Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Frontières de la définition dans le récit de voyage
- Pages : 271 à 274
- Collection : Rencontres, n° 566
Résumés
Véronique Magri et Odile Gannier, « Introduction. Le récit de voyage et le réel : définition et homologation »
La rencontre de lieux ou de populations différents, qui est le principe du voyage, induit un rapport renouvelé entre la langue et le réel, suscité par la narration du déplacement. Dans ce genre pratiqué par des lexicologues souvent amateurs, la définition rend compte d’un réel absent pour le lecteur, et s’affine progressivement pour se rapprocher d’une définition homologuée. La définition se décline ainsi différemment selon les situations de savoir et la transposition imaginaire.
Guy Achard-Bayle, « Définir l’inconnu dans le récit de voyage. De la description à la dénomination »
La question de la définition dans le récit de voyage est posée au travers d’un corpus qui se centre sur les grandes découvertes. Comment des voyageurs-narrateurs du xvie siècle saisissent-ils, des points de vue référentiel et textuel, des entités « découvertes » ? En fonction des lois du genre, mais aussi des contraintes du « réel », ils parcourent un chemin définitoire inverse de celui des lexicographes, qui les conduit de la description à la dénomination.
Véronique Magri, « Les dérives de la définition dans le récit de voyage »
C’est par rapprochement et contraste avec les actes de décrire, de reformuler et d’interpréter que les spécificités de la définition dans le récit de voyage sont mises à jour dans cet article. Les descriptions-définitions expérimentales visent une finalité didactique confinant parfois au figement du stéréotype. La rencontre du didactique et de l’esthétique signe la littérarité de ces séquences quand le voyageur est un écrivain ou un poète qui célèbre avec bonheur l’indéfinissable et l’indicible.
272Odile Gannier, « Le temps du voyage. Définition, traduction, glose, reformulation »
La définition dans le récit de voyage est une variante de la définition lexicologique : la confrontation avec l’inconnu impose le transfert de mots étrangers et leur caractérisation, opération fréquente dans la narration, encore plus sensible en glossaires où elle semble simple traduction ; xénismes, pérégrinismes et emprunts peuvent se passer d’explicitation. La définition intègre aussi les textes antérieurs, évolue et se décale. Réflexive, elle n’est ni prototype ni stéréotype mais métatype.
Marie Mossé, « La définition en clair-obscur. Une étude du discours des voyageurs sur le volcanisme islandais (1772-1852) »
Cet article interroge l’étonnante rareté de la pratique de la définition dans le corpus des récits de voyage savants consacrés à l’Islande par les naturalistes européens au tournant des xviiie-xixe siècles. Dans la mise en discours des phénomènes volcaniques insulaires, l’idéal de la définition – synthèse du sens et rapport de congruence entre le mot et la chose – est éclipsé par le recours à la description, soulignant l’instabilité formelle et épistémologique du récit de voyage au xixe siècle.
Nelly Paquis, « René du Chastelet des Boys, un voyageur lexicographe en Barbarie »
Homo viator fin observateur de la réalité nouvelle qui l’entoure, l’auteur de L’Odyssée offre au lecteur une vision précise de la barbarie au xviie siècle, grâce à une démarche définitoire efficace dont l’originalité repose sur une description sensorielle et empirique.
Aude Lecimbre, « Le Voyage de Hollande. Diderot, un philosophe et encyclopédiste en voyage »
Bien que la définition participe généralement de l’impératif d’impartialité d’un philosophe, l’objectif de cette contribution est d’interroger la double posture de Diderot en philosophe et en encyclopédiste lors de son voyage en Hollande dans les années 1773-1774. En la confrontant à celles de voyageur et d’orateur, qu’il adopte simultanément, il s’agira de voir comment l’entreprise définitionnelle de Diderot dans le Voyage de Hollande s’en trouve infléchie.
