[Épigraphes]
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Homais et Cie. Tome I. Les dessous de Madame Bovary
- Pages : 655 à 656
- Collection : Études romantiques et dix-neuviémistes, n° 100
- Série : Flaubert, n° 3
Me voilà sorti de la classe de rhétorique.
Dans un an à nous deux oh alors
Quels dînés
Quels dînés
Ces messieurs se seront donnés ou plutôt se donneront se fouteront s’ingurgiteront s’introduiront – quels soupers et festins salons de 420 couverts quelle pantagruélisme ! quel punch pr dire adieu au Collège –
Flaubert à Ernest Chevalier1.
J’ai besoin surtout d’avoir des gens considérables par leur fonction qui affirment que je n’ai pas pour industrie de faire des livres à l’usage des cuisinières hystériques.
Flaubert à Émile Augier2.
Le potage à la bisque et les pattes rouges des homards ont obtenu une mention honorable ; mais alors j’en réclamerai une aussi pour les relevées, les entrées, les rôts, les entremets et le dessert. Je suis bien sûr qu’on a servi des poulardes à la régence, des suprêmes de poulets, des jambon d’York sauce malaga, des bec-figues en caisse, des faisans à la Bagration, du chevreuil Corinthe en poivrade, des écrevisses au marsala, des crevettes en bouquet, des gelées de fraises au champagne, des gâteaux à la vénitienne, des bombes glacées.
Gustave Merlet3
656Et apportez le kanguro [sic] ! – nous le mangerons ici. – Sa vue m’a attendri, hier. Je voudrais pouvoir l’allaiter. Mais la science avant tout.
Prière de me répondre s’il faut compter sur ce rôti ? – question de cuisine.
Flaubert à Georges Pennetier4.
1o Je commencerai à hurler à 4h. juste. – Donc venez vers 3.
2o à 7h. dîner oriental. On vous y servira de la chair humaine, des têtes cervelles de bourgeois & des clitoris de tigresse sautés au beurre de rhinocéros
3o après le café, reprise de la gueulade punique jusqu’à la crevaison des auditeurs.
Ça vous va-t-il ?
Flaubert aux frères Goncourt5.
1 Lettre du 21 août 1839 [CF/C]. Les mots répétés renvoient humoristiquement à une chanson célèbre de Béranger, à laquelle nous reviendrons (§ 16.2), « Le Ventru ou compte rendu de la session de 1818 aux électeurs du département de… par M. *** », dont le refrain est le suivant : « Quels dînés, / Quels dînés / Les ministres m’ont donnés ! / Oh ! que j’ai fait de bons dînés ! » (P. J. Béranger, Œuvres complètes, Perrotin, 1856, t. 1, p. 290-293). La chanson se moque de la manière dont les « grands dînés » font partie des festivités remises à l’ordre du jour par la Restauration, fidélisant pour ainsi dire les représentants politiques avec comme corollaire la nécessité de faire quelques économies ailleurs (« Il faut que, dans nos besoins, / Le peuple dîne un peu moins. »).
2 Lettre du 31 décembre 1856 [C 2 656].
3 « Le roman physiologique. Madame Bovary. M. Gustave Flaubert », Revue européenne, ix, 15 juin 1860, texte saisi par Ingrid Allongé, relu par Hélène Hôte, CF, http://flaubert.univ-rouen.fr/etudes/madame_bovary/mb_mer.php.
4 Lettre du 14 janvier 1879 [CF/C].
5 Lettre du 30 avril ou des premiers jours de mai 1861 [CF/C].