Résumés et présentations des auteurs
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Du temps que les bestes parloient. Mélanges offerts au professeur Roger Bellon
- Pages: 495 to 507
- Collection: Encounters, n° 339
- Series: Medieval civilization, n° 30
Résumés et Présentations
des auteurs
Catherine Mariette, « Le “lapin privé” de Stendhal »
Catherine Mariette est professeur de littérature à l’université Grenoble Alpes et dirige l’équipe « Charnières », de « Litt&Arts », UMR 5316. Spécialiste du xixe siècle, elle travaille sur Stendhal, George Sand et la littérature féminine. Elle a publié une édition critique, Napoléon de Stendhal (Paris, 1998) et de nombreux articles sur cet auteur. Elle a édité Simon pour les Œuvres complètes de George Sand (Paris, 2010).
Le « lapin privé » de Stendhal : à partir d’une confidence stendhalienne de Roger Bellon, ces quelques lignes sont un entretien amical qui a pris la forme d’une biographie littéraire et digressive.
Marylène Possamaï-Pérez, « Le lexique de l’habitation dans Le Roman de Renart »
Marylène Possamaï-Pérez est professeur de langues et littératures françaises, latines et médiévales à l’université Lumière – Lyon 2. Elle est spécialiste de la réception de l’Antiquité au Moyen Âge, de la traduction, de la littérature allégorique. Elle travaille sur l’Ovide moralisé en vers du début du xive siècle et appartient à l’équipe « Oef » (Ovide en français) qui étudie la tradition manuscrite du texte.
La contribution étudie le phénomène de la « surimpression », c’est-à-dire du traitement incertain de l’anthropomorphisme dans le Roman de Renart, en s’appuyant sur le vocabulaire de l’habitation.
Fleur Vigneron, « Renart mangeur de poules. Le lexique médiéval français de la basse-cour »
Fleur Vigneron est maître de conférences à l’université Grenoble Alpes. Après la publication de sa thèse Les Saisons dans la poésie française des xive et xve siècles (Paris, 2002), elle mène notamment des recherches en lexicologie s’ouvrant à la question 496de la traduction et s’interrogeant sur la délimitation de domaines où le français va prendre sa place. Ses travaux ressortissent à l’agriculture au sens large.
Cet article explore le monde de la basse-cour sous l’angle lexicologique, en prenant appui sur le Livre des prouffitz champestres et ruraulx, traduction française du Liber ruralium commodorum de Pietro de’ Crescenzi, auteur du premier grand traité médiéval agronomique au début du xive siècle. L’enquête s’intéresse aux noms des oiseaux, à la question de l’hapax et des néologismes de sens et aux relations synonymiques, le doublet étant une pratique courante chez les traducteurs de ce temps.
Alessandro Vitale-Brovarone, « Couches, étapes et régions de la tradition narrative du renard en Italie et aux alentours »
Alessandro Vitale-Brovarone est professeur de latin médiéval, de linguistique et de philologie romane à l’université de Turin. Ses travaux concernent l’édition de sources inédites, la terminologie et les textes scientifiques, la tradition manuscrite et les fonds anciens. Il est l’auteur de plusieurs articles et essais. Il a récemment découvert et édité l’Almanach pour l’an M.D.XXXV de François Rabelais (Paris, 2014).
Les traces de la diffusion du Roman de Renart en Italie ne sont pas nombreuses, et souvent elles se confondent avec l’utilisation du renard dans un contexte de contes et de fables morales. Pourtant d’autres traces révèlent des éléments qui font penser à une diffusion de thèmes narratifs plus anciens et plus largement diffusés. Certaines régions, certains milieux, certains types de textes, les restes de certaines traditions laissent entrevoir une histoire plus longue, plus vaste et plus complexe.
Danièle James-Raoul, « Le lexique de la rhétorique dans le Livre dou Tresor de Brunetto Latini. Tradition, innovations, postérité »
Danièle James-Raoul est professeur de langue et littérature médiévales à l’université Bordeaux Montaigne. Elle a étudié la littérature arthurienne, les représentations du monde, la rhétorique et la stylistique médiévales et publié La Parole empêchée dans la littérature arthurienne (Paris, 1997), Chrétien de Troyes, la griffe d’un style (Paris, 2007), Le Devisement du monde de Marco Polo (Genève, 2009, t. VI).
