“Esprit californien, es-tu là?” The New-Age roots of digital society
- Publication type: Journal article
- Journal: Études digitales
2018 – 1, n° 5. Religiosité technologique - Author: Rappin (Baptiste)
- Pages: 87 to 103
- Journal: Digital Studies
« Esprit californien, es-tu là ? »
Les racines New Age de la société digitale
Aujourd’hui nous devons nous demander : est-ce que le début de la déshumanisation et de la déspiritualisation des facultés subjectives des systèmes vivants n’est qu’un processus superficiel correctif, […], ou est-ce que la cybernétique vise une révision fondamentale de notre conception traditionnelle du monde, qui divise la réalité en une sphère naturelle et une sphère surnaturelle1 ?
Aujourd’hui, ce sont les enfants, et bien davantage les petits-enfants, réels ou symboliques, du Flower Power et du Summer of Love qui déclarent renouer avec l’héritage iconoclaste, contre-culturel ou « disruptif » – dit-on de nos jours dans la Vallée. Et qui, en vérité, s’inscrivent plus exactement dans la lignée de la ruée vers la Golden Gate, rêvant tout autant de pépites d’or, mais faites d’une autre substance, tramées d’équations mathématiques, de serveurs et de systèmes « intelligents2 ».
Les religions de la technologie
Une thèse largement acceptée voudrait voir en la modernité un arrachement péremptoire à la religion. La signature de Voltaire, pourtant déiste, est bien connue : « Ecr. Inf. », abréviation d’un « Écrasons l’infâme » synonyme du projet d’éradication du dogmatisme aveugle de l’Église. La maxime de Kant, énoncée dans sa réponse à la question Qu’est-ce que les Lumières ?, ne l’est pas moins : « Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des 88Lumières3 ». Ainsi l’ambition moderne se caractérise-t-elle par la place centrale accordée à l’éducation de l’homme et à son apprentissage du maniement de la raison dans le but de conquérir son autonomie et de se délivrer des chaînes de l’hétéronomie, que cette dernière prenne la forme de la tradition ou de la transcendance. De ce point de vue, la science joue un rôle de premier plan, car les connaissances méthodologiquement éprouvées bannissent l’obscurantisme dans les oubliettes de l’histoire ; en d’autres termes, la société qui aurait achevé sa mue en société positive atteindrait par là même une forme d’achèvement et de perfection.
Force est pourtant de constater la partialité d’une telle thèse. Tout lecteur du Catéchisme positiviste d’Auguste Comte (publié en 1852), dont le sous-titre évocateur est : Sommaire exposition de la religion universelle en onze entretiens systématiques, connaît sa proposition d’une religion de l’Humanité fondée sur l’Amour, l’Ordre et le Progrès, dont il s’institua Grand-Prêtre et imagina les neuf sacrements ainsi que le calendrier. Il inscrivit de fait ses réflexions dans les pas de son ancien maître, Claude-Henri de Saint-Simon, dont il fut un temps le secrétaire et qui laissa, en guise de testament théologique, un Nouveau Catéchisme (publié en 1825) dont Pierre Musso affirme qu’il « renferme l’essentiel de la religion saint-simonienne4 » : à savoir un retour au christianisme primitif qui nécessite simultanément l’abandon des relations médiatisées par l’institution ecclésiastique et la promotion d’interactions directes s’ancrant dans l’essor des moyens de communication qui irriguent la société comme le sang circule dans le corps humain. Plus proche de nous, Edgar Morin, dont les différents volumes de La méthode fournissent une synthèse des avancées de la science contemporaine marquée par le tournant cybernétique, n’hésite pas à recourir au vocabulaire de la religion, animiste et païen tout d’abord pour célébrer le culte du Soleil : « nous sommes enfants du soleil, et pour le dire comme Paule Salomon, nous sommes un peu, parfois, enfants-soleils5 ! », monothéiste ensuite pour 89établir une liste de commandements, ceux de la complexité6. Ami d’Edgar Morin et président-fondateur de l’Association Européenne pour la Modélisation de la Pensée Complexe7, traducteur d’Herbert Simon et tête de proue du constructivisme dans le monde francophone, Jean-Louis Le Moigne présente un raisonnement similaire, en alliant les dernières avancées de la science (sciences de l’artificiel ou encore sciences de la conception) à un romantisme spiritualiste qui donne lieu à des envolées lyriques :
Alors se reformera la spirale de la connaissance, reliant sans fin Pragmatiké et Epistémé, sans jamais plus les séparer en « deux cultures ». La restauration du statut épistémique des sciences de l’ingénierie, ou de l’ingenium, tenues pour aussi fondamentales que les sciences d’analyse, ne rend-elle pas possible ce réenchantement8 ?
