Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Étudier les humanités aujourd’hui. Nouveaux enjeux, nouvelles méthodes
- Pages : 665 à 672
- Collection : Rencontres, n° 535
- Série : Lectures de la Renaissance latine, n° 16
Résumés
Hélène Casanova-Robin, « Introduction »
Mettre en lumière le renouvellement de la recherche dans les sciences de l’antiquité dans ses objets, dans ses méthodes, comme dans l’appréciation de la fécondité de leur réception, tel fut l’enjeu du colloque dont les actes sont ici publiés. Le Groupement d’intérêt scientifique « Humanités » a favorisé la synergie entre chercheurs de spécialités diverses et la naissance d’entreprises novatrices.
Sylvie Blétry, « Éclairage mutuel des sources textuelles et archéologiques pour l’étude du site de Tell Qéïla, Cisjordanie »
Une tradition a longtemps sévi au sein de la discipline archéologique : elle consiste à mettre en relation les textes et les faits archéologiques afin de prouver la véracité des premiers par la découverte des seconds. À partir des textes qui mentionnent le site de Tell Qéïla et de leur commentaire, en tant que source historique, il est possible de montrer au contraire la complémentarité de ces deux types de sources et d’améliorer notre compréhension archéologique de ce site, sur le temps long.
Clara Granger, « L’association d’Héraclès et de Thésée dans les ensembles monumentaux athéniens. Enjeux iconographiques et politiques »
Héraclès est une figure très populaire dans l’art grec archaïque et classique. À la même époque, les exploits de Thésée sont moins représentés. Mais les deux héros sont de plus en plus souvent associés, voire assimilés, et trouvent leur place dans des programmes iconographiques visant à affirmer la domination d’Athènes sur le monde grec. Deux monuments de construction athénienne, le Trésor des Athéniens de Delphes et l’Héphaïstéion d’Athènes, en fournissent une parfaite illustration.
666Stéphane Benoist, Florence Klein et Cyrielle Landrea, « 8-17 de notre ère, Ovide à Tomes. Lectures croisées des Tristes et des Pontiques »
L’article explore les Tristes et les Pontiques d’Ovide sous l’angle de trois approches méthodologiques complémentaires : l’analyse de la lecture ovidienne des realia romains révèle son apport historique, en particulier concernant les mutations de l’aristocratie républicaine désormais contrainte d’intégrer la figure du Prince dans ses stratégies sociales et politiques. L’étude poétique dévoile une véritable « leçon de littérature » sur le fonctionnement de la fiction et l’herméneutique de la lecture.
Marco Donato, Regina Fichera et Lucia Maddalena Tissi, « Rome, 357 après J.-C. L’Empire romain au miroir de ses traditions et de ses transformations »
En 357 apr. J.-C., Constance II visite pour la première fois l’Vrbs, C’est l’occasion de célébrer son 35e anniversaire au pouvoir et son triomphe sur Magnence. Le voyage de Constance à Rome a non seulement une portée symbolique dans un Empire aux frontières instables, mais il laisse des traces pérennes dans la Ville et dans la culture de l’époque. Une triple approche, historique, archéologique et littéraire, permet de mettre en lumière la portée culturelle de l’épisode.
Isabelle Bretthauer, « Les “écritures informelles” à la fin du Moyen Âge. Les ardoises comme support de l’écrit »
La fin du Moyen Âge connaît une diffusion toujours plus large de l’écriture. Une pratique reste méconnue : l’usage de l’ardoise comme support de l’écrit. Partant d’un corpus de découvertes archéologiques en Normandie, l’enquête met en lumière un usage très diffusé de l’ardoise pour l’écriture de documents du quotidien non pérennes, mais aussi de textes littéraires destinés à être conservés. Une nouvelle réflexion mérite d’être menée sur cette pratique, clé d’accès à un usage commun de l’écrit.
