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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Encyclopédique Moyen Âge. Mélanges en l'honneur de Denis Hüe
  • Pages : 507 à 517
  • Collection : Rencontres, n° 488
  • Série : Civilisation médiévale, n° 40
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406111085
  • ISBN : 978-2-406-11108-5
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11108-5.p.0507
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 03/06/2021
  • Langue : Français
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Résumés

Denis Hüe, « Le médiéviste et lEldorado »

Denis Hüe, à qui ce volume est dédié, retrace son itinéraire personnel et intellectuel, esquisse le bilan et ses orientations de recherche sur la littérature, principalement moralités, mystères et poésie lyrique de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance, et ses liens avec le savoir et la société urbaine.

Danièle James-Raoul, « Lhuître ou le coquillage des coquillages dans les bestiaires médiolatins fin xiie – début xiiie siècle. Cambridge, II.4.26 ; Aberdeen UL, 24 ; Bodleian, Ashmole 1511 »

Dans les bestiaires médiévaux latins, le discours sur ce poisson commun et extraordinaire quest lhuître retient lattention. Le contenu scientifique livré a beau être réduit à sa plus simple expression, ce coquillage est au cœur de plusieurs histoires où le « catéchisme animal », usuel dans ce type douvrage, revêt un tour vif et plaisant. Que lhuître évoque un mets délicieux ou soffre comme le réceptacle quasi sacré dune perle, elle est montrée comme le coquillage des coquillages.

Karin Ueltschi, « Des connaissances rurales. Quelques leçons du Mesnagier de Paris »

Souvent encyclopédique, la littérature didactique est un mélange de compilations diverses, mais où transparaît parfois la voix toute subjective dun auteur. Comment démêler alors ce qui est original et ce qui relève de la simple paraphrase rhétorique ? Cette question est examinée dans le Mesnagier de Paris où lon peut essayer de mesurer lauthenticité du témoignage et lempiètement de la culture pratique sur le continent de la clergie à laide de quelques exemples.

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Bernard Ribémont, « Encyclopédisme et justice. Le cas du Livre du trésor de Brunetto Latini »

Cet article étudie la notion de la justice quun encyclopédiste et notaire florentin, écrivant en français, peut proposer au xiiie siècle. Les développements de Brunetto Latini, dans son Livre du Trésor, sont révélateurs de la difficulté à proposer une approche cohérente de la justice, cette dernière étant fortement conditionnée par un souci déducation du prince.

Denis Lorée, « “De quoy nous ne volons plus parler, ains volons revenir a no premiere matere”. Quelques remarques sur linsertion du narratif dans le didactique »

Les œuvres didactiques médiévales diffusent le savoir en superposant des strates auctoriales et en recourant à des insertions narratives. Mais lépisode de la Pucelle Venimeuse qui appartient au mythe dAlexandre le Grand, trouve un traitement radicalement opposé dans le Placides et Timéo et le Secret des Secrets. Le présent article examine la fonction de vade-mecum de cet épisode dans lencyclopédie et montre que lutilisation du narratif au sein du didactique est justifiée par le dessein du traité.

Steve Murphy, « Homais, fragments encyclopédiques »

Homais serait, dit-on, un jouet de lIdée reçue, jovial automate déconnecté de la réalité. Le « plan » cynique de ce faux médecin et pseudo-encyclopédiste consiste pourtant à nuire à Charles Bovary par tous les moyens. Obsédé sexuel pour lequel la falsification est un mode de vie, il œuvre dans lombre, puissant engrenage dans la tragédie des Bovary, encourageant lopération dHippolyte et mentant lors du suicide dEmma. Il sagit ici denquêter sur cet homme si profondément pervers.

Georges Kliebenstein, « Le sacré nom de Charles Baudelaire » 

Lauteur de ces lignes a consacré une part de ses recherches au concept d« encyclopédie minimale » : il sagit de montrer à quel point les plus petites unités du discours – un incipit, un titre, un « premier mot » – peuvent condenser la quasi-totalité dune œuvre ou dune vie. Le présent texte analyse un avant-premier mot, prélude à toute vie-œuvre : un nom dauteur, le nom 509de Charles Baudelaire. Il interroge aussi le dernier mot, le dernier nom, que profère le poète aphasique : « Cré nom ! »

Jérôme de Gramont, « Portrait de Pierre Probst en encyclopédiste »

Bien des livres, des récits, y compris des récits pour enfants, ont droit à être lus comme des encyclopédies. Lhumour et le sérieux peuvent faire bon ménage. Quant à la philosophie, elle passe parfois pour le comble du sérieux. Sans doute Pierre Probst navait-il aucune intention de faire œuvre de philosophe quand il a écrit Caroline visite Paris (1979), mais tout lecteur a le droit de lire ce texte comme une histoire de la philosophie.

