Présentations des auteurs et résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Éric Chevillard dans tous ses états
- Pages: 261 to 272
- Collection: Encounters, n° 140
- Series: Twentieth and twenty-first century literature, n° 22
Présentations des auteurs
et résumés
Claro, « Chevillard, un traître parmi les traîtres »
Claro est écrivain et traducteur, notamment de Jerome K. Jerome, William Gaddis, Thomas Pynchon ou Salman Rushdie. Il dirige la collection « Lot 49 » au Cherche-Midi. Il est membre du collectif Inculte et tient un blog littéraire, Le Clavier cannibale.
Claro is a writer and translator, notably of Jerome K. Jerome, William Gaddis, Thomas Pynchon, and Salman Rushdie. He directs the “Lot 49” collection at Cherche-Midi. He is a member of the collective Inculte and writes a literary blog, Le Clavier cannibale.
Chevillard a toujours été une espèce d’anti-Rimbaud, et ce malgré son sens inné de la poésie. En effet, là où Rimbaud prétendait qu’il fallait « se faire voyant », Chevillard, lui, préfère amplement se faire discret. D’ailleurs, il préfère de loin le vison à la vision, tant son goût pour l’animalité l’emporte sur on ne sait quelle vaine passion pour l’éternité. Pour aborder l’œuvre d’Éric Chevillard dans son impossible exhaustivité, il convient avant tout, donc, d’en brouiller les frontières.
Chevillard has always been a sort of anti-Rimbaud, in spite of his innate sense of poetry. Indeed, whereas Rimbaud claimed the need to “make himself visionary”, Chevillard much prefers to make himself discreet. Moreover, he prefers vison to vision, given how much his taste for the animal outweighs any vain passion for eternity. To tackle Éric Chevillard’s œuvre in its impossible exhaustiveness, we need, first of all, to blur boundaries.
Claude Coste, « La mauvaise foi d’Éric Chevillard »
Claude Coste, professeur à l’université Stendhal – Grenoble 3, est spécialiste de Roland Barthes. Il a notamment publié Bêtises de Barthes (Paris, 2011).
Claude Coste, a professor at the Stendhal – Grenoble 3 University, is a Roland Barthes specialist. He has published Bêtises de Barthes (Paris, 2011).
Dans L’Œuvre posthume de Thomas Pilaster, Oreille rouge, Démolir Nisard et L’Auteur et moi, Chevillard multiplie les usages de la mauvaise foi, ce mensonge que l’on fait aux autres et surtout à soi-même. Mais cette mauvaise foi omniprésente prend une dimension positive. Transformée en un exercice de lucidité, elle donne une énergie qui échappe à la prison du déjà dit, elle assure ce détour qui permet à l’écrivain de se dire dans l’excès. Elle devient un moyen d’affirmer sa liberté face à une réalité incertaine.
In L’Œuvre posthume de Thomas Pilaster, Oreille rouge, Démolir Nisard, and L’Auteur et moi, Chevillard multiplies uses of bad faith–that lie we tell to others but, above all, to ourselves. Yet this omnipresent bad faith takes on a positive dimension. Transformed into an exercise of lucidity, it produces an energy which escapes the prison of the already said and enables those detours which allow the writer to make excessive claims. It becomes a means of affirming freedom in the face of an uncertain reality.
Alexandre Gefen, « La littérature sans la littérature »
Alexandre Gefen est chargé de recherche au Centre d’étude de la langue et des littératures françaises (CNRS, université de Paris). Il travaille sur les questions de théorie littéraire appliquées à la littérature française contemporaine. Ses dernières parutions sont : Vies imaginaires de la littérature française (Paris, 2014), Inventer une vie. La fabrique littéraire de l’individu (Bruxelles, 2015).
Alexandre Gefen is a researcher at the Centre for the study of French language and literatures (CNRS, University of Paris). He works on questions of literary theory applied to contemporary French literature. His most recent publications are: Vies imaginaires de la littérature française (Paris, 2014), Inventer une vie. La fabrique littéraire de l’individu (Brussels, 2015).
Dans le monde elliptique des « romans de romans » de Chevillard, dont la plupart des personnages sont des figures d’écrivains, rien n’est plus tentant que de proposer une lecture métatextuelle des romans de l’auteur de Mourir m’enrhume. C’est à cette hypothèse que cet article se consacre, en défendant la thèse que, plus que celle d’aucun autre auteur contemporain peut-être, l’œuvre de Chevillard ne parle que de sa propre possibilité, de sa propre fonction, de son propre objet, de sa propre signification.