Marie-Laure Freyburger-Galland, « Vision grecque de la religion romaine »
Denys d’Halicarnasse, Plutarque et Dion Cassius décrivent des collèges de prêtres et des rites romains d’époque archaïque. Comment les perçoivent-ils et 667quelle est leur approche ? Le problème est abordé par le biais du vocabulaire. La manière dont ces auteurs choisissent de nommer ces prêtres et ces rites et le justifient rend de précieux services aux savants modernes car ils donnent des interprétations que les Romains ne jugeaient pas utile de donner, tant elles leur paraissaient évidentes.
Alice Lamy, « La réception médiévale du traité pseudo-aristotélicien De Mundo »
Le traité grec pseudo-aristotélicien Περὶ Κόσμου interroge la substance et les activités divines, depuis la sphère céleste jusque dans le monde sublunaire. Commenté aux périodes antique et tardo-antique,il est également traduit par Bartholomée de Messine et Nicolas de Sicile autour de 1250. Dans ses versions et ses relectures médiévales, il apparaît comme une synthèse cosmothéologique originale qui prête une attention particulière à la providence, la prescience et la dénomination divines.
Marylène Possamaï-Pérez, « Du latin au moyen français. L’Ovide moralisé »
À partir de l’exemple de la fable d’Europe, sont envisagés deux types de transposition que l’auteur anonyme de l’Ovide moralisé en vers (début xive siècle) fait subir aux Métamorphoses d’Ovide : une transposition linguistique (passage du latin à la langue romane), une transposition axiologique (interprétation allégorique de la fable, non seulement évhémériste ou morale, mais aussi chrétienne). L’étude cherche à repérer les sources tardo-antiques et médiévales des deux niveaux de transposition.
Magali Romaggi, « L’orgueil au miroir de Narcisse »
La manière dont les auteurs médiévaux choisissent de désigner le comportement de Narcisse dans leurs œuvres en latin puis en langue vernaculaire est significative. La littérature se fait l’écho du débat théologique au sujet de la notion d’orgueil qui a occupé une grande partie du Moyen Âge. Narcisse devient ainsi au fil des reprises et des variations médiévales l’incarnation parfaite de l’orgueil.
668Loup Bernard, « Réinterpreter l’histoire à partir des données de l’archéologie à l’heure du linked open data. Le cas du Verduron (iiie s. av. J.-C., Marseille 15e) »
La fouille du petit établissement du Verduron permet de jeter un nouvel éclairage sur les relations entre Grecs et Celtes à la fin du iiie s. av. J.-C. autour de Marseille. Les acquis de la fouille sont présentés brièvement, c’est l’utilisation des outils qui est développée. Grâce aux nombreux outils mis à disposition des chercheurs en Humanités notre travail d’archéologue évolue et nous permet d’appréhender avec un regard différent le passé au travers du prisme des outils en ligne.
Laurent Hablot, « Le programme SIGILLA. La sigillographie à l’heure des humanités numériques »
SIGILLA, base numérique des sceaux conservés en France, initié en 2013, a pour objet la collecte exhaustive de tous les sceaux (matrices, empreintes, relevés) conservés dans les collections nationales. La base de données propose une approche renouvelée des sceaux en mettant en valeur la matérialité et la sérialité des empreintes mais également des outils pour traiter et étudier l’épigraphie ou l’héraldique.
Sarah Orsini, « Éditer un corpus de brouillons. Héritage et reconfiguration des méthodes de la philologie classique en régime numérique »
Les différentes étapes de l’élaboration d’une édition génétique numérique (édition de brouillons en XML-TEI) sont présentées à travers l’exemple de l’édition des brouillons de l’auteur néolatin Giovanni Pascoli (1855-1912). L’objectif est de montrer que l’édition génétique numérique reconfigure les méthodes de l’édition critique de textes anciens et change notre rapport aux textes en transformant nos façons de les lire et de les analyser.