Il semblerait par conséquent que l’essor de la technoscience moderne ne puisse se résumer à un arrachement de l’entendement humain à l’emprise du dogme, et qu’il faille dès lors plutôt se tourner vers l’hypothèse selon laquelle le progrès de la raison fut à chacune de ses étapes l’occasion d’une nouvelle formulation de ce que Pierre Legendre nomme la « Référence », à savoir cet « Absolu symbolique impérissable dont relève le sentiment d’appartenance9 ». Cette piste paraît d’autant plus justifiée que les travaux de l’historien américain David Noble10 mettent en évidence les racines religieuses de la technologie : pour l’auteur, en effet, le déferlement de la puissance scientifique, s’il se déploie bien plus tard, trouve pourtant sa source et son esprit dans la période chrétienne médiévale, les monastères bénédictins et le millénarisme de l’abbé calabrais Joachim de Flore. Ce lien tenace, loin d’être rompu par les figures de la science moderne, les Bacon, Newton, Boyle et leurs épigones, fut à chaque fois reformulé dans le cadre général de la Référence chrétienne, y compris sous sa forme sécularisée.
90Qu’en est-il alors de la société digitale ? Faut-il y déceler le triomphe tardif mais définitif des Lumières ? La victoire tant repoussée de la raison serait-elle enfin manifeste dans la généralisation du réseau et des objets connectés ? Ici encore, les jugements hâtifs méritent d’être suspendus ; car plusieurs auteurs nous invitent expressément à prendre en vue la nouvelle religiosité qui porte la société de la communication et en font, plus qu’un projet, une utopie : ainsi Philippe Breton met-il en évidence la « théologie de l’entropie » qui caractérise la cybernétique de Norbert Wiener11, Philippe Breton et Serge Proulx considèrent-ils la société de la communication comme positionnée entre « l’idéologie, l’utopie et les nouvelles religiosités12 » et David Forest fait-il du « prophétisme communicationnel » le cœur de son décryptage de l’époque contemporaine13. Notre contribution s’inscrit dans cette lignée : en effet, dans les lignes qui suivent, nous établissons que la société digitale repose une anthropologie religieuse issue du Nouvel Âge ; plus précisément la notion d’information est l’opérateur qui autorisa le rapprochement inédit entre cybernétique et spiritualité, ouvrant alors la voie à toutes les formes de mystique de l’efficacité qui caractérise les pratiques du management contemporain, et notamment le coaching.
Le digital : une révolution logique
Comme le note à juste titre Jean Vioulac14, le réseau, que l’on assimile au capitalisme immatériel, à la société de la connaissance ou encore à l’ère du digital, et qui se donne trompeusement à voir dans des interfaces ludo-utilitaires15, masque deux couches de réalité : une première, 91plutôt évidente, concerne les gigantesques infrastructures matérielles nécessaires au stockage et à la circulation des données ; la seconde, plus subtile, renvoie à la refonte du langage dans une métastructure logicielle. Ici se situe précisément tout l’enjeu sous-jacent à la distinction entre les machines digitales et les machines analogiques qu’opère Norbert Wiener ; alors que ces dernières, par exemple la règle à calcul, mesurent des quantités et continuent ainsi d’entretenir un rapport proportionné à la réalité, les premières, comme la calculatrice, ne procèdent qu’à des calculs en fonction des signaux qui leur parviennent :
Cette machine, fondée sur le principe du « tout ou rien », est appelée machine digitale. Elle est extrêmement commode pour les problèmes de communication et de commande. En particulier la netteté de la décision entre le « Oui » et le « Non » crée la possibilité d’accumuler ces décisions de manière à permettre de déceler des différences très petites dans des nombres très grands16.
Malgré le découpage de la journée en heures, en minutes et en secondes – la seconde étant l’unité de référence du temps –, la montre analogique, dont le cadran fait encore écho, certes lointainement, au cadran solaire et les aiguilles au gnomon, entretient encore un rapport au rythme naturel et à l’alternance des périodes de la journée et même du jour et de la nuit ; la montre digitale, quant à elle, affiche des chiffres sur son écran à cristaux liquides et donne l’heure comme une simple et arbitraire convention. Portée par l’algèbre de Boole et la révolution logique moderne, la cybernétique conçoit la communication comme un ensemble de signaux élémentaires parfaitement univoques qui permettent de traiter un très grand nombre d’informations tout en percevant les différences infiniment petites à partir desquelles le système peut adapter son comportement.
De son côté, John von Neumann propose une Théorie générale et logique des automates dans laquelle la réduction du bruit joue un rôle central. L’auteur distingue les machines analogiques et les machines digitales non seulement en vertu de leurs principes comme Norbert Wiener, mais surtout en raison de leur efficacité et de leur capacité à optimiser le taux signal/bruit qui s’apparente au « rendement de la communication » :
92La différence importante entre le niveau de bruit d’une machine digitale […] et celui d’une machine analogique n’est pas du tout qualitative. Nous l’avons signalé plus haut : le niveau de bruit relatif d’une machine analogique n’est jamais inférieur à 1 sur 105, et souvent s’élève jusqu’à 1 sur 102. Dans une machine digitale à 10 chiffres comme celle que nous venons de voir, le niveau de bruit relatif dû à l’arrondi est de 1 sur 101017.
La machine digitale, à la mesure, se révèle bien plus efficace. L’univocité du langage binaire, qui assure la performance de la redondance, permet de maîtriser plus facilement non seulement le bruit de fond, mais également la production de bruit inhérente à tout acte de communication. En effet, la détermination du langage par une série d’alternatives évacue l’incertitude analogique, qui s’exprime par rapport au lieu de se contenter de descriptions factuelles et constitue le chemin de l’assurance le long duquel court la métaphysique moderne depuis Descartes. Fort logiquement, John von Neumann déclinera cette proposition dans la discipline économique en formulant en 1944, avec Oskar Morgenstern, la théorie des jeux qui connut et connaît encore un fort succès en sciences politiques et en sciences sociales, et à laquelle Wiener se réfère à plusieurs reprises, aussi bien dans Cybernetics18 que dans The human use of human being19.