In the elliptical world of Chevillard’s “novels of novels”, whose characters are mainly figures of the writer, nothing is more tempting than to propose a metatextual reading of the novels of the author of Mourir m’enrhume. This article devotes itself to this hypothesis by defending the thesis that, perhaps more than that of any other contemporary author, Chevillard’s œuvre talks only of its own possibility, its own function, its own object, its own meaning.
Fabrice Thumerel, « Portrait de l’écrivain en animal polymorphe »
Fabrice Thumerel, enseignant à l’université d’Artois, est spécialiste du roman contemporain et auteur de travaux sur la critique littéraire. Il a codirigé de nombreux colloques internationaux dont certains à Cerisy sur la littérature contemporaine. Il est par ailleurs cofondateur du site Libr-critique.com.
Fabrice Thumerel, a teacher at the University of Artois, is a specialist in the contemporary novel and the author of works on literary criticism. He has codirected a number of international colloquia including some at Cerisy on contemporary literature. He is the cofounder of the site Libr-critique.com.
Pour Chevillard, l’écrivain est un « animal polymorphe » : il se lance dans une aventure monstrueuse consistant à explorer la part animale que le commun des mortels rejette. C’est dire que les fables animalières d’Éric Chevillard ne sont pas à prendre à la légère. Elles engagent à part entière un écrivain qui doit se situer par rapport à la faune littéraire, se faire un nom dans ce parc animalier qu’est le champ littéraire. Des figures à la posture de l’écrivain, tel est l’itinéraire de cet article sociogénétique.
For Chevillard, the writer is a “polymorphous animal”: he throws himself into a monstrous adventure which involves exploring the animal part that most mortals reject. This means that Éric Chevillard’s animal fables should not be taken lightly. They wholeheartedly engage a writer who must situate himself in relation to literary fauna, and make a name for himself in the wildlife park which is the literary field. From figures to the posture of the writer: this is the route taken by this socio-genetic article.
Christine Jérusalem, « Éric Chevillard au Mali »
Christine Jérusalem est maître de conférences à l’École supérieure du professorat et de l’éducation de Lyon. Ses recherches portent sur la littérature narrative contemporaine. Elle a publié Jean Echnoz : géographies du vide (Saint-Étienne, 2005) et « Variations Au piano de Jean Echenoz. Ni tout à fait le même ni tout à fait un autre », publié dans le no 671 de la revue Critique (Paris, 2004).
Christine Jérusalem is a lecturer at the École supérieure du professorat et de l’éducation de Lyon. Her research focuses on contemporary narrative literature. She has published Jean Echnoz: géographies du vide (Saint-Étienne, 2005) and “Variations Au piano de Jean Echnoz. Ni tout à fait le même ni tout à fait un autre”, published in no. 671 of the journal Critique (Paris, 2004).
Cette étude, consacrée à Oreille rouge, explore le rapport complexe qu’Éric Chevillard entretient avec différents genres littéraires. Oreille rouge est en effet un vrai-faux récit de voyage au Mali qui réécrit les clichés liés à l’Afrique comme au récit viatique. Ce jeu formel révèle les ridicules d’un homme occidental épris d’un projet de poésie épique dans une Afrique finalement fantomatique. Le roman ludique d’Éric Chevillard permet d’interroger l’authenticité d’une littérature qui se voudrait ethnologue.
This study, devoted to Oreille rouge, explores Éric Chevillard’s complex relationship with different literary genres. Oreille rouge is in fact a false-true journal of a journey to Mali which rewrites the clichés linked both to Africa and the travel narrative. This formal game reveals the ridiculousness of a Western man taken with a project to write an epic poem in a fundamentally ghostly Africa. Éric Chevillard’s playful novel enables us to question the authenticity of literature which tries to be ethnology.
Marc Daniel, « Éric Chevillard et le conte »
Marc Daniel, enseignant, est l’auteur d’une thèse intitulée Éric Chevillard. L’art de la contre-attaque (Paris, 2014).
Marc Daniel, a teacher, is the author of a thesis entitled Éric Chevillard. L’art de la contre-attaque (Paris, 2014).
À l’image de la relation qu’il entretient avec la littérature dans son ensemble, le lien d’Éric Chevillard au conte est tissé d’ambivalence. Deux registres coexistent : la subversion du genre, d’une part, au moyen notamment de la parodie et de l’humour. Un registre de connivence, d’autre part, avec une volonté partagée, pour Chevillard comme pour le conte, de se situer à l’écart d’un rendu réaliste du monde. À la recréation féerique des contes se substitue cependant, chez Chevillard, le parti pris du loufoque.
