Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Émile Zola et Octave Mirbeau . Regards croisés
- Pages : 319 à 324
- Collection : Rencontres, n° 443
- Série : Études dix-neuviémistes, n° 48
RÉSUMÉS
Anna Gural-Migdal et Sándor Kálai, « Introduction. Émile Zola et Octave Mirbeau, regards croisés »
L’article propose une lecture croisée de l’œuvre de Zola et de Mirbeau qui permet de mettre en évidence les ressemblances ou les différences au niveau de leur poétique romanesque, de leurs combats esthétiques et incite à identifier les stratégies qu’ils ont adoptées pour occuper une place dans le champ littéraire. Une telle approche peut aussi convier un croisement de méthodes, allant de l’analyse poétique, à travers l’approche systémique, à l’analyse transmédiatique des œuvres.
Jean-Michel Pottier, « Zola – Mirbeau – Rosny. Une histoire de rendez-vous manqués »
Les relations qu’entretiennent Zola, Mirbeau et Rosny aîné ressemblent à une série de rendez-vous manqués. D’abord proche du groupe de Médan, Mirbeau s’en émancipe rapidement, mais il se détache également des opposants à Zola, notamment Rosny aîné. Leurs œuvres permettent toutefois de rapprocher les trois écrivains. Elles témoignent de projets esthétiques et éthiques communs dans la dénonciation de l’injustice et dans le questionnement, voire le dépassement du naturalisme.
Anita Staroń, « Zola et Mirbeau au Mercure de France »
En 1891, les réponses de Zola et de Mirbeau à Jules Huret dans son Enquête sur l’évolution littéraire varient considérablement. Les deux écrivains mentionnent entre autres les petites revues, l’un avec dédain, l’autre avec enthousiasme. Mirbeau cite notamment le nom de la revue Le Mercure de France. Partant de ces prémices, il semble intéressant de voir comment la « petite revue », qui aura la vie longue, positionne les deux artistes tout au long de cette période de transition.
320Élise Guignon, « Du scalpel à la plume et de la plume au scalpel. Représentations du médecin et de l’officier de santé chez Zola et Mirbeau »
Si le représentant du monde médical apparaît chez Zola et Mirbeau comme un personnage de prédilection, la caractérisation qu’ils en offrent diffère. Zola aspire à représenter un médecin brillant et philanthrope, tandis que Mirbeau choisit de peindre un médecin cupide et ignare, ce qui l’éloigne du mouvement naturaliste. Zola croit en l’homme de science qui fait évoluer l’humanité, alors que Mirbeau offre une vision pessimiste dans sa façon de représenter le détachement du professionnel de santé.
Susan Harrow, « Espaces de la solitude dans Les Rougon-Macquart. Lecture exploratoire d’un sujet partagé »
Si les motivations et interventions des personnages chez Zola sont définies par des critères intrinsèquement sociaux et communautaires, quelle valeur narrative donner à la solitude et au fait de vivre seul ? Notre lecture de l’écriture romanesque zolienne puisera dans la philosophie ancienne et dans la pensée critique moderne afin d’explorer la solitude comme site privilégié d’immersion psychique, de réflexion critique, et de prise de conscience chez le personnage fictif et chez le lecteur.
Şirin Dadaş, « Nature et idéal dans la littérature d’art d’Émile Zola et d’Octave Mirbeau »
L’article étudie l’esthétique de Zola et celle de Mirbeau en comparant leur conception de l’art à partir des notions de « tempérament » et de « synthèse », ainsi que leur attitude respective envers certains ismes. L’analyse des deux genres de littérature d’art dont Zola et Mirbeau font usage pour juger la peinture contemporaine – la critique d’art et le roman du peintre – permet de démontrer des différences entre ces deux auteurs et d’explorer les possibilités spécifiques qu’offre la fiction.
Marie-Bernard Bat, « Octave Mirbeau et Émile Zola à l’aune de la peinture. Les défis de l’écriture naturaliste face à l’impressionnisme pictural »
Zola et Mirbeau se sont fait les défenseurs de l’impressionnisme à deux décennies d’écart. L’étude de leurs écrits critiques révèle autant de points de 321convergence que de divergence. Si ce mouvement pictural forme et transforme le regard de ces deux écrivains, il ne semble pas avoir la même influence sur leur poétique romanesque. Zola tend à fortement intégrer cette esthétique à la cohérence romanesque, tandis que chez Mirbeau elle devient un facteur de dissolution de la diégèse naturaliste.
Anna Keszeg, « Les flâneuses de Zola. L’espace du grand magasin dans Au Bonheur des Dames et deux de ses adaptations à l’écran »
L’article a pour but de montrer que le grand magasin est un lieu à la fois public et domestique avec des endroits hybrides destinés à diluer cette opposition. Inspirée d’une anthropologie de l’espace, l’analyse porte sur les univers fictionnels de Au Bonheur des dames de Zola et deux de ses adaptations, le film de Julien Duvivier et la série télévisée The Paradise (BBC One). Ces œuvres permettent au final de discerner comment l’hybridité spatiale peut être représentée dans différents médias.
Justine Huet, « “C’est dans notre sang”. Déterminisme du monstrueux dans Journal d’une femme de chambre (2015) de Benoît Jacquot »
Adaptation du roman de Mirbeau, le film Journal d’une femme de chambre de Benoît Jacquot nous fait plonger dans l’enfer quotidien de Célestine, chambrière chez les nantis de la fin du xixe siècle. Cet article examine diverses formes du monstrueux à travers l’étude de séquences clés du film, pour montrer comment elles précipitent la chute de la femme de chambre. À la fois rongée de l’intérieur et assaillie par la pourriture ambiante, Célestine finit par s’abandonner corps et âme au monstrueux.