Sarah Gaucher, « Travailler sur un corpus de fragments. Le cas des Satires de Lucilius »
L’étude des œuvres antiques fragmentaires s’est longtemps cantonnée à la parution d’éditions rassemblant les différents fragments ou à la reconstitution spéculative des ouvrages perdus. Une nouvelle approche, appliquée 669ici à Lucilius, consiste à étudier les fragments dans leur contexte de citation, afin d’éviter les spéculations et de se faire indirectement une idée plus juste de l’œuvre de Lucilius, en comprenant comment il était lu par les Anciens.
Florian Barrière, « À propos d’un manuscrit du Bellum ciuile de Lucain (St Gallen, Stiftsbibliothek, cod. Sang. 863) »
Le manuscrit St Gallen, Stiftsbibliothek, Cod. Sang. 863 est un témoin ignoré par l’ensemble des éditeurs du Bellum ciuile alors que sa datation le situerait parmi les dix codices les plus anciens contenant l’intégralité du poème. Une brève étude codicologique, traitant notamment des nombreux dessins qui se trouvent dans le codex, et une étude philologique permettent de montrer les liens que ce manuscrit entretient avec le reste de la tradition manuscrite de Lucain.
Marie Pauliat, « Les sermons d’Augustin d’Hippone. Un corpus impossible ? »
Les quelque 800 sermons d’Augustin d’Hippone (354-430) constituent des sources de première importance. Mais il est difficile d’organiser en corpus ce groupement de textes en extension constante (invention de nouveaux sermons ou de parties perdues de sermons connus). Nous interrogeons donc quatre critères d’organisation (chronologique, thématique, contextuel et philologique), en précisant la méthodologie adaptée et en donnant des exemples des résultats distincts auxquels ils conduisent.
Marlène Helias-Baron, « La documentation des interstices. Copies et insertions de documents de gestion dans les livres (xiie-xve siècles) »
Les livres manuscrits sont parfois les réceptacles de documents de gestion, comme des censiers ou des comptes, ajoutés dans les espaces libres ou insérés lors de la reliure. Cette pratique d’« incodication » des documents d’archives peut être étudiée dans le milieu des abbayes parisiennes et franciliennes depuis le xiie jusqu’à la fin du xve siècle. Une comparaison avec les censiers et livres de comptes qui font l’objet de documents complets permet d’en saisir les spécificités.
670Laure Miolo, « De la bibliothèque privée à la bibliothèque collégiale. Aux origines de la collection scientifique au collège de Sorbonne »
Au début du xive siècle, le collège de Sorbonne possédait l’une des plus riches bibliothèques d’Europe. Elle était constituée d’une importante collection de livres scientifiques, qui joua un rôle de vecteur de la renovatio scientifique au sein de l’université de Paris. Deux bibliothèques privées sont à l’origine de ce fonds exceptionnel. Cet article est consacré à la genèse de cette collection de livres mathématiques et s’attache à mieux saisir les différents enjeux de ces donations.
Sébastien Fray, « À la recherche d’une expertise diplomatique locale. La mission de Vacher de Bourg l’Ange dans les archives de Saint-Géraud d’Aurillac au xviiie siècle »
L’entreprise du Cabinet des Chartes, au xviiie siècle, visait à récolter dans les fonds d’archives provinciaux tout ce qui pouvait intéresser la construction d’un droit public cohérent sous l’égide de la monarchie. En témoignent les érudits locaux laïcs, tel Jean-Charles Vacher de Bourg l’Ange, avocat chargé d’explorer les fonds de l’abbaye Saint-Géraud d’Aurillac.
Véronique Grandpierre, « Apkallû et ummanû. La figure de l’expert mésopotamien et sa diffusion dans le temps et dans l’espace »
Qu’est-ce qu’un expert ? Une personne dont le savoir est tel que l’on fait appel à elle. En Mésopotamie, deux catégories d’individus répondent à ces critères : apkallû et ummanû. Qui sont-ils ? Quelles évolutions peut-on observer suivant les traditions grecque et proche-orientale, et ce jusqu’à nos jours ? Et finalement les critères pour qualifier l’expert sont-ils les mêmes hier et aujourd’hui ?
