Variantes
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Théâtre complet. Tome I
- Pages : 783 à 785
- Collection : Bibliothèque du xixe siècle, n° 99
VARIANTES
Le manuscrit de Fiesque a été perdu puis retrouvé par Dumas (voir l’introduction) avant de disparaître définitivement sous l’Occupation. Il en reste une copie effectuée par Charles Spoelberch de Lovenjoul, conservée à la Bibliothèque de l’Institut, sur laquelle s’est fondée Fernande Bassan pour établir son édition. Cette copie ne révèle en fait que deux variantes significatives.
Acte IV
scène II
aAu vainqueur un état : le manuscrit indique une hésitation de Dumas à cet endroit, comme le prouve ce prolongement introduisant la réunion des conjurés, suivant le plan de Schiller.
(des gardes entrent)
Gardes, couvrez ces lieux de votre surveillance,
Que nul ne se dérobe à votre vigilance
Ici… tout le monde entre et personne ne sort ;
La consigne est donnée. A qui l’enfreint, la mort !
(les factionnaires se placent aux portes)
Mais ce plan est vite abandonné. En barrant ces vers, qu’il reporte à la fin de la scène v, Dumas intervertit l’ordre de l’action dans l’acte IV, prenant son autonomie par rapport à Schiller. Les deux trames peuvent se résumer ainsi :
Schiller |
Dumas |
Fiesque et les conjurés s’assemblent |
Fiesque confond Julie |
Fiesque dévoile son plan |
Léonor veut dissuader Fiesque |
Arrivée de Calcagno |
Scène du tableau / arrivée de Manfredi |
Message de Doria. Fiesque renonce |
Idem |
Fiesque confond Julie devant Léonor |
Fiesque distribue les rôles |
Leonor veut dissuader Fiesque |
L’hésitation de Dumas et sa rupture avec Schiller se traduisent aussi par ce court échange (non repris) qui suit immédiatement la deuxième didascalie (les factionnaires se placent aux portes)
Mais on vient… Léonor… c’est surtout envers elle
Que de mes sentiments la contrainte est cruelle.
Scène iii
Fiesque, Léonor
Léonor
Comte, pouvez-vous prendre un instant avec moi ?
Fiesque
Oh ! viens, ma Léonor. De Fiesque approche-toi.
Cette scène incomplète (où Fiesque sans doute expliquait son plan à Léonor pour confondre la comtesse Julie) n’est pas reprise dans la version finale, mais la logique en est conservée. En simplifiant le dialogue (mais aussi en l’artificialisant), Dumas laisse Fiesque lui-même exposer sa machination à un domestique (« Léonor cependant, conduite par tes soins/De cet appartement pourra sans être vue/Dans les moindres détails suivre notre entrevue… »).
Le feuillet suivant donne une longue réplique de Fiesque, entièrement barrée ; elle sera dans la version finale reportée à la fin de l’acte.
Fiesque
Car j’avais à chacun assigné son emploi…
Jusqu’à la réplique finale :
Partez donc. Le mot d’ordre est Fiesque et Liberté !
Dans leur reprise à la fin de l’acte, une seule infime modification : Car je vais à chacun assigner son emploi.
Acte IV
scène i
aNe suis-je donc plus rien ? : dans le manuscrit, quelques mots ajoutés au crayon de bois signalent deux vers ébauchés puis finalement abandonnés : « je décline à vos yeux… imposteur/vous allez maintenant fuir le conspirateur ».
785scène II
ade nouveaux plaisirs : le manuscrit place là un développement dans la bouche de Fiesque, signalé comme barré, et qui n’a pas été repris :
Fiesque
Etrange aveuglement qui croit à l’apparence
C’est ainsi qu’ils parlaient en leur indifférence
Ces hommes imprudents que jadis tu voyais
Au penchant du Vésuve élever leur palais.
Chaque soir dans ses jeux leur cohorte hardie
Foulait d’un pied joyeux la lave refroidie
Et dans l’illusion dont ils étaient atteints
Insultait par des chants à ses foudres éteints.
Une nuit, tout dormait. De sa bouche enflammée
S’élancèrent des jets de feux et de fumée.
On entendit soudain se heurter des débris
Et l’écho faiblement répéta quelques cris.
A ces cris succéda le silence [le] plus sombre
Et quand les feux du jour eurent dissipé l’ombre
On vint et on chercha ces palais fastueux ;
La lave dévorante avait glissé sur eux !
Le Doge
Ami, de ton discours j’admire l’éloquence,
Mais Fiesque ne saurait tromper ma confiance…
La suppression de la réplique de Fiesque entraîne une infime modification dans celle de Doria pour préserve la logique de l’enchaînement :
D’ailleurs Fiesque ne peut tromper ma confiance.
- Thème CLIL : 3440 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- XIXe siècle
- ISBN : 978-2-406-13011-6
- EAN : 9782406130116
- ISSN : 2258-8825
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-13011-6.p.0783
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 05/10/2022
- Langue : Français