Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: D’Alembert. Itinéraires d’un savant du siècle
- Pages: 303 to 307
- Collection: Encounters, n° 594
- Series: The eighteenth century, n° 43
RéSUMéS
Jean-Pierre Schandeler, « Introduction. Le Discours préliminaire de l’Encyclopédie, “colonne itinéraire” d’une histoire intellectuelle »
Irréductible à une préface, le Discours préliminaire est une œuvre de passage où s’entrecroisent les idées personnelles du mathématicien qui aspire aussi à investir le terrain de la philosophie et des belles-lettres. La double autonomie du texte, éditoriale et intellectuelle, invite à aborder cette œuvre comme un condensé d’idées déjà exprimées et de jalons posés pour l’avenir. Le Discours est un prélude aux cheminements intellectuels qui feront de D’Alembert une figure remarquable des Lumières.
Véronique Le Ru, « D’Alembert et le statut de l’invention »
D’Alembert distingue la démarche réelle qui conduit à l’invention, et l’ordre d’invention, pédagogique, heuristique et instructif, construit après coup dans une exigence de mise en ordre des idées ou principes. Considérer que la logique de la découverte scientifique est toujours une construction ultérieure à la découverte proprement dite n’est-il pas l’expression d’une position d’indépendance et de liberté par rapport à tout argument d’autorité, fût-il d’ordre méthodologique ?
Claudia Schweitzer, « L’équation de la courbe de D’Alembert et la théorie des voyelles de De Brosses »
D’Alembert étudie les vibrations d’une corde tendue à ses deux extrémités. L’équation mathématique proposée est d’un nouveau type : l’une des toutes premières équations aux dérivées partielles. Ce travail est aussi au fond d’une théorie linguistique destinée à expliquer la production des sons. L’acoustique, l’arithmétique et la musique forment trois domaines proches dans lesquels les réflexions sur la corde jouent un rôle primordial.
304Claude Dauphin, « Musique, esthétique et liberté. La voix de D’Alembert dans la Querelle des Bouffons »
En 1752, la troupe italienne des Bouffons bouscule les frontières du goût musical français en présentant La Serva Padrona, opéra de Pergolèse. L’œuvre déchaine une tempête de libelles parmi lesquels celui de D’Alembert, De la liberté de musique, se révèle l’un des plus conséquents sur le dilemme du goût et sur l’ambivalence des opéras. Par sa rigueur et sa méthode ce texte témoigne de l’érudition musicale de l’auteur qui transgresse tous les poncifs de l’esthétique en jeu dans le discours musicographique des Lumières.
Shane Agin, « D’Alembert traducteur »
L’étude examine les enjeux socio-politiques de l’activité de D’Alembert traducteur. Les éditions successives des Mélanges de littérature contiennent les traductions de plusieurs textes antiques et modernes ainsi qu’un bref traité sur l’art de traduire dans lequel l’auteur propose une réflexion sur les langues. La recherche met en lumière ce que le concept et la praxis de la traduction chez D’Alembert révèlent de son attitude face à la France et aux Français de son temps.
Eszter Kovács, « La nature et l’art de traduire dans les Observations de D’Alembert »
Les Observations sur l’art de traduire contiennent des idées alors modernes sur la traduction. L’Écossais Fraser-Tytler le cite dans son Essay on the Principles of Translation (1791) ; l’Allemand Schleiermacher se montre critique envers les conceptions de D’Alembert ; enfin, D’Alembert influence largement des écrits hongrois consacrés à la traduction. L’article propose une analyse des Observations et de certains moments de la postérité du texte.
Thierry Joffredo, « Les courbes algébriques dans l’Encyclopédie, à la lumière de la correspondance entre D’Alembert et le Genevois Gabriel Cramer »
En 1747, Gabriel Cramer rencontre D’Alembert à Paris. Il s’ensuivra une correspondance régulière. L’étude porte ici sur la partie de cette correspondance qui traite des courbes algébriques, complétée par les échanges des deux hommes avec Euler à propos d’une sorte de point singulier dont ces 305courbes sont susceptibles. L’étude porte plus particulièrement sur quelques lettres récemment exhumées dans lesquelles D’Alembert se montre un lecteur attentif de Cramer.
Christophe Schmit, « Le Traité de dynamique de D’Alembert et son contexte académique (1735-1743) »
On ne dispose pas d’informations donnant un éclairage sur l’origine du contenu scientifique du Traité de dynamique. L’article suggère quelques hypothèses en s’attachant essentiellement à des travaux d’autres membres de l’Académie. Il suggère aussi que des réflexions et démonstrations de D’Alembert laissent supposer des échanges avec d’autres académiciens qui ont probablement en partie contribué à l’initier à la dynamique et à le mettre indirectement en contact avec Euler et les Bernoulli.
