Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Femmes artistes et écrivaines dans l’ombre des grands hommes
- Pages : 275 à 279
- Collection : Masculin/féminin dans l’Europe moderne, n° 24
- Série : xixe siècle, n° 7
Résumés
Hélène Maurel-Indart, « Introduction. De Lui à Elle, sur la voie de la création, au féminin »
L’histoire littéraire laisse peu de place aux femmes : nombre d’écrivaines sont passées à la trappe, leurs œuvres dépréciées ou simplement oubliées. Les femmes, en art et en littérature, ont le plus souvent œuvré dans l’ombre, comme collaboratrices, secrétaires, correctrices, ou même rédactrices anonymes, au service de l’œuvre du « grand homme ». Il importe de faire la lumière sur ces formes de créativité mal définies et sur le processus d’autonomisation chez certaines de ces créatrices.
Mots-clés : Condition féminine, histoire littéraire, artistes, reconnaissance, identité.
Éliane Viennot, « Écrivaines porte-plume, un phénomène historiquement limité »
L’histoire de la légitimité auctoriale des femmes est celle d’un recul progressif qui débute en France au xviie siècle, s’approfondit au suivant, commence à s’enrayer avec la législation sur les « droits d’auteurs » et cesse plus ou moins avec l’accès massif des femmes aux diplômes universitaires. Moquées par ceux qui estimaient que la carrière littéraire revenait aux seuls hommes, les femmes de talent trouvèrent souvent des stratégies pour publier quand même, quelquefois sous pseudonyme.
Mots-clés : Histoire littéraire, féminisme, légitimation, libération, reconnaissance.
Béatrice Didier, « Comment et pourquoi se cachent-elles ? »
Pour quelles raisons psychologiques, sociales, éditoriales, les femmes, de Madame de La Fayette à Colette, ont-elles longtemps accepté de se cacher dans l’ombre d’un écrivain qui les protège ou les étouffe ? Dans ces circonstances, 276anonymat et pseudonymie, tout en occultant leur identité, ont pu leur offrir un espace de liberté propice à la publication.
Mots-clés : Condition féminine, écrivaine, liberté, reconnaissance, légitimité.
Claudine Giacchetti, « La comtesse Dash dans l’atelier d’Alexandre Dumas »
La comtesse Dash, de son vrai nom Gabrielle de Saint-Mars, a laissé des écrits, principalement des romans, dont on conteste toujours la « paternité » littéraire. Mais elle-même a opté pour une stratégie de dissimulation, à commencer par ses multiples pseudonymes. En 1854, la publication du roman d’Alexandre Dumas, La Princesse de Monaco, illustre bien les relations de travail entre la comtesse Dash, rédacteur fantôme, et le romancier qui l’employait.
Mots-clés : Nègre littéraire, prête-plume, écrivain fantôme, romancière, reconnaissance.
Marie-Bénédicte Diethelm, « Claire de Duras, Chateaubriand et l’année des quatre romans, 1822 »
Les romans publiés de Claire de Duras, Ourika et Édouard, ont connu une gloire européenne au cours du premier xixe siècle. Mais au xxe siècle, Claire de Duras n’est plus que l’amie fidèle, la « chère sœur » du grand Chateaubriand. Pourtant, nous verrons comment cette égérie d’un grand homme dont elle relit et corrige les textes, retrouve aujourd’hui la reconnaissance, celle d’une romancière en pleine lumière.
Mots-clés : Romancière, correctrice, protectrice, légitimité, anonymat.
Jacques Lecarme, « Louise Colet rabaissée par Flaubert et par les flaubertistes »
Les biographes de Flaubert se sont acharnés à ridiculiser la femme de lettres qu’est Louise Colet. Les éditeurs de la correspondance ne reproduisent même pas le poème intitulé « Souvenirs » qu’elle composa pour le jeune Gustave, après une nuit d’amour, à Nantes, en 1846. Cet épithalame mérite l’attention, ne serait-ce que par la liberté avec laquelle la jouissance sexuelle y est contée. L’image injuste du bas-bleu nous a été transmise par Maxime Du Camp, son ennemi juré. Elle mérite réparation.
Mots-clés : Poétesse, muse, oubli, légitimation, liberté, indépendance.
277Hélène Maurel-Indart, « Catherine Pozzi, la muse trahie de Paul Valéry »
Catherine Pozzi connut d’abord avec son amant Paul Valéry l’éblouissement de la fusion intellectuelle et amoureuse. Puis, s’instaure une forme de collaboration où elle relit et corrige avec ferveur les cahiers de l’amant admiré. Mais la muse se sent bientôt trahie par cet homme qui puise pour son propre compte dans les ébauches de l’œuvre de sa vie, un essai métaphysique publié après sa mort sous le titre de Peau d’âme. Tragique destin d’une créatrice encore méconnue.
Mots-clés : Poétesse, essayiste, muse, correctrice, plagiat, légitimation.
Marie Gaboriaud, « Collaborations invisibles dans le monde de l’art. Beethoven, Nannette Streicher et Bettina Brentano ».
Beethoven fut entouré de femmes remarquables qui ont pu contribuer à son œuvre, comme Nannette Streicher par ses innovations techniques et Bettina Brentano par l’originalité de son univers créateur. Pourtant, les biographes peinent à définir la nature exacte de ces collaborations. En effet, le grand homme n’accorde pas à ces contributions féminines un prix assez haut pour conserver les lettres ou pour rendre visibles les échanges, qu’ils soient techniques, esthétiques ou philosophiques.
Mots-clés : Musique, piano, inspiratrice, dévouement, féminisme, compositrice.
