « L’incarnation : anthropologie du geste et de la voix. Entre l’effort biranien et l’affect ricœurien »
Qu’est-ce que l’homme ? La question rapproche Paul Ricœur et Pierre Maine de Biran. Qui suis-je, moi qui agis et souffre ? demande l’un. Qui suis-je, moi qui fais effort et rencontre des résistances ? s’interroge l’autre. Ils parlent d’incarnation, car l’Ego n’est jamais sans corps, corps vécu comme chair, corps parlant. Ils se séparent lorsque le premier insiste sur la passivité de l’aveu et le second sur l’activité vocale. Un impensé pourtant les réunit : l’incarnation comme geste du corps.
243Clarisse Picard, « Incarnation et individuation à l’épreuve de l’enfantement »
En quoi l’enfantement prend-il, pour une femme qui donne naissance à un enfant, le sens d’une expérience d’individuation et d’incarnation ? Les descriptions cliniques en pédiatrie et médecine périnatale, ressaisies dans une appréhension de la vie transcendantale pure du point de vue de la subjectivité maternelle en sa genèse, font apparaître une suite de correspondances entre la phénoménologie et l’enfantement : l’enfantement accède ainsi à la rationalité philosophique et trouve son sens proprement phénoménologique.
Carla Canullo, « La chair incompréhensible. Actualité de Grégoire de Nysse »
L’incarnation ne peut se comprendre qu’en tant qu’« incompréhensible », ce qui ne revient pas à dire que la compréhension doit irrémédiablement échouer, mais plutôt qu’elle ouvre la chair à sa possibilité la plus authentique, celle de comprendre « plus et autrement ». Les réflexions du père cappadocien sur l’incarnation seront les lieux privilégiés auxquels nous reviendrons dans le but de « comprendre incompréhensiblement », amorçant ainsi une nouvelle euristique de la chair que son œuvre inaugure.
Michel Fédou, « L’Incarnation dans la pensée patristique. Enjeux actuels des controverses anciennes »
Les Pères de l’Église ont donné une place centrale à l’Incarnation. Cela s’est vérifié à travers leur opposition au docétisme et aux courants gnostiques, puis dans le cadre des controverses sur l’identité du Christ aux ive et ve siècles. Plus tard encore, les crises ouvertes par le monothélisme et l’iconoclasme ont conduit les Pères à insister sur l’humanité du Verbe fait chair. La pensée patristique invite à passer par le sensible et le corporel pour s’élever à la connaissance de Dieu.
Jean-Louis Souletie, « La singularité du Jésus de l’histoire et son universalité »
La singularité du Jésus de l’histoire risque toujours d’être le parent pauvre des christologies. Or la révélation de son identité divine unique et salvifique tient à cette singularité juive de Jésus. La christologie du pluralisme religieux de Jacques Dupuis a tenté de surmonter les apories contemporaines liées à cette question. Sa résurrection n’abolit pas la permanence de son humanité glorifiée, mais l’étend au contraire à toute l’histoire et au cosmos.
244Marie Chaieb, « L’interprétation de Gal 4, 4 : “Il fut d’une femme” et ses enjeux dans la théologie d’Irénée de Lyon »
À la fin du iie siècle, Irénée de Lyon utilise une dizaine de fois Ga 4, 4 dans son œuvre de réfutation des mouvements gnostiques. Cette étude analyse en quel sens Irénée a commenté ces versets, comment il en a éclairé la centralité, et les axes de la théologie de l’incarnation qui en découlent.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-12034-6
- EAN : 9782406120346
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12034-6.p.0241
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 27/10/2021
- Langue : Français