Notices biographiques
- Publication type: Book chapter
- Book: Correspondance. De la Société des gens de lettres au jury du prix Vie heureuse
- Pages: 157 to 167
- Collection: Correspondence and Memoirs, n° 15
- Series: Les xxe et xxie siècles, n° 2
NOTICES BIOGRAPHIQUES
Adam, Juliette (1836-1936) : romancière, écrivain politique et mémorialiste. Fondatrice, en 1879, et directrice de La Nouvelle Revue, elle s’assura le concours de Pierre Loti, Manoël de Grandfort, Paul Bourget, Gustave Kahn, Péladan… Amie de Marie d’Agoult et de George Sand, fort influente auprès de Léon Gambetta, elle anime un salon fréquenté par les républicains qui formeront le futur gouvernement de la 3e République. Elle contribua à la création du journal de Gambetta La République française.
Elle œuvra, toute sa vie, pour un rapprochement franco-russe, en donnant notamment des articles de politiques étrangères sous la signature « Le Cosaque ». Ses écrits reflètent son esprit revanchard et anti-germanique : Le Siège de Paris : le journal d’une Parisienne (1873), Nos amitiés politiques avant l’abandon de la revanche (1908), Notre Alsace française (1927). Ses premières œuvres sont davantage romanesques comme Le Mandarin (1860), Récits d’une paysanne (1862)…
Elle adhéra une première fois à la Société des gens de lettres en 1860 mais démissionna dix ans plus tard afin de permettre une exploitation gratuite de ses écrits par un journal auquel son second époux, Edmond Adam, sénateur républicain, voulait être agréable en période électorale. Elle y adhéra à nouveau en 1898 avec François Coppée et André Theuriet comme parrains.
Aurel, pseudonyme d’Aurélie de Faucamberge (1869-1948). Elle épousa le peintre Cyril Besset, puis, à la mort de celui-ci, Alfred Mortier, traducteur et poète. Après-guerre, elle tient un salon que fréquentèrent Anna de Noailles, Lucie Delarue-Mardrus, Max Jacob, Apollinaire, Han Ryner. Jusqu’à la fin de sa vie, elle se fit un devoir de promouvoir de jeunes artistes comme Jean Dolent. En 1933, elle fonda le cercle littéraire et artistique de Grasse.
Romancière, essayiste, conférencière, et journaliste, elle débuta dans La Fronde puis elle collabora à La Grande Revue, au Feu dont elle assura pendant deux ans la critique littéraire, aux Écrits français, à L’Homme enchaîné et à L’Information. Ses écrits se sont essentiellement intéressés au couple et à l’amour : Voici la femme. Préférences (1909), Le Couple : essai d’entente (1911), La Semaine d’amour (1913)… Elle s’inscrivit tardivement à la Société des gens de
lettres ; elle est admise en 1928 avec Han Ryner, Paul Brulat et Léon Frapié comme parrains.
Elle créa deux prix : le prix « Alfred Mortier » et le prix « Aurel ».
Bloch, Élisa (1848-1905) : Née Marcus, épouse de Léon Bloch rédacteur en chef de L’Écho. Élève de Ceribelli puis de Chapu, elle exposa pour la première fois en 1880 et, jusqu’en 1904, participa presque chaque année au Salon de la Société des Artistes français dont elle fut la trésorière à partir de 1884. Elle réalisa de nombreux bustes dont celui de Georges de Peyrebrune, d’Anaïs Ségalas, de Léonide Leblanc ou encore de Camille Flammarion. Les sujets traités, Jeanne d’Arc, Le Commandant Rolland, Le Contre-amiral Marquez, La Doyenne des cantinières, révèlent un profond attachement aux valeurs républicaines. En 1892, elle obtint 10 voix contre 12 accordées à A. Rodin pour la réalisation du buste de Léon Cladel. En janvier 1896, elle reçut la rosette d’officier d’Instruction publique.
En 1892, elle fonda la revue Paris-Province dont elle fut la propriétaire jusqu’en 1905. Ce mensuel, qui est l’organe de presse de l’Académie littéraire et artistique de Paris-Province, entendait promouvoir les jeunes talents et les mettre en contact avec les gloires confirmées.
