Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Encyclopédique Moyen Âge. Mélanges en l'honneur de Denis Hüe
- Pages : 507 à 517
- Collection : Rencontres, n° 488
- Série : Civilisation médiévale, n° 40
Résumés
Denis Hüe, « Le médiéviste et l’Eldorado »
Denis Hüe, à qui ce volume est dédié, retrace son itinéraire personnel et intellectuel, esquisse le bilan et ses orientations de recherche sur la littérature, principalement moralités, mystères et poésie lyrique de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance, et ses liens avec le savoir et la société urbaine.
Danièle James-Raoul, « L’huître ou le coquillage des coquillages dans les bestiaires médiolatins fin xiie – début xiiie siècle. Cambridge, II.4.26 ; Aberdeen UL, 24 ; Bodleian, Ashmole 1511 »
Dans les bestiaires médiévaux latins, le discours sur ce poisson commun et extraordinaire qu’est l’huître retient l’attention. Le contenu scientifique livré a beau être réduit à sa plus simple expression, ce coquillage est au cœur de plusieurs histoires où le « catéchisme animal », usuel dans ce type d’ouvrage, revêt un tour vif et plaisant. Que l’huître évoque un mets délicieux ou s’offre comme le réceptacle quasi sacré d’une perle, elle est montrée comme le coquillage des coquillages.
Karin Ueltschi, « Des connaissances rurales. Quelques leçons du Mesnagier de Paris »
Souvent encyclopédique, la littérature didactique est un mélange de compilations diverses, mais où transparaît parfois la voix toute subjective d’un auteur. Comment démêler alors ce qui est original et ce qui relève de la simple paraphrase rhétorique ? Cette question est examinée dans le Mesnagier de Paris où l’on peut essayer de mesurer l’authenticité du témoignage et l’empiètement de la culture pratique sur le continent de la clergie à l’aide de quelques exemples.
508Bernard Ribémont, « Encyclopédisme et justice. Le cas du Livre du trésor de Brunetto Latini »
Cet article étudie la notion de la justice qu’un encyclopédiste et notaire florentin, écrivant en français, peut proposer au xiiie siècle. Les développements de Brunetto Latini, dans son Livre du Trésor, sont révélateurs de la difficulté à proposer une approche cohérente de la justice, cette dernière étant fortement conditionnée par un souci d’éducation du prince.
Denis Lorée, « “De quoy nous ne volons plus parler, ains volons revenir a no premiere matere”. Quelques remarques sur l’insertion du narratif dans le didactique »
Les œuvres didactiques médiévales diffusent le savoir en superposant des strates auctoriales et en recourant à des insertions narratives. Mais l’épisode de la Pucelle Venimeuse qui appartient au mythe d’Alexandre le Grand, trouve un traitement radicalement opposé dans le Placides et Timéo et le Secret des Secrets. Le présent article examine la fonction de vade-mecum de cet épisode dans l’encyclopédie et montre que l’utilisation du narratif au sein du didactique est justifiée par le dessein du traité.
Steve Murphy, « Homais, fragments encyclopédiques »
Homais serait, dit-on, un jouet de l’Idée reçue, jovial automate déconnecté de la réalité. Le « plan » cynique de ce faux médecin et pseudo-encyclopédiste consiste pourtant à nuire à Charles Bovary par tous les moyens. Obsédé sexuel pour lequel la falsification est un mode de vie, il œuvre dans l’ombre, puissant engrenage dans la tragédie des Bovary, encourageant l’opération d’Hippolyte et mentant lors du suicide d’Emma. Il s’agit ici d’enquêter sur cet homme si profondément pervers.
Georges Kliebenstein, « Le sacré nom de Charles Baudelaire »
L’auteur de ces lignes a consacré une part de ses recherches au concept d’« encyclopédie minimale » : il s’agit de montrer à quel point les plus petites unités du discours – un incipit, un titre, un « premier mot » – peuvent condenser la quasi-totalité d’une œuvre ou d’une vie. Le présent texte analyse un avant-premier mot, prélude à toute vie-œuvre : un nom d’auteur, le nom 509de Charles Baudelaire. Il interroge aussi le dernier mot, le dernier nom, que profère le poète aphasique : « Cré nom ! »
Jérôme de Gramont, « Portrait de Pierre Probst en encyclopédiste »
Bien des livres, des récits, y compris des récits pour enfants, ont droit à être lus comme des encyclopédies. L’humour et le sérieux peuvent faire bon ménage. Quant à la philosophie, elle passe parfois pour le comble du sérieux. Sans doute Pierre Probst n’avait-il aucune intention de faire œuvre de philosophe quand il a écrit Caroline visite Paris (1979), mais tout lecteur a le droit de lire ce texte comme une histoire de la philosophie.
