Préface
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Dictionnaire Giono
- Pages : 9 à 10
- Collection : Dictionnaires et synthèses, n° 9
Préface
Jean Giono, né à Manosque en 1895 et mort dans cette même petite ville de Haute-Provence en 1970, connaît le succès dès son premier roman, Colline (1929). Modeste employé de banque revenu meurtri de la Grande Guerre, il fait irruption sur une scène littéraire dominée alors par le roman psychologique en imposant une sorte de primitivisme poétique inédit. Au temps du Front populaire, il enthousiasme la jeunesse avec Que ma joie demeure et Les Vraies Richesses, alliant l’évocation sensuelle et lyrique de la nature à une violente critique de la civilisation technologique, au nom de la joie et de la paix. Après les épreuves de la Seconde Guerre mondiale et de la Libération, il renoue avec le succès grâce au Hussard sur le toit, hommage puissant et original à son cher Stendhal, tandis que ses Chroniques romanesques manifestent, avant que ne s’impose le Nouveau Roman, une modernité qui ne renonce pas pour autant au plaisir du récit. Lorsqu’il meurt en 1970, il vient de publier l’un de ses plus beaux romans, L’Iris de Suse, dans lequel on retrouve la montagne et les bergers de ses premiers textes, mais traversés par l’ironie, les ellipses, les vertiges de ses livres d’après-guerre. De la « grande génération » – selon l’expression d’Henri Godard1 – des romanciers nés à la fin du xixe siècle ou au tout début du xxe, il est le seul qui ait su à ce point se renouveler tout en restant fidèle au genre romanesque. De toute évidence, il est l’une des plus grandes figures du roman français.
Dès 1971 commençait la parution des Œuvres romanesques complètes de Giono dans la « Bibliothèque de la Pléiade », sous la direction de Robert Ricatte, et dix ans plus tard avait lieu un premier colloque, organisé à Aix-en-Provence par Jacques Chabot, sous le titre « Giono aujourd’hui ». Depuis lors, l’œuvre a suscité une abondante littérature critique, sous forme de monographies, d’ouvrages collectifs, de numéros de revues, de thèses. Deux publications régulières lui sont consacrées, la Revue Giono, qui a pris le relais du Bulletin de l’Association des Amis de Jean Giono publié depuis 1973, et la Série Jean Giono de « La Revue des 10Lettres Modernes », dont le premier volume est paru en 1974. Quarante-cinq années de travail critique ont apporté la preuve de l’inépuisable richesse de cette œuvre qui garde toujours une réserve de sens et de mystère. Par ailleurs, la vie de Giono, ses relations, son inscription dans l’environnement intellectuel et artistique, son travail d’écrivain sont aujourd’hui bien connus, grâce en particulier à la biographie de référence écrite par Pierre Citron et à la publication de son Journal, de ses carnets, de plusieurs correspondances avec des contemporains majeurs.
Le temps était donc venu d’offrir aux nombreux lecteurs de Giono une vaste synthèse de toutes ces connaissances et interprétations, sans se priver d’y ajouter des vues originales, car le texte continue de solliciter puissamment ses exégètes. La forme du dictionnaire était à coup sûr la meilleure pour cela. Comment le lecteur, qu’il soit amateur ou spécialiste de Giono, trouverait-il mieux en effet ce qu’il cherche sur un thème, une notion, une personne, un lieu, un livre, un personnage, que dans l’ordre contraint mais efficace de l’alphabet ? C’est d’abord à ce besoin d’information et d’éclairage que le Dictionnaire Giono veut répondre. Mais l’on pourra tout aussi bien errer à travers ses pages, s’abandonnant aux surprises du hasard, pour y trouver, précisément, ce qu’on ne cherchait pas, car tel est aussi l’usage, plus ludique que sérieux, permis par tout dictionnaire. Et si les savoirs d’un article à l’autre se rejoignent et s’accumulent, un plaisir de lecture inattendu pourrait venir encore de la diversité des points de vue, des méthodes, des styles de leurs auteurs qui se côtoient au gré de cet ordre arbitraire.
Pour faciliter la circulation parmi ses 652 notices, et comme une invitation à des cheminements multiples, des astérisques signalent systématiquement les mots renvoyant à d’autres entrées du dictionnaire. Ils sont éventuellement complétés par d’autres renvois en fin de notice (→). Certaines notices sont suivies de courtes bibliographies (►), sans prétention à l’exhaustivité, mais pour ouvrir sur d’autres lectures. En ce qui concerne les œuvres de Giono éditées dans la Pléiade, la première mention est toujours celle de la notice correspondante, ressource privilégiée pour le lecteur désireux d’approfondir. Enfin, pour alléger la présentation de l’ouvrage, les références bibliographiques ont été réduites selon des principes que l’on trouvera décrits dans les pages suivantes, et l’on se reportera pour plus de détail à la bibliographie générale en fin de volume.
1 Henri Godard, Une grande génération, Gallimard, 2003.
- Thème CLIL : 3431 -- ENCYCLOPÉDIES, DICTIONNAIRES -- Encyclopédies et dictionnaires thématiques
- ISBN : 978-2-8124-6058-6
- EAN : 9782812460586
- ISSN : 2261-5938
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-6058-6.p.0009
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 25/07/2016
- Langue : Français