Bouyer-Karr, Violette (1875-1975) : Elle est la petite-fille d’Alphonse Karr, écrivain et journaliste. Elle-même romancière et écrivain, elle publia quelques romans dont Une amoureuse (1907) qui fut couronné par l’Académie française, Fruit sauvage (1909) et La Voile rouge (1910). Elle fit paraître des nouvelles dans la revue Foi et Vie ainsi qu’au Petit Écho de la Mode et à La Revue Hebdomadaire. Admise comme sociétaire de la Société des gens de lettres en 1910, elle y fut présentée par Jean Aicard et Marcel Prévost. Elle reçoit en 1917 le prix Jean Revel et en 1971, obtint une bourse de 750 francs du fonds Delly. En plus de sa carrière artistique, elle se trouva à diriger une exploitation agricole dans le Var où elle finit ses jours.
Broutelles, Caroline comtesse de (?-?) : épouse du statuaire Maurice Reymond, elle fut d’abord journaliste puis directrice de la revue La Mode pratique puis La Vie Heureuse, ou encore Conseil des Femmes. Elle signa des articles tels que « Le budget de la toilette de Monsieur, comparé à celui de Madame. Le strict nécessaire, le gaspillage » paru dans Lectures pour tous de juin 1897 ou bien s’occupa de la rubrique mode dans L’Afrique du Nord illustrée. Elle se démarquait de son époque en faisant rimer mode avec économie et bon goût. Elle initia Félix Vallotton au dessin de mode.
Elle fut secrétaire perpétuelle du prix Vie heureuse. En 1930, elle adhère au club des Belles Perdrix, premier club gastronomique féminin, aux côtés de
Lucie Delarue-Mardrus, Marcelle Tinayre, Gabrielle Réval… Philanthrope, elle fit partie de nombreux comités de charité, et lança « Les dots Mode Pratique », une institution de remise de dots à des jeunes filles pauvres méritantes.
Cladel, Judith (1873-1958). Fille de Léon Cladel, elle a consacré quelques œuvres à son père comme La Vie de Léon Cladel, suivie de Léon Cladel en Belgique, coécrit avec Edmond Picard (1905), puis Maître et disciple : Charles Baudelaire et Léon Cladel (1951). L’essentiel de ses écrits est constitué par des monographies : Maurice Rollinat (1910), Mademoiselle de La Vallière (1912), le très remarqué Rodin, sa vie glorieuse, sa vie inconnue (1936), Aristide Maillol. Sa vie, son Œuvre, ses idées (1937)…
Les œuvres de fiction sont rares, elle écrivit cependant Le Volant, pièce en 3 actes qui fut jouée au théâtre de L’Œuvre en 1895, Confession d’une amante (1904)… Dans les années 30, elle écrit de nombreux scénarii dont Yarosky Omega inspiré par Le Deuxième mystère de l’Incarnation (1883), œuvre de son père, ou La Fille des Rocs adapté d’un titre de J.-H. Rosny aîné. Elle collabora avec Firmin Génier pour adapter Le Marchand de Venise (1948).
Judith Cladel devint membre du prix Vie heureuse en 1917. Elle adhèra à la Société des gens de lettres en 1934, avec pour marraines les romancières Marcelle Tinayre et Jeanne Landru.
Daudet, Julia (1844-1940), née Julia Allard, épouse et collaboratrice d’Alphonse Daudet. Chroniqueuse au Musée universel et à L’Évènement, elle signa « Karl Steen » et « Marguerite Tournay » de nombreux articles, notamment des critiques littéraires. Son œuvre compte une vingtaine de titres, essentiellement des romans, dont le plus connu est L’Enfance d’une parisienne (1883) d’inspiration autobiographique, et des recueils de poésies : Impressions de nature et d’art (1879), Reflets sur le sable et sur l’eau (1903), Miroirs et mirages (1905). Elle donna également Notes sur Londres (1895) et un recueil de Souvenirs autour d’un groupe littéraire (1910), évoquant les premières années du naturalisme. Elle donna des conférences au Lyceum Club.
Son salon littéraire compta parmi les plus influents de la fin du xixe siècle, il était fréquenté par Marcel Proust, Francis Jammes, Charles Maurras, Jean Cocteau et nombre des femmes de lettres présentes dans cette correspondance. Membre du jury du prix Vie heureuse, elle fut également Chevalier de la Légion d’honneur.