Françoise Laurent, « Écrire et célébrer la vie de la Vierge. La Conception Nostre Dame de Wace »
La Conception Nostre Dame de Wace, premier texte roman consacré à la vie de la Vierge, laisse affleurer un souci de communiquer à un auditoire d’illiterati un savoir par le recours aux méthodes de la dialectique scolaire afin de lui donner un accès direct au rôle de Marie dans l’histoire du Salut. Elle est parallèlement gouvernée par un élan de célébration qui fait de l’auteur normand le précurseur de la littérarité de l’écriture mariale.
Jean-Louis Benoit, « Polémiques littéraires et sociales dans les Miracles de Notre-Dame de Gautier de Coinci et d’Adgar »
C’est Adgar, à Londres, qui écrit le premier recueil de miracles en français. Gautier de Coinci perfectionnera le genre en rivalisant avec la littérature profane accusée de corrompre les lecteurs en contant, surtout, un amour immoral. Les auteurs de miracles ne se contentent pas de dénoncer cette littérature, mais s’en inspirent pour séduire et édifier leurs lecteurs frivoles. Cette polémique littéraire s’articule à une polémique sociale qui critique les goûts et les vices de l’aristocratie.
Xavier-Laurent Salvador, « Termet, fille du Roi, préfiguration mariale dans le livre de l’Exode de la Bible Historiale ?»
Quand on lit le livre de l’Exode dans la Bible Historiale, on y découvre le nom de la mère adoptive de Moïse : Thermet, figure issue du panthéon 510égyptien, mais ici associée à Marie, sœur de Moïse. Or, il existe dans le haut Moyen Âge une certaine confusion entre Marie de Nazareth et Marie l’égyptienne, la sœur de Moïse. Le présent article parcourt les textes pour se demander si la fille du roi de l’Exode pourrait être le support d’une préfiguration mariale.
Françoise Le Saux, « Miracula ou mirabilia ? Le Roman de saint Fanuel »
Le Roman de saint Fanuel se caractérise par son éclectisme, mêlant tradition scripturale, tradition apocryphe et motifs mythiques ou populaires : une jeune fille conçoit après avoir respiré le parfum d’une fleur et son fils donne naissance, par la cuisse, à une petite fille, la future sainte Anne. Notre analyse explore les dangers inhérents à cette approche, en particulier le risque de susciter un questionnement sur la nature de la Vierge Marie pouvant mener au doute quant à l’humanité du Christ.
Anne Berthelot, « Roussequane, ou les (més)aventures d’un incube dans le Roman des fils du Roi Constant »
La conception de l’Antéchrist dans le Roman des fils du roi Constant est une entreprise complexe, et l’incube est confronté à plusieurs obstacles : la demoiselle Libanor, à qui il apparaît en rêve sous les traits de son ami Pandragus, refuse ses avances, et quand il essaie de la violer, il en est incapable, et doit se résoudre à laisser la place à Pandragus. Ces contretemps divers illustrent l’évolution du débat théologique concernant la corporalité diabolique et la possibilité de l’incubat.
John Nassichuk, « Jacques de Cahaignes paraphraste de Giovanni Pontano au palinod de Caen (1575) »
Le manuscrit 101 de la Collection Mancel renferme les œuvres de l’humaniste et médecin Jacques de Cahaignes, dont une pièce constituant l’appel aux poètes destiné à paraître sur l’affiche pour le Puy caennais de l’année 1575. Il puise sa matière dans une source humaniste prestigieuse, le Meteororum liber du poète napolitain Giovanni Pontano. La récriture qu’il propose des vers de Pontano accommode la description de la merveille naturelle du Corno grande à la thématique de l’éloge marial.
511Mario Longtin et Marie Bouhaïk-Gironès, « Nostre Carme Mathieu De Landa, vie et mort d’un censeur »
Mathieu De Landa (1535-avril 1557), Carme, docteur en théologie et censeur, est une figure centrale de la vie religieuse et culturelle rouennaise à la Renaissance. Cet article assemble les éléments biobibliographiques connus à ce jour sur ce personnage et propose l’édition d’un dizain épitaphe. Mathieu De Landa est par ailleurs mentionné dans les registres du parlement de Rouen : on fait appel à lui pour contrôler les textes dramatiques de la troupe dirigée Pierre Carpentier dit Le Pardonneur.