Alain Pagès, « L’expérience de la violence. Zola et Mirbeau dans l’affaire Dreyfus »
Cet article souligne l’importance du modèle héroïque qui a influencé les choix de Zola et de Mirbeau. La décision qu’ils ont prise a entraîné de leur part une rupture avec le milieu journalistique dans lequel ils se trouvaient. Elle les a conduits à assumer la violence d’un affrontement où ils ont pris de grands risques. Lorsqu’ils rendent compte de cette expérience dans leurs romans respectifs, les deux écrivains en ont parlé d’une manière détournée en jouant sur le procédé de l’allégorie.
322Karl Zieger, « Le Journal d’une femme de chambre d’Octave Mirbeau et Vienne au crépuscule d’Arthur Schnitzler. Deux approches littéraires de la montée de l’antisémitisme à la fin du xixe siècle »
La « question juive » et la montée de l’antisémitisme ont été l’une des préoccupations majeures des civilisations occidentales à la fin du xixe siècle. Parmi les écrivains sensibles à ce problème, Octave Mirbeau et Arthur Schnitzler occupent une place de choix. Des romans comme Le Journal d’une femme de chambre et Vienne au crépuscule permettent d’analyser la mise en fiction d’une réflexion politique et ses conséquences pour les choix esthétiques effectués par chacun des deux écrivains.
Miklós Konrád, « L’affaire Dreyfus dans la presse juive hongroise »
L’analyse de la réception de l’affaire Dreyfus dans la presse juive hongroise vise à éclairer les espoirs et les appréhensions des intellectuels juifs hongrois de l’époque. Il apparaît qu’à leurs yeux, la question essentielle posée par l’affaire était de savoir si le progrès démocratique promettait à terme le déclin de l’antisémitisme ou si, au contraire, la démocratie moderne – le triomphe d’une volonté populaire manipulable – représentait un danger potentiellement fatal pour les juifs.
Midori Nakamura, « Le fétichisme des chaussures. La Vierge au cirage de Zola et Le Journal d’une femme de chambre de Mirbeau »
Quand un lecteur évoque Le Journal d’une femme de chambre de Mirbeau, il lui est impossible d’oublier la scène des « bottines ». Cet épisode est considéré comme un des premiers exemples de mise en fiction d’un cas de fétichisme. Mais plus de vingt ans auparavant, un conte de Zola, La Vierge au cirage, traitait de la passion d’une cocotte pour les bottes. Nous pouvons tenter dès lors une comparaison des deux œuvres, du point de vue du fétichisme en relation avec la question de la classe sociale.
Arnaud Verret, « De Céleste à Célestine. L’enjeu des adieux à Madame dans La Curée et Le Journal d’une femme de chambre »
Pour peindre la décadence des valeurs bourgeoises, La Curée et Le Journal d’une femme de chambre présentent deux chambrières à l’onomastique quasiment 323identique : Céleste et Célestine. Une scène similaire, celle des adieux à Madame, permet de souligner leurs points communs comme leurs motifs de variation. L’étude de ces personnages fait ainsi mieux comprendre la perception de la société qu’avaient les deux écrivains et l’intertextualité, intentionnelle ou non, qui peut résider entre les textes.
Marion Glaumaud-Carbonnier, « Foyers clos portes ouvertes. Faire famille dans Pot-Bouille et Le Journal d’une femme de chambre »
Et si Pot-Bouille et Le Journal d’une femme de chambre ne formaient qu’un seul et même roman ? À cette hypothèse, sans doute faut-il d’emblée apporter quelques modérations. S’ils ne composent un unique livre, admettons cependant que ces deux récits peuvent aisément être envisagés comme un diptyque. Leur lecture contiguë dévoile d’évidentes correspondances thématiques, et dans le mêlement de leurs lignes se distinguent encore des harmonies plus intimes, qui résonnent comme des fraternités.
Éléonore Reverzy, « Mirbeau romancier pédagogue »
La pédagogie est un objet central et problématique dans l’œuvre de Mirbeau. Le discours critique qu’il tient sur une école qui déforme et corrompt s’illustre dans des fictions pédagogiques négatives (Le Calvaire, Sébastien Roch, Dans le ciel) avant de prendre la forme des fictions d’expérimentation pédagogique du tournant de siècle. C’est peut-être dans la forme elle-même (répétitive, tautologique, dialoguée) que le projet pédagogique mirbellien trouve son expression.
Céline Grenaud-Tostain, « L’hystérie dans l’univers romanesque d’Octave Mirbeau »
Dans l’univers romanesque de Mirbeau, l’hystérie apparaît tour à tour comme directement rattachée aux théories de la Salpêtrière et, au contraire, extrêmement dépendante des fantasmes charriés à son sujet. La question dès lors est de savoir quel rôle joue cette maladie, en particulier dans L’Abbé Jules, du dépassement des clichés lié au diagnostic d’une hystérie masculine très charcotienne au déploiement d’une esthétique de la modernité faisant la part belle aux dissonances et au clair-obscur.
324Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, « Pour une poétique mirbellienne du roman d’analyse. Octave Mirbeau lecteur de Bourget »
Quand triomphe le roman d’analyse, Mirbeau s’appuie sur l’œuvre de Bourget pour définir sa propre poétique : il apprécie le refus du réductionnisme physiologique de l’auteur des Essais de Psychologie contemporaine, mais lui reproche ses prétentions pseudo-scientifiques et sa dérive moralisante. Si ses romans se présentent toujours comme des « romans d’âme », Mirbeau abandonne le seul esprit d’analyse au profit d’une quête qui n’est plus exclusivement celle de l’intime mais celle de la justice.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-09756-3
- EAN : 9782406097563
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09756-3.p.0319
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 26/10/2020
- Langue : Français