Que le Livre du Trésor de Brunetto Latini ait été « marquant dans la formation du vocabulaire intellectuel français » (P. Swiggers) est une évidence. Plutôt que d’employer la terminologie spécifique de la rhétorique latine ou 497d’habiller celle-ci à moindres frais d’une forme francisée, le maître florentin fait souvent le choix de créations originales, néologismes morphologiques ou sémantiques, dont beaucoup sont cependant restées lettre morte : cette étude voudrait en rendre compte.
Valérie Méot-Bourquin, « Vox populi, vox Dei ? Peuple et discours du peuple, de Berte aus grans piés d’Adenet le Roi à l’Histoire de la reine Berthe et du roy Pepin »
Valérie Méot-Bourquin est maître de conférences en langue du Moyen Âge à l’université Grenoble Alpes, membre de Litt&Arts, UMR 5316, Rhétorique de l’Antiquité à la Révolution (RARE). Ses travaux portent sur la littérature médiévale, en particulier l’œuvre d’Adenet le Roi, les mises en prose des xive et xve siècles et les procédés du dérimage, ainsi que sur les arts poétiques médio-latin.
Adenet, le Roi des ménestrels, peut sans conteste être qualifié de « poète de cour ». Dans Berte aus grans piès pourtant, il dresse un portrait expressif et marquant de la menue gent, à laquelle il donne cœur et voix dans une communauté de sensibilité et de jugement avec le narrateur. S’appuyant sur un parallèle avec le dérimage du xve siècle, l’Histoire de la Reine Berthe et du Roy Pepin, cette étude examine comment dans le poème le peuple s’élabore en personnage et émerge en tant que sujet, puis caractérise la sagesse.
Bernard Colombat, « Les premières grammaires françaises sous l’emprise de la grammaire latine étendue »
Bernard Colombat a consacré ses travaux à l’histoire de la tradition grammaticale occidentale sur le long terme (de Priscien aux grammaires du xviiie siècle). Il s’est intéressé à l’extension du modèle descriptif latin à la grammaire française. Il a enseigné à l’université Stendhal – Grenoble 3 et à l’ENS Lyon. Depuis 2005, il enseigne l’histoire des théories linguistiques à l’université Paris Diderot – Paris 7.
S’appuyant sur l’examen des grammaires françaises de la Renaissance, l’article étudie la façon dont le modèle de la grammaire latine s’est étendu à la description du français. Après avoir tenté de dresser une typologie des ouvrages, l’étude examine quelques points particulièrement représentatifs : l’influence des modèles ; le traitement de deux questions de phonétique ; l’article et le cas ; le nom ; la définition et la délimitation du pronom ; les conjugaisons du verbe et le traitement de l’impersonnel.
498Olivier Soutet, « La marginalisation du passé simple en français. Approche fonctionnelle et approche morphologique »
Olivier Soutet est professeur à l’université Paris-Sorbonne, correspondant de l’Institut, linguiste et historien de la langue française. Ses travaux portent, outre la linguistique générale et la réflexion épistémologique, sur la psychomécanique, sur la morphosyntaxique historique du français : La Concession dans la phrase complexe en français des origines au xvie siècle (Genève, 1992), ainsi que sur la syntaxe et la sémantique grammaticale du français contemporain : Le Subjonctif français (Gap, 2000).
Si la marginalisation progressive du passé simple en français a fait l’objet de nombreuses descriptions, une moindre attention a été portée à la dimension morphologique de cette marginalité, pourtant très caractéristique et diachroniquement accentuée puisqu’elle se manifeste par l’émergence en moyen français d’une sous-classe de passés simples intégralement forts à l’intérieur d’une système morphologique privilégiant, aux modes conjugués, ou des paradigmes faibles ou des paradigmes partiellement forts.
Annie Kuyumcuyan, « Aspects de la mise en relief dans quelques pseudo-clivées »
Annie Kuyumcuyan est professeur à l’université de Strasbourg, membre du LiLPa et de l’équipe « fonctionnement discursif et traduction » (FDT). Elle travaille sur l’énonciation, la syntaxe de la phrase et du texte, et sur la diachronie du français. Ses derniers travaux portent sur les séquences fragmentaires en contexte dialogal, sur les phrases pseudo-clivées en si, ou encore sur l’histoire des connecteurs.