Huguette Legros, « Peindre la Vierge Marie. Étude des enluminures des Heures de la Vierge dans un Livre d’Heures à l’usage de Coutances (Ms. in-4o 320 de la BM de Caen) »
Cet article étudie des enluminures des Heures de la Vierge du manuscrit in-4o-320 enluminé à Coutances vers 1450-1460 afin de dégager les spécificités de la production coutançaise ; on peut en effet montrer quel(s) rôle(s) joue(nt) ces images dans les exercices de dévotion individuelle liés à la pratique domestique de la lecture des heures canoniales. On s’interroge aussi sur ce que ces enluminures disent de l’hyperdulie et des représentations mariales à cette époque et dans cette région.
Bruno Boerner et Maria-Christina Boerner, « Le discours des images sur le triomphe de la Vierge dans l’art monumental »
Dans l’iconographie, la place centrale qu’occupe Marie au Moyen Âge gothique se lit dans son couronnement, symbolisant le triomphe de la Vierge-Église. Son statut suscitait des interrogations, que reflète l’art monumental du xiiie et du xvie siècle. Ces controverses concernent les différentes positions entre piété mariale et dogmes christologiques mais servent de médium avec des stratégies spécifiques afin d’influencer la réception des croyants selon le contexte religieux et les intentions des commanditaires.
Jelle Koopmans, « Les Galans-sans-Soucy, les Enfans-sans-soucy. Une mise au point »
Les galants – ou enfants – sans soucy, sont crédités d’un rôle majeur dans l’avènement d’un théâtre organisé en France. Comment a pu se constituer ce 512mythe qui ne repose nullement sur une base historique solide ? De la première mention début xve siècle, en passant par l’explosion de mentions à la fin du xve siècle, on arrivera aux troubles religieux. Cet exercice, qui se veut une leçon de méthode aussi, fera reculer nos savoirs au lieu de les faire avancer – ce qui est parfois une bonne chose.
Katell Lavéant, « Stratégies de l’oral et de l’écrit dans les spectacles des Conards de Rouen »
L’analyse du récit de la parade de carnaval tenue par les Conards à Rouen en 1541 montre comment la lecture performée de poèmes délimitait un espace de jeu où l’on explicitait au public le contenu des tableaux montrés. On voit ainsi que les parades de carnaval, par le biais aussi de la distribution de billets présentant les jugements moraux sur des problèmes actuels mis en scène, sollicitaient autant la capacité à lire qu’à regarder, autant l’intellect que les sens des spectateurs.
Lukas Ovrom, « Le “Picart” de Pathelin entre fiction et réalité linguistique »
Les vers 830-844 de La Farce de Maître Pathelin permettent d’illustrer l’utilité de la littérature de fiction dans l’étude du français en diachronie. Notre lecture remet en cause des catégories de « fiction » et de « réalité » dans le champ de la sociolinguistique historique. Se situant entre les deux, le picard de Pathelin invite à repenser la position de cette farce par rapport à la société linguistique de son temps et, aussi, l’intérêt des textes littéraires comme sources de métalangage.
Camille Salatko, « Le diable sténographe dans Le Mystere de la vie et hystoire de monseigneur sainct Martin »
Un diable sténographe dans Le Mystere de saint Martin est une originalité de ce texte dramatique du xve siècle. En invitant ce diable issu des ressources prédicatives à la messe miraculeuse, le théâtre conserve la fonction régulatrice du motif exemplaire pour cette fois cadrer l’attitude des spectateurs, à l’encontre d’un simulacre d’hostie. Le motif semble aussi se rencontrer dans la tenture de chœur de Montpezat-de-Quercy offrant peut-être une résonance de la pièce dans un autre contexte.
513Stéphane Laîné, « Jeux d’images et jeux de mots dans La Farce de Pates-Ouaintes (1493) »
En 1493, la Farce de Pates-Ouaintes fut jouée à Caen par des écoliers de l’université, devant Girard Bureau, dont le personnage Pates-Ouaintes était l’incarnation. Pour les écoliers contestataires, il représentait le type même de l’officier corruptible, pourvu qu’on lui « graisse la patte ». Avec des personnages métaphoriques aux noms évocateurs, des références constantes à la liturgie et au langage juridique, la pièce offre un bel exemple d’un théâtre estudiantin revendicatif et protestataire.