Delarue-Mardrus, Lucie (1874-1945). Romancière et poétesse, elle se fit connaître du grand public avec un premier recueil de poésies Occident (1901) mais ce sont surtout ses romans qui mettent en scène sa Normandie natale qui sont associés à son nom, tels que Marie, fille mère (1908), L’Ex-voto (1921),
Hortensia Dégénéré (1929)… En épousant en 1900, l’orientaliste Jean-Charles Mardrus, elle découvrit le bassin méditerranéen et lança la vogue des reportages photos. Elle fait partie des membres fondateurs du prix Vie heureuse et rejoint, début 1905, la Société des gens de lettres.
Elle fut également peintre, sculptrice, ainsi lui doit-on une statue de Sainte Thérèse de Lisieux, sainte dont elle écrivit la première biographie en 1926. Dans les dernières années de sa vie, elle a présenté au Salon de la Société Nationale des sculptures dont Danseurs nus, Dame Patricia, son nègre et son galant ou Deux danseuses et un indifférent. Elle exposa au Salon d’Hiver en 1936 un autoportrait.
Delaville, Camille pseudonyme de Mme Adèle Couteau, née Chartier (1838-1888). Cette femme de lettres fut jusqu’à sa mort, une des amies intimes de Georges de Peyrebrune. Romancière, feuilletoniste et journaliste, elle se fit connaître avec un premier roman, d’inspiration autobiographique, La Loi qui tue (1875) qui dénonce la condition des femmes divorcées. Elle signe sous divers pseudonymes (Pierre de Chatillon, Bisbille, Adèle de Chambry…) dans Le Gaulois, La Presse, L’Événement ou encore, en 1883, dans Le Papillon d’Olympe Audouard. Elle participe également aux Matinées espagnoles, revue européenne dirigée par Mme de Rute. En 1887, au Constitutionnel elle tient la rubrique « Mes Contemporaines ».
Par deux fois, Camille Delaville fonda son propre journal : d’abord Le Passant, en 1882, qu’elle finança et dirigea pendant vingt numéros. Parmi les collaborateurs se trouvaient Arsène Houssaye, Camille Flammarion, Catulle Mendès, Anaïs Ségalas et Rachilde. En 1886, elle lança La Revue verte qui ne vécut guère plus longtemps : seize numéros. Georges de Peyrebrune fit partie de ses collaboratrices.
Dieulafoy, Jane (1851-1916), née Jane Henriette Magre. Archéologue, écrivain, photographe, elle part avec son mari en Perse pour répertorier tous les monuments. Ils y retourneront plus tard pour des fouilles archéologiques dont les découvertes sont exposées au Louvre, dans les salles « Dieulafoy ». Ils partiront ensuite explorer l’Espagne.
Les journaux que Jane tient au cours de ces expéditions sont publiés, La Perse, la Chaldée, la Susiane, (1887) puis À Suse, journal des fouilles 1884-1886, (1888). Elle édita également quelques romans et nouvelles dont Parysiatis (1890) couronné par l’Académie française ; Camille Saint-Saëns en tira un opéra en 3 actes.
Elle reçut la Légion d’honneur en 1886, fut admise en 1904 comme adhérente de la Société des gens de lettres avec, comme parrains, Jean Aicard
et Camille Le Senne. Sa démission en 1911 est imposée par le Comité de la Société des gens de lettres pour une raison inconnue à ce jour.
Gevin-Cassal, Olympe (1859-1945) : Femme de lettres, celle-ci fut d’abord dame visiteuse pour l’Assistance publique de Paris puis, jusqu’à sa retraite en 1926, inspectrice générale du Ministère de l’Intérieur. S’occupant de la petite-enfance, ses observations dans les milieux populaires lui inspirèrent de nombreux articles publiés notamment dans La Revue bleue, La Fronde sous le pseudonyme de « Madeleine », La Revue de morale sociale. Ses écrits furent rassemblés dans La Fraternité en action (1904).
Elle est auteure de littérature enfantine avec entre autres La Quenouille enchantée et Récits d’une maman (1892), Histoire d’un petit exilé (1895), Légendes d’Alsace (1917)… Ses Souvenirs de Sundgau lui valurent le prix Montyon. Membre de la Société des gens de lettres depuis 1891, elle verra plusieurs fois son œuvre couronnée par celle-ci : en 1899 (Prix Rouff), en 1903, 1908, et 1912 avec le prix Balzac. En 1905, elle présenta un roman au prix Vie heureuse qui ne sera pas retenu malgré l’appui de nombreux membres du jury dont Judith Gautier et Georges de Peyrebrune.