Sayaka Oki, « La définition des sciences physico-mathématiques chez D’Alembert et Diderot. La pluralité des sciences “newtoniennes” au milieu du xviiie siècle »
L’article propose de réexaminer la position de D’Alembert sur le statut épistémologique des mathématiques par rapport aux sciences « physiques », polémique ancienne réactivée notamment par la science newtonienne. Son désaccord avec Diderot sur la définition des sciences physico-mathématiques est au centre de l’étude qui tente aussi d’approfondir la compréhension du conflit avec Buffon, importateur fidèle de la conception newtonienne des mathématiques.
Catherine Maire, « La destruction des jésuitesou Sur la destruction des jésuites ? »
Sur la Destruction des jésuites est connu par le biais d’éditions du xixe siècles qui déforment les intentions du texte d’origine. Quel est exactement le dessein de l’auteur ? A-t-on affaire à une charge de plus contre la Compagnie de Jésus, ou bien à une analyse du phénomène extraordinaire que constitue l’élimination mutuelle des frères ennemis que sont jansénistes et jésuites ? Ces questions sont abordées à la lumière notamment de la correspondance de D’Alembert avec Voltaire.
306Henri Duranton, « D’Alembert fut-il bon prophète au temps de la destruction des jésuites ? »
Moins de dix ans après la suppression en France de la Compagnie de Jésus, D’Alembert revient sur l’événement. Se posant en « auteur désintéressé » avec sa Destruction des jésuites,il entend imposer une interprétation originale. Selon lui, la disparition des jésuites serait une victoire de la Philosophie, et non le triomphe de la secte janséniste, en fait elle-même promise à un prochain anéantissement. Vision évidemment partisane qui ne manqua pas de susciter de vives réactions du Parti.
Linda Gil, « La collaboration de D’Alembert à l’édition de Kehl des Œuvres complètes de Voltaire »
La collaboration de D’Alembert à l’édition des Œuvres complètes dirigée par Beaumarchais et Condorcet a, semble-t-il, été ignorée jusqu’à présent. Des documents attestent pourtant que le mathématicien a participé, grâce à son propre réseau de correspondants, à la collecte de textes voltairiens. L’édition, dans cette collection en 70 volumes, de deux volumes constitués de la correspondance inédite Voltaire-D’Alembert, est un défi éditorial et politique dont nous avons pu reconstituer la genèse.
Alain Cernuschi, « “Cet auteur dont nous faisons un cas infini”. D’Alembert dans l’Encyclopédie d’Yverdon »
L’Encyclopédie d’Yverdon, refonte complète de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert réalisée en Suisse dans les années 1770, entend opérer une mise à jour des connaissances et s’adresser à un lectorat plus européen que français. Alors que cette édition se montre généralement très critique par rapport à sa grande sœur parisienne, l’éditeur De Felice et son équipe vouent un intérêt admiratif à D’Alembert. La présente contribution étudie les diverses modalités de cette présence dans les volumes suisses.
Romira Worvill, « Lessing et D’Alembert. à propos de l’Essai sur la société des gens de lettres et des grands »
Dans les pays de langue allemande, comme en France, le rôle et la condition de l’écrivain sont en pleine évolution au xviiie siècle. L’indépendance 307intellectuelle et économique devient l’ambition de ceux pour qui le premier devoir de l’écrivain est désormais de jouer un rôle critique et de répandre les idées nouvelles. L’objectif de cette contribution est d’explorer la réception de l’Essai sur les gens de lettres par Lessing, réception essentiellement connue grâce à Moses Mendelssohn.
Juan Manuel Ibeas Altamira et Lydia Vázquez, « D’Alembert dans le monde ibérique. De la notoriété à l’oubli, de l’oubli à l’espoir »
D’Alembert a été connu de ses contemporains espagnols comme philosophe et co-directeur de l’Encyclopédie. Mais c’est son Discours préliminaire qui, avec l’Esquisse d’un tableau historique de Condorcet, a le plus influencé les Espagnols des Cortes de Cadix et surtout les révolutionnaires d’outre-Atlantique. Malgré son influence passée en terres espagnoles et hispanophones, l’auteur est aujourd’hui le grand inconnu de « El pensamiento ilustrado ». Cette contribution en analyse les raisons.
Dagmar Comtesse, « La lutte des classes dans la réception de D’Alembert en RDA »
Dans les années 1950, le conflit entre les systèmes politiques de part et d’autre du Rideau de fer était aussi un enjeu dans les sciences humaines, notamment pour les académies de l’Est. Les intellectuels de l’Est déterminaient qui était un prédécesseur du marxisme et qui appartenait plutôt au camp adverse. D’Alembert « matérialiste militant » ou « positiviste agnostique » ? On retrouve un renouvellement des arguments du xviiie siècle dans le contexte de la lutte des classes.
Jean-Pierre Schandeler, « Conclusion »
Le présent ouvrage s’inscrit dans le sillage de travaux collectifs antérieurs, par-delà et avec la rupture technologique introduite dans la recherche par l’Internet.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-15087-9
- EAN: 9782406150879
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-15087-9.p.0303
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 09-27-2023
- Language: French