Much like his relationship with literature as a whole, Éric Chevillard’s connection with the short story is ambivalent. Two registers coexist: the subversion of the genre on the one hand, notably by means of parody and humour, and a register of connivance
on the other: a desire, shared by both Chevillard and the short story, to be positioned to one side of a realist rendering of the world. In the work of Chevillard, however, a commitment to the zany is a substitute for the fairy-tale recreations of the short story.
Laurent Demanze, « Meurtre en bas de page »
Laurent Demanze est maître de conférences en littérature française du xxe siècle à l’École nationale supérieure de Lyon. Ses recherches portent sur les devenirs de l’écriture de soi dans la littérature contemporaine. Il a publié Encres orphelines, Pierre Bergounioux, Gérard Macé, Pierre Michon (Paris, 2008) et Gérard Macé. L’invention de la mémoire (Paris, 2009).
Laurent Demanze is a lecturer in twentieth-century French literature at the École nationale supérieure in Lyon. His research focuses on the development of autobiographical writing in contemporary literature. He has published Encres orphelines, Pierre Bergounioux, Gérard Macé, Pierre Michon (Paris, 2008) and Gérard Macé. L’invention de la mémoire (Paris, 2009).
Nathalie Piégay-Gros rappelait dans L’Érudition imaginaire la virtualité romanesque des savoirs les plus austères. C’est une telle fiction philologique que propose Chevillard dans L’Œuvre posthume de Thomas Pilaster. En juxtaposant la positivité du savoir attesté et ses (més)usages loufoques, il décèle dans les pratiques du savoir philologique une tension meurtrière. Tel est sans doute le piège d’un roman qui mine toute réception possible car il ne cesse de jeter le soupçon sur l’acte même de lecture.
Nathalie Piégay-Gros reminded us of the novelistic virtuality of the most austere forms of knowledge in L’Érudition imaginaire. A same sort of philological fiction is proposed by Chevillard in L’Œuvre posthume de Thomas Pilaster. By juxtaposing the positivity of attested knowledge and its bizarre (mis)uses, he detects a murderous tension in the practices of philological knowledge. This is doubtless the trap of a novel which undermines all possible forms of reception by constantly undermining the very act of reading.
Aurélie Adler, « Espaces du renversement et de l’inachèvement »
Aurélie Adler, maître de conférences à l’université Picardie – Jules-Verne, est l’auteur d’une thèse intitulée Éclats des vies muettes. Figures du minuscule et du marginal dans les récits de vie de Pierre Michon, Annie Ernaux, Pierre Bergounioux et François Bon (Paris, 2012).
Aurélie Adler, a lecturer at Picardie – Jules-Verne University, is the author of a thesis entitled Éclats des vies muettes. Figures du minuscule et du marginal dans les récits de vie de Pierre Michon, Annie Ernaux, Pierre Bergounioux et François Bon (Paris, 2012).
Les romans d’Éric Chevillard se nichent volontiers dans des espaces soustraits au temps des horloges. Espace antéhistorique de la grotte (Préhistoire), zoo du désastre animalier (Sans l’orang-outan) ou île dystopique (Choir). Ces territoires critiques renversent ironiquement les utopies progressistes en exacerbant un imaginaire apocalyptique. Dynamitant l’idéal humaniste, le narrateur invente des espaces de l’altérité qui rejouent le scénario de la fin sans lui apporter d’achèvement.
Éric Chevillard’s novels are willingly placed into spaces shielded from clock time: the anti-historical space of the cave (Préhistoire), the zoo of environmental disasters (Sans l’orang-outan), or the dystopian island (Choir). These critical territories ironically reverse the progressive utopia by exacerbating an apocalyptic imaginary. Exploding the humanist ideal, the narrator invents spaces of alterity which replay the scenario of the end without ever bringing it to a close.
Marie-Odile André, « Palafox au pays des moralistes »
Marie-Odile André, maître de conférences habilité à diriger des recherches à l’université Paris-Ouest – Nanterre – La Défense, spécialiste de littérature contemporaine, est l’auteur de plusieurs travaux, notamment sur les premiers romans.
Marie-Odile André, a lecturer authorised to supervise research at Paris-Ouest – Nanterre – La Défense University, and a specialist in contemporary literature, is the author of several works, notably on first novels.