Harry, Myriam, pseudonyme de Maria Rosette Shapira (1869-1958) : elle débuta sa carrière littéraire à La Fronde, ayant été recommandée à Marguerite Durand par Catulle Mendès. Son enfance à Jérusalem, la mort tragique de son père, lui inspirent La Conquête de Jérusalem (1904) qui sera distingué par le premier jury du prix Vie heureuse. Elle sera membre du comité en 1907, remplaçant Thérèse Bentzon décédée. Son enfance et son adolescence lui inspireront également la série des « Siona » qui parut entre 1914 et 1922. Elle retournera à Jérusalem et donnera à lire l’un des premiers reportages des implantations sionistes en Israël : Les Amants de Sion (1923).
Elle découvre avec son mari, le sculpteur animalier Émile Perrault, la Tunisie, pays qui lui fournira matière à de nombreux reportages parus notamment dans Le Temps dans la rubrique « Impressions tunisiennes ». Son amour pour l’Orient la rapproche de Lucie Delarue-Mardrus à qui elle consacrera une courte biographie Mon amie Lucie Delarue-Mardrus (1946).
Son dernier voyage l’amena à découvrir l’île de Madagascar.
En 1934, elle fut nommée chevalier de la Légion d’honneur.
Kaiser, Isabelle (1866-1925) : Poétesse et romancière suisse, elle écrivit en français et en allemand. Elle fit paraître notamment en France un roman d’inspiration autobiographique Cœur de femmes (1891), lequel remporta un prix de littérature allemande, puis Sorcière (1896)…Certains de ses écrits
furent publiés en feuilleton comme Vive le roi ! Les guerres de Vendée, dans La Quinzaine, revue où elle donna également des nouvelles.
Elle reçut le prix de l’Académie française, en 1910, pour son roman Juteau Davigneux. Elle milita pour la paix à la veille de la Première Guerre mondiale, en publiant notamment Von ewiger Liebe (1914).
Lacour, Mme Mary Léopold : Épouse du journaliste féministe Léopold Lacour, elle fut elle-même journaliste à Femina et à La Fronde où elle tint la rubrique « Gamme de jours ». Pour ce journal, elle interviewa Camille Claudel. Elle signa également la rubrique « Au jour le jour » du Figaro. Elle donna des conférences à la Bodinière en compagnie de Jules Bois, puis intervint, en 1900, lors du Congrès des œuvres et institutions féminines. Elle s’essaya également au ballet-pantomime avec Don Juan aux enfers, représenté en 1897 et à l’écriture pour le théâtre avec Un pauvre bûcheron qui fut joué à l’Odéon en 1923.
Amie et admiratrice de Clémence Royer, c’est elle qui la fit admettre en 1891 dans une maison de retraite pour la sauver de la misère et de l’isolement.
Lesueur, Daniel (1860-1921), pseudonyme de Mme Jeanne Lapauze, née Loiseau. Elle se fit véritablement connaître avec son recueil de poésies Fleur d’avril et son roman Le Mariage de Gabrielle, parus tous deux en 1882. Ces titres furent couronnés par l’Académie française. Elle fut plus tard encore distinguée pour Comédienne (1898) par le prix de Jouy. Son œuvre littéraire compte une quarantaine de titres au nombre desquels des pièces de théâtre – Sursum corda ! (1885) – et des traductions comme celle des écrits de Lord Byron.
Son succès, accru par des romans comme Névrosée (1890) et surtout sa nomination, en 1895, comme officier de l’Instruction publique lui valurent d’être sollicitée par de nombreux journaux. Elle donna ainsi de nombreuses chroniques à La Renaissance littéraire politique et artistique revue hebdomadaire que fonda son premier époux, Henry Lapauze, historien de l’art, spécialiste d’Ingres et de La Tour. Elle signa également dans Minerva, L’Art Belge et Il Bullettino d’Arte. On retrouve sa signature dans Femina et dans La Fronde dont elle fait partie de la première équipe de rédaction. Dans ce périodique, elle donne aussi bien des réflexions littéraires « Comment ils nous lisent » (22 avril 1898), « Le Krach de l’imagination » (6 mai 1898) que politiques, « Les Nouvelles forces sociales » (20 mai 1898).
