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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Émile Zola et Octave Mirbeau . Regards croisés
  • Pages : 319 à 324
  • Collection : Rencontres, n° 443
  • Série : Études dix-neuviémistes, n° 48
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406097563
  • ISBN : 978-2-406-09756-3
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09756-3.p.0319
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 26/10/2020
  • Langue : Français
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RÉSUMÉS

Anna Gural-Migdal et Sándor Kálai, « Introduction. Émile Zola et Octave Mirbeau, regards croisés »

Larticle propose une lecture croisée de lœuvre de Zola et de Mirbeau qui permet de mettre en évidence les ressemblances ou les différences au niveau de leur poétique romanesque, de leurs combats esthétiques et incite à identifier les stratégies quils ont adoptées pour occuper une place dans le champ littéraire. Une telle approche peut aussi convier un croisement de méthodes, allant de lanalyse poétique, à travers lapproche systémique, à lanalyse transmédiatique des œuvres.

Jean-Michel Pottier, « Zola – Mirbeau – Rosny. Une histoire de rendez-vous manqués »

Les relations quentretiennent Zola, Mirbeau et Rosny aîné ressemblent à une série de rendez-vous manqués. Dabord proche du groupe de Médan, Mirbeau sen émancipe rapidement, mais il se détache également des opposants à Zola, notamment Rosny aîné. Leurs œuvres permettent toutefois de rapprocher les trois écrivains. Elles témoignent de projets esthétiques et éthiques communs dans la dénonciation de linjustice et dans le questionnement, voire le dépassement du naturalisme.

Anita Staroń, « Zola et Mirbeau au Mercure de France »

En 1891, les réponses de Zola et de Mirbeau à Jules Huret dans son Enquête sur lévolution littéraire varient considérablement. Les deux écrivains mentionnent entre autres les petites revues, lun avec dédain, lautre avec enthousiasme. Mirbeau cite notamment le nom de la revue Le Mercure de France. Partant de ces prémices, il semble intéressant de voir comment la « petite revue », qui aura la vie longue, positionne les deux artistes tout au long de cette période de transition.

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Élise Guignon, « Du scalpel à la plume et de la plume au scalpel. Représentations du médecin et de lofficier de santé chez Zola et Mirbeau »

Si le représentant du monde médical apparaît chez Zola et Mirbeau comme un personnage de prédilection, la caractérisation quils en offrent diffère. Zola aspire à représenter un médecin brillant et philanthrope, tandis que Mirbeau choisit de peindre un médecin cupide et ignare, ce qui léloigne du mouvement naturaliste. Zola croit en lhomme de science qui fait évoluer lhumanité, alors que Mirbeau offre une vision pessimiste dans sa façon de représenter le détachement du professionnel de santé.

Susan Harrow, « Espaces de la solitude dans Les Rougon-Macquart. Lecture exploratoire dun sujet partagé »

Si les motivations et interventions des personnages chez Zola sont définies par des critères intrinsèquement sociaux et communautaires, quelle valeur narrative donner à la solitude et au fait de vivre seul ? Notre lecture de lécriture romanesque zolienne puisera dans la philosophie ancienne et dans la pensée critique moderne afin dexplorer la solitude comme site privilégié dimmersion psychique, de réflexion critique, et de prise de conscience chez le personnage fictif et chez le lecteur.

Şirin Dadaş, « Nature et idéal dans la littérature dart dÉmile Zola et dOctave Mirbeau »

Larticle étudie lesthétique de Zola et celle de Mirbeau en comparant leur conception de lart à partir des notions de « tempérament » et de « synthèse », ainsi que leur attitude respective envers certains ismes. Lanalyse des deux genres de littérature dart dont Zola et Mirbeau font usage pour juger la peinture contemporaine – la critique dart et le roman du peintre – permet de démontrer des différences entre ces deux auteurs et dexplorer les possibilités spécifiques quoffre la fiction.

Marie-Bernard Bat, « Octave Mirbeau et Émile Zola à laune de la peinture. Les défis de lécriture naturaliste face à limpressionnisme pictural »

Zola et Mirbeau se sont fait les défenseurs de limpressionnisme à deux décennies décart. Létude de leurs écrits critiques révèle autant de points de 321convergence que de divergence. Si ce mouvement pictural forme et transforme le regard de ces deux écrivains, il ne semble pas avoir la même influence sur leur poétique romanesque. Zola tend à fortement intégrer cette esthétique à la cohérence romanesque, tandis que chez Mirbeau elle devient un facteur de dissolution de la diégèse naturaliste.

Anna Keszeg, « Les flâneuses de Zola. Lespace du grand magasin dans Au Bonheur des Dames et deux de ses adaptations à lécran »

Larticle a pour but de montrer que le grand magasin est un lieu à la fois public et domestique avec des endroits hybrides destinés à diluer cette opposition. Inspirée dune anthropologie de lespace, lanalyse porte sur les univers fictionnels de Au Bonheur des dames de Zola et deux de ses adaptations, le film de Julien Duvivier et la série télévisée The Paradise (BBC One). Ces œuvres permettent au final de discerner comment lhybridité spatiale peut être représentée dans différents médias.

Justine Huet, « “Cest dans notre sang”. Déterminisme du monstrueux dans Journal dune femme de chambre (2015) de Benoît Jacquot »

Adaptation du roman de Mirbeau, le film Journal dune femme de chambre de Benoît Jacquot nous fait plonger dans lenfer quotidien de Célestine, chambrière chez les nantis de la fin du xixe siècle. Cet article examine diverses formes du monstrueux à travers létude de séquences clés du film, pour montrer comment elles précipitent la chute de la femme de chambre. À la fois rongée de lintérieur et assaillie par la pourriture ambiante, Célestine finit par sabandonner corps et âme au monstrueux.

