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Classiques Garnier

« Esprit californien, es-tu là ? » Les racines New Age de la société digitale

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Études digitales
    2018 – 1, n° 5
    . Religiosité technologique
  • Auteur : Rappin (Baptiste)
  • Résumé : La société digitale représente-elle le triomphe du désenchantement du monde, c’est-à-dire l’accomplissement du projet moderne qui rompt avec le dogme et la superstition ? L’article prend le contre-pied de cette thèse et établit d’une part que technologie et religion ont toujours été intimement liées au cours de l’histoire occidentale et chrétienne, et d’autre part que la société digitale prend ses racines dans la cybernétique et le Nouvel Âge qui tous deux promeuvent un culte de l’immatérialité.
  • Pages : 87 à 103
  • Revue : Études digitales
  • Thème CLIL : 3157 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Sciences de l'information et de la communication
  • EAN : 9782406092902
  • ISBN : 978-2-406-09290-2
  • ISSN : 2497-1650
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09290-2.p.0087
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 13/08/2019
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Société digitale, technologie, religion, cybernétique, immatérialité
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« Esprit californien, es-tu là ? »

Les racines New Age de la société digitale

Aujourdhui nous devons nous demander : est-ce que le début de la déshumanisation et de la déspiritualisation des facultés subjectives des systèmes vivants nest quun processus superficiel correctif, [], ou est-ce que la cybernétique vise une révision fondamentale de notre conception traditionnelle du monde, qui divise la réalité en une sphère naturelle et une sphère surnaturelle1 ?

Aujourdhui, ce sont les enfants, et bien davantage les petits-enfants, réels ou symboliques, du Flower Power et du Summer of Love qui déclarent renouer avec lhéritage iconoclaste, contre-culturel ou « disruptif » – dit-on de nos jours dans la Vallée. Et qui, en vérité, sinscrivent plus exactement dans la lignée de la ruée vers la Golden Gate, rêvant tout autant de pépites dor, mais faites dune autre substance, tramées déquations mathématiques, de serveurs et de systèmes « intelligents2 ».

Les religions de la technologie

Une thèse largement acceptée voudrait voir en la modernité un arrachement péremptoire à la religion. La signature de Voltaire, pourtant déiste, est bien connue : « Ecr. Inf. », abréviation dun « Écrasons linfâme » synonyme du projet déradication du dogmatisme aveugle de lÉglise. La maxime de Kant, énoncée dans sa réponse à la question Quest-ce que les Lumières ?, ne lest pas moins : « Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des 88Lumières3 ». Ainsi lambition moderne se caractérise-t-elle par la place centrale accordée à léducation de lhomme et à son apprentissage du maniement de la raison dans le but de conquérir son autonomie et de se délivrer des chaînes de lhétéronomie, que cette dernière prenne la forme de la tradition ou de la transcendance. De ce point de vue, la science joue un rôle de premier plan, car les connaissances méthodologiquement éprouvées bannissent lobscurantisme dans les oubliettes de lhistoire ; en dautres termes, la société qui aurait achevé sa mue en société positive atteindrait par là même une forme dachèvement et de perfection.

Force est pourtant de constater la partialité dune telle thèse. Tout lecteur du Catéchisme positiviste dAuguste Comte (publié en 1852), dont le sous-titre évocateur est : Sommaire exposition de la religion universelle en onze entretiens systématiques, connaît sa proposition dune religion de lHumanité fondée sur lAmour, lOrdre et le Progrès, dont il sinstitua Grand-Prêtre et imagina les neuf sacrements ainsi que le calendrier. Il inscrivit de fait ses réflexions dans les pas de son ancien maître, Claude-Henri de Saint-Simon, dont il fut un temps le secrétaire et qui laissa, en guise de testament théologique, un Nouveau Catéchisme (publié en 1825) dont Pierre Musso affirme quil « renferme lessentiel de la religion saint-simonienne4 » : à savoir un retour au christianisme primitif qui nécessite simultanément labandon des relations médiatisées par linstitution ecclésiastique et la promotion dinteractions directes sancrant dans lessor des moyens de communication qui irriguent la société comme le sang circule dans le corps humain. Plus proche de nous, Edgar Morin, dont les différents volumes de La méthode fournissent une synthèse des avancées de la science contemporaine marquée par le tournant cybernétique, nhésite pas à recourir au vocabulaire de la religion, animiste et païen tout dabord pour célébrer le culte du Soleil : « nous sommes enfants du soleil, et pour le dire comme Paule Salomon, nous sommes un peu, parfois, enfants-soleils5 ! », monothéiste ensuite pour 89établir une liste de commandements, ceux de la complexité6. Ami dEdgar Morin et président-fondateur de lAssociation Européenne pour la Modélisation de la Pensée Complexe7, traducteur dHerbert Simon et tête de proue du constructivisme dans le monde francophone, Jean-Louis Le Moigne présente un raisonnement similaire, en alliant les dernières avancées de la science (sciences de lartificiel ou encore sciences de la conception) à un romantisme spiritualiste qui donne lieu à des envolées lyriques :

Alors se reformera la spirale de la connaissance, reliant sans fin Pragmatiké et Epistémé, sans jamais plus les séparer en « deux cultures ». La restauration du statut épistémique des sciences de lingénierie, ou de lingenium, tenues pour aussi fondamentales que les sciences danalyse, ne rend-elle pas possible ce réenchantement8 ?