Cette contribution revient sur les différents aspects de la mise en relief dans des structures pseudo-clivées. Elle interroge la nature du segment initial en si en procédant aux tests en usage, s’arrête également sur la contrainte éventuelle de la position réciproque des deux termes l’un par rapport à l’autre et donne quelques pistes pour une typologie de ces structures. L’étude propose un certain nombre d’hypothèses sur la « mise en relief » spécifique produite par cette tournure syntaxique originale.
Jean Subrenat, « Li Romans de Rogier. Hommage prémonitoire rendu par un célèbre goupil du xiie siècle à son exégète préféré du xxie siècle »
Jean Subrenat, professeur honoraire à l’université de Provence, a en particulier participé à l’édition du manuscrit de Cangé du Roman de Renart (Paris, 1999).
499Il importait de faire (avec quelque anachronisme rhétorique, il est vrai) le récit de la carrière de Roger Bellon et en particulier de ses années aixoises – du temps qu’il rédigeait sa thèse ; ces années ont en effet laissé en la cité du Roy René le souvenir d’un universitaire tonique, efficace et particulièrement chaleureux. L’un de ses collègues de ces temps anciens est heureux et un peu ému de le rappeler.
Claude Lachet, « Dualité et duplicité dans la branche Ic du Roman de Renart. “Renart teinturier. Renart jongleur” »
Claude Lachet, professeur émérite de l’université Jean-Moulin – Lyon III, est spécialiste de la chanson de geste et du roman des xiie et xiiie siècles (romans d’aventures en vers), il a proposé notamment une édition et une traduction de Sone de Nansay (Paris, 2012). Il a publié Les Métamorphoses du Graal (Paris, 2012) et est, avec Jean Dufournet, le coauteur de La Littérature française du Moyen Âge (Paris, 2003).
Le chiffre deux semble bien être la clef de voûte de la branche Ic puisque Renart y joue deux rôles (teinturier et jongleur), dupe Isengrin et le couple des nouveaux mariés, profitant d’un double déguisement, d’une double langue, d’une double identité pour exercer une double vengeance et provoquer une double dispute. Il est à la fois artiste et héros qui agit et fait agir les autres. Par une mise en abyme de la fiction, le goupil devient le conteur de ses propres aventures, dédoublant ainsi l’instance narratrice.
Aurélie Barre et Olivier Leplatre, « Renart en couleurs »
Aurélie Barre est maître de conférences en langue et littérature médiévales à l’université Jean-Moulin – Lyon III. Cofondatrice de la revue Textimage, elle travaille depuis plusieurs années sur le Roman de Renart et ses épigones ainsi que sur les rapports du texte et de l’image, à partir du corpus renardien mais également à partir des différents manuscrits des romans de Chrétien de Troyes.
Olivier Leplatre est professeur de littérature du xviie siècle à l’université Jean-Moulin – Lyon III. Spécialiste de La Fontaine et de Fénelon, il a également cofondé la revue en ligne Textimage et a fait paraître plusieurs articles interrogeant le lien entre le texte et l’image aux époques classique et contemporaine.
Renart est au fil des branches déterminé par sa couleur : il est roux bien sûr, mais également jaune d’or ou aussi noir que l’encre. Le goupil promène partout, de branche en branche, cette pelisse qui capte le regard et paradoxalement 500dénonce sa ruse, son hypocrisie. Et pourtant, Renart est le maître en dissimulation : ses (mes)aventures semblent dans son roman autant d’initiations successives grâce auxquelles le goupil apprendra à être totalement sa couleur, à en faire la matrice de tous les possibles.
Armand Strubel, « Narcisse le cocu. Palimpsestes renardiens »
Armand Strubel, ancien élève de l’ENS-Ulm, agrégé de lettres classiques, docteur d’État, a été maître de conférences à l’université de Haute-Alsace, professeur de langue et littérature médiévales aux universités d’Avignon, Paris – Nanterre et Paul-Valéry – Montpellier III. Il a été vice-président des universités de Haute Alsace et d’Avignon. Ses travaux portent, entre autres, sur Le Roman de la rose et Le Roman de Renart.
L’épisode de la « mélancolie » de Renart au puits a suscité nombre de commentaires. Il s’agit ici d’enrichir les lectures déjà proposées en donnant tout son poids à la séquence de l’arrivée du loup. Le feuilletage du texte s’enrichit en effet, par la reprise symétrique du scénario avec un nouveau protagoniste, d’effets nouveaux : rupture de registre, mais aussi surimpression de mémoires textuelles : une « surface miroitante » (P. Zumthor) et qui relève d’un divertissement littéraire d’une grande complexité.