Cette même distinction entre l’analogique et le digital, loin de se limiter au seul champ de la machine informatique, se trouve au cœur de l’école de Palo Alto, dont Gregory Bateson, l’ami de Norbert Wiener, est à l’origine ; en effet, parmi les propositions pour une axiomatique de la communication, figure celle qui assure le départ de la distinction, parfois au mot près, entre la communication analogique et la communication digitale directement issue de la distinction informatique :
[…] certains ordinateurs fonctionnent selon le principe du « tout ou rien » des tubes à vide ou des transistors ; on les appelle digitaux, parce qu’ils travaillent essentiellement avec des « digits » (ou « bits ») ; mais il existe une autre catégorie de machines qui utilisent des grandeurs discrètes et 93positives – analogues des données – et qui pour cette raison sont appelés analogiques20.
Qu’en est-il alors de la communication humaine ? La précédente dichotomie amène à reconnaître deux modes de désignation des objets : d’une part, le dessin qui met en relation de façon « naturelle » l’image et le réel ; d’autre part, le langage qui associe à un son arbitraire, le mot, des choses réelles qui viennent alors à la parole en étant nommées. De là procède la fameuse séparation entre la communication verbale, désormais associée au mode digital de l’expression, et la communication non verbale qui relève du registre analogique en grande partie hérité de nos ancêtres les mammifères21. Poursuivons le raisonnement : si l’homme communique effectivement à partir d’un double mode d’expression, sa dignité lui provient bien de sa capacité à articuler un discours digital, c’est-à-dire univoque et fonctionnel, qui offre « une précision parfaite22 » ; car « la complexité, la souplesse et l’abstraction du matériel digital d’un message sont beaucoup plus grandes que celles d’un matériel analogique23 ». À titre d’exemple, les auteurs en viennent même à déplorer le manque de clarté logique des larmes qui peuvent aussi bien signifier la tristesse et la joie, sans qu’elles ne puissent à elles seules faire pencher l’interprétation d’un côté ou de l’autre. Une application possible et privilégiée de cette conception univociste du langage a lieu en psychothérapie : car, pour les théoriciens de l’école de Palo Alto, la pathologie provient souvent de l’existence d’un paradoxe qui demande à être résolu ; c’est précisément ce qu’ils nomment « l’art de trouver un nouveau cadre24 », opération logique qui nécessite un phénomène d’apprentissage menant à distinguer les différents niveaux de langage afin de lever les contradictions paralysantes.
Si le langage digital conduit à porter au pinacle la dimension immatérielle du réel, c’est parce qu’il se fonde sur une logique formelle indépendante d’éléments matériels. Mais c’est justement cette abstraction du code qui ouvre la porte à la fusion de la science et du spirituel dans 94le Nouvel Âge : car la résolution d’un paradoxe par l’exercice d’une compétence logique sera ni plus ni moins assimilée à l’accès à un état de conscience supérieur.
L’information
et le terreau spirituel du New Age
Mais prenons le temps de poser en premier lieu cette simple question : pourquoi donc raccrocher le New Age à la cybernétique et au tournant digital ? Lisons plutôt le fondateur de l’Institut Esalen, Murphy, décrire son projet : « Aujourd’hui Esalen veut créer l’équivalent moderne de l’homme de la Renaissance, en mélangeant sans préjugés des techniques chinoises du ve siècle aux acquis de la cybernétique25 ». Mais comment peut-on concilier la logique digitale, qui renvoie à un jeu binaire tissé de 0 et de 1, avec les sagesses spirituelles les plus variées ? L’information est précisément l’opérateur conceptuel qui autorise cette transitivité entre les deux pôles.
Si pour Wiener « vivre, c’est vivre avec l’information adéquate26 », il ne faut pas entendre cette proposition à la lueur de la moraline contemporaine qui voudrait conclure à l’importance de l’ouverture et de la communication. Car la pensée de Wiener est scientifique : et l’information pertinente qu’il évoque n’est rien d’autre que le langage technicisé du code qui se laisse décomposer dans sa dualité digitale fondamentale et traiter par un algorithme. Mais que ce dernier se déploie dans les circuits du cerveau humain ou dans ceux d’une puce demeure indifférent : comme le résume parfaitement Gotthard Günther, « il est particulièrement important de souligner l’indifférence de la cybernétique face à la question de la matérialité, car c’est bien par là que l’on accède au cœur même de sa philosophie et à la conception novatrice du monde qu’elle implique27 ». Cette indifférence de la cybernétique à la matière, 95sa conception éthérée du monde et de la vie, en fait le partenaire privilégié d’une spiritualité individualiste, syncrétique et relativiste, celle du Nouvel Âge précisément. Thèse qui se vérifie d’un double point de vue : celui de l’histoire des idées et celui des trajectoires d’hommes qui représentent à eux seuls cette fusion de la cybernétique et de la spiritualité qui caractérise la société digitale.