Anne Tomiche, « Suzanne Duchamp. Sortir de l’ombre et repenser la pratique de la collaboration »
Le cas de Suzanne Duchamp et de sa contribution au mouvement dada parisien permet d’éclairer, dans le cadre des avant-gardes de la première moitié du xxe siècle, à la fois le processus d’occultation historiographique d’une femme artiste, active et reconnue dans le mouvement dada, et son apport spécifique à la pensée et aux pratiques de cette avant-garde : celui de la nature collaborative du travail artistique, prônée et pratiquée en particulier par Marcel Duchamp, son frère.
Mots-clés : Création artistique, sœur, oubli, originalité, invisibilisation.
May Chehab, « “L’oie vindicative antisémite”. Elisabeth Förster-Nietzsche »
Elisabeth Nietzsche épouse en 1885 un agitateur antisémite d’extrême droite, Bernhard Förster. Elle profite de la maladie de son frère pour créer 278les Archives Nietzsche et lancer en 1894 une campagne de promotion et de falsification de l’œuvre nietzschéenne. Elle regroupe ainsi sous le titre La Volonté de puissance une sélection d’aphorismes remaniés et commentés, sans respect des fragments originaux et de la volonté de leur auteur dont l’œuvre est ainsi détournée à des fins idéologiques plus que suspectes.
Mots-clés : Sœur, dénaturation, réécriture, respect de l’œuvre, détournement.
Bruno Blanckeman, « “Grâce me seconde”. Marguerite Yourcenar, un personnage à double auteur »
De 1939 à 1979, date de sa disparition, Grace Frick vit avec Marguerite Yourcenar dont elle est la compagne. Elle est aussi son interlocutrice première et sa traductrice. En outre, elle construit par un travail patient d’archivage l’histoire en temps réel et la postérité de Marguerite Yourcenar en partenariat avec l’intéressée. L’analyse de cette relation permet de comprendre l’invention d’un mythe, né dans le terreau de la prose conjugale.
Mots-clés : Alter ego, traductrice, correctrice, légende, fiction d’écrivain.
Laurence Plazenet, « Georges ou Madeleine ? Sapho, écrivain et fratricide »
Mlle de Scudéry publia ses premiers romans sous la signature de son frère aîné, Georges, dramaturge. Les contemporains ne s’y trompèrent guère. Sapho devint une figure éminente du monde des lettres. Mais la reconnaissance de Mlle de Scudéry écrivain se révéla plus problématique dans la critique ultérieure. Le cas de Mlle de Scudéry, tenue d’observer des stratégies de représentation de soi biaisées, est particulièrement intéressant pour étudier le statut d’une femme écrivain au xviie siècle.
Mots-clés : Sœur, autonomisation, reconnaissance, identité, anonyme.
Sylvie Marchenoir, « Le “nègre” de ses maris, l’exemple de la romancière allemande Therese Huber »
Le cas de Therese Huber illustre les piétinements de la création littéraire féminine en Allemagne au début du xixe siècle. De simple secrétaire puis de traductrice et de rédactrice pour son premier mari, l’écrivain voyageur Georg Forster, elle est passée à l’écriture à quatre mains avec son second mari, le romancier Ludwig Ferdinand Huber. Veuve, elle publie enfin ses premiers romans en nom propre. L’émancipée a réussi à entrer dans la lumière de la création littéraire.
279Mots-clés : Épouse, autonomisation, reconnaissance, émancipation, création littéraire.
Olivier Larizza, « Mary Shelley dans la main de son mari ? L’ombre de Percy Shelley dans Frankenstein »
La jeune Mary Godwin et Percy Shelley, poète déjà établi, débutent une forme de collaboration littéraire en tenant un journal intime à quatre mains qui donne lieu à la publication d’un récit de voyage, History of a Six Weeks’ Tour. Puis paraît Frankenstein. Ce roman, attribué aujourd’hui à la seule Mary Shelley, porte la trace d’une intense collaboration avec son pygmalion de mari. La jeune romancière aura donc réussi à imposer sa légitimité dans une société marquée par le privilège patriarcal.
Mots-clés : Romancière, épouse, création littéraire, originalité, reconnaissance.
Mónica Zapata, « Silvina Ocampo et Adolfo Bioy Casares, une collaboration conjugale équitable ? Deux vies, une histoire »
Souvent associée à celles de Bioy Casares – son époux – et de Borges – son ami – l’œuvre de Silvina Ocampo est longtemps restée dans l’ombre de ces deux grands maîtres de la littérature hispano-américaine. Le roman policier Ceux qui aiment haïssent a été écrit en collaboration avec son mari et, sans prétendre qu’il existe une écriture féminine distincte de celle des hommes, nous tenterons de repérer les traits de style susceptibles de leur appartenir en propre, à l’une comme à l’autre.
Mots-clés : Romancière, épouse, oubli, couple, originalité.
Christine Dupouy, « L’autonomie de Ilse G. »
Dans le couple Garnier marié en 1952, Pierre pratique davantage la poésie dite linéaire, traditionnelle, alors que la poésie d’avant-garde dite spatialiste est plutôt le fait d’Ilse, restée dans l’ombre jusqu’à peu. Cependant, toute une part de leur œuvre s’écrit à quatre mains, et il est temps de mettre en évidence l’importance de cette dernière, tout en ne négligeant pas la relation amoureuse qui a uni les deux artistes et dont témoignent les textes érotiques de Pierre célébrant Ilse.
Mots-clés : Épouse, fusion, légitimité, oubli, poétesse, création.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-08992-6
- EAN : 9782406089926
- ISSN : 2261-5741
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08992-6.p.0275
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 16/09/2019
- Langue : Français