Il semblerait par conséquent que lessor de la technoscience moderne ne puisse se résumer à un arrachement de lentendement humain à lemprise du dogme, et quil faille dès lors plutôt se tourner vers lhypothèse selon laquelle le progrès de la raison fut à chacune de ses étapes loccasion dune nouvelle formulation de ce que Pierre Legendre nomme la « Référence », à savoir cet « Absolu symbolique impérissable dont relève le sentiment dappartenance9 ». Cette piste paraît dautant plus justifiée que les travaux de lhistorien américain David Noble10 mettent en évidence les racines religieuses de la technologie : pour lauteur, en effet, le déferlement de la puissance scientifique, sil se déploie bien plus tard, trouve pourtant sa source et son esprit dans la période chrétienne médiévale, les monastères bénédictins et le millénarisme de labbé calabrais Joachim de Flore. Ce lien tenace, loin dêtre rompu par les figures de la science moderne, les Bacon, Newton, Boyle et leurs épigones, fut à chaque fois reformulé dans le cadre général de la Référence chrétienne, y compris sous sa forme sécularisée.

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Quen est-il alors de la société digitale ? Faut-il y déceler le triomphe tardif mais définitif des Lumières ? La victoire tant repoussée de la raison serait-elle enfin manifeste dans la généralisation du réseau et des objets connectés ? Ici encore, les jugements hâtifs méritent dêtre suspendus ; car plusieurs auteurs nous invitent expressément à prendre en vue la nouvelle religiosité qui porte la société de la communication et en font, plus quun projet, une utopie : ainsi Philippe Breton met-il en évidence la « théologie de lentropie » qui caractérise la cybernétique de Norbert Wiener11, Philippe Breton et Serge Proulx considèrent-ils la société de la communication comme positionnée entre « lidéologie, lutopie et les nouvelles religiosités12 » et David Forest fait-il du « prophétisme communicationnel » le cœur de son décryptage de lépoque contemporaine13. Notre contribution sinscrit dans cette lignée : en effet, dans les lignes qui suivent, nous établissons que la société digitale repose une anthropologie religieuse issue du Nouvel Âge ; plus précisément la notion dinformation est lopérateur qui autorisa le rapprochement inédit entre cybernétique et spiritualité, ouvrant alors la voie à toutes les formes de mystique de lefficacité qui caractérise les pratiques du management contemporain, et notamment le coaching.

Le digital : une révolution logique

Comme le note à juste titre Jean Vioulac14, le réseau, que lon assimile au capitalisme immatériel, à la société de la connaissance ou encore à lère du digital, et qui se donne trompeusement à voir dans des interfaces ludo-utilitaires15, masque deux couches de réalité : une première, 91plutôt évidente, concerne les gigantesques infrastructures matérielles nécessaires au stockage et à la circulation des données ; la seconde, plus subtile, renvoie à la refonte du langage dans une métastructure logicielle. Ici se situe précisément tout lenjeu sous-jacent à la distinction entre les machines digitales et les machines analogiques quopère Norbert Wiener ; alors que ces dernières, par exemple la règle à calcul, mesurent des quantités et continuent ainsi dentretenir un rapport proportionné à la réalité, les premières, comme la calculatrice, ne procèdent quà des calculs en fonction des signaux qui leur parviennent :

Cette machine, fondée sur le principe du « tout ou rien », est appelée machine digitale. Elle est extrêmement commode pour les problèmes de communication et de commande. En particulier la netteté de la décision entre le « Oui » et le « Non » crée la possibilité daccumuler ces décisions de manière à permettre de déceler des différences très petites dans des nombres très grands16.

Malgré le découpage de la journée en heures, en minutes et en secondes – la seconde étant lunité de référence du temps –, la montre analogique, dont le cadran fait encore écho, certes lointainement, au cadran solaire et les aiguilles au gnomon, entretient encore un rapport au rythme naturel et à lalternance des périodes de la journée et même du jour et de la nuit ; la montre digitale, quant à elle, affiche des chiffres sur son écran à cristaux liquides et donne lheure comme une simple et arbitraire convention. Portée par lalgèbre de Boole et la révolution logique moderne, la cybernétique conçoit la communication comme un ensemble de signaux élémentaires parfaitement univoques qui permettent de traiter un très grand nombre dinformations tout en percevant les différences infiniment petites à partir desquelles le système peut adapter son comportement.

De son côté, John von Neumann propose une Théorie générale et logique des automates dans laquelle la réduction du bruit joue un rôle central. Lauteur distingue les machines analogiques et les machines digitales non seulement en vertu de leurs principes comme Norbert Wiener, mais surtout en raison de leur efficacité et de leur capacité à optimiser le taux signal/bruit qui sapparente au « rendement de la communication » :

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La différence importante entre le niveau de bruit dune machine digitale [] et celui dune machine analogique nest pas du tout qualitative. Nous lavons signalé plus haut : le niveau de bruit relatif dune machine analogique nest jamais inférieur à 1 sur 105, et souvent sélève jusquà 1 sur 102. Dans une machine digitale à 10 chiffres comme celle que nous venons de voir, le niveau de bruit relatif dû à larrondi est de 1 sur 101017.

