Appendice III Lettres de Fagan à la Comédie-Française
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Théâtre français
- Pages : 1193 à 1194
- Collection : Bibliothèque du théâtre français, n° 86
Appendice III
Lettres de Fagan à la Comédie-Française
Première lettre
Voici, Monsieur, l’ouvrage que je vous ai promis, et que j’ai entrepris dans l’espérance qu’il serait utile et honorable à Messieurs les Comédiens ainsi qu’à moi.
Tout ce que je puis vous dire en faveur de cet ouvrage : c’est que je le crois digne d’attention, et que je ne pense qu’il soit possible de faire aucune réplique aux preuves que j’ai avancées.
En attendant l’honneur de vous aller voir je vous prie de vouloir bien me rendre service en tout ce qui dépendra de vous, et de me croire, Monsieur, votre très obéissant serviteur.
Signé : FAGAN.
Ce lundi 26 avril 1751
Deuxième lettre
Messieurs
Quoique votre Compagnie n’ait pas jugé à propos d’accorder une heure d’audience à l’ouvrage que j’ai fait au sujet de la profession de comédien, j’aurai l’honneur de vous représenter deux choses.
1o que je ne l’ai entrepris qu’après que M. Du Breuil m’a assuré, de votre part, que ce projet vous était agréable.
11942o que, sans aucune vanité de ma part, c’est le meilleur ouvrage qui, jamais, ait été fait, et le plus complet qu’il soit possible de faire à ce sujet.
Quand vous croiriez, Messieurs, ne pouvoir pas réussir dans l’objet que je m’y suis proposé, il n’en est pas moins vrai que c’est un monument qui devrait rester parmi vous, et un recueil exact de toutes les raisons qui vous sont le plus favorables.
Cependant, Messieurs, je reste sans récompense, car il n’y a pas d’apparence que je puisse être bien dédommagé par les libraires, dans une affaire où les personnes intéressées prennent si peu de part.
Je vous supplie donc de vouloir bien reconnaître mes soins, ainsi qu’il m’a été promis.
Pour vous y engager, Messieurs, je vous représenterai que, quand je me suis attaché à vous, j’espérais remplir une plus grande carrière, et que cet espoir m’a rendu peu attentif sur le profit des premières pièces que je vous ai données ; que j’ai cédé La Pupille à la 15e représentation, quoi qu’elle ait été jouée 35 fois de suite, ainsi du Rendez-Vous et des Caractères de Thalie, et que L’Heureux Retour, qui a eu 21 représentations, ne m’a presque rien rapporté, parce que j’ai contribué aux habillements et aux décorations, et qu’en même temps vous ne m’avez pas rendu la justice de prendre le tiers en sus, quoique ce fut, dès lors, l’usage pour les petites pièces qui occasionnent des dépenses.
J’ai l’honneur d’être très parfaitement, Messieurs, votre humble et très obéissant serviteur.
Signé : FAGAN.
Ce 17 mai 1751