Françoise Laurent, « Écrire et célébrer la vie de la Vierge. La Conception Nostre Dame de Wace »

La Conception Nostre Dame de Wace, premier texte roman consacré à la vie de la Vierge, laisse affleurer un souci de communiquer à un auditoire dilliterati un savoir par le recours aux méthodes de la dialectique scolaire afin de lui donner un accès direct au rôle de Marie dans lhistoire du Salut. Elle est parallèlement gouvernée par un élan de célébration qui fait de lauteur normand le précurseur de la littérarité de lécriture mariale.

Jean-Louis Benoit, « Polémiques littéraires et sociales dans les Miracles de Notre-Dame de Gautier de Coinci et dAdgar »

Cest Adgar, à Londres, qui écrit le premier recueil de miracles en français. Gautier de Coinci perfectionnera le genre en rivalisant avec la littérature profane accusée de corrompre les lecteurs en contant, surtout, un amour immoral. Les auteurs de miracles ne se contentent pas de dénoncer cette littérature, mais sen inspirent pour séduire et édifier leurs lecteurs frivoles. Cette polémique littéraire sarticule à une polémique sociale qui critique les goûts et les vices de laristocratie.

Xavier-Laurent Salvador, « Termet, fille du Roi, préfiguration mariale dans le livre de lExode de la Bible Historiale ?»

Quand on lit le livre de lExode dans la Bible Historiale, on y découvre le nom de la mère adoptive de Moïse : Thermet, figure issue du panthéon 510égyptien, mais ici associée à Marie, sœur de Moïse. Or, il existe dans le haut Moyen Âge une certaine confusion entre Marie de Nazareth et Marie légyptienne, la sœur de Moïse. Le présent article parcourt les textes pour se demander si la fille du roi de lExode pourrait être le support dune préfiguration mariale.

Françoise Le Saux, « Miracula ou mirabilia ? Le Roman de saint Fanuel »

Le Roman de saint Fanuel se caractérise par son éclectisme, mêlant tradition scripturale, tradition apocryphe et motifs mythiques ou populaires : une jeune fille conçoit après avoir respiré le parfum dune fleur et son fils donne naissance, par la cuisse, à une petite fille, la future sainte Anne. Notre analyse explore les dangers inhérents à cette approche, en particulier le risque de susciter un questionnement sur la nature de la Vierge Marie pouvant mener au doute quant à lhumanité du Christ.

Anne Berthelot, « Roussequane, ou les (més)aventures dun incube dans le Roman des fils du Roi Constant »

La conception de lAntéchrist dans le Roman des fils du roi Constant est une entreprise complexe, et lincube est confronté à plusieurs obstacles : la demoiselle Libanor, à qui il apparaît en rêve sous les traits de son ami Pandragus, refuse ses avances, et quand il essaie de la violer, il en est incapable, et doit se résoudre à laisser la place à Pandragus. Ces contretemps divers illustrent lévolution du débat théologique concernant la corporalité diabolique et la possibilité de lincubat.

John Nassichuk, « Jacques de Cahaignes paraphraste de Giovanni Pontano au palinod de Caen (1575) »

Le manuscrit 101 de la Collection Mancel renferme les œuvres de lhumaniste et médecin Jacques de Cahaignes, dont une pièce constituant lappel aux poètes destiné à paraître sur laffiche pour le Puy caennais de lannée 1575. Il puise sa matière dans une source humaniste prestigieuse, le Meteororum liber du poète napolitain Giovanni Pontano. La récriture quil propose des vers de Pontano accommode la description de la merveille naturelle du Corno grande à la thématique de léloge marial.

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Mario Longtin et Marie Bouhaïk-Gironès, « Nostre Carme Mathieu De Landa, vie et mort dun censeur »

Mathieu De Landa (1535-avril 1557), Carme, docteur en théologie et censeur, est une figure centrale de la vie religieuse et culturelle rouennaise à la Renaissance. Cet article assemble les éléments biobibliographiques connus à ce jour sur ce personnage et propose lédition dun dizain épitaphe. Mathieu De Landa est par ailleurs mentionné dans les registres du parlement de Rouen : on fait appel à lui pour contrôler les textes dramatiques de la troupe dirigée Pierre Carpentier dit Le Pardonneur.

