![Économie. Passé, présent, avenir - Introduction à la deuxième partie](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/BblMS01b.png)
Introduction à la deuxième partie
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Économie. Passé, présent, avenir
- Pages : 631 à 633
- Collection : Bibliothèque de l'économiste, n° 45
- Série : 1, n° 23
Introduction
à la deuxième partie
Cette seconde partie porte sur tous ces temps de l’histoire de l’humanité qui ont précédé l’avènement, dans tel ou tel espace des cinq continents, de sociétés relevant du modèle de la Nation moderne analysé dans la première partie, c’est-à-dire de sociétés dotées d’un ordre économique. Elle traite du processus qui y a conduit et, par conséquent, de la question de savoir si un tel ordre est une nouveauté dans l’histoire. Ce processus, qui débute avec les communautés de chasseurs-cueilleurs, est complexe. En effet, quelle que soit l’époque considérée, le constat qui s’impose est que l’on est en présence d’une diversité de formes de vivre-ensemble des humains sur terre. Tel est encore le cas à la fin du xxe siècle, puisqu’au moins la moitié de la population mondiale vit dans des pays dans lesquels le processus en question est encore en cours, même si on considère qu’il est achevé en Chine. Certes, ces pays sont tous des Nations reconnues comme telles puisqu’elles sont membres de l’ONU, mais ce ne sont pas encore, à divers titres, des sociétés qui relèvent pleinement du modèle de la Nation moderne et, pour certaines d’entre elles, ce processus n’en est encore qu’à son début. Par contre, ce ne sont plus des colonies ou des protectorats, comme c’était encore le cas pour beaucoup d’entre eux au moment où éclate la seconde guerre mondiale. Cette complexité du processus à analyser impose au moins d’en distinguer deux aspects.
Le premier est relatif à ce que l’on voit de ce processus lorsqu’on s’attache à l’histoire des transformations qui ont eu lieu dans l’espace délimité par les frontières des sociétés qui ont été les premières à relever du modèle de la Nation moderne – en première analyse, cet espace est l’Europe occidentale. On s’en tient alors aux transformations qui y ont conduit à la naissance et l’autonomisation de l’ordre économique propre à ce modèle, en constatant alors que les deux inventions qui sont à l’origine de ces transformations, celle de la production et celle de la monnaie, n’ont pas eu lieu dans cet espace.
632Le second aspect du processus en question est ce que l’on en voit lorsque le regard porte sur les changements qui ont eu lieu dans les autres espaces entre le moment où y commence dans certains d’entre eux la première colonisation du reste du monde par les principales puissances européennes (le Portugal, l’Espagne, la Grande-Bretagne et la France) et l’avènement de la mondialisation à la toute fin du xxe siècle. Comme pour le premier aspect, ce sont seulement les changements qui ont été constitutifs de la diffusion de l’économique dans ce reste du monde qui sont analysés.
Il va de soi que ces deux aspects ne sont pas extérieurs l’un à l’autre : la colonisation, puis la décolonisation sont incompréhensibles sans prendre en compte les changements qui relèvent du premier aspect. D’ailleurs, l’une et l’autre se décomposent en étapes. La première colonisation est celle qui s’accompagne de l’apparition de l’esclavage pré-moderne, celui qui consiste pour des colons à employer des esclaves pour produire des marchandises et qui sera aboli au nom des valeurs « modernes » en laissant place à une autre colonisation. Quant à la décolonisation, la première est celle des EUA qui a lieu à un moment (la fin du xviiie siècle) où, dans le premier espace, la constitution des premières Nations modernes n’est pas encore totalement achevée. Elle est suivie par une seconde, en Amérique latine. La troisième est celle qui a lieu à la suite de la seconde guerre mondiale, c’est-à-dire dans les régions intégrées aux empires coloniaux au cours de la seconde colonisation.
Retenir cette distinction entre ces deux aspects de l’extension de l’économique à l’échelle mondiale consiste à exclure que le principal changement qui a contribué à modifier les conditions de cette extension au cours de la longue période qui délimite le second aspect (1500-2000) ait été la constitution de l’URSS à la suite de la révolution bolchevique de 1917 en Russie. En effet, ce qui a été mis en place en URSS n’est qu’une version particulière de l’économique tel qu’il a été défini dans la première partie ; à savoir, la version dans laquelle le monde de production étatique est le seul qui soit habilité et qui, par conséquent, est la version totalitaire procédant de la référence exclusive à la valeur « collectif-nation ». Il ne s’est donc agi que d’un changement de forme interne à l’extension. Le principal changement postulé est le processus de décolonisation. En effet, si la colonisation entraine, dans les espaces géographiques impactés, le développement d’activités économiques, la 633constitution d’un ordre économique national ne se pose vraiment qu’avec la formation de nations extérieures à la puissance coloniale, c’est-à-dire avec la décolonisation. Cela s’applique aux trois décolonisations, mais avant tout à la troisième qui a été souvent le résultat de luttes politiques de « libération nationale » des populations autochtones – les indigènes pour les colonisateurs et les peuples premiers pour ces derniers.
Cette partie comprend en conséquence deux sections1. La première s’attache à l’analyse du premier aspect en laissant dans l’ombre le second. Elle porte sur l’ensemble de l’histoire de la vie des humains sur terre (y compris ce que les historiens appellent la préhistoire). Elle a pour titre « Communauté, société traditionnelle et Nation moderne ». La seconde traite du second aspect en portant sur la période de l’histoire humaine qui commence au début du xve siècle avec les premières expéditions coloniales des royaumes d’Europe occidentale et coure jusqu’à la fin du xxe siècle. Il est pris pour acquis ce qui a été vue dans la première section puisque la principale force d’impulsion de l’expansion de l’économique dont il y est question est venue des Nations modernes européennes rejointes par les EUA. Elle a pour titre « L’expansion de l’ordre économique à l’échelle mondiale : de la colonisation aux pays en développement ».
1 Comme dans la première partie, la méthode d’analyse mobilisée dans cette seconde partie est celle qui consiste à enchainer description, caractérisation et compréhension. Mais cette triade ne préside plus au découpage en sections de la seconde partie. Elle opère au sein de chacune des deux sections dont elle se compose.
- Thème CLIL : 3340 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Histoire économique
- ISBN : 978-2-406-12899-1
- EAN : 9782406128991
- ISSN : 2261-0979
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12899-1.p.0631
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 30/06/2022
- Langue : Français