La machine digitale, à la mesure, se révèle bien plus efficace. Lunivocité du langage binaire, qui assure la performance de la redondance, permet de maîtriser plus facilement non seulement le bruit de fond, mais également la production de bruit inhérente à tout acte de communication. En effet, la détermination du langage par une série dalternatives évacue lincertitude analogique, qui sexprime par rapport au lieu de se contenter de descriptions factuelles et constitue le chemin de lassurance le long duquel court la métaphysique moderne depuis Descartes. Fort logiquement, John von Neumann déclinera cette proposition dans la discipline économique en formulant en 1944, avec Oskar Morgenstern, la théorie des jeux qui connut et connaît encore un fort succès en sciences politiques et en sciences sociales, et à laquelle Wiener se réfère à plusieurs reprises, aussi bien dans Cybernetics18 que dans The human use of human being19.

Cette même distinction entre lanalogique et le digital, loin de se limiter au seul champ de la machine informatique, se trouve au cœur de lécole de Palo Alto, dont Gregory Bateson, lami de Norbert Wiener, est à lorigine ; en effet, parmi les propositions pour une axiomatique de la communication, figure celle qui assure le départ de la distinction, parfois au mot près, entre la communication analogique et la communication digitale directement issue de la distinction informatique :

[] certains ordinateurs fonctionnent selon le principe du « tout ou rien » des tubes à vide ou des transistors ; on les appelle digitaux, parce quils travaillent essentiellement avec des « digits » (ou « bits ») ; mais il existe une autre catégorie de machines qui utilisent des grandeurs discrètes et 93positives – analogues des données – et qui pour cette raison sont appelés analogiques20.

Quen est-il alors de la communication humaine ? La précédente dichotomie amène à reconnaître deux modes de désignation des objets : dune part, le dessin qui met en relation de façon « naturelle » limage et le réel ; dautre part, le langage qui associe à un son arbitraire, le mot, des choses réelles qui viennent alors à la parole en étant nommées. De là procède la fameuse séparation entre la communication verbale, désormais associée au mode digital de lexpression, et la communication non verbale qui relève du registre analogique en grande partie hérité de nos ancêtres les mammifères21. Poursuivons le raisonnement : si lhomme communique effectivement à partir dun double mode dexpression, sa dignité lui provient bien de sa capacité à articuler un discours digital, cest-à-dire univoque et fonctionnel, qui offre « une précision parfaite22 » ; car « la complexité, la souplesse et labstraction du matériel digital dun message sont beaucoup plus grandes que celles dun matériel analogique23 ». À titre dexemple, les auteurs en viennent même à déplorer le manque de clarté logique des larmes qui peuvent aussi bien signifier la tristesse et la joie, sans quelles ne puissent à elles seules faire pencher linterprétation dun côté ou de lautre. Une application possible et privilégiée de cette conception univociste du langage a lieu en psychothérapie : car, pour les théoriciens de lécole de Palo Alto, la pathologie provient souvent de lexistence dun paradoxe qui demande à être résolu ; cest précisément ce quils nomment « lart de trouver un nouveau cadre24 », opération logique qui nécessite un phénomène dapprentissage menant à distinguer les différents niveaux de langage afin de lever les contradictions paralysantes.

Si le langage digital conduit à porter au pinacle la dimension immatérielle du réel, cest parce quil se fonde sur une logique formelle indépendante déléments matériels. Mais cest justement cette abstraction du code qui ouvre la porte à la fusion de la science et du spirituel dans 94le Nouvel Âge : car la résolution dun paradoxe par lexercice dune compétence logique sera ni plus ni moins assimilée à laccès à un état de conscience supérieur.

Linformation
et le terreau spirituel du
New Age

Mais prenons le temps de poser en premier lieu cette simple question : pourquoi donc raccrocher le New Age à la cybernétique et au tournant digital ? Lisons plutôt le fondateur de lInstitut Esalen, Murphy, décrire son projet : « Aujourdhui Esalen veut créer léquivalent moderne de lhomme de la Renaissance, en mélangeant sans préjugés des techniques chinoises du ve siècle aux acquis de la cybernétique25 ». Mais comment peut-on concilier la logique digitale, qui renvoie à un jeu binaire tissé de 0 et de 1, avec les sagesses spirituelles les plus variées ? Linformation est précisément lopérateur conceptuel qui autorise cette transitivité entre les deux pôles.