Yves Lehmann, « L’Africain Caelius Aurélien, dernier représentant des sectes médicales romaines »
Au ve siècle, l’Africain Caelius Aurélien, médecin originaire de Sicca Veneria, dernier grand représentant de la secte méthodiste, témoigne d’un vaste savoir médico-pharmaceutique dans ses deux grands manuels nosologiques : les Maladies aiguës et les Maladies chroniques. Il présente pour chaque 671pathologie importante une doxographie critique, tantôt recentrée en notices synthétiques, tantôt dispersée dans les chapitres nosologiques, avec un souci permanent de la chronologie des maîtres et des écoles.
Georges Sidéris, « Galien constantinopolitain : référence, autorité et transtemporalité à Byzance. Galien et Dioscoride dans le manuscrit d’Anicia Juliana à Constantinople »
Le médecin et philosophe Galènos vivant à Constantinople au ve, présent dans une notice des Parastaseis, ouvrage patriographique du viiie siècle, est l’image transtemporelle et byzantinisée du médecin Galien de Pergame. Cette notice témoigne de l’autorité de Galien à Byzance et de l’acculturation dont lui-même et son œuvre sont l’objet dans l’empire byzantin.
Aline Canellis, « La figure d’Ambroise de Milan d’après le De Bello Arriano de Giovanni Marco Fagnani (1604) »
Différents visages d’Ambroise sont décrits dans le De Bello Arriano de Giovanni Marco Fagnani (Milan, 1604). Fagnani suit les traditions historique, épique, hagiographique et légendaire pour faire le panégyrique du patron de la ville de Milan, saint Ambroise.
Élisabeth Vuillemin, « Citation ou réécriture. L’usage de Jean Chrysostome dans la Défense de la tradition et des Saints Pères de Bossuet »
Jean Chrysostome est une référence centrale de la Défense de la Tradition et des Saints Pères, ouvrage polémique écrit par Bossuet contre Richard Simon. Bossuet conteste l’interprétation de Richard Simon qui oppose Chrysostome à Augustin sur la question de la grâce. Il fait subir des modifications aux textes de Chrysostome qu’il cite en les intégrant à son texte français, avec une visée polémique ou esthétique.
Kondylenia Belitsou, « L’Histoire de La Grèce ancienne dans l’enseignement secondaire en France au xixe Siècle (1814-1914). Les textes officiels »
Une étude des textes officiels du ministère de l’Instruction publique, à la lumière des changements socio-politiques en France entre 1814 et 1914, permet 672de comprendre les enjeux de l’émergence de l’histoire ancienne comme discipline enseignée dans le secondaire. Étroitement lié aux Humanités classiques, l’enseignement de l’histoire ancienne ne connaît pas la même évolution que l’enseignement de l’histoire nationale. La discipline se structure néanmoins grâce au développement de l’archéologie.
Christian Bouchet, « Représentations de l’Europe en Grèce classique »
Les Grecs de l’époque classique doivent aux premiers cartographes du vie siècle une connaissance même approximative de l’oikoumène, divisée en deux ou trois blocs, Europe, Asie et Libye. Or, un certain nombre de sources grecques, tout en admettant la distinction entre Grecs et Européens, ont pu chercher à superposer les termes de Grèce et d’Europe, en faisant de la première le cœur même de la seconde.
Giovanni Stranieri, « “Europe” et “Rome” au premier Moyen Âge. Aux sources antiques d’un imaginaire européen »
Au début du Moyen Âge occidental, le nom Europa commence à être utilisé pour désigner un monde, en opposition à d’autres mondes. À partir d’un dossier non exhaustif de textes du haut Moyen Âge, sont étudiés le rôle matriciel de cette idée d’Europe pour l’imaginaire européen, ainsi que sa contiguïté, voire sa conflictualité latente avec la résurgence de l’idée de Rome.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-12632-4
- EAN : 9782406126324
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12632-4.p.0665
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 15/06/2022
- Langue : Français