Elina Suomela-Härmä, « Glanures autour de la parole des animaux dans le Roman de Renart et ailleurs »
Elina Suomela-Härmä est professeur honoraire de philologie italienne à l’université de Helsinki. Après une période renardienne, elle s’est consacrée à l’étude de l’italien contemporain sans pour autant oublier la littérature française, notamment celle du xve siècle. Elle a publié en collaboration avec Gabriella Parussa la première traduction en vers français des Triomphes de Pétrarque (Genève, 2012).
Depuis quand les textes littéraires mettent-ils en scène des animaux dotés de la parole ? Qui est l’écrivain qui, le premier, eut l’idée de peupler ses œuvres de bêtes parlantes ? Quand les animaux parlent, que disent-ils ? Y a-t-il des verba dicendi particuliers qui désignent leur activité langagière ? Voici quelques-unes des questions auxquelles cette contribution essaie de répondre.
Patrice Uhl, « À propos du fragment ƒ du Roman de Renart (BnF, fr. 1588) »
Patrice Uhl, maître de conférences émérite, a enseigné la langue et la littérature médiévales à l’université de La Réunion. Il a publié trois ouvrages : La Constellation 501poétique du non-sens au Moyen Âge (Paris, 1989), Anti-doxa, paradoxes et contre-textes. Études occitanes (Paris, 2010) et Rêveries, Fatrasies et Fatras entés. Poèmes « nonsensiques » des xiiie et xive siècles (Louvain, 2012).
Le manuscrit conservé sous la côte BnF fr. 1588 conserve l’essentiel de la production littéraire de Philippe de Rémi ; au fol. 96 vo, une main postérieure a laissé 24 vers inspirés de Renart, auxquels Martin a attribué le sigle f. En vérité, seuls les 8 premiers vers renvoient sans conteste à Renart (A, XIV ; C, 6 ; H, XIII) ; le reste du poème ne se rattache à aucune version connue. Le « fragment f » forme une sorte de glose dérisoire au roman qui n’enrichit en rien la textualité renardienne.
Corinne Pierreville, « Quand un Renart conte une histoire de loup-garou »
Corinne Füg-Pierreville est professeur de langue et de littérature françaises du Moyen Âge à l’université Jean-Moulin – Lyon III. Ses recherches portent sur les formes romanesques du xiie jusqu’au xive siècle. Elle a publié une édition du Chevalier au lion de Chrétien de Troyes (Paris, 2016), Le Roman de Merlin en prose (Paris, 2014) et codirigé le Dictionnaire des animaux de la littérature française (Paris, 2015).
L’auteur de Renart le Contrefait réécrit le lai du Bisclavret de Marie de France en multipliant les niveaux d’interprétation de son texte source comme de sa recomposition. À la suite d’une notable amplification, la parole féminine y occupe une place inédite, érigeant l’épouse du héros en un personnage majeur doté d’une psychologie complexe qui se dévoile et s’approfondit au fil de ses interventions. Le récit se charge ainsi d’une dimension critique à l’égard des femmes qui restait en sourdine dans le lai.
Kenneth Varty, « Some reflexions on research done into the iconography of the fox as published in 1967 by Leicester University Press and in 1999 by Amsterdam University Press »
Kenneth Varty, ancien professeur de l’université de Glasgow, est l’un des cofondateurs de la Société internationale renardienne. Il a fait paraître de nombreux essais et articles sur Le Roman de Renart et son iconographie ainsi que sur Adam de la Halle, Eustache Deschamps, Christine de Pizan, François Villon ou encore Louise Labé.
Cet article propose une autocritique de deux études sur l’iconographie renardienne publiées en 1968 (Leicester Univ. Press) et en 1999 (Amsterdam Univ. Press) Il revient sur l’influence du Roman de Renart sur les représentations visuelles et inversement.
502Roger Dubuis, « Les Fables de Marie de France. Traduction ou création ? »
Roger Dubuis a enseigné en qualité de professeur de langue et de littérature médiévales à l’université Lumière – Lyon 2, où il a dirigé le département de Moyen Âge. Il a été également président de la Société de langues et de littératures médiévales d’Oc et d’Oïl. Ses recherches l’ont conduit à explorer le genre narratif bref et à traduire les Cents nouvelles nouvelles (Grenoble, 1973) et Jehan de Saintré (Paris, 1995).