Huguette Legros, « Peindre la Vierge Marie. Étude des enluminures des Heures de la Vierge dans un Livre dHeures à lusage de Coutances (Ms. in-4o 320 de la BM de Caen) »

Cet article étudie des enluminures des Heures de la Vierge du manuscrit in-4o-320 enluminé à Coutances vers 1450-1460 afin de dégager les spécificités de la production coutançaise ; on peut en effet montrer quel(s) rôle(s) joue(nt) ces images dans les exercices de dévotion individuelle liés à la pratique domestique de la lecture des heures canoniales. On sinterroge aussi sur ce que ces enluminures disent de lhyperdulie et des représentations mariales à cette époque et dans cette région.

Bruno Boerner et Maria-Christina Boerner, « Le discours des images sur le triomphe de la Vierge dans lart monumental »

Dans liconographie, la place centrale quoccupe Marie au Moyen Âge gothique se lit dans son couronnement, symbolisant le triomphe de la Vierge-Église. Son statut suscitait des interrogations, que reflète lart monumental du xiiie et du xvie siècle. Ces controverses concernent les différentes positions entre piété mariale et dogmes christologiques mais servent de médium avec des stratégies spécifiques afin dinfluencer la réception des croyants selon le contexte religieux et les intentions des commanditaires.

Jelle Koopmans, « Les Galans-sans-Soucy, les Enfans-sans-soucy. Une mise au point »

Les galants – ou enfants – sans soucy, sont crédités dun rôle majeur dans lavènement dun théâtre organisé en France. Comment a pu se constituer ce 512mythe qui ne repose nullement sur une base historique solide ? De la première mention début xve siècle, en passant par lexplosion de mentions à la fin du xve siècle, on arrivera aux troubles religieux. Cet exercice, qui se veut une leçon de méthode aussi, fera reculer nos savoirs au lieu de les faire avancer – ce qui est parfois une bonne chose.

Katell Lavéant, « Stratégies de loral et de lécrit dans les spectacles des Conards de Rouen »

Lanalyse du récit de la parade de carnaval tenue par les Conards à Rouen en 1541 montre comment la lecture performée de poèmes délimitait un espace de jeu où lon explicitait au public le contenu des tableaux montrés. On voit ainsi que les parades de carnaval, par le biais aussi de la distribution de billets présentant les jugements moraux sur des problèmes actuels mis en scène, sollicitaient autant la capacité à lire quà regarder, autant lintellect que les sens des spectateurs.

Lukas Ovrom, « Le “Picart” de Pathelin entre fiction et réalité linguistique »

Les vers 830-844 de La Farce de Maître Pathelin permettent dillustrer lutilité de la littérature de fiction dans létude du français en diachronie. Notre lecture remet en cause des catégories de « fiction » et de « réalité » dans le champ de la sociolinguistique historique. Se situant entre les deux, le picard de Pathelin invite à repenser la position de cette farce par rapport à la société linguistique de son temps et, aussi, lintérêt des textes littéraires comme sources de métalangage.

Camille Salatko, « Le diable sténographe dans Le Mystere de la vie et hystoire de monseigneur sainct Martin »

Un diable sténographe dans Le Mystere de saint Martin est une originalité de ce texte dramatique du xve siècle. En invitant ce diable issu des ressources prédicatives à la messe miraculeuse, le théâtre conserve la fonction régulatrice du motif exemplaire pour cette fois cadrer lattitude des spectateurs, à lencontre dun simulacre dhostie. Le motif semble aussi se rencontrer dans la tenture de chœur de Montpezat-de-Quercy offrant peut-être une résonance de la pièce dans un autre contexte.

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Stéphane Laîné, « Jeux dimages et jeux de mots dans La Farce de Pates-Ouaintes (1493) »

En 1493, la Farce de Pates-Ouaintes fut jouée à Caen par des écoliers de luniversité, devant Girard Bureau, dont le personnage Pates-Ouaintes était lincarnation. Pour les écoliers contestataires, il représentait le type même de lofficier corruptible, pourvu quon lui « graisse la patte ». Avec des personnages métaphoriques aux noms évocateurs, des références constantes à la liturgie et au langage juridique, la pièce offre un bel exemple dun théâtre estudiantin revendicatif et protestataire.