273Alain Guyot, « Le Voyage à l’île de France de Bernardin de Saint-Pierre, au risque de la définition »
Le récit de voyage à l’âge classique, tourné qu’il est vers un recensement encyclopédique du monde, offre une matière particulièrement riche pour analyser les relations du genre à la définition. On a choisi pour l’illustrer l’exemple du Voyage à l’île de France (1773) de Bernardin de Saint-Pierre, ouvrage d’un jeune ingénieur du Roi soucieux d’offrir une sorte de guide pratique des ressources de l’île, mais qui ne se prive pas de lorgner par instants du côté de la littérature.
Nicole Biagioli, « La définition dans Aventures d’un jeune naturaliste de L. Biart »
Dans ce livre, le naturaliste Lucien Biart raconte une expédition scientifique menée au Mexique avec son fils Lucien âgé de 9 ans, un collègue, François Sumichrast, et un serviteur. Les péripéties du voyage sont autant d’occasions de former le garçon aux lois de l’observation et de la dénomination scientifiques. Sont examinés la place qu’occupe la définition dans le récit, les échanges discursifs, le système illustratif et enfin l’épistémologie de la définition développée par l’auteur.
Stefana Squatrito, « Topoï et subjectivité dans la pratique définitoire et descriptive de Lamartine. Le cas de Graziella »
Cet article analyse la pratique définitoire dans un corpus assez particulier qui ne s’intègre pas, au premier abord, dans l’ensemble des récits de voyage stricto sensu. Dans Graziella la définition semble parfois altérée par l’opacité du filtrage culturel de Lamartine. Suivant les étapes de l’itinéraire italien du protagoniste de son roman, il apparaît que l’efficacité des définitions dépend du positionnement du locuteur envers l’altérité et qu’elles se modulent selon l’avancée narrative.
Farah Ben Jemaa, « Le récit de voyage imaginaire chez Valery Larbaud. L’oblique de la définition »
Cet article étudie les apports de la traduction et de la description à la pratique de la définition dans le récit de voyage, en examinant l’exemple du Journal intime de Barnabooth de Valery Larbaud. Déjouant les attentes de référentialité, d’exactitude, de complétude et de transparence liées à la 274traduction et à la description, Valery Larbaud y explore la possibilité d’une définition oblique et poétique.
Naoko Tsuruki, « “Geisha”, un mot polysémique sous la plume de voyageurs européens. Origine d’un stéréotype ? »
Les voyageurs occidentaux ont rapporté du Japon un mot dont ils pensaient avoir à peu près cerné le sens : « geisha », qui apparaît par exemple chez le médecin allemand Bälz, d’Audiffret, Loti. Or le terme était alors neutre en japonais, et désignait une personne raffinée, engagée pour jouer de la musique ou égayer une soirée. Par suite de définitions inexactes, le stéréotype de la demi-mondaine a été adopté et défini par défaut, ou par analogie trompeuse.
Florian Ponty, « La définition dans les voyages imaginaires »
La définition des voyages imaginaires correspond à un procédé de pastiche des voyages réels : il s’agira de comprendre en quoi elle est à l’origine d’une tension entre la fabulation dont est issu l’objet défini et la manière rationnelle et didactique par laquelle il est évoqué. Elle peut s’inscrire dans une perspective satirique, ou, dans d’autres cas, dans une perspective d’accréditation de la fabulation et de familiarisation du lecteur avec le paradigme du nouveau monde.
Odile Gannier et Véronique Magri, « Conclusion. Originalité de la définition dans le récit de voyage »
Tout voyage, même aujourd’hui où le monde entier semble connu, peut aussi être l’occasion d’une observation inédite, comme au temps des grandes découvertes. C’est pourquoi la définition est beaucoup plus fréquente dans le genre viatique que dans les autres genres narratifs, avec des spécificités inédites ailleurs.
- Thème CLIL : 3147 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage
- ISBN : 978-2-406-14485-4
- EAN : 9782406144854
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14485-4.p.0271
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 05/04/2023
- Langue : Français