Cette contribution interroge le processus de création des Fables de Marie de France, sa dette envers L’Ésope, afin de mettre en évidence la préférence singulière de l’auteure non pas pour la moralité – qu’elle développe rarement – mais pour la première partie de la fable : le conte auquel elle porte le plus grand soin.
Marc Le Person, « Les animaux extraordinaires, merveilleux ou étranges dans Fierabras »
Marc Le Person, professeur à l’université Jean-Moulin – Lyon III, est spécialiste de l’édition de textes du Moyen Âge et de la chanson de geste. Titulaire d’un doctorat d’État sur Fierabras, il est l’auteur de nombreux articles sur cette œuvre et a publié l’édition critique de ce texte (Paris, 2003) et sa traduction (Paris, 2012).
Cette étude porte sur les animaux exceptionnels, merveilleux ou étranges présents dans Fierabras et sur leur ressemblance avec d’autres que l’on trouve dans différents textes épiques : les montures extraordinaires, les bêtes à caractère merveilleux, religieux et idéologique, les animaux menaçants et inquiétants des prisons sarrasines, les animaux oniriques qui hantent les nuits de Charlemagne ou les guerriers à têtes de sanglier dans les enluminures des mss Egerton et Hanovre de Fierabras.
Lydie Louison, « De l’épervier d’Énide à celui de Margerie, une question de justice »
Lydie Louison est maître de conférences à l’université Jean-Moulin – Lyon III, où elle enseigne la langue et la littérature du Moyen Âge. Ses recherches ont d’abord concerné les romans en vers du xiiie siècle de style gothique. Elle travaille actuellement à l’édition de Cristal et Clarie, ainsi que sur les œuvres dont des extraits sont implicités dans ce récit, en particulier les romans de Chrétien de Troyes.
La coutume de l’épervier telle qu’elle s’inscrit dans Erec et Enide a légué les cadres d’un motif narratif que l’on situe habituellement dans les champs 503de l’amour et de la chevalerie. Or l’épervier invite à relire tant l’épisode liminaire du premier roman de Chrétien de Troyes que sa récriture par Renaut de Beaujeu en considérant les questions essentielles que soulèvent ces textes à propos de la justice, de la légitimité des faits relatés, de l’amour de soi, de l’amour de l’autre, et de l’ajustement de ces derniers.
Caroline Cazanave, « Le griffon des Huon de Bordeaux et les retombées d’une histoire de patte coupée »
Caroline Cazanave est maître de conférences honoraire à l’université de Franche-Comté. Elle a enseigné à la Réunion et à Besançon la langue et la littérature médiévales. Ses recherches portent notamment sur la chanson de geste. Elle a publié D’Esclarmonde à Croissant (Franche-Comté, 2007), dirigé L’Épique médiéval et le mélange des genres (Franche-Comté, 2006) et Mémoire épique et génie du lieu (Lille, 2017).
Dans l’Esclarmonde en décasyllabes, Huon de Bordeaux se bat contre un griffon, moment épique que la translation en prose du xve enjolive. Ces deux versions ont une part commune mais l’état d’esprit des narrateurs anonymes et le rapport à l’intertexte manifestent plusieurs écarts. L’étude s’intéresse aux descriptions, tonalités et conclusions qui caractérisent les narrations faussement jumelles, puis se tourne vers la réception qui relance l’intérêt exprimé pour la fiction en ancien français, revisitée par le moyen français.
Dominique Boutet, « Le monde animal et le monde humain dans le Devisement du monde de Marco Polo et le Voyage en Asie d’Odoric de Pordenone »
Dominique Boutet, ancien élève de l’École normale supérieure, est professeur de littérature médiévale à l’université Paris-Sorbonne. Il a publié une centaine d’articles et onze ouvrages, dont Charlemagne et Arthur ou le roi imaginaire (Paris, 1992), Formes littéraires et conscience historique aux origines de la littérature française (Paris, 1999) et la coédition du tome VI du Devisement du monde de Marco Polo (Genève, 2009).
Marco Polo appartient à une famille de commerçants, Odoric est un clerc. Cette différence de condition se traduit-elle par une différence dans la perception de l’animal oriental et de ses relations avec l’être humain ? L’analyse porte sur les rapports entre animalité et humanité, dans une perspective anthropologique qui prend en compte à la fois l’altérité, la dimension mythique, et les représentations religieuses (dans lesquelles, en Orient, l’animal occupe une place de choix).