Cet article s’intéresse à la façon dont Éric Chevillard construit dans ses ouvrages et son blog une posture de moraliste qui lui soit propre, à travers une déclinaison du modèle centrée sur trois traits principaux : une autorité énonciative qui se recompose dans le mouvement de son propre défaussement ; un récit dont la dynamique a pour effet de le faire sortir de lui-même ; des choix éthiques qui se formulent à partir de cette part éminemment instable du jugement qu’est l’humeur.
This article focuses on the way Éric Chevillard constructs the posture of a moralist in his works and blog by developing a model centred on three principal traits: an enunciative authority which takes shape as it discards itself; a narrative whose dynamic has the effect of dragging it out of itself; and ethical choices based on the eminently unstable part of judgement which is humour.
Béatrice Bloch, « La disposition du grognon »
Béatrice Bloch, maître de conférences à l’université Bordeaux – Montaigne, est l’auteur de différents travaux sur Michel Butor, Louis-René des Forêts, Nathalie Sarraute ou Robert Pinget.
Béatrice Bloch, a lecturer at Bordeaux – Montaigne University, is the author of different works on Michel Butor, Louis-René des Forêts, Nathalie Sarraute, and Robert Pinget.
Dans cette subtile fable qu’est L’Auteur et moi, l’auteur interrompt son personnage pour lui voler la vedette et narrer sa propre histoire. Cet article inventorie les humours en jeu : décalage scalaire inversant les valeurs d’importance, théorie de l’esprit infantile du pince-sans-rire mimant la naïveté, nonsense logique et parodies des genres littéraires, tout est là pour expliquer le plaisir du lecteur et d’un auteur qui refuse l’efficience d’une société post-toyotiste.
In the subtle fable that is L’Auteur et moi, the author interrupts his character to steal the starring role and tell his own story. This article makes an inventory of the forms of humour at work: shifting scales which inverse values of importance; the theory of the childish spirit of tongue-in-cheek humour miming naivety; logical nonsense and parodies of literary genres – everything is here to explain the pleasure of the reader and an author who refuses the efficiency of a post-toyotist society.
Jean-Bernard Vray, « Virulence de Chevillard »
Jean-Bernard Vray, professeur émérite à l’université de Saint-Étienne, a beaucoup travaillé sur la littérature française du xxe siècle, de Michel Tournier aux écritures les plus contemporaines. Il a longtemps animé la composante littéraire du centre d’études sur l’expression contemporaine de Saint-Étienne et coorganisé de nombreux colloques sur Michel Tournier, François Bon, Jean Echenoz, Pierre Michon.
Jean-Bernard Vray, an emeritus professor at the University of Saint-Étienne, has worked a great deal on twentieth-century French literature, from Michel Tournier to the most contemporary writing. He has run the literary component of the Sainte-Étienne center for studies on contemporary expression for a long time, and co-organised numerous colloquia on Michel Tournier, François Bon, Jean Echenoz, and Pierre Michon.
Cet article met en évidence l’éthos d’un narrateur jubilatoirement violent que s’ingénient à élaborer les textes de Chevillard en prenant appui sur la catégorie de virulence. Le narrateur du Vaillant Petit Tailleur use de la digression
et du sabotage pour détraquer le « meccano du conte ». Mais on peut superposer à cet éthos du narrateur celui de l’auteur en prenant en compte les textes (entretiens, journal, essai) où le « je » est auctorial.
This article demonstrates the ethos of the jubilatory violent narrator, that Chevillard’s texts ingeniously elaborate, through the use of the category of virulence. The narrator of the Vaillant Petit Tailleur uses digression and sabotage to upset the “meccano of the short story”. But one can superimpose the ethos of the author onto that of the narrator by taking into account the texts (interviews, journal, and essay) where the “I” is authorial.
Gaspard Turin, « “Énumérations dilatoires” »
Gaspard Turin, enseignant à l’université de Lausanne, est l’auteur d’une thèse sur le roman contemporain intitulée Entre hybris et mélancolie. Poétique, esthétique et usages de la liste littéraire dans le roman français contemporain (1963-2013). Il est l’auteur de nombreuses contributions dans les revues Europe, Littérature, Lendemains, L’Esprit créateur, Revue critique de fixxion française ou les Cahiers Georges Perec.
Gaspard Turin, a teacher at the University of Lausanne, is the author of a thesis on the contemporary novel entitled Entre hybris et mélancolie. Poétique, esthétique et usages de la liste littéraire dans le roman français contemporain (1963-2013). He is the author of numerous contributions in the journals Europe, Littérature, Lendemains, L’Esprit créateur, Revue critique de fixxion française and the Cahiers Georges Perec.
