Résumés
- Ouvrage labellisé par le collège de labellisation de la Fondation nationale pour l'enseignement de la gestion des entreprises (FNEGE)
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Histoire, management et société. Mélanges en l’honneur d'Henri Zimnovitch
- Pages: 673 to 680
- Collection: Encounters, n° 544
Résumés
André Comte-Sponville, « Préface »
Henri Zimnovitch, dès ses études à la Sorbonne vers le milieu des années 1980, a montré que son goût pour la philosophie tenait à quelque chose de plus profond, de plus grave, de plus douloureux peut-être que la simple curiosité intellectuelle. Il concilie toujours passion et rigueur, amour de la pensée et respect du réel, enfin liberté du chercheur et responsabilité du citoyen.
Serge Sztarkman, « Avant-propos. Le patron et le professeur »
Le respect qu’Henri Zimnovitch portait à son grand-père, juif émigré d’Europe centrale arrivé en France au tournant du xxe siècle, menant une activité de fripier, et à son père, son successeur dans cette entreprise, explique en bonne partie son choix de reprendre l’entreprise familiale et de suivre les études qui l’y ont préparé. Dans son activité académique, il a tiré profit de son expérience d’entrepreneur au sein d’une corporation connue pour son âpreté.
Yves Levant, « Introduction. De la théorie à la pratique en gestion (et retour) »
Les contributions présentes dans cet ouvrage sont organisées en deux parties. La première comprend une série de textes qui portent spécifiquement sur l’histoire de la comptabilité et des textes sur l’histoire de la gestion. La seconde partie déborde ces thèmes pour s’intéresser plus largement au champ des sciences de gestion. Elle comprend des contributions qui traitent des questions financières et d’autres qui couvrent les questions philosophiques propres aux sciences de gestion.
674Didier Bensadon, « Comptes de groupe et pilotage de la performance. Retour sur une controverse entre préparateurs et régulateurs »
L’émergence des pratiques de consolidation des comptes de groupe en France durant les années 1970, à une époque où elles n’étaient pas encore définies dans un cadre légal, est associée à une controverse. Leur diffusion a été le résultat d’un jeu d’acteurs articulé autour de l’opposition entre l’autorité administrative, les praticiens confrontés à la mise en place de la consolidation et la profession comptable libérale.
Garry D. Carnegie, « The interface between accounting history and other forms of specialist history within commerce »
L’histoire comptable a de multiples interfaces avec chacun des domaines d’histoire spécialisés suivants : histoire des affaires, histoire de la gestion et de l’organisation, histoire économique et histoire financière ou histoire de la finance. Aussi les chercheurs qui visent une compréhension complète du passé en management devraient-ils s’ouvrir à la littérature dans tous les courants de l’histoire et à l’étude des sociétés autochtones.
Eddy E. Felix, « Les Charbonnages du Bois-du-Luc à Houdeng. 250 ans d’évolution des organes de gestion et de la comptabilité dans une société de type d’Ancien Régime (1685-1935) »
L’extraction de la houille dans la région d’Houdeng était concédée par le seigneur haut justicier. Une innovation technique sera à l’origine de la Société du Grand Conduit et du charbonnage de Houdeng, qui, en 1807, prendra le nom de Société civile charbonnière du Bois-du-Luc. S’appuyant sur 250 ans d’archives, l’étude montre l’évolution de la notion de capital investi, celle des organes de gestion, puis le passage d’une comptabilité seigneuriale à la comptabilité en partie double.
Yannick Lemarchand, « Vie et mort d’un commis de forge ou “du teneur de livres au régisseur”. François Alexandre Julien Midrouet (1810-1889) »
Né en 1810, François Alexandre Julien Midrouet entre au service des Berthelin en 1829. Initialement chargé de la tenue des livres et rapidement devenu leur homme de confiance, il restera plus de cinquante-six ans dans 675l’entreprise. L’exemple de Midrouet montre que certains praticiens de la comptabilité ont bénéficié d’une situation privilégiée par rapport au déclassement subi par leurs successeurs, anonymement regroupés dans les services comptables des grandes entreprises.
Raluca Sandu, « Multi-, inter-, transdisciplinarité. Postures de l’histoire de la comptabilité dans le projet d’unité des connaissances »
L’article clarifie des terminologies souvent considérées à tort comme interchangeables (multidisciplinarité, interdisciplinarité, transdisciplinarité…) et illustre quelques postures de l’histoire et de la comptabilité dans le cadre de la création de nouvelles connaissances. Ses propos sont suivis d’un point d’éclairage apporté par la sociologie à la résurgence des modes interdisciplinaires, pour ensuite discuter quelques postures et apports réciproques de l’histoire et de la comptabilité.
Béatrice Touchelay, « La catégorie “ménage” dans l’appareil statistique français après 1945. Une catégorie symbolique des Trente Glorieuses ? »
Le terme « ménage » ne pouvait pas être appréhendé comme unité statistique tant que les logements n’étaient pas, eux-mêmes, définis et comptabilisés par les statisticiens. Si son caractère global et sa capacité à atténuer les écarts sociaux expliquent son succès initial, il ne serait plus pertinent pour décrire les profonds dysfonctionnements économiques et sociaux induits par la dépression, puis par la stagnation économique française depuis les années 1970.