Daniel Lesueur semble avoir adhéré par deux fois à la Société des gens de lettres : une première fois en 1890 avec C. Flammarion et F. Coppée comme parrains, ce qui lui a permis par la suite de devenir vice-présidente du comité puis en 1926, sous le parrainage de G. Lecomte et Fortunat Strowski. Elle en sera radiée en novembre 1940 pour une raison encore inconnue.
Mendès, Catulle Abraham (1841-1909) : Gendre de Théophile Gautier – jusqu’à son divorce d’avec Judith-, il se fait connaître en fondant, en 1860, La Revue fantaisiste à laquelle adhère Villiers de L’Isle Adam. Il rejoint le groupe des parnassiens pour en devenir l’historien avec La Légende du Parnasse contemporain (1884). Il participe à la fondation de La Revue française ainsi qu’à celle de La République des lettres ainsi que de La Vie populaire avec L. Piégu, et collabore au Gil Blas. Ses œuvres poétiques et romanesques sont innombrables : Philoména, poésies (1862), Poésies nouvelles (1893), L’Homme tout nu (1887), La Première maîtresse (1894), etc.
Molènes, Louise-Antoinette Alix de (1830- ?), née de Bray, épouse de Paul Gaschon, militaire, journaliste et romancier. Romancière mondaine, elle publia La Comédie Parisienne. Scènes mondaines (1878) Tu et Toi (1882) et, en 1885, Perdi, le couturier de ces Dames, roman qui connut un certain succès. On lui doit un article sur Baudelaire, « Le moins connu parmi les célèbres », paru dans Le Gaulois du 30 septembre 1866. Elle signa « Ange Bénigne », « Satin » ou « Pascaline » des chroniques dans La Vie parisienne, et « X » ou « Rigoletto » dans La Liberté. Elle tint également dans La Grande Revue la rubrique « Ombres contemporaines » dans laquelle elle portraitura Barbey d’Aurevilly qui fut l’un de ses grands amis.
Pardo Bazan, Emilia de Quiroga comtesse de (1851-1921) : Romancière qui fit scandale en publiant La Tribuna (1882), premier roman espagnol consacré à la classe ouvrière. On lui doit également un essai sur le naturalisme, La Cuestion palpitante (La Question palpitante), paru en 1883. Durant ses nombreux séjours en France au cours desquels elle donna des conférences, elle fréquenta le cercle féministe de La Fronde, dirigé par Marguerite Durand et le grenier des Goncourt dont elle traduisit Les Frères Zemganno.
Pert, Camille (1863-1952) : pseudonyme de Louise-Hortense Rougeul, née Grille. Vivant séparée de son époux et disposant d’une fortune confortable laissée par son père, elle entama une carrière littéraire. Journaliste, signant parfois Marcel Guilain, elle fut la directrice de publication de l’éphémère journal L’Informateur des gens de lettres et des lettrés (1903-1907). En 1903, elle posa sa candidature pour faire partie du comité de la Société des gens de lettres dont elle est membre depuis 1897, elle est parrainée par Séverine et Gustave Toudouze. En 1905, elle devient membre du comité de l’Association syndicale des critiques littéraires et bibliographes, pour y représenter L’Informateur.
Elle s’inscrit dans la mouvance naturaliste, son œuvre romanesque aborde des questions d’ordre social et des problèmes conjugaux, notamment Vénale, mœurs
modernes (1892), Leur égal (1899), La Loi de l’amour (1903) qui est un plaidoyer pour l’élargissement du divorce, Le Bonheur conjugal (1905)…Un de ses romans à succès, La Camarade publié en 1897, est adapté au théâtre et mis en scène en 1899. En 1904, elle publie Le Dernier cri du savoir-vivre, guide pratique de bonne éducation et de parfaite connaissance du monde suivant les usages les plus modernes.
Rachilde (1860-1953), pseudonyme de Marguerite Eymery. Elle épousa en 1888 Alfred Vallette, futur directeur du Mercure de France, revue symboliste. Dans les pages de cette revue, elle assura la critique littéraire jusque dans les années vingt. Elle anima également un des salons les plus courus du Paris de la Belle Époque que fréquentèrent Mallarmé, Jarry, Willy, Henri Bataille… Elle débuta sa carrière littéraire comme feuilletoniste à L’École des femmes et chroniqueuse au Zig Zag et collabora à des journaux tels que Lutèce, Panurge, La Pléiade… Son œuvre romanesque lui valut une réputation sulfureuse (Monsieur Vénus, 1884, La Marquise de Sade, 1887, Les Hors Nature, 1897) parce qu’elle s’attacha à illustrer des thèmes chers aux décadents comme le sadisme, la nécrophilie et autres amours « contre nature ». Elle s’essaya également au théâtre (Contes et nouvelles, suivis du Théâtre, 1900) et à la poésie (Survie, 1945).