Le Nouvel Âge, s’il émerge dans les années soixante, n’en possède pas moins des racines plus lointaines. Pour s’en limiter à la fin du xixe et au début du xxe siècle, Jean Vernette28 cite le spiritisme d’Allen Kardec, l’occultisme d’Eliphas Levi et de Papus, la Société Théosophique de Madame Blavatsky et du colonel Olcott (puis d’Alice Bailey, d’Annie Pesant, de Jiddu Krishnamurti, de Rudolf Steiner), l’ésotérisme de Guénon. Michel Lacroix29 cite de son côté les mêmes noms. Quant à Massimo Introvigne30, il propose un travail généalogique plus conséquent ; les noms précédents apparaissent mais l’auteur inclut également : le christianisme ésotérique (Swedenborg par exemple), le néo-paganisme (la Wicca ou néo-sorcellerie), l’ufologie et l’astrologie. Introvigne souligne toutefois que le Nouvel Âge procède fortement de la subculture théosophique. Comment caractériser la Société Théosophique ? Quelle vision du monde développe-t-elle ?
Comme l’explique Serge Hutin31, la Connaissance de Madame Blavatsky découle de son accès, autorisé par des Maîtres invisibles, aux Stances de Dyzan, texte antérieur à tout document connu. Son interprétation a été consignée dans sa Doctrine Secrète : elle y explique que l’âme humaine est une parcelle de l’Âme de l’Univers et qu’elle est appelée à réintégrer cette Unité. La Réalité est conçue comme une superposition de sept plans qui se reproduisent, par le postulat de l’analogie entre macrocosme et microcosme, chez l’être humain. De façon plus générale, Françoise Champion32 dresse l’idéaltype des mouvements occultistes 96qui ont influencé le Nouvel Âge : ils se caractérisent par un refus du dualisme, un optimisme fondamental (progression de réincarnation en réincarnation vers le Salut), la croyance en la responsabilité de l’Homme, la promotion d’une convergence de toutes les religions, l’idée de choses cachées, la volonté de fraternité universelle, l’influence des religions orientales, la recherche de conciliation entre science et spiritualité, une perspective messiano-millénariste, une affirmation de l’individualisme, une structuration autour de leaders charismatiques. Toutefois, l’auteur souligne également les évolutions du Nouvel Âge par rapport à cet idéaltype : alors que le théosophisme pensait la transformation des individus en termes d’enseignement et de transmission de la Connaissance, le New Age met au cœur de son système l’intériorité du sujet et sa transformation, d’où le foisonnement de techniques psychocorporelles et une ligne de démarcation très faible entre psychologie et spiritualité.
Les spécialistes reconnaissent deux lieux de naissance au Nouvel Âge : Esalen en Californie et Findhorn en Écosse. Commençons par ce dernier. Introvigne souligne le lien qui unit le jardin écossais à la Société Théosophique :
À la fin des années cinquante, en Angleterre, un groupe de personnes aux origines diverses et variées – sans appartenir aux organisations baileyennes « officielles », elles étaient unies par un intérêt commun pour les écrits d’Alice Bailey et par l’idée que de grands changements étaient à l’horizon dans de nombreux domaines de l’existence humaine – commencèrent à se rencontrer périodiquement. De ce groupe faisaient partie les personnes qui, plus tard, seront à l’origine de la fondation de Findhorn […]33
Le second lieu, l’Institut Esalen, fera l’objet d’une description plus précise, en raison de son influence directe sur le coaching. Les deux courants, anglais et américains, se rencontreront dans les années soixante-dix à travers la figure de David Spangler et la synthèse sera opérée en 1980 par la journaliste Marylin Ferguson dans l’ouvrage Les enfants du Verseau, pour un nouveau paradigme : à la suite de Paul Le Cour, elle annonce la fin de l’Ère du Poisson, qui débute avec l’avènement de Jésus et qui se caractérise par la hiérarchie et la guerre, et la transition vers l’Ère du Verseau porteuse de promesses de justice, de communication et de paix.
97En résumé, le millénarisme de Joachim de Flore, qui annonçait le règne du Saint-Esprit après celui du Fils, de l’Église et du Dogme, semble bel et bien se concrétiser dans l’alliance de la cybernétique, que l’on considérera comme la matrice scientifique du paradigme informationnel et immatériel, et des spiritualités occultes, d’inspiration gnostique, qui cherchent à développer une voie de salut hors de ce monde charnel. Le coaching, que Luc Boltanski et Ève Chiapello34 classent à juste titre parmi les symboles du Nouvel esprit du capitalisme et de la cité par projets, semble une excellente illustration de ce mariage.
Un exemple paradigmatique :
le coaching
Mais comment déceler la présence du Nouvel Âge dans le coaching ? Nous partirons pour cela de l’analyse bibliométrique réalisée par Sybil Persson dans son travail de thèse35 en extrayant les éléments pertinents de la « liste des premières références générales classées par fréquence d’utilisation » :
Rang |
Références |
2 |
PNL |
3 |
Maslow |
4 |
Rogers |
9 |
Gestalt |
15 |
Bandler et Grinder |
17 |
Perls |
24 |
Bandler |
En quoi toutes ces références, centrales pour les coachs si l’on considère le classement ci-dessus, sont-elles liées au Nouvel Âge ?