Véronique Dominguez, « Longueurs ou pointes ? Nouvelles lectures de la Résurrection d’Angers »
La Résurrection d’Angers a été joué vers 1456, dans la ville d’Angers du roi René. La présente étude analyse la cohérence de son écriture dramatique, avant de commenter un choix singulier, l’âme de Jésus au féminin, qui offre une approche neuve de l’humanité de la deuxième personne de la Trinité. Entre théologie et incarnation théâtrale, c’est l’éventualité d’une tradition angevine de la Passion médiévale française, complémentaire et concurrente de la tradition grébanienne, qui est en jeu.
Corinne Denoyelle et Estelle Doudet, « Faire corps, faire théâtre. Le Triomphe des Normands de Guillaume Tasserie »
Le Triomphe des Normands est une pièce allégorique, jouée à la fin du xve siècle au Puy de Rouen qui commémore la fondation légendaire de la confrérie par Guillaume le Conquérant et l’union des Rouennais autour de la foi conceptionniste. Le présent article analyse comment s’opère un double travail stylistique et dramaturgique pour inviter ses spectateurs à faire corps avec cette communauté imaginaire, en s’identifiant avec les personnages positifs et en se confrontant à d’autres comme Mahomet.
Philip E. Bennett, « Raoul Taillefer de Cambrai. La thématique de la chanson de Raoul de Cambrai à lumière de la laisse 1 »
À la laisse 1 de Raoul de Cambrai le poète-jongleur annonce qu’il chantera de Raoul Taillefer, le père du héros de la chanson, invitant le lecteur-auditeur 514à confondre les deux personnages. De même, à la laisse 2, la présentation laconique de la mère et de l’oncle du héros, qui auront un rôle des plus importants dans le poème, diverge des habitudes d’autres chanteurs de geste de l’époque. Leur suppression à la fin du poème confère, in absentia, au personnage de Taillefer le rôle dominant.
Laurence Mathey-Maille, « De l’art de conter dans L’Âtre périlleux »
Dans L’Âtre périlleux, l’intrigue principale s’apparente à une succession d’aventures qui vont permettre au héros Gauvain de faire taire la fausse rumeur de sa disparition et de reconquérir son identité. À l’intérieur de cette « histoire-cadre », le narrateur entrelace de nombreux récits, de même que les personnages rencontrés au fil des épisodes endossent le rôle de conteur. L’article analyse les enjeux d’un tel foisonnement narratif, en soulignant l’importance accordée à l’acte même de conter.
Hélène Bouget, « La revanche de l’aventure sur l’allégorie au Château des Pucelles »
Le Château des Pucelles est le pilier d’un motif narratif récurrent, en particulier dans La Queste del saint Graal où l’aventure chevaleresque dont il fait l’objet est ensuite doublée d’une glose morale et allégorique, du moins dans la version commune éditée par A. Pauphilet. Pourtant, des versions secondaires abrègent l’épisode en faisant systématiquement l’économie de la glose, ce qui bouleverse le sens du récit et nous invite à relativiser la lecture communément admise de l’œuvre.
Jane H. M. Taylor, « Les Grandes Croniques de Bretaigne d’Alain Bouchart. Le roi Arthur au service de la politique bretonne »
Alain Bouchart, juriste, rédigea pour sa patronne Anne de Bretagne les Grandes Chroniques de Bretagne, publiées pour la première fois en 1514. Breton de souche, Bouchart insiste sur l’indépendance de la Bretagne et, partant, sur le statut de « roi » de Bretagne des ducs, et d’Anne elle-même. En récupérant le roi Hoel, contemporain d’Arthur, Bouchart remanie l’histoire arthurienne pour créer une Bretagne jamais vraiment conquise ni par Rome ni par les rois de France.
515Olivier Bertrand, « Heurs et malheurs de la Librairie de Charles V »
La bibliothèque du Louvre fut vendue sous l’occupation anglaise en 1424 au duc de Bedford, régent du royaume de France. Pourtant, la « librairie du roi » a eu le temps de laisser à la postérité une image forte – celle du Sage roi en sa bibliothèque – et un mythe – celui des prémices de la Bibliothèque nationale de France. Cet article fait le point sur l’état de lieux de la recherche actuelle sur le sujet : création, inventaires, nature des manuscrits, démantèlement.