Si pour Wiener « vivre, cest vivre avec linformation adéquate26 », il ne faut pas entendre cette proposition à la lueur de la moraline contemporaine qui voudrait conclure à limportance de louverture et de la communication. Car la pensée de Wiener est scientifique : et linformation pertinente quil évoque nest rien dautre que le langage technicisé du code qui se laisse décomposer dans sa dualité digitale fondamentale et traiter par un algorithme. Mais que ce dernier se déploie dans les circuits du cerveau humain ou dans ceux dune puce demeure indifférent : comme le résume parfaitement Gotthard Günther, « il est particulièrement important de souligner lindifférence de la cybernétique face à la question de la matérialité, car cest bien par là que lon accède au cœur même de sa philosophie et à la conception novatrice du monde quelle implique27 ». Cette indifférence de la cybernétique à la matière, 95sa conception éthérée du monde et de la vie, en fait le partenaire privilégié dune spiritualité individualiste, syncrétique et relativiste, celle du Nouvel Âge précisément. Thèse qui se vérifie dun double point de vue : celui de lhistoire des idées et celui des trajectoires dhommes qui représentent à eux seuls cette fusion de la cybernétique et de la spiritualité qui caractérise la société digitale.

Le Nouvel Âge, sil émerge dans les années soixante, nen possède pas moins des racines plus lointaines. Pour sen limiter à la fin du xixe et au début du xxe siècle, Jean Vernette28 cite le spiritisme dAllen Kardec, loccultisme dEliphas Levi et de Papus, la Société Théosophique de Madame Blavatsky et du colonel Olcott (puis dAlice Bailey, dAnnie Pesant, de Jiddu Krishnamurti, de Rudolf Steiner), lésotérisme de Guénon. Michel Lacroix29 cite de son côté les mêmes noms. Quant à Massimo Introvigne30, il propose un travail généalogique plus conséquent ; les noms précédents apparaissent mais lauteur inclut également : le christianisme ésotérique (Swedenborg par exemple), le néo-paganisme (la Wicca ou néo-sorcellerie), lufologie et lastrologie. Introvigne souligne toutefois que le Nouvel Âge procède fortement de la subculture théosophique. Comment caractériser la Société Théosophique ? Quelle vision du monde développe-t-elle ?

Comme lexplique Serge Hutin31, la Connaissance de Madame Blavatsky découle de son accès, autorisé par des Maîtres invisibles, aux Stances de Dyzan, texte antérieur à tout document connu. Son interprétation a été consignée dans sa Doctrine Secrète : elle y explique que lâme humaine est une parcelle de lÂme de lUnivers et quelle est appelée à réintégrer cette Unité. La Réalité est conçue comme une superposition de sept plans qui se reproduisent, par le postulat de lanalogie entre macrocosme et microcosme, chez lêtre humain. De façon plus générale, Françoise Champion32 dresse lidéaltype des mouvements occultistes 96qui ont influencé le Nouvel Âge : ils se caractérisent par un refus du dualisme, un optimisme fondamental (progression de réincarnation en réincarnation vers le Salut), la croyance en la responsabilité de lHomme, la promotion dune convergence de toutes les religions, lidée de choses cachées, la volonté de fraternité universelle, linfluence des religions orientales, la recherche de conciliation entre science et spiritualité, une perspective messiano-millénariste, une affirmation de lindividualisme, une structuration autour de leaders charismatiques. Toutefois, lauteur souligne également les évolutions du Nouvel Âge par rapport à cet idéaltype : alors que le théosophisme pensait la transformation des individus en termes denseignement et de transmission de la Connaissance, le New Age met au cœur de son système lintériorité du sujet et sa transformation, doù le foisonnement de techniques psychocorporelles et une ligne de démarcation très faible entre psychologie et spiritualité.

Les spécialistes reconnaissent deux lieux de naissance au Nouvel Âge : Esalen en Californie et Findhorn en Écosse. Commençons par ce dernier. Introvigne souligne le lien qui unit le jardin écossais à la Société Théosophique :

À la fin des années cinquante, en Angleterre, un groupe de personnes aux origines diverses et variées – sans appartenir aux organisations baileyennes « officielles », elles étaient unies par un intérêt commun pour les écrits dAlice Bailey et par lidée que de grands changements étaient à lhorizon dans de nombreux domaines de lexistence humaine – commencèrent à se rencontrer périodiquement. De ce groupe faisaient partie les personnes qui, plus tard, seront à lorigine de la fondation de Findhorn []33

Le second lieu, lInstitut Esalen, fera lobjet dune description plus précise, en raison de son influence directe sur le coaching. Les deux courants, anglais et américains, se rencontreront dans les années soixante-dix à travers la figure de David Spangler et la synthèse sera opérée en 1980 par la journaliste Marylin Ferguson dans louvrage Les enfants du Verseau, pour un nouveau paradigme : à la suite de Paul Le Cour, elle annonce la fin de lÈre du Poisson, qui débute avec lavènement de Jésus et qui se caractérise par la hiérarchie et la guerre, et la transition vers lÈre du Verseau porteuse de promesses de justice, de communication et de paix.

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En résumé, le millénarisme de Joachim de Flore, qui annonçait le règne du Saint-Esprit après celui du Fils, de lÉglise et du Dogme, semble bel et bien se concrétiser dans lalliance de la cybernétique, que lon considérera comme la matrice scientifique du paradigme informationnel et immatériel, et des spiritualités occultes, dinspiration gnostique, qui cherchent à développer une voie de salut hors de ce monde charnel. Le coaching, que Luc Boltanski et Ève Chiapello34 classent à juste titre parmi les symboles du Nouvel esprit du capitalisme et de la cité par projets, semble une excellente illustration de ce mariage.

