Établissement du texte
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Théâtre italien. Tome V
- Pages : 603 à 604
- Collection : Bibliothèque du théâtre français, n° 88
ÉTABLISSEMENT DU TEXTE
La présente édition critique de La Fausse Coquette est établie à partir du tome V du Théâtre italien de Gherardi paru à Paris en 1700 chez Jean-Baptiste Cusson et Pierre Witte (p. 361-484)1.
Les partitions musicales de La Fausse Coquette insérées après la pièce ne sont pas exhaustives, on l’a observé, et ne donnent pas les airs dans leur ordre d’apparition. Elles indiquent ainsi successivement les deux airs du démon convoqué par Arlequin, puis l’air « Tu vois l’amant le plus tendre » (qui a disparu de la scène 7 de l’acte II révisée par Gherardi, et que nous donnons en appendice), l’air de la Pythie (mais pas l’imitation qu’en fait Pasquariel), l’air final de la pièce entonné par Bacchus et le chœur (« Vive, vive, vive le dieu de la tonne ! », alors que « vive » est seulement dédoublé dans le texte de la pièce), et la chanson de Mezzetin déguisé en vendeur d’eau-de-vie (« Accourez-tous, / Venez chez nous »), qui correspond à la scène 3 de l’acte I. Nous indiquons en annexe les très nombreuses variantes de La Fausse Coquette que comportent l’édition anonyme parue dans la Suite du Théâtre italien (1697) (p. 78-177), ainsi que l’édition de la comédie dans le Supplément du Théâtre italien (Amsterdam, Braakman, 1697, p. 264-364)2. Dans cet état antérieur de la comédie, aucune mention n’est faite à Pasquariel (joué par Giuseppe Tortoriti). En revanche, dans l’édition du tome v du Théâtre italien revue par Gherardi en 1700, « Scaramouche » est systématiquement remplacé par « Pasquariel ». La Fausse Coquette est créée le 18 décembre 1694, alors que Tiberio Fiorilli, l’interprète de 604Scaramouche, vient de décéder (le 7 décembre)3. Même si La Fausse Coquette porte « Scaramouche » dans les éditions de 1697, il faut comprendre que ce valet au service d’Octave était joué par Tortoriti. Étant donné que ce comédien a joué les rôles de Pasquariel et de Scaramouche, une confusion Scaramouche-Fiorilli et Scaramouche-Tortoriti aurait-elle pu se faire dans l’esprit de certains, en lisant le Théâtre italien imprimé par les soins de Gherardi ? Cela expliquerait que Gherardi, dans l’édition de 1700 de La Fausse Coquette, ait jugé bon de mettre « Pasquariel » au lieu de « Scaramouche » afin que le lecteur associe aisément le nom du personnage à son interprète (Tortoriti).
La version de La Fausse Coquette de 1700 laisse à penser que Gherardi est beaucoup intervenu dans le texte. Il peut s’agir de changements ténus, qui attestent chez lui le souci de trouver le mot exact, mais aussi de remaniements plus profonds de certains passages (par exemple, l’échange de Prudent avec le Prince qui ouvre l’acte III est développé), voire d’une scène entière (l’ordre d’insertion des répliques dans l’entretien des époux de la scène 3 de l’acte II a été complétement repensé, tout comme l’échange entre Arlequin, en tailleur, Prudent et Angélique, à la scène 7 de l’acte III). La langue italienne est davantage présente, en particulier lors de la rencontre d’Arlequin et de Mezzetin (I, 3). Les didascalies sont plus abondantes, et à l’occasion développées par Gherardi, comme c’est le cas pour décrire le lazzi de la distribution des trois manteaux de deuil (II, 1). La « scène toute italienne » (I, 6) reposant sur des jeux de scène de Pasquariel ne figure que dans l’édition de 1700. On voit que Gherardi a introduit une longue réplique amoureuse du Prince, en vers, au début de la scène 10 du premier acte. Les variantes que nous signalons après la pièce montreront ainsi au lecteur l’étendue de la réfection de La Fausse Coquette voulue par Gherardi.
1 Nous signalons la parution en ligne en 2018 de l’édition de La Fausse Coquette par Camilla Maria Cederna (Biblioteca Pregoldoniana, Lineadacqua edizioni).
2 Le Supplément du Théâtre italien porte l’indication tome troisième. Suivant la copie de Paris, alors que la publication d’Adrian Braakman se fait sans le consentement de Gherardi. Le Supplément de Braakman est réédité à Amsterdam en 1698. La même année, Jacques Xuaur fait figurer La Fausse Coquette dans sa propre édition du Théâtre italien, parue à La Haye en un seul tome.
3 Selon Angelo Costantini, « il a été regretté de tout le monde, et même de ses confrères, quoique depuis cinq ans il tirât sa part dans la comédie sans y jouer » (Angelo Costantini, La Vie de Scaramouche, Paris, Barbin, 1695, p. 134). Le retrait de la scène de Tiberio Fiorilli remonterait donc à 1689. En fait, il semble qu’il ait pu s’être fait progressivement. Ainsi, selon Émile Campardon, ce départ aurait eu lieu seulement en mai 1694 et c’est alors que Tortoriti lui aurait succédé (Les Comédiens du Roi de la troupe italienne pendant les deux derniers siècles, Paris, Berger-Levrault et Cie, 1880, article sur Joseph Tortoriti, tome 2, p. 166).
- Thème CLIL : 3622 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Théâtre
- ISBN : 978-2-406-12373-6
- EAN : 9782406123736
- ISSN : 2261-575X
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12373-6.p.0603
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 23/03/2022
- Langue : Français