Présentation du numéro
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Entreprise & Société
2022 – 2, n° 12. varia - Auteurs : Méric (Jérôme), Jardat (Rémi)
- Pages : 19 à 21
- Revue : Entreprise & Société
Présentation du numéro
Jérôme Méric
CEREGE-IAE de Poitiers
Rémi Jardat
LITEM –
Université d’Évry-Paris-Saclay
La crise sanitaire que nous avons traversée a exposé certaines organisations à des turbulences auxquelles elles n’étaient pas préparées. Elle a constitué aussi, aux yeux de certains, un moment d’innovation. Temps de destruction créatrice schumpeterienne, ou d’incertitude knightienne ? En tous les cas, la Covid a affecté les modes de contrôle dans les entreprises, et dans le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) en particulier. L’objet de ce numéro est d’examiner comment l’ESS, qui a dû lorsqu’elle le pouvait assurer a minima une continuité de missions, quand elle n’était pas sollicitée pour répondre à de besoins nouveaux suscités par la crise, s’est organisée et a fait évoluer ses pratiques managériales dans ce contexte singulier.
Les crises constituent aussi un moment où se cristallisent les remises en cause du système, et ces moments peuvent être privilégiés pour faire avancer les idées critiques. Le témoignage d’Ève Chiapello semblait particulièrement entrer en résonance avec ces temps troublés. Comment une diplômée d’HEC effectue-t-elle ce chemin vers la critique du capitalisme ? Le Grand Angle consacré à la sociologue permet de saisir comment, de convictions personnelles initiales en démarches intellectuelles mûries, Ève Chiapello a construit, conjointement dans un premier temps à Luc Boltanski, cet itinéraire intellectuel. Elle aborde, dans les échanges avec 20l’équipe de rédaction, une méthode générale de recherche – la démarche d’enquête, la pédagogie critique – l’expérience Alternative Management à HEC, la philosophie politique – la solubilité de la critique dans le capitalisme, et les thèmes qui structurent sa recherche du moment, en particulier la financiarisation abordée par les outils de gestion.
Comme nous l’avons mentionné, le dossier de ce numéro, dirigé par Pascal Glémain et Jennifer Urasadettan est consacré à la manière dont le contexte pandémique a mis au défi les organisations de l’ESS. Vanessa Bazsalicza et Frédérique Chédotel examinent les situations de ruptures organisationnelles, cognitives et sociales provoquées par la crise dans 6 structures, mais aussi les opportunités de mobilisation que ces ruptures ont rendues possibles. Fabienne Joliet et Valérie Billaudeau adoptent l’angle des sciences de l’information pour comprendre comment s’est construite une solidarité en dépit des différentes temporalités dans lesquelles pouvaient s’inscrire les habitants d’un même lieu.
Laetitia Lethielleux, Caroline André et Patrick Valéau interrogent, sur la base d’une étude à petite échelle, les mutations possibles de l’ESS tant du point de vue des méthodes de travail et de coordination que celui du regard porté par le public sur le secteur. À une échelle plus holistique, Caroline Demeyère, Stéphanie Havet-Laurent et Richard Damien transposent le modèle CIME (Compétences, Initiatives, Management et Environnement de travail) à des associations du spectacle vivant pour montrer comment ces organisations ont été capables de proposer des innovations sociales en contexte pandémique.
Deux contributions ont été retenues en varia pour ce numéro. La première aborde la critique sous un autre angle qu’Ève Chiapello, à savoir celui de Michel Foucault. Didier Bensadon construit une réflexion sur le rôle de la comptabilité depuis le xviiie siècle dans le contrôle social. La seconde entre en dialogue avec le dossier thématique. La recherche de Damien Aimar et Jean-François Chanlat examinent le rôle de la résilience des salariés dyslexiques dans un processus de socialisation que l’on sait difficile.
Dans la rubrique « Éclairage », Michel Capron propose de retracer le premier épisode d’un retour réflexif sur l’évolution des expertises auprès des institutions représentatives du personnel. La période couverte s’étale de l’après-guerre à l’élection de François Mitterrand. Le numéro 11 de notre revue a suscité des réactions, en particulier le dossier consacré à 21l’« Affaire Faber-Danone ». Jean-Philippe Denis et Alain-Charles Martinet étoffent des propos déjà lus dans The Conversation pour dénoncer à leur manière la financiarisation et interroger l’intérêt de la société à mission dans ce contexte.
La Société Française de Management s’empare chaque année d’un sujet encore peu étudié, peu interrogé, et se donne le rôle de défricher le terrain pour que d’autres s’en emparent. C’était particulièrement le cas de la liberté académique, thématique de l’année 2021-2022, qui a depuis fait l’objet de conférences d’ouvertures dans une grande école française. La rubrique « Forum » rend compte du séminaire du 25 mars 2022, et résume les échanges entre les personnalités invitées.
Les éditions EMS ont publié un nouvel ouvrage dans sa collection « Grands Auteurs Francophones ». Roland Pérez propose une recension de l’Homo Strategicus – Capitalisme liquide, destruction créatrice et mondes habitables, par Alain-Charles Martinet et celle de La réforme de l’entreprise : un modèle français de codétermination, par Nicolas Aubert et Xavier Hollandts.
Puisque la revue Entreprise & Société a à cœur de défricher des sujets d’actualité avec le regard singulier – parce qu’interdisciplinaire – qu’est le sien, le comité éditorial a fait le choix de consacrer le numéro 14 à la relation complexe que les entreprises entretiennent avec la sobriété. L’appel à communication conclut le présent volume.
- Thème CLIL : 3312 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Économie publique, économie du travail et inégalités
- ISBN : 978-2-406-14653-7
- EAN : 9782406146537
- ISSN : 2554-9626
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14653-7.p.0019
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 08/03/2023
- Périodicité : Semestrielle
- Langue : Français