Un exemple paradigmatique :
le coaching

Mais comment déceler la présence du Nouvel Âge dans le coaching ? Nous partirons pour cela de lanalyse bibliométrique réalisée par Sybil Persson dans son travail de thèse35 en extrayant les éléments pertinents de la « liste des premières références générales classées par fréquence dutilisation » :

Rang

Références

2

PNL

3

Maslow

4

Rogers

9

Gestalt

15

Bandler et Grinder

17

Perls

24

Bandler

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En quoi toutes ces références, centrales pour les coachs si lon considère le classement ci-dessus, sont-elles liées au Nouvel Âge ?

[] bien des idées et des pratiques du New Age naîtront autour dune ferme située à flanc de coteau entre San Francisco et Los Angeles, à Big Sur : dans le haut lieu californien dEsalen. En cette Mecque mythique du Verseau convergent, à partir de 1961, des psychothérapeutes, des artistes, des scientifiques, des psychologues. Allan Watts, Arnold Toynbee, Carl Rogers, Paul Tillich, Carlos Castaneda, J. B. Rhine, Abraham Maslow, tous célèbres dans le monde des recherches sur la conscience et le cerveau, y séjournent. Cest la naissance du Mouvement du Développement du Potentiel humain36.

Ajoutons que Fritz Perls, linitiateur de la Gestalt-therapie, fit partie des résidents permanents de lInstitut37 et que la Programmation NeuroLinguistique (PNL) fut conçue à partir de lobservation de Perls à Esalen par Richard Bandler et John Grinder. La PNL résulte en effet, pour le dire avec ses créateurs, d« un processus dobservation systématique de Virginia Satir, Milton H. Erickson, Fritz Perls et dautres grands maîtres de la thérapie38 ». Satir faisait partir du Mental Research Institute de Palo Alto, créé par Gregory Bateson, alors quErikson assistait aux Conférences Macy et avait des liens avec le groupe « Bateson ».

Revenons toutefois à Maslow et Rogers, tous deux psychologues et psychothérapeutes, figurant à la fois parmi les « piliers » du groupe californien et comme références incontestables pour la profession « coaching ». Un regard plus poussé sur leurs écrits permet de mieux cerner la notion de « potentiel humain » et son rôle central dans le Nouvel Âge. Le premier trait saillant de cette lecture est le naturalisme optimiste :

Un des concepts les plus révolutionnaires qui soit sorti de notre expérience clinique est la reconnaissance accrue que le centre, la base la plus profonde de la nature de lhomme, les couches les plus intérieures de sa personnalité, le fond de sa nature animale, que tout ceci est naturellement positif, est fondamentalement socialisé, dirigé vers lavant, rationnel et réaliste39.

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Ce que confirme Maslow40 qui admet lexistence dune « nature humaine intérieure » existant sous forme de potentialités quil sagit de développer à laide de la science et des psychothérapies. En second lieu, il convient de noter limportance accordée à lexpérience, notamment à travers le thème de la créativité, dans le développement du potentiel : « La cause première de la créativité semble être cette même tendance que nous découvrons comme force curative en psychothérapie – la tendance de lhomme à sactualiser et à devenir ce qui est potentiel en lui41 ». Le potentiel, pour sactualiser, doit sextérioriser à travers lexpérience, doit être à lorigine dune création, dune innovation, dune construction. Cela suppose de se « connecter » à son corps, à son cerveau droit, et de ne pas tomber dans le piège de la rationalité. Toutefois, lexpérience dont il est question dans le Nouvel Âge dépasse lexpérience comprise au sens commun ou scientifique ; cest la raison pour laquelle Maslow étudie les expériences paroxystiques : elles sont en réalité la condition daccès à laccomplissement de soi42, dernier étage de la fameuse pyramide des besoins. En dernier lieu, Maslow et Rogers insistent sur la relation interpersonnelle. En effet, les relations humaines peuvent permettre à un individu dactualiser son potentiel, ou au contraire de linhiber. Quels facteurs entrent en jeu ? Le premier est celui de la « congruence43 », terme qui désigne « laccord de lexpérience, de la conscience et de la communication », et qui est le positionnement de lauthentique thérapeute. Mais, second élément, la congruence nest possible quà certaines conditions que Rogers résume sous la formule « être vraiment soi-même », cest-à-dire : « par-delà les façades », « par-delà les “je devrais” », « par-delà ce quon attend de vous », « par-delà le devoir de faire plaisir aux autres », « vers lautodirection », « vers la mobilité, le processus », « vers la complexité », « vers une ouverture à lexpérience », « vers une acceptation dautrui », « vers la confiance en soi44 ». Quant à lui, Maslow souligne la nécessité du caractère désintéressé de la relation à autrui afin den faire émerger le potentiel propre45.

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En synthèse, Maslow et Rogers, qui participent à lélaboration du mouvement du potentiel humain et au développement du Nouvel Âge dans sa branche américaine, fournissent dès les années soixante le cadre général de lintervention du coach dans les organisations contemporaines : croyance en la nature fondamentalement bonne de lêtre humain, posture en miroir fondée sur lempathie, importance du ressenti du moment présent, rôle de la créativité et de la création.