Le roman selon Chevillard est connu pour sa propension à la digression. Mais sur quel fond ? Dans cet article, deux procédés techniques manifestant cette propension seront observés : la liste et le cliché. C’est finalement dans la liste de clichés que l’on observe, à la fois, l’exemple le plus extrême de diversion, de refus du « bon vieux roman », et de réinvestissement, via la participation du lecteur, de (non-)valeurs romanesques qui constituent un fond posssible de l’esthétique chevillardienne.
The novel according to Chevillard is known for its propensity to digression. But what is this based on ? In this article, two technical processes manifesting this propensity are observed : the list and the cliché. Ultimately, it is in the list of clichés that we observe, simultaneously, the most extreme example of diversion, the refusal of the “good old novel”, and the reinvestment, via the reader’s participation, of the novelistic (non-)values which constitute a possible basis for Chevillard’s aesthetic.
Lia Kurts-Wöste, « La dynamique énonciative dans les récits d’Éric Chevillard »
Lia Kurts-Wöste, maître de conférences à l’université Bordeaux-Montaigne, est stylisticienne et a dirigé plusieurs travaux dont un sur la violence du logos.
Lia Kurts-Wöste, a lecturer at Bordeaux-Montaigne University, is a stylician and has edited several works, including one on the violence of the logos.
Cet article analyse le fonctionnement pragmatique des principales configurations énonciatives propres aux romans d’Éric Chevillard (commentaires métadiscursifs, métalepses, ruptures de tons et de chaînes référentielles, pastiches, ironie, « hétérophonie », etc.), en prenant pour corpus d’étude privilégié Palafox. S’y déploie une défense et une illustration paradoxales de la littérature dans son pouvoir mi-éthique, mi-esthétique de dégagement de toute forme de figement langagier et mental.
This article analyses the pragmatic functioning of the principal enunciative configurations in the novels of Éric Chevillard (metadiscursive commentaries, metalepsis, ruptures of tone and referential chains, pastiche, irony, “heterophony”, etc.), taking Palafox as its privileged corpus. It demonstrates a paradoxical defence and illustration of literature in its half-ethic, half-aesthetic power of disengagement from all forms of linguistic and mental congealing.
Christelle Reggiani, « Démolir la phrase ? L’art de la prose d’Éric Chevillard »
Christelle Reggiani, professeur à l’université Paris-Sorbonne, est stylisticienne, spécialiste des écritures sous contraintes et des avant-gardes formalistes au xxe siècle. Elle est l’auteur de plusieurs travaux dont Poétiques oulipiennes (Genève, 2014).
Christelle Reggiani, a professor at Paris-Sorbonne, is a stylician, specialising in constrained writing and the formalist avant-garde of the twentieth century. She is the author of several works including Poétiques oulipiennes (Geneva, 2014).
À partir de la question de la phrase longue, considérée dans l’œuvre d’Éric Chevillard, cet article se propose de mettre au jour les déterminations formelles et historiques d’une telle pratique stylistique, pour tenter d’esquisser, plus largement (mais d’une manière nécessairement hypothétique), les linéaments d’une « histoire formelle » (comme le voulait Barthes) de la prose française contemporaine, qui devrait permettre d’éprouver la validité, aujourd’hui encore, de l’idée de langue littéraire.
Beginning with the question of the long sentence, considered in the work of Éric Chevillard, this article seeks to reveal the formal and historical determinations of this sort of stylistic practice in order to sketch, more broadly (but in an inevitably hypothetical manner), the outline of a “formal history” (as Barthes wanted) of contemporary French prose, which should allow us to validate, still today, the idea of literary language.
Pascal Riendeau, « L’Autofictif observe le monde »
Pascal Riendeau, professeur agrégé à l’université de Toronto, est spécialiste des écritures contemporaines, auteur de différents travaux dont un en collaboration sur le roman français de l’extrême contemporain paru au Québec en 2010.
Pascal Riendeau, a professeur agrégé from the University of Toronto, specialises in contemporary writing and is the author of different works, including a joint piece on the highly contemporary French novel, published in Quebec in 2010.
Cet article étudie d’abord comment Éric Chevillard, dans les volumes de L’Autofictif, efface la contradiction entre fragment et aphorisme, et mise sur la création d’une forme brève inédite. Puis il interroge le rôle de l’éthique dans la vision du monde de l’auteur (ou de son alter ego) véhiculée par des commentaires sagaces ou ironiques sur la laïcité et la religion, le commerce et la publicité, la science et la littérature, ainsi que par des réflexions critiques sur sa propre écriture.