[…] bien des idées et des pratiques du New Age naîtront autour d’une ferme située à flanc de coteau entre San Francisco et Los Angeles, à Big Sur : dans le haut lieu californien d’Esalen. En cette Mecque mythique du Verseau convergent, à partir de 1961, des psychothérapeutes, des artistes, des scientifiques, des psychologues. Allan Watts, Arnold Toynbee, Carl Rogers, Paul Tillich, Carlos Castaneda, J. B. Rhine, Abraham Maslow, tous célèbres dans le monde des recherches sur la conscience et le cerveau, y séjournent. C’est la naissance du Mouvement du Développement du Potentiel humain36.
Ajoutons que Fritz Perls, l’initiateur de la Gestalt-therapie, fit partie des résidents permanents de l’Institut37 et que la Programmation NeuroLinguistique (PNL) fut conçue à partir de l’observation de Perls à Esalen par Richard Bandler et John Grinder. La PNL résulte en effet, pour le dire avec ses créateurs, d’« un processus d’observation systématique de Virginia Satir, Milton H. Erickson, Fritz Perls et d’autres grands maîtres de la thérapie38 ». Satir faisait partir du Mental Research Institute de Palo Alto, créé par Gregory Bateson, alors qu’Erikson assistait aux Conférences Macy et avait des liens avec le groupe « Bateson ».
Revenons toutefois à Maslow et Rogers, tous deux psychologues et psychothérapeutes, figurant à la fois parmi les « piliers » du groupe californien et comme références incontestables pour la profession « coaching ». Un regard plus poussé sur leurs écrits permet de mieux cerner la notion de « potentiel humain » et son rôle central dans le Nouvel Âge. Le premier trait saillant de cette lecture est le naturalisme optimiste :
Un des concepts les plus révolutionnaires qui soit sorti de notre expérience clinique est la reconnaissance accrue que le centre, la base la plus profonde de la nature de l’homme, les couches les plus intérieures de sa personnalité, le fond de sa nature animale, que tout ceci est naturellement positif, est fondamentalement socialisé, dirigé vers l’avant, rationnel et réaliste39.
99Ce que confirme Maslow40 qui admet l’existence d’une « nature humaine intérieure » existant sous forme de potentialités qu’il s’agit de développer à l’aide de la science et des psychothérapies. En second lieu, il convient de noter l’importance accordée à l’expérience, notamment à travers le thème de la créativité, dans le développement du potentiel : « La cause première de la créativité semble être cette même tendance que nous découvrons comme force curative en psychothérapie – la tendance de l’homme à s’actualiser et à devenir ce qui est potentiel en lui41 ». Le potentiel, pour s’actualiser, doit s’extérioriser à travers l’expérience, doit être à l’origine d’une création, d’une innovation, d’une construction. Cela suppose de se « connecter » à son corps, à son cerveau droit, et de ne pas tomber dans le piège de la rationalité. Toutefois, l’expérience dont il est question dans le Nouvel Âge dépasse l’expérience comprise au sens commun ou scientifique ; c’est la raison pour laquelle Maslow étudie les expériences paroxystiques : elles sont en réalité la condition d’accès à l’accomplissement de soi42, dernier étage de la fameuse pyramide des besoins. En dernier lieu, Maslow et Rogers insistent sur la relation interpersonnelle. En effet, les relations humaines peuvent permettre à un individu d’actualiser son potentiel, ou au contraire de l’inhiber. Quels facteurs entrent en jeu ? Le premier est celui de la « congruence43 », terme qui désigne « l’accord de l’expérience, de la conscience et de la communication », et qui est le positionnement de l’authentique thérapeute. Mais, second élément, la congruence n’est possible qu’à certaines conditions que Rogers résume sous la formule « être vraiment soi-même », c’est-à-dire : « par-delà les façades », « par-delà les “je devrais” », « par-delà ce qu’on attend de vous », « par-delà le devoir de faire plaisir aux autres », « vers l’autodirection », « vers la mobilité, le processus », « vers la complexité », « vers une ouverture à l’expérience », « vers une acceptation d’autrui », « vers la confiance en soi44 ». Quant à lui, Maslow souligne la nécessité du caractère désintéressé de la relation à autrui afin d’en faire émerger le potentiel propre45.
100En synthèse, Maslow et Rogers, qui participent à l’élaboration du mouvement du potentiel humain et au développement du Nouvel Âge dans sa branche américaine, fournissent dès les années soixante le cadre général de l’intervention du coach dans les organisations contemporaines : croyance en la nature fondamentalement bonne de l’être humain, posture en miroir fondée sur l’empathie, importance du ressenti du moment présent, rôle de la créativité et de la création.
Le management
ou l’organisation du salut digital
Le coaching s’avère néanmoins loin d’être un cas isolé. Ce bouillonnement intellectuel et spirituel, qui définit le cœur même du mouvement de la contre-culture californienne, allait directement donner naissance à l’utopie numérique : telle est la thèse du sociologue Fred Turner qui l’appuie en suivant la trajectoire du personnage de Stewart Brand46. Et, comme le montre l’auteur ainsi que nos développements précédents, il ne faudrait pas croire que la cyberculture soit simplement le fruit du redéploiement de la créativité des acteurs de la contre-culture ; tout au contraire, il faut bien prendre en vue que contre-culture et cyberculture n’ont toujours fait qu’une seule et même culture.