504Jean-Claude Vallecalle, « Oiseaux de paradis, les anges neutres dans Huon d’Auvergne »
Jean-Claude Vallecalle, successivement professeur de langue et de littérature françaises médiévales aux universités de Franche-Comté et Lumière – Lyon 2, puis professeur émérite, travaille principalement sur les chansons de geste, et notamment sur l’épopée franco-italienne du xive siècle.
Le poème épique franco-italien de Huon d’Auvergne évoque de manière originale la légende des anges neutres qui ne furent ni rebelles ni fidèles à Dieu lors de la révolte de Lucifer : ils expient jusqu’à la fin du monde leur coupable indécision sous l’apparence de noirs oiseaux marins. Inspirée de la Navigation de saint Brendan, la forme animale prêtée à ces êtres surnaturels contribue à révéler une inquiétante ambiguïté du monde, à laquelle s’oppose la quête d’absolu du héros éponyme.
Estelle Doudet, « Bêtes de scène. Les animaux et le théâtre au Moyen Âge »
Estelle Doudet est professeur de langue et de littérature française du Moyen Âge à l’université Grenoble Alpes (UMR 5316 Litt&Arts) et membre de l’Institut universitaire de France. Ses travaux portent sur les littératures circonstancielles et les discours publics aux xive-xvie siècles : théâtre, poésies d’occasion, traités moraux et politiques, chroniques d’actualité, satire et polémique.
Les historiens du théâtre n’ont que peu porté d’attention à la présence animale sur les scènes du Moyen Âge. Pourtant, la transformation de la « beste mue » en personnage y tient une grande place. Quels types d’animaux étaient favorisés par les différentes esthétiques théâtrales en ancien puis en moyen français ? Comment la bête, réelle, artificielle ou figurée, était-elle intégrée à la représentation ? Comment y révélait-elle souvent l’envers du décor, l’humanité se donnant à voir dans le miroir de l’animalité ?
Jean-Charles Herbin, « Une description inconnue de l’Enfer. Fragments d’une version en vers perdue de la Vision de Tondale ? »
Jean-Charles Herbin est professeur émérite de l’université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis. Spécialiste de la Geste des Loherains, il en a publié plusieurs poèmes (Hervis de Més, Vengeance Fromondin, Yonnet de Metz, Anseÿs de Gascogne) et une mise en prose (Arsenal 3346). Il a dirigé pendant plus de douze ans un laboratoire devenu en 2008 l’Équipe d’accueil CALHISTE (EA 4343).
505Cette contribution est constituée par l’édition et l’étude rapide d’un petit fragment très mutilé provenant d’un manuscrit qui devait donner une version de la Vision de Tondale. La languette de parchemin parvenue jusqu’à nous propose apparemment le plus ancien portrait de Lucifer dans la littérature visionnaire en ancien français. Seule la comparaison du texte lisible du fragment avec un passage du Speculum historiale de Vincent de Beauvais et de la prose française de Jean de Vignay permet cette identification.
Jean-Claude Mühlethaler, « L’animal entre dénonciation satirique et récupération subjective. Deux bestiaires lyriques : Eustache Deschamps et Charles d’Orléans »
Jean-Claude Mühlethaler est professeur honoraire de l’université de Lausanne. Sa recherche porte sur la satire, la parodie : Fauvel au pouvoir (Paris, 2008) et la littérature politique : Écriture et pouvoir à l’aube des temps modernes (Paris, 2002). Il s’intéresse aussi à la réception de la matière antique et le statut de l’auteur et des œuvres sous Charles VI. Il a édité et traduit les œuvres de Villon et de Charles d’Orléans.
Dès le xiiie siècle, plusieurs auteurs ont utilisé le personnel roulant du Roman de Renart pour dénoncer les vices qui sévissent dans la société ou critiquer la cour. Eustache Deschamps leur emboîte le pas dans ses ballades morales, mais se sert aussi de la symbolique animale pour dénoncer un public peu attentif ou jouer la carte de l’autodérision, de manière à traduire le mal-être au monde du moi lyrique. C’est la voie que Charles d’Orléans emprunte à son tour dans quelques rondeaux.