Le management
ou l
organisation du salut digital

Le coaching savère néanmoins loin dêtre un cas isolé. Ce bouillonnement intellectuel et spirituel, qui définit le cœur même du mouvement de la contre-culture californienne, allait directement donner naissance à lutopie numérique : telle est la thèse du sociologue Fred Turner qui lappuie en suivant la trajectoire du personnage de Stewart Brand46. Et, comme le montre lauteur ainsi que nos développements précédents, il ne faudrait pas croire que la cyberculture soit simplement le fruit du redéploiement de la créativité des acteurs de la contre-culture ; tout au contraire, il faut bien prendre en vue que contre-culture et cyberculture nont toujours fait quune seule et même culture.

À lère digitale qui souvre donc avec la cybernétique fait écho le passage dun management industriel à un management postindustriel dont les deux piliers sont le management des connaissances et lintelligence collective. On pourrait même voir dans ces deux expressions une seule et même pratique en considérant la seconde comme laccomplissement du premier. Mais tant le management des connaissances que lintelligence collective saffichent dans une perspective millénariste qui entrevoit le salut du monde dans la maîtrise de linformation digitale. Observons cela47.

101

Du point de vue des écrits portant sur le management des connaissances, le progressisme se décline à la fois sur les plans historique et idéologique. Historique : Grover et Davenport48 relisent le triptyque donnée/information/connaissance à travers à une repériodisation de lhistoire de linformatique dans les organisations. Les années soixante seraient marquées par larrivée du traitement centralisé des données, notamment lors des transactions. La décennie suivante se caractérise par les systèmes dinformation dont le but est de trier et dagréger les données et de les transformer en informations pertinentes, par exemple pour gérer la paye du personnel. La connaissance est le trait distinctif des temps présents : elle qualifie les personnes capables dutiliser linformation dans leur contexte. Les auteurs nhésitent pas à redoubler de superlatifs à son égard, signes de ce progressisme sous-jacent : « Knowledge has the highest value, the most human contribution, the greatest relevance to decisions and actions, and the greatest dependance on a specific situation or context ». À ce progressisme historique se superpose un progressisme idéologique qui voit dans le Knowledge Management « une nouvelle vue de la firme49 ». À ce titre, le triptyque donnée/information/connaissance est tout autant un système synchronique quune perspective dynamique visant à marquer un progrès voire un accomplissement. La donnée et linformation, de nature purement technique, viennent enfin de trouver un sens dans la connaissance. Le progressisme idéologique est en outre présent dans la lecture linéaire que les auteurs font de lhistoire de la pensée : la dichotomie empirisme/rationalisme appelle en effet à un dépassement, dont la réalisation sopère à travers le recours au pragmatisme50. La connaissance, envisagée sous cet angle philosophique particulier, vient achever le débat entre partisans de lesprit et tenants de la matière. La réconciliation entre lhomme et le monde, entre lesprit et laction peut enfin être fêtée sous la bannière du pragmatisme : cest tout simplement la fin de lhistoire promise par Fukuyama que le management des connaissances 102est en passe daccomplir et qui possède ses prophètes aux accents joachimites et teilhardiens51. Toutefois, la réalité du progressisme des modes managériales dépasse le discours de la fiction eschatologique. Et déjà la succession du Knowledge Management semble envisagée par certains. La formulation dun « wisdom-based model of the firm » dans lequel « la sagesse serait au pinacle de la hiérarchie qui implique linformation et la connaissance52 » relève de cette philosophie de lhistoire avec laquelle le management narrive tout simplement pas à prendre ses distances.

Lintelligence collective naurait-elle justement pas atteint ce stage de la sagesse, elle que Pierre Lévy, son promoteur, définit comme « une intelligence partout distribuée, sans cesse valorisée, coordonnée en temps réel, qui aboutit à une mobilisation effective des compétences53 ». Ici se rejoignent très clairement les deux versants de la société digitale identifiée dans cet article : la logique binaire de linformatique et larrivée de lhumanité à un nouvel état de conscience. Le philosophe ne sen cache dailleurs pas : « Linformatique communicante se présenterait alors comme linfrastructure technique du cerveau collectif ou de lhypercortex de communautés vivantes54 ».

Tout comme le management des connaissances, lintelligence collective se donne à lire comme laccomplissement eschatologique de lhistoire. Mais non plus de lhistoire de linformatique, ni même celle de la révolution industrielle, mais bien celle de lhumanité prise dans son ensemble et depuis son commencement. Cest bien le cas de Jean-François Noubel55 qui dresse une typologie des multiples intelligences collectives avant de montrer leur convergence, leur accomplissement et leur dépassement dans lIntelligence Collective (dont lauteur prévient quil faut lui laisser ses majuscules). Lintelligence collective originelle désigne lautorégulation naturelle des petits groupes, quils soient humains ou animaux ; lintelligence collective pyramidale constitue les modalités de 103la coordination hiérarchique du grand nombre ; lintelligence en essaim est propre aux sociétés dinsectes et fonctionne pour le grand nombre à la condition de la désindividuation. Lévolutionnisme de Jean-François Noubel le conduit alors à affirmer que ces trois types dintelligence collective jouent « un rôle de transformation et de régulation transitoire » vers des niveaux de complexité plus élevés, cest-à-dire vers la forme unique, car universelle, de lIntelligence Collective Globale56. De son côté, Pierre Lévy adopte lui aussi une même posture évolutionniste. Il retrace ainsi lhistoire de lhumanité depuis laube des temps : le néolithique se caractérise par la prépondérance de la terre, loccident industriel par lhégémonie de la machine et de lusine, les temps contemporains, ceux du capitalisme informationnel, par le primat des idées57.