À l’ère digitale qui s’ouvre donc avec la cybernétique fait écho le passage d’un management industriel à un management postindustriel dont les deux piliers sont le management des connaissances et l’intelligence collective. On pourrait même voir dans ces deux expressions une seule et même pratique en considérant la seconde comme l’accomplissement du premier. Mais tant le management des connaissances que l’intelligence collective s’affichent dans une perspective millénariste qui entrevoit le salut du monde dans la maîtrise de l’information digitale. Observons cela47.
101Du point de vue des écrits portant sur le management des connaissances, le progressisme se décline à la fois sur les plans historique et idéologique. Historique : Grover et Davenport48 relisent le triptyque donnée/information/connaissance à travers à une repériodisation de l’histoire de l’informatique dans les organisations. Les années soixante seraient marquées par l’arrivée du traitement centralisé des données, notamment lors des transactions. La décennie suivante se caractérise par les systèmes d’information dont le but est de trier et d’agréger les données et de les transformer en informations pertinentes, par exemple pour gérer la paye du personnel. La connaissance est le trait distinctif des temps présents : elle qualifie les personnes capables d’utiliser l’information dans leur contexte. Les auteurs n’hésitent pas à redoubler de superlatifs à son égard, signes de ce progressisme sous-jacent : « Knowledge has the highest value, the most human contribution, the greatest relevance to decisions and actions, and the greatest dependance on a specific situation or context ». À ce progressisme historique se superpose un progressisme idéologique qui voit dans le Knowledge Management « une nouvelle vue de la firme49 ». À ce titre, le triptyque donnée/information/connaissance est tout autant un système synchronique qu’une perspective dynamique visant à marquer un progrès voire un accomplissement. La donnée et l’information, de nature purement technique, viennent enfin de trouver un sens dans la connaissance. Le progressisme idéologique est en outre présent dans la lecture linéaire que les auteurs font de l’histoire de la pensée : la dichotomie empirisme/rationalisme appelle en effet à un dépassement, dont la réalisation s’opère à travers le recours au pragmatisme50. La connaissance, envisagée sous cet angle philosophique particulier, vient achever le débat entre partisans de l’esprit et tenants de la matière. La réconciliation entre l’homme et le monde, entre l’esprit et l’action peut enfin être fêtée sous la bannière du pragmatisme : c’est tout simplement la fin de l’histoire promise par Fukuyama que le management des connaissances 102est en passe d’accomplir et qui possède ses prophètes aux accents joachimites et teilhardiens51. Toutefois, la réalité du progressisme des modes managériales dépasse le discours de la fiction eschatologique. Et déjà la succession du Knowledge Management semble envisagée par certains. La formulation d’un « wisdom-based model of the firm » dans lequel « la sagesse serait au pinacle de la hiérarchie qui implique l’information et la connaissance52 » relève de cette philosophie de l’histoire avec laquelle le management n’arrive tout simplement pas à prendre ses distances.
L’intelligence collective n’aurait-elle justement pas atteint ce stage de la sagesse, elle que Pierre Lévy, son promoteur, définit comme « une intelligence partout distribuée, sans cesse valorisée, coordonnée en temps réel, qui aboutit à une mobilisation effective des compétences53 ». Ici se rejoignent très clairement les deux versants de la société digitale identifiée dans cet article : la logique binaire de l’informatique et l’arrivée de l’humanité à un nouvel état de conscience. Le philosophe ne s’en cache d’ailleurs pas : « L’informatique communicante se présenterait alors comme l’infrastructure technique du cerveau collectif ou de l’hypercortex de communautés vivantes54 ».
Tout comme le management des connaissances, l’intelligence collective se donne à lire comme l’accomplissement eschatologique de l’histoire. Mais non plus de l’histoire de l’informatique, ni même celle de la révolution industrielle, mais bien celle de l’humanité prise dans son ensemble et depuis son commencement. C’est bien le cas de Jean-François Noubel55 qui dresse une typologie des multiples intelligences collectives avant de montrer leur convergence, leur accomplissement et leur dépassement dans l’Intelligence Collective (dont l’auteur prévient qu’il faut lui laisser ses majuscules). L’intelligence collective originelle désigne l’autorégulation naturelle des petits groupes, qu’ils soient humains ou animaux ; l’intelligence collective pyramidale constitue les modalités de 103la coordination hiérarchique du grand nombre ; l’intelligence en essaim est propre aux sociétés d’insectes et fonctionne pour le grand nombre à la condition de la désindividuation. L’évolutionnisme de Jean-François Noubel le conduit alors à affirmer que ces trois types d’intelligence collective jouent « un rôle de transformation et de régulation transitoire » vers des niveaux de complexité plus élevés, c’est-à-dire vers la forme unique, car universelle, de l’Intelligence Collective Globale56. De son côté, Pierre Lévy adopte lui aussi une même posture évolutionniste. Il retrace ainsi l’histoire de l’humanité depuis l’aube des temps : le néolithique se caractérise par la prépondérance de la terre, l’occident industriel par l’hégémonie de la machine et de l’usine, les temps contemporains, ceux du capitalisme informationnel, par le primat des idées57.
