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Classiques Garnier

Établissement du texte

  • Publication type: Book chapter
  • Book: Théâtre italien. Tome V
  • Pages: 603 to 604
  • Collection: French Theatre Library, n° 88
  • CLIL theme: 3622 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Théâtre
  • EAN: 9782406123736
  • ISBN: 978-2-406-12373-6
  • ISSN: 2261-575X
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-12373-6.p.0603
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 03-23-2022
  • Language: French
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ÉTABLISSEMENT DU TEXTE

La présente édition critique de La Fausse Coquette est établie à partir du tome V du Théâtre italien de Gherardi paru à Paris en 1700 chez Jean-Baptiste Cusson et Pierre Witte (p. 361-484)1.

Les partitions musicales de La Fausse Coquette insérées après la pièce ne sont pas exhaustives, on la observé, et ne donnent pas les airs dans leur ordre dapparition. Elles indiquent ainsi successivement les deux airs du démon convoqué par Arlequin, puis lair « Tu vois lamant le plus tendre » (qui a disparu de la scène 7 de lacte II révisée par Gherardi, et que nous donnons en appendice), lair de la Pythie (mais pas limitation quen fait Pasquariel), lair final de la pièce entonné par Bacchus et le chœur (« Vive, vive, vive le dieu de la tonne ! », alors que « vive » est seulement dédoublé dans le texte de la pièce), et la chanson de Mezzetin déguisé en vendeur deau-de-vie (« Accourez-tous, / Venez chez nous »), qui correspond à la scène 3 de lacte I. Nous indiquons en annexe les très nombreuses variantes de La Fausse Coquette que comportent lédition anonyme parue dans la Suite du Théâtre italien (1697) (p. 78-177), ainsi que lédition de la comédie dans le Supplément du Théâtre italien (Amsterdam, Braakman, 1697, p. 264-364)2. Dans cet état antérieur de la comédie, aucune mention nest faite à Pasquariel (joué par Giuseppe Tortoriti). En revanche, dans lédition du tome v du Théâtre italien revue par Gherardi en 1700, « Scaramouche » est systématiquement remplacé par « Pasquariel ». La Fausse Coquette est créée le 18 décembre 1694, alors que Tiberio Fiorilli, linterprète de 604Scaramouche, vient de décéder (le 7 décembre)3. Même si La Fausse Coquette porte « Scaramouche » dans les éditions de 1697, il faut comprendre que ce valet au service dOctave était joué par Tortoriti. Étant donné que ce comédien a joué les rôles de Pasquariel et de Scaramouche, une confusion Scaramouche-Fiorilli et Scaramouche-Tortoriti aurait-elle pu se faire dans lesprit de certains, en lisant le Théâtre italien imprimé par les soins de Gherardi ? Cela expliquerait que Gherardi, dans lédition de 1700 de La Fausse Coquette, ait jugé bon de mettre « Pasquariel » au lieu de « Scaramouche » afin que le lecteur associe aisément le nom du personnage à son interprète (Tortoriti).

La version de La Fausse Coquette de 1700 laisse à penser que Gherardi est beaucoup intervenu dans le texte. Il peut sagir de changements ténus, qui attestent chez lui le souci de trouver le mot exact, mais aussi de remaniements plus profonds de certains passages (par exemple, léchange de Prudent avec le Prince qui ouvre lacte III est développé), voire dune scène entière (lordre dinsertion des répliques dans lentretien des époux de la scène 3 de lacte II a été complétement repensé, tout comme léchange entre Arlequin, en tailleur, Prudent et Angélique, à la scène 7 de lacte III). La langue italienne est davantage présente, en particulier lors de la rencontre dArlequin et de Mezzetin (I, 3). Les didascalies sont plus abondantes, et à loccasion développées par Gherardi, comme cest le cas pour décrire le lazzi de la distribution des trois manteaux de deuil (II, 1). La « scène toute italienne » (I, 6) reposant sur des jeux de scène de Pasquariel ne figure que dans lédition de 1700. On voit que Gherardi a introduit une longue réplique amoureuse du Prince, en vers, au début de la scène 10 du premier acte. Les variantes que nous signalons après la pièce montreront ainsi au lecteur létendue de la réfection de La Fausse Coquette voulue par Gherardi.

1 Nous signalons la parution en ligne en 2018 de lédition de La Fausse Coquette par Camilla Maria Cederna (Biblioteca Pregoldoniana, Lineadacqua edizioni).

2 Le Supplément du Théâtre italien porte lindication tome troisième. Suivant la copie de Paris, alors que la publication dAdrian Braakman se fait sans le consentement de Gherardi. Le Supplément de Braakman est réédité à Amsterdam en 1698. La même année, Jacques Xuaur fait figurer La Fausse Coquette dans sa propre édition du Théâtre italien, parue à La Haye en un seul tome.

3 Selon Angelo Costantini, « il a été regretté de tout le monde, et même de ses confrères, quoique depuis cinq ans il tirât sa part dans la comédie sans y jouer » (Angelo Costantini, La Vie de Scaramouche, Paris, Barbin, 1695, p. 134). Le retrait de la scène de Tiberio Fiorilli remonterait donc à 1689. En fait, il semble quil ait pu sêtre fait progressivement. Ainsi, selon Émile Campardon, ce départ aurait eu lieu seulement en mai 1694 et cest alors que Tortoriti lui aurait succédé (Les Comédiens du Roi de la troupe italienne pendant les deux derniers siècles, Paris, Berger-Levrault et Cie, 1880, article sur Joseph Tortoriti, tome 2, p. 166).