Benedikte Andersson, «Fortunes d’un exemplum médiéval. Imitation et création dans “La Laitière et le Pot au lait” »
« La Laitière et le Pot au lait » et « Le Curé et le Mort », conçues par Jean La Fontaine comme un diptyque, se distinguent par la richesse de leur symbolique métatextuelle. Les deux figures sexuées et antithétiques de Perrette et du curé incarnent deux conceptions de la création poétique, l’une faisant des œuvres la nature des textes, l’autre acclimatant l’anti-naturel. Dès lors, chaque dénouement prend une valeur métaphorique qui éclaire une partie des enjeux du monde animal chez le fabuliste.
Christine Ferlampin-Acher, « Rémanences et oublis. Le Conte de la Rose, Perceforest, Bandello, Senecé, Musset et Gaston Paris »
Le conte « Camille » de Sénecé, à la fin du xviie siècle, est souvent considéré comme une réécriture du Conte de la Rose de Perceforest. Cependant un examen à nouveaux frais de la question suggère que la nouvelle 21 des Novelle de Bandello est l’intertexte le plus actif dont on peut suivre à la fois l’influence et l’effacement, ainsi que le renvoi plus ou moins affiché à Perceforest, chez des auteurs, qui comme Musset, reprennent cette histoire, mais aussi chez Paulmy et même Gaston Paris.
Sébastien Douchet, « Les beaux rebuts d’Antoine Bauderon de Sénecé. Présence du Moyen Âge chez un lettré entre deux siècles (1683-1729) »
Cet article propose un éclairage de l’usage poétique que fait d’Antoine Bauderon de Sénecé de la référence médiévale. Son approche relativiste de la langue française le conduit à considérer que dans l’avenir son français sera aussi malaisé à comprendre que l’est l’ancien français pour lui. De là, il élabore une poétique du beau rebut, qui consiste à recycler les pépites de l’ancien temps 516par l’imitation rénovatrice, perpétuant ainsi le patrimoine littéraire français à partir du critère du goût.
Élisabeth Lavezzi, « Une obscure clarté. Un certain regard porté par l’ère de la Raison sur des bâtiments pré-renaissants »
On révise ici le procès intenté par Viollet-le-Duc à Soufflot (1713-1780) à propos de ses interventions à Notre-Dame. En réalité, contrairement à beaucoup d’auteurs des xviie et xviiie siècles, Soufflot vante les mérites des églises médiévales. Comparant ces dernières aux églises des xvie et xviie siècles, il constate qu’elles ont résolu les problèmes de construction et recommande de corriger les défauts des unes par les qualités des autres. Homme des Lumières, il contribue à réhabiliter l’art médiéval.
Patricia Victorin, « Renart au ban(c) de l’école. Petite histoire d’une conquête progressive de 1800 à 1900 »
Comment et pourquoi le Roman de Renart a-t-il réussi à trouver sa place auprès de la Chanson de Roland, œuvre considérée comme l’emblème de la redécouverte du Moyen Âge ? Cette conquête s’est réalisée d’abord par la littérature enfantine avant que Renart ne devienne un grand classique scolaire, statut qu’il n’a pas perdu depuis. Si « Sedan a fait comprendre Roncevaux », selon la formule de Léon Gautier, quel serait l’événement qui expliquerait le goût pour Renart en cette fin de xixe siècle ?
Bernard Baillaud, « Saveur et remembrance. Textes anciens, textes lointains dans trois revues littéraires du xxe siècle »
La publication de textes anciens dans les revues de littérature contemporaine influencées ou dirigées par Jean Paulhan (1884-1968) occupe une place à part. Souvent, le sommaire contient des textes anciens, qui côtoient les œuvres récentes attendues par le lecteur. Cette pratique d’édition de textes anciens obéit à une ouverture de champ plus grande que les histoires de la littérature, maintenant un regard rétrospectif sur l’usage de la rhétorique et ressuscite l’émerveillement de la lecture.
517Fabienne Pomel, « La Farce de maître Pathelin, des tréteaux à la BD de David Prudhomme »
La Farce de Maître Pathelin adaptée pour la BD par David Prudhomme offre un exemple d’intermédialité réussie où la page devient scène de jeu pour des acteurs zoomorphes. Cette adaptation recourt à tous les moyens propres à la BD pour soutenir l’action théâtrale tout en suggérant un commentaire réflexif. Le jeu des personnages appuyé sur l’intertextualité s’inscrit dans l’esprit satirique de la farce et le déguisement carnavalesque : l’adaptation engage ainsi à repérer le jeu du théâtre et de la parole.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-11108-5
- EAN : 9782406111085
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11108-5.p.0507
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 03/06/2021
- Langue : Français