Aujourd’hui est venue avec la société digitale l’heure du grand accomplissement de l’esprit californien : c’est pourquoi Jean-François Noubel, dès le titre de son ouvrage, annonce une « révolution invisible », qu’il confirme être quelques pages plus loin une « extraordinaire mutation vers une Intelligence Collective globale et planétaire58 », ou encore un véritable changement de paradigme : « Aujourd’hui tout semble montrer que LA transition vers un niveau de conscience globale à l’échelle de l’humanité est en train de s’opérer59 », affirme-t-il ainsi pour rendre compte de ce que d’autres nomment encore « La Nouvelle Grande Transformation60 ». Ainsi, loin d’assister à l’avènement d’une époque désenchantée, entrons-nous tout au contraire dans une ère au sein de laquelle la technologie n’a peut-être jamais autant suscité de croyances et d’espoirs.
Baptiste Rappin
Université de Lorraine
IAE de Metz
1 Gotthard Günther, La conscience des machines. Une métaphysique de la cybernétique, trad. Françoise Parrot et Engelbert Kronthaler, Paris, L’Harmattan, « Ouverture Philosophique », 2008, p. 228.
2 Éric Sadin, La siliconisation du monde. L’irrésistible expansion du libéralisme numérique, Paris, Éditions L’Échappée, 2016, p. 18.
3 Emmanuel Kant, Qu’est-ce que les Lumières ?, trad. Jean-François Poirier et Françoise Proust, Paris, GF Flammarion, 1991, p. 43.
4 Pierre Musso, La religion du monde industriel. Analyse de la pensée de Saint-Simon, La Tour-d’Aigues, Éditions de l’Aube, 2006, p. 258.
5 Edgar Morin, La méthode. 1 : La Nature de la Nature, Paris, Éditions du Seuil, « Essais », 1977, p. 176.
6 Edgar Morin, Science avec conscience, Paris, Éditions du Seuil, « Points Sciences », 1990, p. 304 sq.
7 AE-MCX : http://www.intelligence-complexite.org/nc/fr/ouverture/accueil.html.
8 Jean-Louis Le Moigne, « Pourquoi je suis un constructiviste non repentant », Revue du MAUSS, 2001, no 17, p. 209.
9 Pierre Legendre, Le point fixe. Nouvelles conférences, Paris, Éditions Mille et Une Nuits, « Les quarante piliers », 2010, p. 43.
10 David F. Noble, The Religion of Technology. The Divinity of Man and the Spirit of Invention, London, Penguin Books, 1999.
11 Philippe Breton, L’utopie de la communication. Le mythe du « village planétaire », Paris, Éditions de la Découverte, 1997, p. 33 sq.
12 Philippe Breton et Serge Proulx, L’explosion de la communication. Introduction aux théories et aux pratiques de la communication, Paris, Éditions La Découverte, « Grands Repères », 2006, p. 309.
13 David Forest, Le prophétisme communicationnel. La société de l’information et ses futurs, Paris, Éditions Syllepse, 2004.
14 Jean Vioulac, Approche de la criticité. Philosophie, capitalisme, technologie, Paris, Presses Universitaires de France, 2018, p. 253.
15 Le design est précisément le nom par lequel l’on nomme cette articulation de l’esthétique et de l’utile. Le marketing fabrique ces interfaces avec la participation des utilisateurs (on parle de « co-construction » mais surtout de design thinking) à partir de leur expérience (la fameuse « expérience utilisateur »).
16 Norbert Wiener, Cybernétique et société, L’usage humain des êtres humains, trad. Pierre-Yves Mistoulon, Paris, Seuil, « Sciences », 2014, p. 95.
17 John von Neumann, Théorie générale et logique des automates, trad. Jean-Paul Auffrand, Seyssel, Champ Vallon, « milieux », 1996, p. 72.
18 Norbert Wiener, La cybernétique. Information et régulation dans le vivant et dans la machine, trad. Ronan Le Roux, Robert Vallée et Nicole Vallée-Lévi, paris, Éditions du Seuil, « Sources du savoir », 2014, p. 299.
19 Norbert Wiener, Cybernétique et société. L’usage humain des êtres humains, op. cit., p. 66.
20 Paul Watzlawick, Janet Helmick Beavin, Don D. Jackson, Une logique de la communication, trad. Janine Morche, Paris, Éditions du Seuil, « Points », 1972, p. 57-58.
21 Ibid., p. 61.
22 Ibid., p. 62.
23 Ibid., p. 63.
24 Paul Watzlawick, John Weakland, Ronald Fisch, Changements, paradoxes et psychothérapie, trad. Pierre Furlan, Paris, Éditions du Seuil, 1975, chapitre 8, p. 113-131.
25 Cité dans Jean Vernette, Le New Age, Paris, Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 1992, p. 48.
26 Norbert Wiener, Cybernétique et société. L’usage humain des êtres humains, op. cit., p. 50.
27 Gotthard Günther, L’Amérique et la cybernétique. Autobiographie, réflexions, témoignages, trad. Danièle Laurin, Paris, Éditions Pétra, 2015, p. 69.