Alain Pagès, « Lexpérience de la violence. Zola et Mirbeau dans laffaire Dreyfus »

Cet article souligne limportance du modèle héroïque qui a influencé les choix de Zola et de Mirbeau. La décision quils ont prise a entraîné de leur part une rupture avec le milieu journalistique dans lequel ils se trouvaient. Elle les a conduits à assumer la violence dun affrontement où ils ont pris de grands risques. Lorsquils rendent compte de cette expérience dans leurs romans respectifs, les deux écrivains en ont parlé dune manière détournée en jouant sur le procédé de lallégorie.

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Karl Zieger, « Le Journal dune femme de chambre dOctave Mirbeau et Vienne au crépuscule dArthur Schnitzler. Deux approches littéraires de la montée de lantisémitisme à la fin du xixe siècle »

La « question juive » et la montée de lantisémitisme ont été lune des préoccupations majeures des civilisations occidentales à la fin du xixe siècle. Parmi les écrivains sensibles à ce problème, Octave Mirbeau et Arthur Schnitzler occupent une place de choix. Des romans comme Le Journal dune femme de chambre et Vienne au crépuscule permettent danalyser la mise en fiction dune réflexion politique et ses conséquences pour les choix esthétiques effectués par chacun des deux écrivains.

Miklós Konrád, « Laffaire Dreyfus dans la presse juive hongroise »

Lanalyse de la réception de laffaire Dreyfus dans la presse juive hongroise vise à éclairer les espoirs et les appréhensions des intellectuels juifs hongrois de lépoque. Il apparaît quà leurs yeux, la question essentielle posée par laffaire était de savoir si le progrès démocratique promettait à terme le déclin de lantisémitisme ou si, au contraire, la démocratie moderne – le triomphe dune volonté populaire manipulable – représentait un danger potentiellement fatal pour les juifs.

Midori Nakamura, « Le fétichisme des chaussures. La Vierge au cirage de Zola et Le Journal dune femme de chambre de Mirbeau »

Quand un lecteur évoque Le Journal dune femme de chambre de Mirbeau, il lui est impossible doublier la scène des « bottines ». Cet épisode est considéré comme un des premiers exemples de mise en fiction dun cas de fétichisme. Mais plus de vingt ans auparavant, un conte de Zola, La Vierge au cirage, traitait de la passion dune cocotte pour les bottes. Nous pouvons tenter dès lors une comparaison des deux œuvres, du point de vue du fétichisme en relation avec la question de la classe sociale.

Arnaud Verret, « De Céleste à Célestine. Lenjeu des adieux à Madame dans La Curée et Le Journal dune femme de chambre »

Pour peindre la décadence des valeurs bourgeoises, La Curée et Le Journal dune femme de chambre présentent deux chambrières à lonomastique quasiment 323identique : Céleste et Célestine. Une scène similaire, celle des adieux à Madame, permet de souligner leurs points communs comme leurs motifs de variation. Létude de ces personnages fait ainsi mieux comprendre la perception de la société quavaient les deux écrivains et lintertextualité, intentionnelle ou non, qui peut résider entre les textes.

Marion Glaumaud-Carbonnier, « Foyers clos portes ouvertes. Faire famille dans Pot-Bouille et Le Journal dune femme de chambre »

Et si Pot-Bouille et Le Journal dune femme de chambre ne formaient quun seul et même roman ? À cette hypothèse, sans doute faut-il demblée apporter quelques modérations. Sils ne composent un unique livre, admettons cependant que ces deux récits peuvent aisément être envisagés comme un diptyque. Leur lecture contiguë dévoile dévidentes correspondances thématiques, et dans le mêlement de leurs lignes se distinguent encore des harmonies plus intimes, qui résonnent comme des fraternités.

Éléonore Reverzy, « Mirbeau romancier pédagogue »

La pédagogie est un objet central et problématique dans lœuvre de Mirbeau. Le discours critique quil tient sur une école qui déforme et corrompt sillustre dans des fictions pédagogiques négatives (Le Calvaire, Sébastien Roch, Dans le ciel) avant de prendre la forme des fictions dexpérimentation pédagogique du tournant de siècle. Cest peut-être dans la forme elle-même (répétitive, tautologique, dialoguée) que le projet pédagogique mirbellien trouve son expression.

Céline Grenaud-Tostain, « Lhystérie dans lunivers romanesque dOctave Mirbeau »

Dans lunivers romanesque de Mirbeau, lhystérie apparaît tour à tour comme directement rattachée aux théories de la Salpêtrière et, au contraire, extrêmement dépendante des fantasmes charriés à son sujet. La question dès lors est de savoir quel rôle joue cette maladie, en particulier dans LAbbé Jules, du dépassement des clichés lié au diagnostic dune hystérie masculine très charcotienne au déploiement dune esthétique de la modernité faisant la part belle aux dissonances et au clair-obscur.

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Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, « Pour une poétique mirbellienne du roman danalyse. Octave Mirbeau lecteur de Bourget »

Quand triomphe le roman danalyse, Mirbeau sappuie sur lœuvre de Bourget pour définir sa propre poétique : il apprécie le refus du réductionnisme physiologique de lauteur des Essais de Psychologie contemporaine, mais lui reproche ses prétentions pseudo-scientifiques et sa dérive moralisante. Si ses romans se présentent toujours comme des « romans dâme », Mirbeau abandonne le seul esprit danalyse au profit dune quête qui nest plus exclusivement celle de lintime mais celle de la justice.