Aujourdhui est venue avec la société digitale lheure du grand accomplissement de lesprit californien : cest pourquoi Jean-François Noubel, dès le titre de son ouvrage, annonce une « révolution invisible », quil confirme être quelques pages plus loin une « extraordinaire mutation vers une Intelligence Collective globale et planétaire58 », ou encore un véritable changement de paradigme : « Aujourdhui tout semble montrer que LA transition vers un niveau de conscience globale à léchelle de lhumanité est en train de sopérer59 », affirme-t-il ainsi pour rendre compte de ce que dautres nomment encore « La Nouvelle Grande Transformation60 ». Ainsi, loin dassister à lavènement dune époque désenchantée, entrons-nous tout au contraire dans une ère au sein de laquelle la technologie na peut-être jamais autant suscité de croyances et despoirs.

Baptiste Rappin

Université de Lorraine

IAE de Metz

1 Gotthard Günther, La conscience des machines. Une métaphysique de la cybernétique, trad. Françoise Parrot et Engelbert Kronthaler, Paris, LHarmattan, « Ouverture Philosophique », 2008, p. 228.

2 Éric Sadin, La siliconisation du monde. Lirrésistible expansion du libéralisme numérique, Paris, Éditions LÉchappée, 2016, p. 18.

3 Emmanuel Kant, Quest-ce que les Lumières ?, trad. Jean-François Poirier et Françoise Proust, Paris, GF Flammarion, 1991, p. 43.

4 Pierre Musso, La religion du monde industriel. Analyse de la pensée de Saint-Simon, La Tour-dAigues, Éditions de lAube, 2006, p. 258.

5 Edgar Morin, La méthode. 1 : La Nature de la Nature, Paris, Éditions du Seuil, « Essais », 1977, p. 176.

6 Edgar Morin, Science avec conscience, Paris, Éditions du Seuil, « Points Sciences », 1990, p. 304 sq.

7 AE-MCX : http://www.intelligence-complexite.org/nc/fr/ouverture/accueil.html.

8 Jean-Louis Le Moigne, « Pourquoi je suis un constructiviste non repentant », Revue du MAUSS, 2001, no 17, p. 209.

9 Pierre Legendre, Le point fixe. Nouvelles conférences, Paris, Éditions Mille et Une Nuits, « Les quarante piliers », 2010, p. 43.

10 David F. Noble, The Religion of Technology. The Divinity of Man and the Spirit of Invention, London, Penguin Books, 1999.

11 Philippe Breton, Lutopie de la communication. Le mythe du « village planétaire », Paris, Éditions de la Découverte, 1997, p. 33 sq.

12 Philippe Breton et Serge Proulx, Lexplosion de la communication. Introduction aux théories et aux pratiques de la communication, Paris, Éditions La Découverte, « Grands Repères », 2006, p. 309.

13 David Forest, Le prophétisme communicationnel. La société de linformation et ses futurs, Paris, Éditions Syllepse, 2004.

14 Jean Vioulac, Approche de la criticité. Philosophie, capitalisme, technologie, Paris, Presses Universitaires de France, 2018, p. 253.

15 Le design est précisément le nom par lequel lon nomme cette articulation de lesthétique et de lutile. Le marketing fabrique ces interfaces avec la participation des utilisateurs (on parle de « co-construction » mais surtout de design thinking) à partir de leur expérience (la fameuse « expérience utilisateur »).

16 Norbert Wiener, Cybernétique et société, Lusage humain des êtres humains, trad. Pierre-Yves Mistoulon, Paris, Seuil, « Sciences », 2014, p. 95.

17 John von Neumann, Théorie générale et logique des automates, trad. Jean-Paul Auffrand, Seyssel, Champ Vallon, « milieux », 1996, p. 72.

18 Norbert Wiener, La cybernétique. Information et régulation dans le vivant et dans la machine, trad. Ronan Le Roux, Robert Vallée et Nicole Vallée-Lévi, paris, Éditions du Seuil, « Sources du savoir », 2014, p. 299.

19 Norbert Wiener, Cybernétique et société. Lusage humain des êtres humains, op. cit., p. 66.

20 Paul Watzlawick, Janet Helmick Beavin, Don D. Jackson, Une logique de la communication, trad. Janine Morche, Paris, Éditions du Seuil, « Points », 1972, p. 57-58.

21 Ibid., p. 61.

22 Ibid., p. 62.

23 Ibid., p. 63.

24 Paul Watzlawick, John Weakland, Ronald Fisch, Changements, paradoxes et psychothérapie, trad. Pierre Furlan, Paris, Éditions du Seuil, 1975, chapitre 8, p. 113-131.