28 Jean Vernette, Le New Age, op. cit., p. 32-39.
29 Michel Lacroix, L’idéologie du New Age, Paris, Flammarion, « Dominos », 1996, p. 55.
30 Massimo Introvigne, Le New Age des origines à nos jours : courants, mouvements, personnalités, Paris, Dervy, 1995, p. 71-136.
31 Serge Hutin, « Le spiritisme et la Société Philosophique », dans Henri-Charles Puech (dir.), Histoire des religions, tome II**, 1972, p. 1363-1381.
32 Françoise Champion, « Le Nouvel Âge : recomposition ou décomposition de la tradition “théo-spiritualiste” ? », Politica Hermetica, 1993, no 7, p. 114-122.
33 Massimo Introvigne, Le New Age des origines à nos jours : courants, mouvements, personnalités, op. cit., p. 75.
34 Luc Boltanski et Ève Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Éditions Gallimard, « nrf essais », 1999, p. 120-122.
35 Sybil Persson, Contribution à la connaissance du phénomène coaching en entreprise, Étude exploratoire des représentations au travers des discours de praticiens, Thèse de doctorat ès Sciences de Gestion soutenue le 27 septembre 2005, Université Nancy 2, p. 307.
36 Jean Vernette, Le New Age, op. cit., p. 48.
37 Pierre de Visscher, Us, avatars et métamorphoses de la dynamique des groupes. Une brève histoire des groupes restreints, Presses Universitaires de Grenoble, « Vies sociales », 1991, p. 174.
38 Richard Bandler et John Grinder, Les secrets de la communication. Les techniques de la PNL, Québec, Le Jour, 1982, p. 13.
39 Carl Rogers, Le développement de la Personne, Paris, Dunod, « Psychologie sociale », 1998, p. 69.
40 Abraham Maslow, Vers une psychologie de l’être, Paris, Fayard, « L’expérience psychique », 1972, p. 216 sq.
41 Carl Rogers, Le développement de la Personne, op. cit., p. 233.
42 Abraham Maslow, L’accomplissement de soi. De la motivation à la plénitude, Paris, Eyrolles, 2004.
43 Carl Rogers, Le développement de la Personne, op. cit., p. 223-225.
44 Ibid., p. 116-122.
45 Abraham Maslow, Vers une psychologie de l’être, op. cit., p. 40-41.
46 Fred Turner, Aux sources de l’utopie numérique. De la contre-culture à la cyberculture, Steward Brand, un homme d’influence, trad. Laurent Vannini, Caen, C&F Éditions, 2012.
47 Le lecteur curieux pourra se reporter aux deux articles suivants pour plus de détails : Baptiste Rappin, « Le concept de connaissance dans la littérature KM : de la déconstruction à la généalogie cybernétique », Communication & Organisation, no 46, 2014, p. 163-184 ; Baptiste Rappin, « Le divin management. La structure théologique de l’intelligence collective », Questions de communication, no 26, 2014, p. 299-314.
48 Varun Grover et Thomas H. Davenport, « General perspectives on knowledge management : fostering a research agenda », Journal of Management Information Systems, Vol. 18, No 1, 2001, p. 5-21.
49 J.-C. Spender, « Making knowledge the basis of a dynamic theory of the firm », Strategic Management Journal, Vol. 17, 1996, Winter Special Issue, p. 59.
50 Ikujiro Nonaka et Hirotaka Takeushi, La connaissance créatrice. La dynamique de l’entreprise apprenante, trad. Marc Ingham, Bruxelles, De Boeck, 1997.
51 Marc Halévy, L’Âge de la Connaissance. Principes et réflexions sur la révolution noétique au 21e siècle, MM2 Éditions, 2005.
52 Jennifer Rowley, « What do we need to know about wisdom ? », Management Decision, Vol. 44, no 9, 2006, p. 1247.
53 Pierre Lévy, L’intelligence collective. Pour une anthropologie du cyberespace, Paris, Éditions La Découverte, « Sciences et société », 1994, p. 29.
54 Ibid., p. 25.
55 Jean-François Noubel, Intelligence Collective, la révolution invisible, www.TheTransitioner.org/ic, 2004, p. 7-15.
56 Ibid., p. 19.
57 Pierre Lévy, « L’anneau d’or. Intelligence collective et propriété intellectuelle », Multitudes, no 5, 2001, p. 215 ; Pierre Lévy, « La cyberculture, une nouvelle étape dans la vie du langage », Gestion, Vol. 27, 2002, p. 75-76.
58 Jean-François Noubel, Intelligence Collective, la révolution invisible, op. cit., p. 7.
59 Ibid., p. 16.
60 Yann Moulier Boutang, Le capitalisme cognitif. La Nouvelle Grande Transformation, Paris, éditions Amsterdam, 2007.
- CLIL theme: 3157 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Sciences de l'information et de la communication
- ISBN: 978-2-406-09290-2
- EAN: 9782406092902
- ISSN: 2497-1650
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-09290-2.p.0087
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 08-13-2019
- Periodicity: Biannual
- Language: French
- Keyword: Digital society, technology, religion, cybernetics, immateriality