This article first studies the way in which, in the volumes of L’Autofictif, Éric Chevillard erases the contradiction between fragment and aphorism and invests in the creation of a novel brief form. It then examines the role of ethics in the author’s vision of the world (or that of his alter ego) as conveyed by sagacious or ironic commentaries on secularism and religion, commerce and advertising, and science and literature, as well as by critical reflections on his own writing.
Anne Roche, « Chevillard lecteur »
Anne Roche, écrivain et professeur émérite à l’université Aix-Marseille, est l’auteur de nombreux travaux sur la littérature au xxe siècle, de Péguy à Volodine en passant par Jean Paulhan ou Georges Perec.
Anne Roche, a writer and emeritus professor at Aix-Marseille University, is the author of numerous works on twentieth-century literature, from Péguy to Volodine via Jean Paulhan and Georges Perec.
Les textes de Chevillard mettent souvent en jeu la lecture, sous forme de personnages, de situations ou de structures. Logiquement, il en est venu à jouer le jeu autrement, dans sa chronique du Monde et dans son blog, tirant à vue sur les auteurs qu’il n’aime pas comme dans Démolir Nisard, ou cherchant, dans les auteurs qu’il aime, les codes d’un savoir-vivre qui n’a rien d’un manuel de bonnes manières mais propose plutôt un « camp d’entraînement à la lutte poétique armée contre l’ordre du monde ».
Chevillard’s texts often play games with reading, in the form of characters, situations or structures. Logically, he has come to play this game differently in his column for Le Monde and in his blog, shooting on sight the authors he does not like, as in Démolir Nisard, or searching, amongst the authors he does appreciate, for codes of behaviour which are far removed from those of the etiquette manual, and which propose instead a “training camp for the armed poetic fight against the world order”.
Blanche Cerquiglini, « L’auteur en entretien »
Blanche Cerquiglini, en poste au sein de la Nouvelle Revue française, est l’auteur de différentes études parues dans la revue Critique et coauteur, avec Jean-Yves Tadié, du Roman d’hier à demain (Paris, 2012).
Blanche Cerquiglini works at the Nouvelle Revue française. She is the author of different studies published in the journal Critique and the co-author, with Jean-Yves Tadié, of the Roman d’hier à demain (Paris, 2012).
Les entretiens (environ vingt-cinq depuis vingt ans) sont pour l’auteur un laboratoire d’écriture : il y met à l’épreuve ses idées et son style. D’une extrême cohérence, ils ne relèvent pas d’une simple posture d’écrivain mais font pleinement partie de son œuvre. Ils permettent de dégager ses armes stylistiques (ironie, parodie, pensée par analogie) et dressent le portrait d’un auteur en colère, qui aspire à réformer le langage et à transformer le monde en sabotant, de l’intérieur, la littérature.
The interviews (around 25 over the last 20 years) are a writing laboratory for the author where he can test out his ideas and style. They are not a pose, but rather an extremely coherent and integral part of his work. They allow him to identify his stylistic weapons (irony, parody, analogical thought) and construct the portrait of an angry author who aspires to reform language and transform the world by sabotaging literature from within.
Ekaterina Koulechova, « Éric Chevillard par la presse »
Ekaterina Koulechova, salariée dans l’édition parisienne, est l’auteur d’une thèse sur Éric Chevillard soutenue en 2014.
Ekaterina Koulechova works in the field of publishing in Paris. She is the author of a thesis on Éric Chevillard which she presented in 2014.
Ce travail s’intéresse au contexte éditorial immédiat de l’œuvre d’Éric Chevillard, autrement dit aux modalités de sa réception dans le champ littéraire. À partir d’une sélection de critiques littéraires et d’entretiens inédits avec des journalistes, il s’agit d’observer la place de Chevillard dans les médias, d’analyser le portrait de l’artiste qui s’y construit et de dégager les constantes et les limites du discours journalistique à son sujet.
This study focuses on the immediate publishing context of Éric Chevillard’s œuvre, in other words, the modalities of its reception in the literary field. Beginning with a selection of literary criticism and unpublished interviews with journalists, the study observes the place of Chevillard in the media, analyses the portrait of the artist constructed there, and identifies the constants and limitations of journalistic discourse about him.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-8124-4921-5
- EAN: 9782812449215
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-8124-4921-5.p.0261
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 04-04-2016
- Language: French