Véronique Dominguez, « Longueurs ou pointes ? Nouvelles lectures de la Résurrection dAngers »

La Résurrection dAngers a été joué vers 1456, dans la ville dAngers du roi René. La présente étude analyse la cohérence de son écriture dramatique, avant de commenter un choix singulier, lâme de Jésus au féminin, qui offre une approche neuve de lhumanité de la deuxième personne de la Trinité. Entre théologie et incarnation théâtrale, cest léventualité dune tradition angevine de la Passion médiévale française, complémentaire et concurrente de la tradition grébanienne, qui est en jeu.

Corinne Denoyelle et Estelle Doudet, « Faire corps, faire théâtre. Le Triomphe des Normands de Guillaume Tasserie »

Le Triomphe des Normands est une pièce allégorique, jouée à la fin du xve siècle au Puy de Rouen qui commémore la fondation légendaire de la confrérie par Guillaume le Conquérant et lunion des Rouennais autour de la foi conceptionniste. Le présent article analyse comment sopère un double travail stylistique et dramaturgique pour inviter ses spectateurs à faire corps avec cette communauté imaginaire, en sidentifiant avec les personnages positifs et en se confrontant à dautres comme Mahomet.

Philip E. Bennett, « Raoul Taillefer de Cambrai. La thématique de la chanson de Raoul de Cambrai à lumière de la laisse 1 »

À la laisse 1 de Raoul de Cambrai le poète-jongleur annonce quil chantera de Raoul Taillefer, le père du héros de la chanson, invitant le lecteur-auditeur 514à confondre les deux personnages. De même, à la laisse 2, la présentation laconique de la mère et de loncle du héros, qui auront un rôle des plus importants dans le poème, diverge des habitudes dautres chanteurs de geste de lépoque. Leur suppression à la fin du poème confère, in absentia, au personnage de Taillefer le rôle dominant.

Laurence Mathey-Maille, « De lart de conter dans LÂtre périlleux »

Dans LÂtre périlleux, lintrigue principale sapparente à une succession daventures qui vont permettre au héros Gauvain de faire taire la fausse rumeur de sa disparition et de reconquérir son identité. À lintérieur de cette « histoire-cadre », le narrateur entrelace de nombreux récits, de même que les personnages rencontrés au fil des épisodes endossent le rôle de conteur. Larticle analyse les enjeux dun tel foisonnement narratif, en soulignant limportance accordée à lacte même de conter.

Hélène Bouget, « La revanche de laventure sur lallégorie au Château des Pucelles »

Le Château des Pucelles est le pilier dun motif narratif récurrent, en particulier dans La Queste del saint Graal où laventure chevaleresque dont il fait lobjet est ensuite doublée dune glose morale et allégorique, du moins dans la version commune éditée par A. Pauphilet. Pourtant, des versions secondaires abrègent lépisode en faisant systématiquement léconomie de la glose, ce qui bouleverse le sens du récit et nous invite à relativiser la lecture communément admise de lœuvre.

Jane H. M. Taylor, « Les Grandes Croniques de Bretaigne dAlain Bouchart. Le roi Arthur au service de la politique bretonne »

Alain Bouchart, juriste, rédigea pour sa patronne Anne de Bretagne les Grandes Chroniques de Bretagne, publiées pour la première fois en 1514. Breton de souche, Bouchart insiste sur lindépendance de la Bretagne et, partant, sur le statut de « roi » de Bretagne des ducs, et dAnne elle-même. En récupérant le roi Hoel, contemporain dArthur, Bouchart remanie lhistoire arthurienne pour créer une Bretagne jamais vraiment conquise ni par Rome ni par les rois de France.

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Olivier Bertrand, « Heurs et malheurs de la Librairie de Charles V »

La bibliothèque du Louvre fut vendue sous loccupation anglaise en 1424 au duc de Bedford, régent du royaume de France. Pourtant, la « librairie du roi » a eu le temps de laisser à la postérité une image forte – celle du Sage roi en sa bibliothèque – et un mythe – celui des prémices de la Bibliothèque nationale de France. Cet article fait le point sur létat de lieux de la recherche actuelle sur le sujet : création, inventaires, nature des manuscrits, démantèlement.