Dragos Zelinschi, « Comprendre l’histoire de la profession comptable. Les apports du concept de clôture sociale »
C’est seulement pendant les années 1980 que la sociologie commence à être utilisée pour comprendre l’évolution de la profession. Même si une certaine diversité des points de vue subsiste, le paradigme critique, d’inspiration weberienne, semble dominer depuis quelque temps les recherches comptables sur l’histoire de la profession. Dans ce cadre, l’article analyse le concept de clôture sociale afin d’apprécier comment il peut aider à comprendre l’histoire de la profession comptable.
676Olivier Basso, « Contribution à l’histoire d’un concept. À la (re)découverte d’un article pionnier sur l’“entrepreneuriat organisationnel” »
Depuis dix ans, la notion d’entrepreneuriat organisationnel semble s’être imposée, en revêtant de multiples formes organisationnelles, dans le monde des entreprises. Sur le plan de la recherche académique, le champ est florissant, avec le texte fondateur de Richard Peterson et Peter Berger, intitulé « Entrepreneurship in organizations », publié dans la revue Administrative Science Quarterly en 1971. C’est cette histoire, avec les résistances à cette évolution, que l’étude nous raconte.
Nicolas Berland, « Quand la stratégie s’inscrit dans la durée. La stratégie contrariée de Saint-Gobain dans l’habitat et la RSE : Too clever, too soon »
Entre la fin de 1968 et le début de 1969, Saint-Gobain fait l’objet d’une OPA inamicale lancée par le groupe BSN (futur Danone dans les années 1990). L’échec de cette opération transformera profondément le groupe Saint-Gobain, qui s’alliera à la firme Pont-à-Mousson (PAM). C’est cette aventure qui nous est narrée à partir des archives de la Compagnie de Saint-Gobain et d’interviews avec différents cadres.
Alain Burlaud et Christian Hoarau, « L’histoire contemporaine de la normalisation comptable. Le choc de la financiarisation et de la mondialisation »
L’histoire contemporaine de la normalisation comptable se caractérise par les effets de la financiarisation et de la mondialisation, qui ont conduit à une autonomisation du droit comptable et à un pouvoir accru de la profession comptable. Cependant, des contre-pouvoirs ont émergé parallèlement pour faire obstacle à la tendance à l’autorégulation. La société dans son ensemble, demande plus de transparence et une extension du champ de l’information au domaine non financier.
Michel Gladu, « La critique du modèle de gestion monopolistique de la Compagnie perpétuelle des Indes par le groupe de Gournay au xviiie siècle ou l’émergence d’une nouvelle rationalité “économique” fondée sur la liberté du commerce et des hommes »
Une nouvelle rationalité économique, fondée sur la liberté du commerce et des hommes, a émergé au xviiie siècle, entre autres de la critique du modèle de gestion monopolistique de la Compagnie perpétuelle des Indes par le groupe 677de Vincent de Gournay, dans le mouvement d’idées libérales porté par John Locke en Angleterre dès la fin du xviie siècle et relayé en France au début du xviiie siècle par Condillac et Montesquieu notamment.
Jérôme Méric, « La capacité transformatrice d’une pratique. Le “as practice” à l’aune du cas Monteverdi »
L’étude examine un changement de pratique musicale qui a contribué à une évolution profonde du monde musical mais aussi des structures politiques et sociales, et ce jusqu’au début du xxe siècle, à l’aide du cas Seconda Pratica, ovvero perfettione della musica moderna de Monteverdi. Il postule ainsi l’intérêt de la recherche clinique, et l’idée que l’histoire lui confère un recul réflexif qui compense à beaucoup d’égards l’action ou l’observation in situ et in tempore.
Hervé Stolowy, « Le lanceur d’alerte. Un essai de perspective historique »
Le concept de lanceur d’alerte est désormais bien connu. L’étude évoque les moments clés de l’utilisation du concept : la Grèce antique, Rome, le Talmud, les Évangiles, le Moyen Âge en France, Venise, la Révolution française, pour finir avec l’Occupation pendant la seconde guerre mondiale. Puis elle conclut avec une discussion des termes « dénonciation », « délation » et « accusation ».
Patrick Boisselier, « Évaluation d’entreprise en matière de PME. Une “alternative” au coût du capital »
Il existe une solution autre à l’utilisation du coût du capital pour l’évaluation financière des PME. Si, sur un plan strictement théorique, la méthode la plus appropriée est logiquement l’évaluation par les flux de trésorerie, se pose toujours le problème du coût du capital, dont la précision est délicate. L’auteur propose de revenir sur les méthodes « traditionnelles » fondées sur le goodwill.
Florence Depoers, « Une brève histoire du Carbon Disclosure Project ou les investisseurs institutionnels face au défi climatique »
Le Carbon Disclosure Project (CDP) montre comment les investisseurs institutionnels tentent de faire face au défi climatique. L’étude nous apporte un éclairage sur l’émergence et le rôle de cet acteur, désigné en 2010 dans la 678Harvard Business Review comme étant la « plus puissante organisation non gouvernementale dont vous n’avez probablement jamais entendu parler ».