25 Cité dans Jean Vernette, Le New Age, Paris, Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 1992, p. 48.

26 Norbert Wiener, Cybernétique et société. Lusage humain des êtres humains, op. cit., p. 50.

27 Gotthard Günther, LAmérique et la cybernétique. Autobiographie, réflexions, témoignages, trad. Danièle Laurin, Paris, Éditions Pétra, 2015, p. 69.

28 Jean Vernette, Le New Age, op. cit., p. 32-39.

29 Michel Lacroix, Lidéologie du New Age, Paris, Flammarion, « Dominos », 1996, p. 55.

30 Massimo Introvigne, Le New Age des origines à nos jours : courants, mouvements, personnalités, Paris, Dervy, 1995, p. 71-136.

31 Serge Hutin, « Le spiritisme et la Société Philosophique », dans Henri-Charles Puech (dir.), Histoire des religions, tome II**, 1972, p. 1363-1381.

32 Françoise Champion, « Le Nouvel Âge : recomposition ou décomposition de la tradition “théo-spiritualiste” ? », Politica Hermetica, 1993, no 7, p. 114-122.

33 Massimo Introvigne, Le New Age des origines à nos jours : courants, mouvements, personnalités, op. cit., p. 75.

34 Luc Boltanski et Ève Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Éditions Gallimard, « nrf essais », 1999, p. 120-122.

35 Sybil Persson, Contribution à la connaissance du phénomène coaching en entreprise, Étude exploratoire des représentations au travers des discours de praticiens, Thèse de doctorat ès Sciences de Gestion soutenue le 27 septembre 2005, Université Nancy 2, p. 307.

36 Jean Vernette, Le New Age, op. cit., p. 48.

37 Pierre de Visscher, Us, avatars et métamorphoses de la dynamique des groupes. Une brève histoire des groupes restreints, Presses Universitaires de Grenoble, « Vies sociales », 1991, p. 174.

38 Richard Bandler et John Grinder, Les secrets de la communication. Les techniques de la PNL, Québec, Le Jour, 1982, p. 13.

39 Carl Rogers, Le développement de la Personne, Paris, Dunod, « Psychologie sociale », 1998, p. 69.

40 Abraham Maslow, Vers une psychologie de lêtre, Paris, Fayard, « Lexpérience psychique », 1972, p. 216 sq.

41 Carl Rogers, Le développement de la Personne, op. cit., p. 233.

42 Abraham Maslow, Laccomplissement de soi. De la motivation à la plénitude, Paris, Eyrolles, 2004.

43 Carl Rogers, Le développement de la Personne, op. cit., p. 223-225.

44 Ibid., p. 116-122.

45 Abraham Maslow, Vers une psychologie de lêtre, op. cit., p. 40-41.

46 Fred Turner, Aux sources de lutopie numérique. De la contre-culture à la cyberculture, Steward Brand, un homme dinfluence, trad. Laurent Vannini, Caen, C&F Éditions, 2012.

47 Le lecteur curieux pourra se reporter aux deux articles suivants pour plus de détails : Baptiste Rappin, « Le concept de connaissance dans la littérature KM : de la déconstruction à la généalogie cybernétique », Communication & Organisation, no 46, 2014, p. 163-184 ; Baptiste Rappin, « Le divin management. La structure théologique de lintelligence collective », Questions de communication, no 26, 2014, p. 299-314.

48 Varun Grover et Thomas H. Davenport, « General perspectives on knowledge management : fostering a research agenda », Journal of Management Information Systems, Vol. 18, No 1, 2001, p. 5-21.

49 J.-C. Spender, « Making knowledge the basis of a dynamic theory of the firm », Strategic Management Journal, Vol. 17, 1996, Winter Special Issue, p. 59.

50 Ikujiro Nonaka et Hirotaka Takeushi, La connaissance créatrice. La dynamique de lentreprise apprenante, trad. Marc Ingham, Bruxelles, De Boeck, 1997.

51 Marc Halévy, LÂge de la Connaissance. Principes et réflexions sur la révolution noétique au 21e siècle, MM2 Éditions, 2005.

52 Jennifer Rowley, « What do we need to know about wisdom ? », Management Decision, Vol. 44, no 9, 2006, p. 1247.

53 Pierre Lévy, Lintelligence collective. Pour une anthropologie du cyberespace, Paris, Éditions La Découverte, « Sciences et société », 1994, p. 29.

54 Ibid., p. 25.

55 Jean-François Noubel, Intelligence Collective, la révolution invisible, www.TheTransitioner.org/ic, 2004, p. 7-15.

56 Ibid., p. 19.

57 Pierre Lévy, « Lanneau dor. Intelligence collective et propriété intellectuelle », Multitudes, no 5, 2001, p. 215 ; Pierre Lévy, « La cyberculture, une nouvelle étape dans la vie du langage », Gestion, Vol. 27, 2002, p. 75-76.

58 Jean-François Noubel, Intelligence Collective, la révolution invisible, op. cit., p. 7.

59 Ibid., p. 16.

60 Yann Moulier Boutang, Le capitalisme cognitif. La Nouvelle Grande Transformation, Paris, éditions Amsterdam, 2007.