Benedikte Andersson, «Fortunes dun exemplum médiéval. Imitation et création dans “La Laitière et le Pot au lait” »

« La Laitière et le Pot au lait » et « Le Curé et le Mort », conçues par Jean La Fontaine comme un diptyque, se distinguent par la richesse de leur symbolique métatextuelle. Les deux figures sexuées et antithétiques de Perrette et du curé incarnent deux conceptions de la création poétique, lune faisant des œuvres la nature des textes, lautre acclimatant lanti-naturel. Dès lors, chaque dénouement prend une valeur métaphorique qui éclaire une partie des enjeux du monde animal chez le fabuliste.

Christine Ferlampin-Acher, « Rémanences et oublis. Le Conte de la Rose, Perceforest, Bandello, Senecé, Musset et Gaston Paris »

Le conte « Camille » de Sénecé, à la fin du xviie siècle, est souvent considéré comme une réécriture du Conte de la Rose de Perceforest. Cependant un examen à nouveaux frais de la question suggère que la nouvelle 21 des Novelle de Bandello est lintertexte le plus actif dont on peut suivre à la fois linfluence et leffacement, ainsi que le renvoi plus ou moins affiché à Perceforest, chez des auteurs, qui comme Musset, reprennent cette histoire, mais aussi chez Paulmy et même Gaston Paris.

Sébastien Douchet, « Les beaux rebuts dAntoine Bauderon de Sénecé. Présence du Moyen Âge chez un lettré entre deux siècles (1683-1729) »

Cet article propose un éclairage de lusage poétique que fait dAntoine Bauderon de Sénecé de la référence médiévale. Son approche relativiste de la langue française le conduit à considérer que dans lavenir son français sera aussi malaisé à comprendre que lest lancien français pour lui. De là, il élabore une poétique du beau rebut, qui consiste à recycler les pépites de lancien temps 516par limitation rénovatrice, perpétuant ainsi le patrimoine littéraire français à partir du critère du goût.

Élisabeth Lavezzi, « Une obscure clarté. Un certain regard porté par lère de la Raison sur des bâtiments pré-renaissants »

On révise ici le procès intenté par Viollet-le-Duc à Soufflot (1713-1780) à propos de ses interventions à Notre-Dame. En réalité, contrairement à beaucoup dauteurs des xviie et xviiie siècles, Soufflot vante les mérites des églises médiévales. Comparant ces dernières aux églises des xvie et xviie siècles, il constate quelles ont résolu les problèmes de construction et recommande de corriger les défauts des unes par les qualités des autres. Homme des Lumières, il contribue à réhabiliter lart médiéval.

Patricia Victorin, « Renart au ban(c) de lécole. Petite histoire dune conquête progressive de 1800 à 1900 »

Comment et pourquoi le Roman de Renart a-t-il réussi à trouver sa place auprès de la Chanson de Roland, œuvre considérée comme lemblème de la redécouverte du Moyen Âge ? Cette conquête sest réalisée dabord par la littérature enfantine avant que Renart ne devienne un grand classique scolaire, statut quil na pas perdu depuis. Si « Sedan a fait comprendre Roncevaux », selon la formule de Léon Gautier, quel serait lévénement qui expliquerait le goût pour Renart en cette fin de xixe siècle ?

Bernard Baillaud, « Saveur et remembrance. Textes anciens, textes lointains dans trois revues littéraires du xxe siècle »

La publication de textes anciens dans les revues de littérature contemporaine influencées ou dirigées par Jean Paulhan (1884-1968) occupe une place à part. Souvent, le sommaire contient des textes anciens, qui côtoient les œuvres récentes attendues par le lecteur. Cette pratique dédition de textes anciens obéit à une ouverture de champ plus grande que les histoires de la littérature, maintenant un regard rétrospectif sur lusage de la rhétorique et ressuscite lémerveillement de la lecture.

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Fabienne Pomel, « La Farce de maître Pathelin, des tréteaux à la BD de David Prudhomme »

La Farce de Maître Pathelin adaptée pour la BD par David Prudhomme offre un exemple dintermédialité réussie où la page devient scène de jeu pour des acteurs zoomorphes. Cette adaptation recourt à tous les moyens propres à la BD pour soutenir laction théâtrale tout en suggérant un commentaire réflexif. Le jeu des personnages appuyé sur lintertextualité sinscrit dans lesprit satirique de la farce et le déguisement carnavalesque : ladaptation engage ainsi à repérer le jeu du théâtre et de la parole.