Philippe Gillet, « Les fondements des marchés financiers »
De nombreux facteurs expliquent la victoire du libéralisme économique, qui, porté à l’excès, a amené de nombreux investisseurs et opérateurs vers des dérapages incontrôlés de moins en moins tolérés par l’opinion publique, ce qui pousse aujourd’hui vers un besoin de plus de contrôle dans la finance internationale et conduit les gérants de portefeuille à introduire de nouveaux critères dans la composition de leurs portefeuilles.
Yves Levant, Véronique Malleret et Olivier deLa Villarmois, « Strategic Management Accounting. Proposition d’un cadre d’analyse »
Les premières publications sur le thème du Strategic Management Accounting (SMA) datent pour l’essentiel du début des années 1990. Malgré d’évidentes faiblesses conceptuelles à l’origine, l’existence d’un courant de recherche sur ce thème a permis de conforter progressivement le concept de valeur, qui constitue aujourd’hui une perspective de recherche importante.
Roland Pérez, « Réflexions sur la financiarisation des stratégies des entreprises »
La durée permet de constater des changements qui ne relèvent pas de variations conjoncturelles, mais expriment les évolutions profondes. L’évolution du monde contemporain (débats sociétaux, risques écologiques…) appelle à une prise en compte croissante des relations avec les différentes parties prenantes, au-delà des seuls actionnaires.
Pierre-Charles Pupion, « Registres de légitimation et “rendre-compte”. Le cas des politiques de développement durable de banques européennes »
Quel type d’information sur le développement durable trouve-t-on dans les rapports de développement durable des banques européennes, et dans quel but ? Pour répondre à cette question, l’étude analyse leurs rapports, publiés annuellement, et cherche à déterminer à quelle(s) forme(s) de légitimation renvoient leurs discours et mesures pour rendre compte de leur action de développement durable.
679Bernard Colasse, « Du métier de professeur de sciences de gestion. Final cut »
Ce qui fait, selon Bernard Colasse, l’originalité du rôle du professeur de sciences de gestion, c’est qu’il est un enseignant-chercheur dont les activités d’enseignement et de recherche sont en lien avec les pratiques de gestion dans les organisations. Cela conduit l’auteur à questionner les relations entre l’enseignement et la recherche, entre l’enseignement et les pratiques, et entre celles-ci et la recherche.
Stéphane Lefrancq et Nicolas Praquin, « La prudence au prisme de la philosophie. Regards de deux gestionnaires en hommage à Henri Zimnovitch »
L’article examine la prudence au prisme de la philosophie. Il étudie la façon dont le concept de prudence, vu au travers de grands jalons de l’histoire de la philosophie, peut éclairer différemment son utilisation en comptabilité. L’article interroge en conclusion sur les motifs de la rupture anthropologique qu’a provoqué l’IASB en refusant de le maintenir lors de la révision de son cadre conceptuel.
Denis Malherbe, « Réhumaniser la responsabilité managériale. Un défi pour les praticiens et les enseignants-chercheurs en gestion »
L’article souhaite réhumaniser la responsabilité managériale, ce qu’il considère comme un défi pour les praticiens et les enseignants-chercheurs en gestion : comment articuler la responsabilité managériale des praticiens à la responsabilité professionnelle des enseignants-chercheurs en management ? Ces derniers, autant que les praticiens du management, devraient savoir naviguer entre les écueils du dogmatisme et du sophisme, de la scolastique et de la pseudoscience.
Marc Nikitin, « L’impossible quête des principes du management ou heurs et malheurs d’une communauté scientifique en attente de reconnaissance »
L’article cherche à mettre au jour la façon dont la connaissance savante, versus connaissance vulgaire, a émergé. La constitution de la connaissance « savante » avait, à partir des années 1960, abouti au constat que la quête de tels principes était vaine. Cela n’a pas empêché que se développe, à partir des années 1980, une pseudo-connaissance appelée « guru management », à destination des managers et avec un réel succès.
680Benoît Pigé, « Le contrôle de gestion est-il en dehors de la morale ? »
Un système de contrôle de gestion à but purement interne et managérial pourrait-il être amoral (c’est-à-dire en dehors de la morale), alors qu’un système de contrôle de gestion orienté vers la production d’informations à destination des diverses parties prenantes relèverait de la morale et pourrait donc être moral ou immoral, selon sa contribution aux intérêts collectifs des diverses parties prenantes ?
Henri Savall, Véronique Zardet et Laurent Cappelletti, « Le capitalisme peut et doit être socialement responsable sur le terrain »
Le capitalisme peut et doit être socialement responsable sur le terrain. Cela conduit à une remise en cause des modèles rationnels traditionnels de prise de décision économique à tous les niveaux d’observation de l’activité économique, sociale et politique.
- CLIL theme: 3341 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Histoire économique -- Histoire de la pensée économique
- ISBN: 978-2-406-12989-9
- EAN: 9782406129899
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-12989-9.p.0673
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 08-31-2022
- Language: French