Christiane Deloince-Louette, « Le bestiaire d’Alector. La figure animale dans l’“histoire fabuleuse” de Barthélémy Aneau »
Christiane Deloince-Louette est maître de conférences en littérature française du xvie siècle à l’université Grenoble Alpes et membre de la composante RARE (Rhétorique de l’Antiquité à la Révolution) de l’UMR 5316. Elle a publié Sponde commentateur d’Homère (Paris, 2001) et de nombreux articles sur la réception des auteurs antiques à la Renaissance, dans les commentaires rhétoriques comme dans les œuvres de fiction.
Publié à Lyon en 1560 par Barthélémy Aneau, Alector met en scène un riche bestiaire au statut doublement emblématique. La figure de l’animal est d’abord un élément fondamental de la cohérence du récit à travers les étapes qu’elle marque dans les parcours des héros. Elle souligne ensuite leur exemplarité : 506Alector porte le signe de sa hardiesse ; Franc-Gal, son père, porte l’emblème de la Tempérance. À la différence des bestiaires médiévaux, c’est dans la fable que l’animal trouve son sens et construit l’interprétation.
Noburu Harano, « De surprise en surprise… »
Noburu Harano est professeur émérite de l’université d’Hiroshima. Il a coédité Le Roman de Renart (Paris, 2005) d’après les manuscrits C et M, Tokyo (France-Tosho) et publié de nombreux articles, en particulier dans la revue Reinardus.
Ce texte adresse un hommage à Roger Bellon, lui souhaitant une heureuse et fructueuse retraite.
Pierre Mendiela, « Hommage »
Pierre Mendiéla, engagé comme pilote dans l’Armée de l’Air puis commis auxiliaire à la mairie de Grenoble, a enseigné la littérature française et rédigé un mémoire de maîtrise sous la direction d’Albert Meiller. Il a récemment engagé sous la direction de Roger Bellon une thèse consacrée à l’édition du Mistaire de Saint-Denis.
Dernier thésard de Roger Bellon, l’auteur de ce texte lui rend un vibrant hommage.
Manon Pricot et Marine Lhermitte, « Roger’s punchlines »
Manon Pricot a été l’étudiante de Mestre Bellon de 2011 à 2013 à l’université de Grenoble. L’« ensaignement » de celui-ci lui ayant permis d’affronter « par vertu » les épreuves du CAPES de lettres, elle est devenue depuis preuse professeure de français, face à de jeunes « testes » adolescentes.
Marine Lhermitte a suivi les cours de M. Bellon, Sire de feu l’université Stendhal, de 2011 à 2013. Ayant bénéficié d’un enseignement transmis avec « alegrece » et tranquillité, son étudiante est aujourd’hui une professeure de français qui travaille à ne pas « s’esprendre » face à des jouvenceaux parfois débridés.
Hommage et souvenirs des cours d’Ancien Français à l’université de Grenoble, auprès de l’inénarrable Roger Bellon… dont les « avantures » seront toutefois quelque peu narrées par deux anciennes étudiantes dans cet article.
507Magali Riclet-N’Cho, « Hommage à M. Bellon »
Magali Riclet-N’Cho enseigne la littérature française depuis 2010. Après avoir travaillé pendant deux ans dans des établissements de l’académie de Grenoble, elle a rejoint la Suisse et exerce désormais à Lausanne.
En tant qu’ancienne étudiante, et aujourd’hui enseignante de français grâce à vous, l’auteure de ce texte adresse un hommage à Roger Bellon.
Francis Goyet, « En guise de conclusion. Lire Les Amours (de Ronsard) comme un roman (de la Rose) »
Francis Goyet est professeur de littérature française de la Renaissance à l’université Grenoble Alpes. Il est spécialiste de rhétorique, avec un accent mis en particulier sur les problèmes d’invention et de disposition. Son dernier ouvrage paru s’intitule Le Regard rhétorique (Paris, 2017). Il a créé l’équipe RARE (dans l’UMR 5316 Litt&Arts) et codirige la revue en ligne Exercices de rhétorique.
La première hypothèse est que Les Amours de Ronsard regroupent les sonnets de la princeps de 1552 sur le principe « 4 par 4 » : on peut lire comme un ensemble les quatre sonnets imprimés en vis-à-vis (à deux sonnets par page). La seconde hypothèse est celle d’un regroupement supérieur : les six cahiers de cette édition sont comme six chapitres. Cet artcile examine ce que cela signifie pour le cahier signé a, et combien sa problématique rappelle celle des deux Roman de la Rose.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-06800-6
- EAN: 9782406068006
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-06800-6.p.0495
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 05-23-2018
- Language: French