Rachilde adhère en 1879 à la Société des gens de lettres avec Arsène Houssaye et Oscar Comettant comme parrains. Elle obtient en 1952, une bourse du fonds Delly de 30 000 francs.
Elle fit partie du jury du prix Vie heureuse à partir de 1918 ; en 1919, elle en fut la présidente.
Réval, Gabrielle (1869-1938), pseudonyme de Gabrielle Logerot. Elle fut l’une des premières diplômées de l’École Normale supérieure de jeunes filles de Sèvres avant d’enseigner dans un lycée pour jeunes filles. Nombre de ses œuvres, dont les plus célèbres Les Sévriennes (1900) et La Bachelière (1910), s’inspirent de ses années de formation comme enseignante. Elle collabora à différents journaux dont L’Œuvre, La Revue Belge et Le Journal et donna de nombreuses conférences notamment en Europe de l’Est, où ses romans furent abondamment traduits et publiés.
En mars 1904, elle devient sociétaire de la Société des gens de lettres avec L. Halévy et P. Margueritte comme parrains.
Sa notoriété lui vaut d’appartenir à plusieurs jurys littéraires dont le prix Vie Femina, le prix George Sand et le prix des Vikings. Elle lui vaut aussi d’être élevée au grade de chevalier de la Légion d’honneur en 1927.
Rohan, duchesse de (1853-1926) : née Herminie de La Brousse de Verteillac. Elle fut élevée par une de ses cousines, Julienne de Robertsart. Un temps
chroniqueuse mondaine, signant « Étincelle » ses billets, écrivant dans la presse américaine et allemande, elle se tourne rapidement vers la poésie. Elle publia ses vers dans Femina et édita quelques recueils Lande Fleurie (1905), Les Lucioles (1907), Souffles d’océan (1911) et Le Chant du cygne (1914). Elle donne une pièce de théâtre en 3 actes, Pendant la guerre (1922). Elle rejoint en 1907 le comité du prix Vie heureuse. En 1910, Calmann-Lévy édite Les Dévoilées du Caucase, notes de voyages ; la même année, elle est décorée en 1910 de l’Ordre féminin de la croix étoilée, décernée par l’Impératrice Élisabeth. Elle devient membre de « La Française », une association qui entend diffuser chez les femmes l’éducation artistique, littéraire et sociale et fonde, en 1912, un prix annuel de poésie « Le Prix Rohan » (300 francs), en partenariat avec Femina. Un de ses bals costumés inspira Marcel Proust pour écrire le début Du côté de chez Swann.
Pendant la Première guerre Mondiale, elle transforma son hôtel en hôpital pour les blessés, ce qui lui valut la Légion d’honneur, la médaille de la Reconnaissance française et la médaille de la Reconnaissance italienne.
Royer, Clémence (1830-1902) : Anthropologue, philosophe et économiste, elle est la première traductrice française De l’origine des Espèces par sélection naturelle ou des lois de transformation des êtres organisés de Darwin. En 1864, elle édite un premier roman philosophique Les Jumeaux d’Hellas. En 1869, elle publie L’Origine de l’homme et des Sociétés, en 1877 Deux hypothèses sur l’hérédité.
Elle collabore à La Fronde sous le pseudonyme d’Opportune Fervent. Elle signe également dans Le Journal des femmes ainsi que dans le Journal des économistes, La Philosophie positive et La Société nouvelle. En 1899, elle est l’une des fondatrices du Bulletin de l’Union universelle des femmes.
Elle est la première femme admise à la société d’anthropologie de Paris et à voir son travail scientifique couronné par la Légion d’honneur en 1900.
