Balises 2
- Publication type: Book chapter
- Book: Des îles en littérature. Une bibliothèque ouverte à tous les vents
- Pages: 81 to 81
- Collection: World Geographies, n° 39
Balises 2
Ici comme ailleurs : la formule, équivoque à souhait, ne laisse pourtant pas d’être caractéristique de ce qui se passe avec l’île. Une insularité d’imitation fait de l’île une réplique, en plus petit, du continent. C’est ce qu’on observe avec les îles ayant plus ou moins fonction de laboratoires ou de conservatoires. Ailleurs, Ici : symétriques. Une insularité d’exception fait de l’île, en revanche, un espace à l’écart irréductible à tout modèle. On le constate avec les îles en position d’« isoloirs » où l’île est identique à elle-même et ne l’est que parce que l’Ailleurs et l’Ici sont l’envers et l’endroit du même espace. Ailleurs en tant qu’ici. L’insularité d’imitation dit : « Voyez ; comparez. » L’insularité d’exception dit « voici » comme on dirait « voilà » : telle est son « eccéité ». Nous reconnaissons là la différence établie, pour parler de mimétisme, entre équivalence et ressemblance. Équivalence : où l’Ailleurs et l’Ici sont confondus dans une stricte identité. Ressemblance : où l’Ailleurs et l’Ici sont en relation de simple analogie. Cela se complique avec la notion d’exotisme, où ce qui compte est ce qui dissemble (exotique est, par définition, ce qui diffère). En apparence. En fait, on s’aperçoit, notamment sur la question de l’érotisme insulaire, que l’identification de la femme et de l’île exotiques est nécessaire afin de mieux désirer voire posséder l’une en l’autre. Or, cette médiation du désir est fatale : à l’Éros insulaire (elle va contre l’idéal d’un couple fusionnel excluant tout tiers), à l’île érotisée (minée par un conflit mimétique entre doubles rivaux), voire à l’exotisme lui-même (assombri par la nostalgie d’un passé qui peut bien se répéter mais s’avère toujours déjà perdu).