Rute y Ginez (Mme de) (1831-1902) : née princesse Marie Studholmine Letizia Bonaparte-Wyse, petite-nièce de Napoléon Ier. Exilée un temps en Savoie, elle y fonde sa première revue Les Matinées d’Aix-les-Bains. De retour en France, elle collabore au Constitutionnel et signe « Baron Stock » quelques feuilletons et des chroniques censurées par la rédaction même du journal car elle dévoile les secrets et les travers de ses proches, – une pratique qui lui vaut le surnom de « Princesse Brouhaha » et de nombreux procès en diffamation. Elle dirigea de 1883 à 1889 Les Matinées espagnoles, une revue internationale et signa « Camille Bernard » dans de nombreux journaux. Elle fit également paraître La Petite Reine. Impressions et souvenirs de Hollande (1899). La plupart de ses romans d’Énigme sans clef (1894), à La Grand-mère (1896) en passant
par Les Lettres d’une voyageuse (1897), sont souvent attribués à Tony Révillon, à Ferracques, Arsène Houssaye ou Alphonse Karr…
Ségalas, Anaïs (1811-1893), née Anne Caroline Ménard. Romancière (Les Mystères de la maison, 1865), dramaturge (La Loge de l’opéra drame en trois actes en prose, 1847), c’est surtout comme poétesse qu’elle se fit connaître. Elle publia de nombreux recueils dont Les Algériennes (1831), Enfantines, poésies à ma fille (1857). Elle reçut plusieurs distinctions pour ses œuvres, à commencer par une médaille d’or pour Les Deux fils (1881) décernée par la Société protectrice des animaux dont elle était dame patronnesse. En 1886, l’Académie française lui attribua le Prix Notta pour son recueil Poésie pour tous et, en 1888, elle reçut le premier prix de la Société d’encouragement au bien et une médaille d’honneur pour sa pièce en vers Les Paresseux.
Elle a collaboré à de nombreux journaux : au Gaulois elle tenait la chronique « Les Parisiens à Dieppe » ; elle signe également dans Le Journal des Théâtres, Silhouettes, Le Magasin des Demoiselles, Le Moniteur des enfants où elle donne des nouvelles plus tard rassemblées en recueil comme Les Mariage dangereux (1878), Les Romans du wagon (1884).
Membre de la Société des auteurs dramatiques, officier d’Académie depuis 1880, elle est adhérente à la Société des gens de lettres depuis 1858, avec E. Gonzalès comme parrain.
Séverine (1855-1929), née Caroline Rémy. Secrétaire de Jules Vallès, elle reprit à sa mort la direction du Cri du Peuple jusqu’en 1888. Elle collabore à de nombreux journaux sous divers pseudonymes ainsi signe-t-elle « Jacqueline » au Gil Blas, « Credo » et « Renée » au Gaulois. Elle a près de 450 articles à son actif quand elle devient sociétaire, en 1891, de la Société des gens de lettres. Aurélien Scholl et Tony Révillon seront ses parrains. Elle reçoit en décembre 1904, le prix Chauchard (3000 francs) ; en décembre 1916 le prix Petit Bourg (964 francs) décerné par la Société des gens de lettres.
Son nom est avant tout associé à La Fronde, journal féministe fondé et dirigé par Marguerite Durand. Féministe, prête à manifester contre toutes les injustices, elle rendit compte de l’Affaire Dreyfus dans de nombreux articles et dans Affaire Dreyfus : Vers la lumière… impressions vécues (1900). Elle contribua à créer la Ligue des Droits de l’Homme.
Simonin, Louis-Laurent (1830-1886) : Ancien élève de l’École des Mines de St Étienne, titulaire de la chaire de l’École d’architecture, grand voyageur et homme politique. Il se présenta comme candidat démocrate dans la 4e circonscription de Paris en novembre 1869.
Les Merveilles du monde souterrain (1874) connurent de nombreuses rééditions. Inscrit à la Société des gens de lettres, il fera partie de son comité.
Tinayre, Marcelle, née Chasteau (1870-1948) : Romancière, journaliste, notamment à La Fronde, à La Revue des deux Mondes, elle se fit rapidement connaître avec ses intrigues qui bouleversaient l’image traditionnelle de la femme avec notamment Avant l’amour (1897), Hellé (1899) puis, son grand succès La Maison du péché (1902).
Représentante de la revue La Mode, elle est membre de l’Association syndicale des critiques littéraires et des bibliographes. Membre fondateur du jury prix « Vie Heureuse », elle y siège jusqu’à la fin de sa vie. En 1938, elle reçoit le grand prix Alice Barthou de l’Académie française.
- CLIL theme: 3639 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Art épistolaire, Correspondances, Discours
- ISBN: 978-2-8124-3323-8
- EAN: 9782812433238
- ISSN: 2261-5881
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-8124-3323-8.p.0157
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 05-19-2016
- Language: French